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Les ombres de Kaboul : impressions afghanes
La Conférence pour les droits des femmes en Afghanistan
Décembre 2003

janvier 2004

par Nicole Barrière, sociologue et poète


La Conférence pour le droit des femmes en Afghanistan
Décembre 2003

Etre là où ça parle... décoller l’opacité des êtres et des choses, les soumettre à l’épreuve du vide, de la fragilité, palper les limites des sens et de la mémoire, mettre au défi les infirmités du corps et de l’âme avec les gestes simples du désir d’avoir sur l’autre et sur soi, un regard neuf.

La conférence pour le droit des femmes durera trois jours, je suis curieuse des débats qui vont s’installer ; nous arrivons devant le cinéma où elle a lieu, dès l’entrée une double rangée d’hommes de sécurité nous accueille, c’est assez impressionnant mais très vite ils nous saluent à l’Afghane, la main sur le coeur. Peu à peu les délégations de femmes Afghanes arrivent, certaines portent le tchadri, d’autres le foulard, elles ne sont pas totalement découvertes, puis il y a l’entrée des officiels et aussi de quelques hommes.

Dans la salle de cinéma, je fais connaissance avec H. une jeune femme de vingt-trois ans, elle est entrée avec le tchadri, elle l’a enlevée, elle est belle, le teint pâle, je pense qu’elle pourrait être ma fille, elle me raconte son histoire, d’une voix douce et triste, elle est tadjik, elle a été mariée à un officier de l’armée de Massoud, son mari a été tué après deux mois de mariage et lui a laissé un enfant, elle est veuve, seule, elle dit qu’elle porte le tchadri pour sa famille, elle me raconte son deuil, sa solitude, les pertes de mémoire, elle essuie ses larmes, je lui tiens doucement la main pour l’encourager à parler, lui laisser dire sa misère, qui trop longtemps sans voix, est dévastatrice. Elle parle aussi de son père, un démocrate dont j’apprendrai par la suite qu’il est Président de la Haute Cour de justice de sa région, elle raconte ses déplacements dans le chaos de la période des talibans, l’exil au Pakistan, son veuvage, comment Massoud l’a aidée à la mort de son mari et à la naissance de son enfant, sa détresse, sa tristesse.

Réparer pour reconstruire la dignité des femmes

Réparer pour reconstruire, si ce travail de réparation, de compassion ne se fait pas, il me semble qu’aucun discours, qu’aucun cadre législatif ne pourra réellement reconstruire la dignité de ces femmes et réduire les traumatismes qui les ont frappées. Aussi dans les regards, les gestes, la voix, il me semble que ce qui s’échange de sens et de chair est fondamental.

Chaque jour de la conférence, lorsque nous nous retrouverons, elle aura ce sourire lumineux et grave, cet élan confiant lorsque nous nous embrasserons. Son visage est là en moi comme le visage d’une fille adoptive, avec l’angoisse que je porte ici après avoir entendu tant de propos ambigus sur la "laïcité" en France, la peur me saisit que ma fille, et si elle en a un jour, ses filles perdent leur liberté et la possibilité de vivre leur vie. Elle sera pour moi la figure emblématique de la continuité de la résistance des femmes Afghanes, la conscience transmise de la nécessité du droit, de la protection que seul peut donner le droit.

Photo : Nicole Barrière, 2003

Dans les informations qui circulent, on dit qu’il n’y a plus que 20% des femmes qui portent le tchadri, je trouve ce chiffre très optimiste, un journaliste me dira l’inverse que seulement 20% l’ont enlevé, je fais l’hypothèse que dans le dénuement où se trouvent les femmes, ce sont les plus vulnérables, les veuves, les plus seules et les plus démunies qui ont besoin de protection, beaucoup doivent être parmi celles qui mendient dans la rue. Pourtant cela semble encore plus compliqué : il y a celles qui le revendiquent comme respect de la tradition, elles semblent minoritaires, celles qui le portent par peur des talibans toujours là même s’ils ont rasé leurs barbes, celles qui le portent pour protéger leurs vêtements de la poussière de la ville ; on a ainsi toute une panoplie de raisons mais la principale est la peur.

Pourtant, on sent bien que ce tchadri pose question, certaines nous diront lors de la soirée entre femmes qu’elles vont l’enlever, pour le jour de l’An, d’autres disent « on fera une grande opération pour le 8 mars » et lors de l’excursion dans le Panshir, lorsque nous prendrons avec nous une femme en tchadri pour l’amener à son village, elle passera inaperçue aux yeux de certains comme si ce morceau de toile bleu rendait invisible celle qui le porte.

Lors de la conférence, certaines femmes sont entrées dans la salle couvertes de leur tchadri mais toutes l’ont enlevé pour ne garder qu’un simple foulard, elles ont pris la parole à la tribune et sont reparties sans tchadri.

