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mercredi 2 février 2005


Élections en Irak 2005
Pourquoi je ne participe pas à ces élections truquées

par Houzan Mahmoud






Écrits d'Élaine Audet



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Je suis une femme irakienne, et je boycotterai les élections de dimanche. Les femmes qui votent, voteront pour un futur asservi. Sûrement, disent ceux qui soutiennent ces élections, après des décennies de tyrannie, ici enfin il y a dans celles-ci une forme de démocratie, imparfaite, mais de démocratie quand même ?

En réalité, ces élections ne sont, pour les femmes d’Irak, pas plus qu’une plaisanterie cruelle. Parmi les attaques suicides, les kidnappings et les assauts militaires mené par les EU ces 20 derniers mois, depuis la chute de Saddam, des faits de persécution des femmes irakiennes sont rapportés de façon croissante. Les femmes sont les nouvelles victimes des groupes islamistes dont l’intention est de rétablir la barbarie médiévale et un pouvoir politique qui déconsidère la place des femmes.

Ayant pendant des années jouies de plus de droits que d’autres au Moyen-Orient, les femmes en Irak perdent maintenant même leurs libertés fondamentales. Le droit de choisir leurs vêtements, le droit d’aimer ou de se marier avec qui elles veulent. Naturellement les femmes ont souffert sous Saddam. Je me suis sauvé de son régime cruel. J’ai été témoin personnellement de beaucoup de brutalité, mais l’assujettissement des femmes n’a jamais été l’objectif du parti Baath. Ce que nous voyons aujourd’hui m’inquiète profondément : une occupation effroyable et une insurrection armée islamique ouvertement réactionnaire se combinent pour plonger les Irakiens dans un nouvel âge sombre.

Chaque jour, des tracts sont distribués à travers le pays, avertissant les femmes de ne pas se maquiller, de ne pas sortir dévoilées, ou de ne pas mélanger aux hommes. Beaucoup d’étudiantes à l’université ont abandonné leurs études pour se protéger contre les islamistes. La nouvelle norme - imposée sous la menace d’un pistolet par des extrémistes islamistes - est de voir les femmes comme les dépositaires de l’honneur et de la honte, non seulement de la famille et de la tribu mais de la nation. Les tortionnaires de Ken Bigley ont perversement voulu racheter « l’honneur de l’Irak » en obtenant la libération des femmes prisonnières. Depuis quand, les groupes islamiques - les mêmes qui commettent des prises d’otages, torturent et tuent - commenceraient à s’inquiéter des droits des femmes irakiennes ?

Prenez le cas d’Anaheed. Elle a été pendue à un arbre dans un nouveau quartier de Bagdad, puis son père a tiré la première fois sur elle ( rien de moins qu’un avocat-conseil !) et puis chaque membre de sa tribu a tiré. Elle a alors été découpée en morceaux. Tout ceci pour laver la honte sur l’honneur de la tribu pour le simple fait d’avoir voulu épouser un homme dont elle était amoureuse. Ceci s’est produit vers la fin de 2003, quelques mois après la "libération".

Ces six derniers mois, au moins huit femmes ont été tuées seulement à Mossoul - toutes apparemment par des groupes islamistes, pour maintenir à zéro l’indépendance des femmes. Parmi ces dernières, une professeur de l’école de droit de la ville a été fusillée et décapitée, une vétérinaire a été tuée sur le chemin de son travail, et une pharmacienne de l’hôpital d’Alkhansah a été mortellement touchée sur le seuil de sa maison.

L’occupation a en effet ouvert la voie à cette nouvelle violence contre les femmes, tout en y ajoutant dans certains cas, sa touche personnelle. Des femmes irakiennes ont été torturées par des soldats US à Abu Ghraib et dans d’autres prisons. Le tabou social au sujet des abus sexuels est si fort dans la société irakienne que ces femmes n’auront certainement personne vers qui se tourner au moment de leur libération.

Methal Kazem est une femme qui a parlé publiquement de son traitement aux mains des occupants. En février dernier, un hélicoptère des USA a débarqué sur le toit de sa maison. Elle a été masquée, menottée et enfermée à Abu Ghraib. Accusée d’être une ancienne membre de la police secrète baathiste, elle a été obligée de courir sur des graviers pointus, attachée et suspendue, obligée d’écouter les cris des autres détenus. Elle a entendu qu’un homme criait à plusieurs reprises "ne touchez pas à mon honneur", et Methal croit que l’épouse de l’homme était violée devant lui.

Quand les forces d’occupation ont remis le pouvoir au gouvernement d’intérim au mois de juin dernier, elles devaient, comme Amnesty International le demandait, également libérer les prisonniers. Au lieu de cela, elles ont illégalement détenu plus de 2.000 personnes, sans charges contre elles. Peu de ces dernières sont des femmes, mais elles laissent toujours des milliers d’épouses, de mères, de soeurs et d’autres membres de famille dans la détresse et le désespoir.

Je crois également que des femmes irakiennes ont été violées par des soldats américains. Elles n’osent cependant pas en parler, car elles doivent faire face à la menace d’être tuées par leurs propres familles si elles en parlaient. Mes associés en Irak ont conseillé Liqaa, une ancienne femme-soldat irakienne, qui a été violé par un soldat américain en novembre 2003. La cruelle vérité est que, si elle retourne chez elle, les membres masculins de sa famille l’assassineraient pour "déshonneur". Si des femmes irakiennes participent au scrutin de dimanche, pour qui vont-elles voter ? Les droits des femmes sont ignorés par la plupart des groupements en présence. Le gouvernement des USA semble heureux de voir l’Irak gouverné par les élites réactionnaires religieuses et ethnocentriques.

Source : Solidarité-Irak

Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 février 2005.



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Houzan Mahmoud



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