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Appel à la solidarité internationale pour le peuple haïtien
janvier 2004
par
Déclaration d’un groupe de 24 organisations de la société civile haïtienne (organisations de femmes, organisations citoyennes, organisations paysannes, associations de jeunes, syndicats, groupes politiques) contre la répression du régime Lavalas envers les populations de Miragoâne.
Port-au-Prince, le 13 janvier 2004
En tant qu’organisations impliquées dans la lutte pour l’instauration de la démocratie en Haïti, le respect des droits de la personne et des libertés publiques, donc en tant qu’organisations refusant la dictature du régime Lavalas de Jean-Bertrand Aristide, nous dénonçons les agissements du gouvernement Lavalas hors la loi à l’encontre des populations haïtiennes, en particulier celles de Miragoâne.
Actuellement, la ville de Miragoâne est livrée à la fureur des hordes lavalassiennes qui s’en prennent aux membres des organisations paysannes, estudiantines, citoyennes et politiques, aux personnes actives dans le mouvement de protestation anti-Aristide et aux familles des personnes concernées. Agressions physiques, mise à sac et incendie de domiciles et des locaux des organisations, chasse aux membres du mouvement de l’opposition, attaques répétées contre la Radio Sud Presqu’île Grande-Anse, etc. Des figures politiques sont particulièrement ciblées, comme l’ex sénateur Edgard Leblanc, dirigeant de l’Organisation du Peuple en Lutte, et Jean-William Jeanty, dirigeant de Kore Nip (Coordination régionale des organisations de Nippes) et directeur de Radio Sud Presqu’île Grande-Anse. Des chimères/mercenaires lourdement armés sillonnent la ville et forcent les citoyen-nes à se barricader, à fuir la ville ou encore à gagner le maquis.
Les exactions sont publiquement revendiquées par des gangs proches du pouvoir, notamment celui du chimère/mercenaire Leclerc Alcide. La répression est conduite sous les ordres des agents de l’État Serge D. Gaspard (ex maire Lavalas contesté), Yves Métellus (allias Ti mamit, sous directeur des douanes). Le corps de police UDMO (Unité départementale de maintien de l’ordre) a investi la ville, non pas pour y rétablir l’ordre, mais pour les laisser faire ou pour seconder les chimères/mercenaires dans la chasse aux opposant-es envers qui, par ailleurs, des menaces de mort sont proférées.
Les exactions sont commises, à titre de représailles, pour le décès d’un partisan du régime (Sonson, ainsi connu), survenu lors de l’attaque lancée par des chimères/mercenaires de Lavalas contre la manifestation antigouvernementale pacifique du 11 janvier écoulé. Contrairement à ce que voudrait faire croire le gouvernement Lavalas, ce jour-là à Miragoâne, comme partout ailleurs dans le pays (sauf aux Gonaïves, où l’ex "Armée cannibale", gang proche de Lavalas jusqu’à l’assassinat, en septembre 2003, de leur chef Amiot Métayer, est devenu le Front de résistance anti-Aristide), il n’y a pas eu d’affrontement entre les manifestant-es qui exigent le départ d’Arisitide et les partisan-es du régime. Comme à l’accoutumée, et comme cela est observé sur l’ensemble du territoire, il y a eu des attaques des chimères/mercenaires (munis de pierres, bâtons, barres de fer, armes à feu) sur des citoyen-nes manifestant pacifiquement.
Le sénateur Lavalas contesté du Sud, Yvon Feuillé, a expliqué la répression par des "réactions émotionnelles" résultant de la perte d’un partisan. La mort violente de tout individu, quel qu’il soit, est condamnable. Cependant, cela ne saurait en aucun cas justifier la répression envers les populations et encore moins la chasse donnée à ceux et à celles qui contestent le régime en place. Nous savons pertinemment qu’il s’agit d’un fallacieux prétexte pour écraser le mouvement de protestation anti-Lavalas dans le pays. En mettant les provinces sous contrôle, le gouvernement cherche à amputer le mouvement de protestation généralisé pour mieux asseoir la dictature de Jean-Bertrand Aristide.
Nous avons aussi noté l’empressement manifesté par les autorités Lavalas pour condamner la mort d’un de leur partisan à Miragoâne et décréter que des mesures seront prises en conséquence. Ces mêmes autorités ne se sont pourtant jamais donné la peine de mettre l’action publique en mouvement pour les innombrables victimes enregistrées dans le pays, notamment lors des attaques du 5 décembre 2003 sur les Facultés de l’Université d’État d’Haïti, et celles réitérées contre les manifestations du mouvement de l’opposition. Deux poids et deux mesures donc, selon que les victimes aient ou non les faveurs du pouvoir.
