source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=5607 -
Le sang des arbres
27 mai 2021
par
Tout passe sans fin entre nous
pourtant rien ne sépare
ni l’océan ni la magie des mots
ni même une lame de fondLà où les voix ont pris racines
seules poussent l’immortelle
et l’impatience vive le soleil
à l’écoute jamais ne s’y coucheChaque jour mettre la vie au monde
à la force du poème
et du rêve à la pointe bleue du silence
la folle convergenceIl n’est de vertige plus ardent
que de savoir ta bouche sur sa vie
ta pensée frémir en son printemps
sans césure aucune pur désirNos poèmes comme le monde
n’ont plus ni temps ni espace
pour se dire et toucher l’indicible
la couche indéfectible du feuUn jour ne plus pouvoir que s’écouler
devenir rêve rivière ou mal d’infini
une chevelure à remonter le temps
un miroitement où le soleil s’abreuveLe vent d’avril soulève les rideaux
les branches encore nues
se balancent entre silence et chant
la forêt marche en elleSous ses paupières le soleil magnifie le bleu
incendie la forêt soudain au fond d’elle
l’univers n’a de poids que le vol de l’instant
le battement de la beauté dans son sangDepuis que plus personne n’a d’abri
toutes les portes s’ouvrent
le passage est absolu le risque aussi
surtout si l’on ne va nulle partPas à pas elle apprend de la forêt
des secrets de chant et de silence
à sentir jusqu’au bout des feuilles
l’émotion du bleu sous l’écorceEn deux notes seulement
le chant intemporel de l’oiseau
quels deux mots embraser
que brille l’infini dans tes yeuxÀ contre-mort elle habite la forêt
le silence ses rêves l’opéra des oiseaux
les métamorphoses du ciel et du coeur
les voix du vent la marée les motsSentir encore le sang des arbres
au fond reverdi des mots
où l’essence à fleur de vue
s’écrit sans fin de la sève au poèmePhoto : ©Laetitia Portal
Mis en ligne sur Sisyphe, le 26 mai 2021