Peser de tout son poids
d’amour et de beauté
d’une goutte au soleil
sur l’angle mort du jour
Elle aime tes yeux au milieu de ses mots
tes lèvres au bout de sa voix
la flamme montée aux étoiles
une note très bleue tombée dans le silence
Vouloir être plus nue que nue
qu’il n’y ait d’espace entre nos âmes
que l’intime splendeur de l’infini
où la vie va d’un trait à travers nous
Elle aime les grandes marées de la nuit
où plus rien n’empêche d’entendre
les voix de fond de l’unique amour
cette musique qui nous relie au silence
Miracle d’un sourire
sorte de matin du monde
levé au fond des yeux
pure braise du désir d’être
Elle ne peut échapper au temps
que traversée par l’éclair
plus rapide que la douleur
la flèche de l’écrit en plein vol
Seuls comptent les mots
qui portent la mer en eux
barques ou coquillages
collés au cœur de l’instant
Elle te perd quand la mort l’éblouit
te retrouve dans la plus petite étincelle
préservée entre les pages du rêve
immobile elle s’envole vers toi de partout
Elle vit à hauteur de nuages de bleu
loin de la forêt face à des arbres de béton
et cherche dans ce miroir le passage
de l’eau acheminant le feu jusqu’au cœur
À distance les mots lui parviennent parfois
en des langues étrangères
sortes de banquises fondues dans ses yeux
avec le mutisme du blanc
Tordre le drap de la mort
jusqu’à en extirper tout le bleu
le donner a boire aux yeux
au désert gris des murs et des mots
En ces jours loin des arbres
où tout semble s’attaquer au sourire
ce passage subtil de la lumière
tu perpétues en elle le parfum de la joie
Écoute le tremblement des feuilles dans le vent
pareil à la palpitation des pensées
dans chaque parcelle de ton corps
rejouer sans fin pour toi la musique de l’univers