La population civile de Miragoâne est démunie et isolée. Elle ne saurait faire face seule aux assauts des sbires armés du pouvoir et des forces de police ayant fait allégeance à Lavalas. Des actions similaires ont été entreprises dans le département du nord, plus particulièrement dans les villes de Trou du Nord et du Cap. Il en a résulté que les membres des organisations revendicatrices ont été emprisonnés ou ont dû gagner le maquis ; la presse indépendante n’est plus en mesure de travailler dans certaines zones ; les manifestations antigouvernementales ne peuvent plus avoir lieu.
Nous appelons à la solidarité nationale et internationale pour dénoncer la répression qui sévit à Miragoâne et porter assistance aux populations.
Nous interpellons spécifiquement à ce sujet :
L’Office de protection du citoyen et de la citoyenne (OPC), dirigé par M. Necker Dessables, un protecteur qui ne pose aucun acte relevant de sa mission, qui est de protéger les citoyen-nes contre les abus de l’État.
Les communautés internationales, notamment les Nations Unies en tant qu’institution garante du respect des droits humains par les États membres ; la Mission spéciale de l’Organisation des États Américains en Haïti qui ne peut continuer, encore et toujours, à simplement "déplorer" la répression d’État ; la CARICOM (Communautés des pays de la Caraïbe) qui voudrait jouer un rôle dans la résolution de la crise haïtienne.
Les populations haïtiennes aspirent à vivre dignement, dans une société résolument engagée dans la construction démocratique, donc sans la dictature de Jean-Bertrand Aristide.
Danièle Magloire, CONAP
Pour les organisations signataires :
Antèn Ouvriye (Antenne Ouvrière), BRESTEK, CONAP, (Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes), CHANDEL (Organisation pour l’éducation populaire), COREGA (Coordination Régionale des Organisations de la Grande-Anse), Enfofanm (Infofanm), Fanm Yo La (Les Femmes sont Là), FOCOD (Fédération des Organisations Populaires de Delmas), Front de résistance pour l’autonomie de l’université d’Etat, GRAEP (Groupe de Réflexion, d’Animation et d’Education Populaire), Kay Fanm (La Maison des Femmes), KANPAN (Campagne nationale contre la dette et les programmes d’ajustement structurel), KODENA (Comite de Défense des Intérêts Nationaux), Konbit Peyizan Nip (Solidarité des Paysans-nes de Nippes), Kore Nip (Coordination Régionale des Organisations de Nippes), MUPAC (Mouvement Unité du Peuple des Cayes), PAPDA (Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif), RAPL (Rassemblement des Planteurs de Lascahobas), RAJES (Rassemblement des Jeunes de Savanette), Regroupement des organisations populaires autonomes, RERKA (Réseau des radios communautaires), Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (Union des petits-es Paysans-nes d’Haïti), UNNOH (Union Nationale des Normaliens-nes d’Haïti), SOFA (Solidarité des Femmes Haïtiennes).
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Toutes et tous contre l’obscurantisme et le despotisme, Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif, 09-12-03
Message des organisations non gouvernementales internationales et nationales à la veille de l’année du Bicentenaire d’Haïti, 26-12-03
18 entités des secteurs démocratiques et populaires réclament le jugement d’Aristide, AlterPresse, 16-12-03Actions suggérées
1. Écrire des lettres de protestation au Protecteur du citoyen
Office de la protection du citoyen et de la citoyenne (OPC)
M. Necker Dessables
Protecteur
80, rue Bois Patate Prolongée
Tél. : 245 5117 244 3065 3594 3595
Fax : 244.3066
opchaiti@hotmail.comEt faire parvenir une copie à :
Myriam Merlet
Directrice exécutive
ENFOFANMenfofanm@compa.net</a.
2. S’adresser à vos gouvernements afin qu’ils cessent d’appuyer le gouvernement d’Aristide
suite aux crimes commis contre la population haïtienne.
Pour le Canada :
Cabinet du Premier ministre
80, rue Wellington
Ottawa
K1A 0A2
Télécopieur : 613-941-6900
Courriel
pm@pm.gc.caBill Graham
Service de renseignements (SXCI)
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international
125 Sussex Drive
Ottawa (Ontario) Canada
K1A 0G2
Information : 1 800 267-8376 (sans frais au Canada)
P.S.
– Pour plus de renseignements, consulter Cybersolidaires, et AlterPresse.
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