L’envol de ton chant comme un silence d’âme
L’espace d’une lumière qui te revêt de ciel
Cette toile d’azur plissée comme un soleil
Et les nuages brodés avec tes seules larmes
Dans cette solitude où aucun dieu n’accueille
Qui clamera au monde l’espoir que tu défies ?
Ta marche solidaire sur le chemin du droit
L’espace de tes lèvres qui dicte ton urgence
Femme ressuscitée d’entre tous les martyrs
A réchauffer tes mains au givre de la haine
Avec les yeux fermés sur le deuil du matin
L’éclat d’une grenade a refermé tes yeux
Et enroulé ta vie au tapis de la mort.
Entre l’ambre de ta peau et le voile sur ta nuque
Flamme vive d’avenir entre les bras meurtris
Avec l’indifférence de tous ceux qui oppriment
Iniquité des lois qui réduisent au silence
Ton appel et ton chant seuls capables de futur.

La femme qui est chargée de l’animation et des présentations dans la conférence est la première femme speakerine après la chute des talibans.

La conférence commence avec une vieille dame vêtue de blanc, j’apprendrai ensuite qu’elle fut la première femme professeur à Kaboul, une femme admirable qui parle français et l’a enseigné à de nombreuses élèves. J’aurais plus tard l’occasion de lui parler, elle sera même notre traductrice lors de la fin de la conférence et de l’adoption des résolutions adoptées. Elle chante une prière très mélancolique, très émouvante, un chant très long les mains tendues vers la salle, il s’agit d’une prière du Coran.

Viennent ensuite les discours officiels.

S. relate les étapes parcourues pour les droits des femmes Afghanes depuis 1999 lors de la déclaration de Douchanbé et les enjeux des droits des femmes dans la future constitution, rappelant qu’une constitution est votée pour le présent, le futur et pour de longues années.

Le premier orateur représentant de la commission de la constitution déclare que le gouvernement veut une constitution dans une société islamique où hommes et femmes ont les mêmes droits (contrairement aux talibans). Il indique que l’Islam est là depuis quatorze siècles, que les talibans l’ont perverti car l’Islam donne égalité de droit aux hommes et aux femmes. Il indique que ce sera une constitution avec vote pour le futur président, où chacun peut donner son avis et y avoir un rôle, il insiste sur l’aspect incomplet de la constitution où n’importe qui en Afghanistan peut donner son avis.

Une responsable au ministère des femmes fait à nouveau référence à mille quatre cent ans d’Islam et dit qu’il y aura reprise de ce qui était courant et libre avant la guerre.

Massouda Jalal, candidate à la Présidence, parle de la période noire du fascisme, de la situation complexe, de l’histoire longue et profonde, de la situation géopolitique et des luttes de pouvoirs.

Elle déclare qu’il faut identifier les responsabilités des gens dans la société, l’Islam les reconnaît de même que les droits de l’homme dans la constitution ; elle indique que ces droits sont progressivement admis en faisant référence aux différentes constitutions du Royaume-uni, des USA et de la France. Elle dit son espoir que les droits citoyens des hommes et femmes soient reconnus à égalité car le moment est venu de penser avec la raison et de décider.

Elle insiste pour que cette constitution soit pour aujourd’hui, demain et pour de longues années, et qu’elle ne peut être un document sans vie ni dynamisme.

Elle indique toutes les contradictions qui sont encore présentes notamment en matière de discrimination sexuelle, ce qui manque de clarté concernant le régime politique qui sera mis en place, que les limites entre les trois pouvoirs créent de la confusion, car en vérité, c’est le Président qui aura le pouvoir et le contrôle sur le Parlement, et qu’il y a alors risque de dictature.

Elle est très applaudie par la salle.

M. Fazella Manaoui ( mollah, membre de la Cour suprême et spécialiste de la jurisprudence et du droit de l’Islam). Il décline son discours autour de trois points, la paix, la constitution et le droit des femmes.

Il indique que dans beaucoup de pays les droits ne sont pas respectés, comme ce fut le cas pendant la période des talibans en Afghanistan, que toute société aspire à la paix et qu’il faut donc des lois pour le peuple et non seulement pour ceux qui gouvernent.

Il rappelle la souffrance de centaines et de centaines d’Afghans qui ont péri et souffert pendant l’occupation soviétique et le fascisme des talibans, qui ont menti dans l’interprétation de la religion.

Il affirme que la loi doit être non discriminante et permettre aux Afghans de vivre en paix.

En ce qui concerne l’Islam et le droit des femmes, il rappelle que hommes et femmes ont les mêmes droits et les mêmes responsabilités.

Pour ce qui est de l’organisation de la société, il aborde la question du divorce pour les hommes (pour les femmes ?), le combat des femmes pour le droit au travail et réfute la loi du talion en condamnant la pratique de rendre crime pour crime.

