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mardi 8 mars 2005


Rapport Boyd et tribunaux islamiques au Canada
Des groupes musulmans dénoncent le relativisme culturel d’une certaine gauche

par Élaine Audet






Écrits d'Élaine Audet



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En ce moment, au Canada comme en Europe, des militant-es de gauche et des féministes laissent entendre que la levée de boucliers contre le port du voile et les tribunaux islamiques est un geste ethnocentriste qui encourage le racisme exacerbé par l’administration Bush envers les musulmans depuis le 11 septembre 2001. Certain-es disent que le patriarcat et la misogynie existent dans toutes les religions et que c’est du racisme à l’égard des musulmans de laisser croire qu’ils sont les seuls à faire preuve de discrimination envers les femmes. Si on permet aux juifs et aux catholiques d’avoir recours à des tribunaux d’arbitrage, disent-ils, quelles raisons aurait-on de l’interdire aux musulmans ?

C’est refuser commodément de voir que les groupes qui dénoncent l’instauration de tribunaux islamiques s’opposent aussi à tous les tribunaux d’arbitrage religieux dans le droit de la famille, qu’ils soient musulmans, juifs ou catholiques, et à l’oppression des femmes au nom de quelque Dieu que ce soit.

Alors que la gauche canadienne a soutenu les femmes afghanes contre le fondamentalisme des talibans et protesté contre la lapidation de femmes iraniennes sous la République islamique de l’Iran, elle fait la sourde oreille au Canada même à la voix des femmes musulmanes qui expriment leurs craintes face à l’instauration d’éventuels tribunaux s’appuyant sur la charia (loi coranique) pour juger de causes relevant du droit de la famille. Ces femmes parlent pourtant de source, plusieurs d’entre elles ayant quitté leur pays d’origine pour fuir les exactions de la loi islamique.

De peur de passer pour raciste, une certaine gauche se réfugie derrière un soutien aveugle aux représentants des minorités ethniques, du moment qu’ils sont anti-impérialistes, et sacrifie à son altermondialisme abstrait la perte des droits très concrète qui menace les femmes musulmanes. Conscientes que les immigrant-es font l’objet de nombreuses discriminations au Canada comme ailleurs, les forces progressistes abandonnent pourtant tout esprit critique à leur égard de peur d’être accusées d’islamophobie et de racisme. Les promoteurs des tribunaux islamiques en profitent pour défendre leur cause au nom des valeurs mêmes de gauche, telles que l’égalité, l’anti-racisme et la liberté de pensée.

Les intellectuel-les de gauche n’ont pas à devenir des « Ponce-Pilate de la pensée », comme les appelle l’écrivaine iranienne Chahdortt Djavann et, au nom de la différence culturelle, à abandonner les femmes à la loi religieuse de leur communauté. Et pourquoi, se demande l’écrivaine, ne pas accepter la lapidation et l’excision, ou les mariages de jeunes mineures avec de « vieux messieurs » puisqu’il s’agit d’une tradition dans certaines cultures ? Il est temps de refuser sans ambiguïté que « la culture soit l’alibi de la religion et la religion l’alibi de la discrimination sexiste » (1). J’ai demandé à des porte-parole de groupes musulmans au Canada leur opinion à ce sujet.

Des tribunaux parallèles seraient néfastes pour les femmes

Elaheh Chokrai

Pour Élaheh Chokrai, présidente de l’Association des femmes iraniennes de Montréal (AFIM), "tout le monde a le droit de pratiquer sa religion comme il l’entend, mais en aucun cas la religion ne doit être mêlée à la politique. Il faut continuer à se battre pour que les églises, les synagogues, les mosquées restent hors des lois et de la politique. On n’a pas besoin de tribunaux parallèles. S’il y a des améliorations à apporter, s’il y a une lacune dans la Charte des droits, ce n’est pas en s’appuyant sur des lois vieilles de 1400 ans qu’on va les résoudre". Selon elle, "des tribunaux parallèles seraient néfastes surtout pour les personnes qui sont moins bien nanties, pour les femmes qui malgré tout doivent rester à la maison, garder les enfants, et qui trouvent plus difficilement à travailler dans notre société".

