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jeudi 1er juillet 2004

Redonner l’espoir aux Irakien-nes
Entrevue avec Houzan Mahmoud, OLFI






Écrits d'Élaine Audet



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Internationaliste, militante laïque et révolutionnaire marxiste, Houzan
Mahmoud est la représentante en Europe de l’Organisation pour la liberté des femmes en Irak (OWFI). Elle est rédactrice en chef de la revue en langue anglaise Equal Rights Now, éditée à Londres. Elle est aussi membre du Parti communiste ouvrier d’Irak (WCPI), présent à la fois en Irak et en Iran. A l’occasion de sa présence à Paris, à l’invitation de l’association Solidarité Irak, elle a bien voulu répondre à nos questions.

Quelle est la situation du peuple irakien et notamment celle des femmes face aux troupes d’occupation ?

Houzan Mahmoud - La population est confrontée aux forces d’occupation, aux milices islamistes et aux résidus des forces baasistes. La guerre a provoqué la chute du régime de Saddam mais aucune autre forme de gouvernement ne l’a remplacé. La vie et le tissu social ont été totalement désorganisés. Le peuple manque de tout : nourriture, électricité, soins... Sous le régime baasiste, les femmes n’étaient pas protégées mais elles avaient conquis des droits élémentaires : droit d’étudier, droit de travailler ; elles fréquentaient les écoles et les universités. Depuis le début de l’occupation, elles sont en train de perdre ces droits élémentaires. Certaines sont contraintes de se prostituer. Les islamistes s’imposent par la terreur.

Ils disposent d’un armement important et veulent faire régner un ordre
social réactionnaire, basé sur la charia, en tentant de détourner à leur
profit la colère légitime de la population contre les occupants. Déjà, dans
les villes du Sud, ils obligent les femmes à se voiler. A Bassora, la charia
est en train d’être imposée à la population. C’est l’occupation qui est
responsable d’une situation que le pays n’avait jamais connue auparavant. L’impérialisme a envahi l’Irak en prétendant rétablir la démocratie. En réalité, cela s’est traduit pour les travailleurs, les femmes et les chômeurs par la misère, la répression et les tortures ignobles décidées au plus haut niveau de l’administration Bush.

Comment s’est créée l’Organisation pour la liberté des femmes en Irak (OWFI) ? Quelles sont ses objectifs ?

H. Mahmoud - Constituée en juin 2003, l’OWFI compte environ 500 femmes - et hommes - à Bagdad, avec des branches dans plusieurs villes. Elle a pour but d’organiser les femmes dans les usines, les universités, les quartiers, avec comme priorité les quartiers les plus pauvres. Elle organise des réunions de formation, de discussion, des meetings et des manifestations. Les conditions de sécurité sont très variables. On n’est jamais sûre de ressortir vivante d’un meeting. Des militantes pour la défense des droits des femmes, comme la dirigeante Yanar Mohammed, font l’objet d’une fatwa les condamnant à mort. L’OWFI a ouvert des maisons de femmes, des foyers, à Kirkouk et à Bagdad, afin de permettre aux femmes battues ou menacées de mort par leur propre famille ou les milices islamistes de trouver une protection. Malgré ces conditions difficiles, le 8 mars, journée internationale des femmes, un millier de femmes ont défilé à Bagdad avec des drapeaux et des banderoles
rouges dont l’une représentait une femme les cheveux flottant au vent.
Pourtant, officiellement, le 8 mars n’existe pas en Irak. Le Conseil de
gouvernement mis en place par les troupes d’occupation l’a remplacé par la célébration de la naissance de Fatima Zora, fille du prophète !

Qu’en est-il des luttes sociales contre les armées d’occupation ?

H. Mahmoud - Après les sanctions économiques et depuis l’occupation, il y a énormément de chômeurs en Irak. Le syndicat des chômeurs, qui regroupe environ 130 000 personnes, revendique le droit au travail et une indemnité de chômage. Durant le mois d’août, il a organisé un sit-in de quatre semaines en face du siège de l’autorité occupante à Bagdad, réprimé conjointement par la police irakienne et les troupes d’occupation. Récemment, à Nassirya, les travailleurs ont empêché des milices islamistes de s’approprier des usines malgré les menaces de mort. Ce sont les emplois des femmes qui sont les plus menacés. Dans les banques, où elles sont nombreuses, elles se sont organisées dans des syndicats pour défendre leurs emplois. Le syndicat des chômeurs et la Fédération des conseils et des syndicats de travailleurs ont élaboré et défendu une proposition de droit du travail garantissant tous les droits ouvriers (occupation d’usines, piquets de grève, paiement des jours de grève, etc.). Les grèves sont fréquentes en Irak (les travailleurs du cuir, de la Compagnie de gaz du Nord, des cigarettes Al Nasir, etc.), mais elles sont totalement boycottées par les médias. A Samawa, contrairement à ce qu’ont dit les médias qui ont repris les informations de la coalition, ce ne sont pas des chiites qui manifestaient mais des chômeurs qui exigeaient de la nourriture. Ils ont été tués par des soldats de la coalition.

Tu es membre du Parti communiste ouvrier d’Irak (WCPI). Parle-nous de ton combat politique.

H. Mahmoud - Le WCPI s’est constitué après la première guerre du Golfe, à partir de militants marxistes léninistes. Illégal sous Saddam, il a ouvert
des bureaux dans la plupart des villes après sa chute. Il n’existe
actuellement aucune autre organisation marxiste qui construise des
organisations de base de la classe ouvrière. L’OWFI a été créée à l’origine
par trois femmes du WCPI. Nous avons des contacts à l’étranger avec
plusieurs organisations d’extrême-gauche, avec parfois des difficultés car
certaines ont des illusions sur le rôle progressiste des islamistes contre l’impérialisme. Aujourd’hui, il faut organiser la solidarité internationale
avec la classe ouvrière et le peuple irakiens. Il est vital de faire
connaître ce qui se passe réellement en Irak. Il faut redonner l’espoir.

Comment vois-tu l’avenir du peuple irakien après le départ des troupes d’occupation ?

H. Mahmoud - J’espère que le mouvement progressiste sera suffisamment fort, que la classe ouvrière sera suffisamment forte et organisée pour résister aux islamistes et imposer ses propres solutions. Même s’il est difficile pour les travailleurs de se procurer des armes, le WCPI les a encouragés à s’armer pour se défendre, contre les occupants mais aussi contre les terroristes islamistes et baasistes. Les groupes islamistes sont réactionnaires, pas progressistes. Ils ne veulent pas de solution progressiste en Irak. Ils ont un mépris profond pour les travailleurs et les femmes. Le peuple irakien rejette l’occupation américaine mais la majorité ne veut pas d’un Etat islamique.

Propos recueillis et traduits par Christian Grosz et Gilles Dilun

Solidarité-Irak

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1er juillet 22004.

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