Il aborde enfin la place de la femme dans la société en déclarant : « Les femmes sont le corps de la société, les femmes sont le coeur de la famille, l’éducation commence avec la mère, il s’agit de reconnaître la personnalité et l’humanité de la femme : derrière chaque homme il y a une femme, derrière chaque homme, il y a une merveilleuse mère... »

Il condamne les concours de beauté (allusion à une miss Afghanistan qui fait la une du journal Malalaï) et le fait que la femme se découvre et se montre en bikini.

Il termine son intervention en disant son espoir que les femmes afghanes accèdent à la représentation dans leur pays.

En entendant un tel discours, j’ai le sentiment d’être dévoyée, de me perdre, avec l’idée que le discours ancré dans la religion relance l’imaginaire sur le sens des choses élémentaires, sur leur vide aussi, la fonction de la religion est de s’engouffrer dans ce vide pour mieux soumettre, quelle que soit l’ouverture dont peut faire preuve ce religieux.

Intervention de Fatima Ghiliani (commission de la rédaction de la constitution). Elle souligne le rôle des femmes dans la Loya Jirga, car elles ont toujours été les victimes et que la place des femmes au poste de décision commence maintenant, qu’elles doivent prendre au sérieux les prochaines élections car il faut des gens qui croient à la démocratie, elle souligne que le système parlementaire est le meilleur mais qu’en l’état actuel de la situation afghane, le système présidentiel est préférable.

Intervention du Professeur Poya (Président du centre culturel). Il demande le droit à l’autodétermination des Afghans : « Plus aucun leader ne peut se réclamer de Dieu, le dernier messager de Dieu fut Mohammed ».

Il revient sur les problèmes de violence, de l’invasion soviétique, à la suite de laquelle les réfugiés et les morts sont venus ; si les Russes avaient donné l’autodétermination aux Afghans, il n’y aurait pas eu autant de souffrances, de victimes, de veuves.

Il souhaite donc que les élus du peuple représentent vraiment le peuple et termine en disant que les femmes sont « aussi » des créatures de Dieu, qu’il faut leur donner les moyens de s’épanouir car la femme a l’opportunité d’être la femme de Dieu.

La femme est une mère, il faut lui donner l’opportunité d’être un modèle de mère.

La femme est une épouse, il faut lui donner l’opportunité d’être une bonne épouse.

La femme est un membre de la société, il faut lui donner toute opportunité pour qu’elle soit un membre productif de la société.

Photo : Nicole Barrière, 2003

La mémoire des femmes commence à l’origine des temps, le travail de la conférence est devenu un voyage à l’intérieur du voyage, un lieu de tous les voyages possibles, les retours à des lieux où la mémoire s’est perdue et que, toutes, sommes venues rechercher.

Ces moments de rencontre sont aussi des épreuves de vérité, des points de départs, des parts de chacune offertes aux parts de nous-mêmes puisées aux sources de l’amour, aux sources dévoilées des souvenirs, ceux que chacune de nous porte et ceux que nous inventons ensemble.

Réclamés, les droits des femmes concernant la non-discrimination entre sexes, entre ethnies, concernant le droit des personnes et l’interdiction des trafics humains, contre les mariages forcés, l’accès à l’éducation et la santé.

La résolution finale de la conférence

Ces débats ont duré deux jours entre représentantes de dix régions et ont abouti à une synthèse et une résolution finale. Cette résolution dit ceci :

 Elle affirme le nom du pays : République d’Afghanistan (et non République islamique d’Afghanistan) et propose que le mot islamique soit enlevé de la constitution.

 Elle demande : le droit à l’identité et à la citoyenneté officielle pour toutes et tous : il faut donner une carte d’identité à tous les Afghans, filles et garçons à la naissance.

 L’inscription de l’égalité des hommes et des femmes sans restriction en indiquant le mot « femme ».

 Que soient interdits les trafics d’êtres humains.

 Les langues officielles de l’administration seront le dari et le pachtoune, l’hymne national sera en dari et pachtoune et pourra être chanté par les femmes et les hommes.

 Le droit à l’éducation, avec la scolarité gratuite et obligatoire pour tous jusqu’à 14 ans (le débat sur l’âge de fin des études a fait apparaître des demandes jusqu’à 18 ans, mais il a été objecté qu’il faut marier les filles ... et qu’il est inutile de maintenir à l’école des jeunes qui n’aiment pas les études), le droit d’étudier à l’université et obtenir des bourses d’étude, le droit aux études est aussi celui de la culture nationale.

 Le droit au travail pour tous, y compris les handicapés, et l’interdiction du travail forcé et de l’esclavage (car il fut pratiqué par les talibans).