"Le gouvernement Charest", s’exclame-t-elle, "prend les gens pour des imbéciles quand il prétend que c’est pour une meilleure intégration des juifs qu’il veut financer leurs écoles à 100%. S’ils n’ont pas réussi à s’intégrer depuis 300 ans, est-ce qu’en payant 10 millions de dollars par année ils vont les intégrer ? Loin de là, on va les ghettoïser. Il y a des écoles grecques, juives, musulmanes et il faut qu’elles restent privées, et que les écoles publiques, les tribunaux, soient laïcs. Comment peut-on imaginer qu’en refusant l’instauration de tribunaux islamiques, on va encourager l’islamophobie ? Au moment où l’on a séparé l’Église catholique de l’État, est-ce qu’on a déclenché la christianophobie ?" (2)

La gauche non musulmane se laisse duper

Tarek Fatah

De son côté, Tarek Fatah, président du Congrès musulman canadien (CMC) croit que c’est plutôt l’instauration de tribunaux islamiques qui favorisera le racisme. "En août 2004, déclare-t-il, lorsque nous avons déposé un mémoire auprès de la Commission Boyd, nous lui avons dit que si elle recommandait l’instauration de tribunaux islamiques basés sur la Charia, elle ferait le jeu de couches racistes au sein de la société canadienne non musulmane qui ne demandent pas mieux que d’exclure les musulmans de l’ensemble de la société. Nous écrivions dans notre mémoire que les tribunaux islamiques ghettoïsent la communauté musulmane qui, en outre, origine de cinq différents continents englobant 1.3 milliard de personnes, couvrant un large éventail de sectes, de langues, de cultures et de traditions, toutes repoussées dans un compartiment de deuxième classe en ce qui concernent les droits humains et de la famille, qui sont un domaine de juridiction publique".

"Cette discrimination et cette ghettoïsation insidieuses jusqu’à l’invisibilité, affirme M. Fatah, ne peuvent que profiter à l’agenda politique et idéologique extrémiste d’une certaine couche de promoteurs musulmans canadiens de la loi islamique, qui est contraire à la Constitution et aux valeurs canadiennes, et faire le jeu également de couches réactionnaires, intolérantes et racistes de la société canadienne non musulmanes qui ne demandent pas mieux que de marginaliser les musulmans. Tout cela derrière le masque de la tolérance religieuse et de l’accommodation raisonnable" (3).

"Beaucoup de gens dans la mouvance de gauche marchent les yeux fermés sur un champ de mines", poursuit Tarek Fatah, néo-démocrate comme la plupart des membres du CMC. Pour lui, c’est de la paresse qui tente de se faire passer pour la tolérance du multiculturalisme. Des lois séparées dans un seul État, c’est raciste. Le plus tôt nous prendrons conscience de cette pente glissante vers la ghettoïsation de la communauté musulmane, affirme M. Fatah, mieux ce sera pour le Nouveau parti démocratique (NPD) qui entretient des relations étroites avec la droite musulmane à tous les niveaux.

Alors que le NPD a pour objectif la défense des plus faibles et des droits des minorités, la droite musulmane se sert de ce principe pour lui arracher des concessions, comme on l’a vu avec le rapport de Marion Boyd. En fait, ajoute Tarek Fatah, 49 des résolutions du rapport Boyd proviennent du groupe religieux de droite dirigé par Syed Mumtaz Ali, l’avocat torontois à l’origine du projet de tribunaux islamiques pour tout le Canada.

M. Fatah "regrette qu’aucun groupe juif ne critique le fait que l’État sanctionne les tribunaux rabinniques. Le Bnai Brith défend l’existence des tribunaux d’arbitrage religieux et n’hésite pas à faire front commun avec les fondamentalistes islamiques quand il s’agit de défendre leurs intérêts communs". Ces groupes cherchent ainsi à perpétuer l’ordre patriarcal et religieux au sein de la famille et de la communauté, dit M. Fatah. La droite musulmane est très organisée depuis le 11 septembre 2001 et "elle réussit parfaitement bien à manipuler la gauche et le NPD", constate-t-il, "mais tout le monde n’est pas dupe, seule la gauche non musulmane l’est !"

