Notre inquiétude est légitime.
Elle est celle de nombreuses femmes dont le destin vient de basculer dans le non droit et le renvoi à l’obscurantisme suite à une simple annonce dans le Journal Officiel de la République.
En effet, que signifie désormais pour les femmes issues des pays musulmans qui luttent contre le fondamentalisme et les violences issues d’une doctrine religieuse dont elles sont les premières victimes, le Décret du 16 avril dernier publiant l’accord signé avec le Vatican et reconnaissant les diplômes de l’enseignement supérieur catholique en France ?
Vous n’ignorez pas que ledit processus, qui n’a, par ailleurs, aucune force obligatoire, englobe des États signataires non membres de l’Union Européenne comme la Turquie, par exemple.
Or, par application du principe de non discrimination à raison de la religion, reconnaître les diplômes catholiques ouvrira la voie à la reconnaissance obligée de diplômes d’autres religions, dont des diplômes musulmans.
Si l’enseignement de la Charia se trouve ainsi reconnu par la République, les fondamentalistes musulmans pourront en conséquence revendiquer l’application d’un statut personnel aux femmes issues de pays musulmans
et surtout justifier les violences autorisées par cette religion à l’encontre des femmes.
Nous aimerions rappeler que la fondatrice d’AWSA-International, Mme le Dr Nawal El Saadawi, est l’une de ces victimes du fondamentalisme égyptien et qu’à ce jour, elle est toujours exilée aux Etats-Unis, après avoir reçu en
France, comme à travers le monde, le soutien de tous ceux qui luttent contre de telles violences.
Notre Association est la branche française de ce mouvement et a choisi la France pour s’implanter récemment en Europe pour la laïcité de sa Constitution qui institue aussi l’égalité entre hommes et femmes, et de nature à offrir à nos membres une meilleure protection de la part des autorités concernées.
En effet, la République française est laïque. Elle ne reconnaît aucun culte aux termes de ses lois.
Vous avez toute compétence pour abroger un Décret qui est susceptible de préjudicier ainsi à de nombreuses femmes.
Notre Association, qui prône la solidarité entre les femmes arabes, et toutes les femmes quelles que soient leurs nationalités, s’est jointe au Collectif de la Promotion de la Laïcité et en appelle au soutien et à la solidarité de toutes les femmes en France pour empêcher qu’on sacrifie ainsi des femmes et leurs droits sur l’autel d’une religion.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos meilleures salutations républicaines.
La Présidente d’ A.W.S.A. France
Mme Nadia Weiler-Strasser
Mis en ligne sur Sisyphe, le 18 juin 2009