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Être féministe, ce n’est pas exclure !

23 octobre 2003

par Femmes publiques

Communiqué de l’association Femmes Publiques

C’est au nom du droit des femmes, nous dit-on, qu’il faut exclure Alma et Lila Lévy du lycée Henri Wallon d’Aubervilliers, ainsi que toutes les élèves qui refusent d’enlever leur foulard islamique.

L’association féministe Femmes publiques refuse de cautionner un tel argument.

Exclure de l’école des jeunes femmes n’a rien de féministe. Ou alors il s’agit d’un féminisme inconséquent, qui en reste à l’affirmation des principes (" Non au foulard, symbole d’oppression "), sans se soucier des effets concrets de cette affirmation. Or, l’effet concret, c’est l’exclusion de jeunes femmes, qui se retrouvent dès lors privées d’éducation. Ce " féminisme des principes " a donc pour lui l’apparence de la pureté et de la radicalité, mais il a pour conséquences concrètes la mort scolaire de jeunes femmes, leur isolement et leur abandon aux mains des religieux et de la domination masculine.

À ce " féminisme des principes ", nous opposons un féminisme de la responsabilité, soucieux de la réalité, et en premier lieu de l’avenir des élèves concernées, une fois exclues. Nous soutenons qu’être un-e féministe conséquent-e et responsable, c’est accepter ces élèves à l’école. Cela ressemble peut-être à un compromis (du moins aux yeux des " pur-e-s " et des " intransigeant-e-s "), mais c’est la seule manière d’aider réellement ces jeunes femmes à s’armer contre la domination masculine, quelle qu’elle soit (religieuse ou non). Bref :
Accepter ces élèves à l’école est le seul moyen d’être féministe en actes et pas seulement en paroles.

Pour nous, le but du combat féministe n’est pas de nous sentir mieux en chassant loin de nos regards un " symbole d’oppression ". Ce n’est pas non plus de se complaire dans la bonne conscience et la jouissance de se sentir pur-e, radical-e et intransigeant-e. C’est agir concrètement pour que toutes les femmes soient plus fortes et mieux armées contre la domination. Nous pouvons comprendre qu’un-e féministe se sente mal à la vue d’un foulard dans sa classe ; mais la déscolarisation d’une jeune femme ne devrait-elle pas le/la troubler plus encore ?

Enfin, nous refusons toute forme de contrainte et de pression exercée contre des femmes, que ce soit pour les forcer à cacher leur corps ou pour les forcer à le montrer, pour les forcer à se voiler ou pour les forcer à se dévoiler.

Pour toutes ces raisons, Femmes Publiques se solidarise avec Lila et Alma Lévy, et s’oppose à leur exclusion.

Femmes Publiques se réunit tous les lundis à 20h au 1e étage du bar "Le Delyss", 5 rue des deux gares, 75 010, Paris.

Pour nous contacter : femmespubliques@ifrance.com

Femmes publiques

P.S.

Tous les articles de ce dossier

Derrière le voile... un tout autre combat, par Cinquième zone
Un sentiment de trahison, par Michèle Tribalat
Des croisades de droite au foulard islamique, par Élaine Audet
La résurgence du foulard, un besoin de retour sur soi, par Faïza Skandrani
Le voile - Le courage de dire non !, par Wassyla Tamzali
Laïcardes, puisque féministes !, par Anne Zelensky et Anne Vigerie
Être féministe, ce n’est pas exclure, par Femmes publiques
La pointe de l’iceberg intégriste visible sur la scène altermondialiste, par Chantal Melliès, Salima Deramchi, Bernice Dubois
Pétition pour une loi contre le port du voile en France, par le C.E.R.F.
L’affaire du foulard : non à l’exclusion, par Christine Delphy
Laïcité : une loi pour la cohésion, par Gisèle Halimi

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