La montée de l’islamisme politique en occident

Homa Arjomand

Homa Arjomand, responsable du mouvement Pas de charia au Canada estime que "l’instauration de tribunaux islamiques au Canada n’a rien à voir avec l’islam comme foi. Cela fait partie de l’islamisme politique. Les activités de ce mouvement ont d’abord commencé en Afrique du nord, au Moyen-Orient et s’étendent maintenant dans les pays occidentaux. J’aimerais souligner le fait que ce mouvement cherche à obtenir plus d’influence dans les partis occidentaux au pouvoir et, bien sûr, aussi auprès de l’administration Bush. En fait, la tragédie du 11 septembre fait partie des actions en vue d’obtenir la reconnaissance politique mondiale".

"Le mot islamophobie a été créé pour tromper le public", dit Mme Arjomand qui pense, comme beaucoup d’autres, qu’"il y a tout lieu d’avoir peur de l’islamisme politique. Il n’y a pas un jour sans que ce mouvement ne perturbe la société en assassinant des militant-es qui défendent la liberté de pensée. Dans les pays où ils sont au pouvoir, c’est devenu la norme de trancher des mains, pendre, de lapider à mort, de fouetter les gens en public, d’imposer la burqa aux femmes, d’abuser sexuellement et moralement des enfants. Dans des pays comme le Canada, où ils n’ont pas encore suffisamment de pouvoir, les fondamentalistes essaient d’instaurer des tribunaux basés sur la charia. Invoquer la peur de l’islamophobie a pour but d’empêcher les citoyen-nes conscient-es de lutter contre un tel mouvement.

Pour Mme Arjomand, il est clair que c’est raciste de créer deux systèmes de lois et de règlements pour les résident-es du Canada. Il faut lutter contre la discrimination envers les secteurs les plus vulnérables de notre société, envers les femmes et les enfants. Il faut refuser la division de la société en majorité et en minorités. Et il faut réclamer une seule loi pour tous, indépendamment du sexe, de la race, de l’ethnie, etc. (4)

Le multiculturalisme "pur" représente un danger

Alia Hogben, directrice générale du Conseil canadien des femmes musulmanes (CCFM) a été très déçue de voir que c’est une féministe, membre d’un parti de gauche, le NPD, qui a donné son aval à l’instauration de tribunaux islamiques au Canada, après que ce même parti ait promulgué en 1991 l’Acte d’arbitrage en Ontario. Lors des célébrations du 15ème anniversaire du multiculturalisme canadien, le 6 février 2004, Mme Hogben a déclaré : "Le multiculturalisme pur représente un danger, s’il n’est pas fondé sur des valeurs et des lois partagées par l’ensemble des Canadien-nes, et peut entraîner la division entre les différents groupes ethniques. Nous sommes également conscientes que des formes extrêmes de relativisme culturel minent l’identité commune canadienne. Nous n’appuyons aucun des groupes qui, non seulement insistent sur la sauvegarde de leur identité culturelle d’origine, mais semblent promouvoir des changements qui peuvent porter atteinte au bien commun. Malheureusement, certaines personnes croient que le multiculturalisme leur donne le droit de renverser l’équilibre entre la célébration de la diversité et le renforcement de l’identité commune canadienne".

"La récente proposition d’instaurer au Canada des tribunaux fondés sur la Charia prend appui sur le discours défendant la liberté religieuse et les droits individuels. La réponse du Conseil canadien des femmes musulmanes est que les femmes musulmanes sont mieux servies par la loi canadienne et devraient être traitées par cette loi comme des égales, sans distinction. Il n’incombe pas aux musulmans, en tant que Canadiens, de pratiquer la charia et nous nous inquiétons des conséquences pour les femmes musulmanes. Voilà un exemple de la diversité qui a mal tournée, laissant la division prendre le pas sur la cohésion (5)."

