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À portée de voix
15 août 2020
par
Chaque jour elle t’amène à la mer
dans ce coin sauvage de sa tête
là où il n’y a que toi elle et le bleu
l’horizon qui chavire dans la vieDemain repose sur l’éclat du rituel
implicite dès le premier regard
ce mot à mot patient où se déploie
d’un coup l’éventail de la joieLà où elle vit l’équilibre du jour tient
au chant d’un seul oiseau
à l’articulation du poème
au frémissement complice de la foretTu lui as appris à vivre près des étoiles
comme elle marche au bout de sa forêt
le rêve à vol ’oiseau des ailes au chant
l’archéologie du cœur dans tes paumesCe printemps les oiseaux chantent fort
jusqu’au fond de l’air et des tempes
la ramenant sur le rivage des bonheurs
d’avant la grande éclipse des corpsCertaines nuis ta voix se pose
dans son cou
papillon de feu sur la pulsation
bleue du cœurÀ vivre si proche du soleil
elle prend la démesure de l’univers
comme un nuage heureux
sûr de porter l’océan hors du tempsLa mer où elle n’ira pas
sa poitrine pleine de marées de ressacs
les étoiles dans ton ciel
font des feux dans le ventre des heuresQu’adviendra-t-il demain quand l’immobile
deviendra pur mouvement du coeur
quand les mers d’amour au fond de nos yeux
rejoindront d’un bond leur éternitéSans le soleil à ta fenêtre comme les enfants
tu attends la nuit
les mains au ciel
les ondes du désir déjà au fond de tes paumesElle a perdu toute notion du temps
tu es la soif et la fontaine
le miracle de minuit quand ta main
ouvre le passage des étoilesDans la splendeur retrouvée de la forêt
le sanglot répété d’une seule note
un oiseau victime de quelque prédateur
ou qui a lui aussi perdu ses repèresL’aube suspendue dans l’air immobile
ta voix traverse l’ombre la mémoire
jusqu’à toucher sa peine son esprit
sur sa peau tu souffles l’été l’étendueL’air est plein de sons
les oiseaux chantent si bien
qu’elle croit entendre
l’herbe repousser sur le rêveS’il pleut des murs autour du rêve
suis ton ombre sur le fil
du vertige et de la mer
au bord du vide la vie se mire en toiPhoto : Vida Dardachti
Mis en ligne sur Sisyphe, le 29 juin 2020