 Le droit à la santé : le gouvernement doit donner les conditions d’une bonne santé, mais aussi de propreté et d’hygiène (salubrité, assainissement, ramassage des ordures, lutte contre la pollution), et inscrire dans le droit à la santé que les femmes puissent être soignées par des médecins hommes ou femmes. Il est demandé la gratuité des cliniques, la création de centres de protection des mères et de l’enfant.

 Il existe actuellement un débat en Afghanistan sur le modèle de système de santé et de son financement, le modèle Français est considéré comme le mieux adapté.

 Il est demandé que l’Etat prenne en charge les femmes seules, veuves, les orphelins et les personnes âgées, à l’occasion de cet article, il est demandé que la mention de « femmes sans tuteurs » soit ôtée car elle indique que la femme qui n’est pas seule a un tuteur et est donc considérée comme mineure.

 Aujourd’hui rien ne précise dans la constitution la question de l’âge au mariage ; il est demandé qu’il soit de 18 ans pour les filles et 24 ans pour les garçons, il faut noter l’insistance à demander l’interdiction des mariages forcés car actuellement il y a de nombreux mariages forcés avec vente des filles et polygamie.

 Toutes les représentantes ont formulé cette demande, comme je m’en étonnais, l’une d’elles m’a expliqué que la vente des filles était une pratique courante, que dans son village on avait vendu récemment une fille de neuf ans à un vieillard de quatre-vingt-cinq ans.

Divers :

 Les femmes déléguées proposent que les gens instruits transmettent les connaissances aux autres en matière de droits car nul n’est censé ignorer la loi. Il s’en est suivi un débat autour de la proposition que les mollahs aient ce rôle.

 La représentation des femmes dans les assemblées : actuellement il y a trente-deux provinces et plus de deux cent-cinquante districts, il est proposé qu’on passe de une à deux la représentation des femmes par district.

 Les femmes doivent pouvoir accéder aux plus hautes fonctions politiques : droit d’être première ministre, présidente, sans discrimination d’ethnie.

 En matière de justice, que sur les neuf membres de la Cour Suprême, un soit une femme.

 Dans l’administration, que sur les trente-deux gouverneurs, certains puissent être des femmes et que les missions des gouverneurs soient clairement précisées.

 Proposition d’un quota de 30% de femmes dans les assemblées provinciales (proposition faite par le président des avocats).

 Il en est de même pour les conseils de villages et les districts ainsi que la possibilité d’être maires pour les femmes.

 Demande que soit versé un salaire aux familles des martyrs et aux femmes en prison (incarcérées sous les talibans et qui n’ont pas encore été jugées).

 Demandes du statut des enfants quant au nom qu’ils porteront lorsque des femmes ont été mariées de force à des talibans et sont devenues mères.

 Il est proposé que le roi Zayer Shah soit "le père de la nation" et Massoud « héros national ».

Comme citoyenne d’un pays laïc, il est évidemment étonnant d’entendre autant de références à la religion dominante du pays - l’Islam - dans les discours sur la constitution et sur le droit des femmes. Il s’agit ensuite de mesurer les conséquences d’une telle décision, et aussi du choix actuel d’un régime présidentiel.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est la participation des femmes, plus de deux mille femmes sont venues sur les trois jours dans cette conférence, avec des débats très animés, un véritable exercice démocratique où étaient débattus avec détermination les droits politiques comme la liberté d’expression (qui peut être d’avoir le droit de chanter à la télévision), de mouvement (d’avoir le droit de faire du vélo), de représentation au sein des instances politiques et de gouvernement, économiques, avec les droits à l’éducation à la santé et au travail.

Toutes les représentantes ont dénoncé les violences, les viols, les enlèvements et ont demandé une discrimination positive pour le travail dans les organismes gouvernementaux. Rentrées couvertes pour certaines dans la salle, elles se sont découvertes, ont pris la parole à la tribune et sont reparties découvertes, bien déterminées à lutter pour leurs droits ; il m’a semblé que l’espace de ces trois jours, il s’était opéré une transformation, comme si à l’entrée de la conférence elles devaient encore se protéger pour porter jusqu’au bout leur message.

Dans la salle, les hommes présents ont participé parfois pour abonder dans le sens des revendications, d’autres écoutaient ou demandaient des précisions.

Dans le "débriefing" rapide du soir avec N. on sentait bien la différence de perception entre les avis des Européennes et des Américaines, entre les éthiques différentes concernant le mode de société à inventer : la liberté totale prônée par les Américaines, y compris de se mettre à poil, et le refus de la marchandisation du corps de N., la liberté de se déplacer librement et la prise en compte de la réalité avec la sécurité nécessaire.

Page quatre : "Soirée entre femmes en Afghanistan"

© Tous droits réservés Nicole Barrière

Mis en ligne sur Sisyphe, janvier 2004

Nicole Barrière, sociologue et poète



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