Le CCFM reconnaît que "d’autres groupes religieux utilisent des tribunaux d’arbitrage pour régler leurs litiges mais, selon sa perception, l’utilisation des lois religieuses par les tribunaux rabbinniques concernent principalement des litiges commerciaux. L’Acte d’arbitrage n’est pas utilisé pour le divorce juif ou "Get". Il en est de même pour les confessions catholique et anglicane. Quant aux musulmans ismaéliens, ils ont établi leur propre commission d’arbitrage soumise aux lois canadiennes" (6).

Mme Boyd a entendu les promoteurs des tribunaux d’arbitrage religieux se réclamer du droit à la liberté de religion. Le CCFM croit que "les droits de la personne, en ce cas-ci les droits des femmes, d’après la Charte canadienne des droits et libertés, doivent être considérés premiers et primordiaux parce que celle-ci protège les droits individuels fondamentaux. Ces droits incluent un traitement égal devant la loi". Le CCFM a aussi informé Mme Boyd que "l’opposition principale à l’utilisation de tribunaux religieux en matière de droit familial réside dans l’iniquité inhérente entre les hommes et les femmes dans la plupart des contextes religieux, ainsi que dans l’inégalité de pouvoir qui en résulte quand des litiges sont soulevés entre eux (7)."

Tous ces témoignages démontrent, comme le disait Tarek Fatah, que "la perception d’une forme de racisme dans l’opposition aux tribunaux islamiques provient souvent de milieux non musulmans de gauche". Au nom du multiculturalisme canadien, la gauche choisit de faire passer le droit à la liberté de religion, invoqué par la droite musulmane pour justifier l’instauration de tribunaux islamiques, avant la défense des droits spécifiques des femmes menacés par de tels tribunaux.

 Voir : Assemblée publique d’information le 17 mars, Sharia et droits des femmes...Quels enjeux ?

Notes

1. Chahdortt Djavann, Bas les voiles, Paris, Gallimard, 2003.
2. Voir sur Sisyphe : Entrevue avec Elaheh Chokrai, le 20.01.05.
3. The Canadian Sharia Debate, Pour plus d’information.
4. No sharia in Canada
5. Conseil canadien des femmes musulmanes, 15ème anniversaire du multiculturalisme.
6. Conseil canadien des femmes musulmanes, Règlement de litiges commerciaux.
7. Conseil canadien des femmes musulmanes, Droits primordiaux des femmes.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 3 mars 2005.

Suggestions de Sisyphe

 « Moi, fille d’immigrés, pour l’égalité et la laïcité », par Fadela Amara, Sisyphe, 2 mars 2005.
 
« L’humiliation des Musulmans », par Alexandre Feigenbaum, Collectif Contre TOUS les Racismes, 23 avril 2004.
 « Le conglomérat des opprimés de père en fils », par Leila Babès, 30 janvier « La montée des communautarismes est teintée d’islamisation des esprits. Les femmes sont les premières à en faire les frais ».
 Danielle Stanton, « La charia au Canada : une menace pour les musulmanes », La Gazette des femmes, Conseil du statut de la femme, Gouvernement du Québec, Novembre-Décembre 2004, vol. 26, no 3, pp. 12-18.
 Conférence table-ronde portant sur l’implantation au Canada d’instances d’arbitrage basées sur la loi islamique, organisée par Amnistie International, groupe UQAM, en collaboration avec l’Association étudiante de civilisation arabe du l’UQAM, 15 mars au Centre St-Pierre, 1212 Panet, salle 200, 18h - 21h.
 Monique Gagnon-Tremblay, "L’immigration est un privilège, non un droit", Le Devoir, 19-20 mars 2005.



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Élaine Audet

Élaine Audet a publié, au Québec et en Europe, des recueils de poésie et des essais, et elle a collaboré à plusieurs ouvrages collectifs. Depuis 2002, elle est l’une des deux éditrices de Sisyphe.
Ses plus récentes publications sont :
 Prostitution - perspectives féministes, (éditions Sisyphe, 2005).
 La plénitude et la limite, poésie, (éditions Sisyphe, 2006).
 Prostitution, Feminist Perspectives, (éditions Sisyphe, 2009).
 Sel et sang de la mémoire, Polytechnique, 6 décembre 1989, poésie, (éditions Sisyphe, 2009).
 L’épreuve du coeur, poésie, (papier & pdf num., éditions Sisyphe, 2014).
 Au fil de l’impossible, poésie, pdf num., (éditions Sisyphe, 2015).
 Tutoyer l’infini, poésie,pdf num., 2017.
 Le temps suspendu, pdf num., 2019.

On peut lire ce qu’en pensent
les critiques et se procurer les livres d’Élaine Audet
ICI.



Plan-Liens Forum

  • Ce que l’expérience française montre...
    (1/1) 11 mars 2005 , par





  • Ce que l’expérience française montre...
    11 mars 2005 , par   [retour au début des forums]
    http://www.laic.info/Members/webmes...

    Bonjour de France...
    J’enseigne dans un lycée une matière "à l’essai"...un cours fait de débats par lequel les élèves apprennent les cultures et les religions, et s’y situant, prennent position dans les débats de société. J’ai des élèves, musulmanes. À la rentrée 2004,seules une dizaine d’entre elles ont essayé de forcer la loi. Deux cas m’ont attristé. Un cas dramatique d’une jeune fille honteuse car "on" lui avait rasé la tête pour que le Hijjab tienne bon contre la loi. Maintenant que les cheveux ont repoussé, le couvre-chef esthétique s’en est allé. Un cas stupide d’un grand frère ayant forcé l’entrée du lycée pour imposer à ses soeurs de ne pas céder : or elle l’avaient retiré ce hijjab, trouvant dans la loi, le moyen de ne pas être coupable, accusée, puisqu’on leur imposait.
    Mes élèves gardent un chouchou dans les cheveux et se revêtent la tête dans la rue. mais à l’école : ça a changé. Une est restée en rage, rongée par l’intégrisme, elle en veut même aux sapins de Noêl (pas religieux, pas chrétiens), bientôt au repos dominical ! Les autres se sont éveillées peu à peu et c’est merveille.
    J’ai exposé l’an dernier sur www.laic.info, dans un papier de 9 pages (le coin du voile) les problèmes de ces signes religieux à l’école surtout en France. J’ai terminé cet article par un rappel de l’identité politico-religieuse de ce problème...
    Honnêtement, il y a encore un an, je doutais encore. Maintenant, j’ai vu : la loi française est saine. Ce foulard est le signe du refus de l’exogamie, principal vecteur des processus de ghetto. Les filles le portent pour de multiples raisons, mais elles n’ont pas la parole. Et ceux (des homes) qui conservent la parole en ont fait l’étendard de leur refus de l’égalité, de la démocratie et de tous les maux qu’ils fantasment sous le nom d’occident. Cette parole-là compte, celle des filles non : cherchez l’erreur.Ce foulard est signe que la femme est dès le premier abord un objet sexuel, à partir de 12 an,s parfois plus jeune.
    Caché sous le prétexte du particularisme culturel, un refus de la parité se cache avec d’autres obscurantismes. les doctrines islamistes affirment non l’égalité mais la complémentarité des sexes. Aux uns le travail, aux autres le ménage, aux uns le commandement, aux autres l’obéissance.
    Ce foulard est dit hijjab : ce mot signifie rideau. il est là pour séparer. Séparer hommes et femmes. Séparer les "saintes des pouliches", comme l’occident avant l’éveil des suffragettes.
    Ce rideau est un mur de la honte dès qu’il est imposé. Or il est imposé. L’interdire dans les lieux où l’on s’intègre par la culture est un acte de grande cohérence.

    Jean Devriendt. Strasbourg. France. jdevriendt@club.lemonde.fr


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