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lundi 26 septembre 2011 La légalisation de la gestation pour autrui
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Il y a une logique redoutable dans notre société qui est mise en oeuvre par ceux qui réclament la gestation pour autrui. Dans une société propriétairo-patriarcale et de consommation, certains individus ne supportent aucune frustration et affirment que la gestation pour autrui (GPA) est une « évolution normale » de la société ! Pourtant posons-nous une question : « Qui profite de la GPA ? Qui achète ? Qui paie ? Qui est payée ? » Les couples sans enfants hétérosexuels et homosexuels masculins paient le ventre des femmes. Et ce sont des femmes les plus démunies de la classes des femmes qui vendront leur ventre. Et telle avocate ou aucune autre défendant ainsi le « droit à l’enfant » n’a jamais porté et ne portera sans doute jamais dans son ventre l’enfant d’autrui... En revanche, celles et ceux qui entendent obtenir la légalisation de la gestion pour autrui normaliseront et banaliseront une fois de plus l’exploitation du corps des femmes en situation économique défavorisée (exploitation subie pour gagner l’argent nécessaire à leurs besoins vitaux ou bien à ceux de leurs proches !). Ainsi des Ukrainiennes, des Indiennes, des Américaines, et si cela continue des Françaises bientôt, se plieront à cette exploitation de leur corps… Dans la logique marchande, le bonheur passe par l’avoir et non par l’être. On peut pourtant devenir parent sans en passer par l’utilisation de ses propres gamètes. En adoptant des enfants qui n’ont plus de parents. Or, dans cette société d’appropriation, il faut à tout prix avoir ses propres enfants et si cela revient à y accélérer la dégradation de la condition de vie des femmes, si le corps des femmes y devient un lieu de transaction commerciale, si leur asservissement s’aggrave, ce n’est pas sûrement pas un obstacle ni un cas de conscience ! Du moment que certains auront leurs propres enfants... Dans la répartition des richesses et dans la division des tâches, la société patriarcale et les hommes font croire aux femmes qu’elles ne peuvent pas produire de la richesse. C’est pourquoi ils les assignent à la marchandisation de leur corps : à la reproduction et à la mise à disposition de leur ventre pour leur mari ainsi que pour la nation, à la prostitution et à la vente de leur vagin, de leur anus, de leur bouche… à des hommes, à la pouponnière et à la vente de leurs seins aux riches. Et aujourd’hui, ces individus qui ne supportent aucune frustration veulent acheter le ventre des femmes pour avoir leur propre progéniture. Tout cela sous prétexte que les femmes peuvent encore - et ne peuvent d’ailleurs pour une bonne part d’entre elles - que participer à l’économie de marché par la vente de leur corps. Ainsi lorsqu’un jeune homme homosexuel, en mal d’enfant, s’aventure à dire que « Les hommes prennent bien des risques en allant faire la guerre en Afghanistan et qu’ils y risquent leur vie, alors il est donc juste que les femmes prennent aussi des risques... » en enfantant pour autrui, nous n’avons pas de peine dans le contexte d’une société guerrière et d’exploitation à comprendre la logique hasardeuse qui sous-tend ce raisonnement. Car la première chose qui saute aux yeux impartiaux, c’est que justement les femmes participent très activement à la PRODUCTION des richesses. En effet, les deux-tiers des richesses du monde sont produites par des femmes. Tandis qu’elles n’ont un accès qu’à un dixième de ces richesses !!! Donc, s’il y a quelque chose à changer, ce ne serait non pas de rajouter une loi pour sceller davantage la prison des femmes dans leur propre corps « reproductif », mais de changer quelque chose à la répartition des richesses, notamment envers les femmes ! Mais la société marchande ne l’entend pas de cette oreille et elle n’admet aucun obstacle ni aucune frustration pour le bonheur des individus qui possèderaient une monnaie d’échange sonnante et trébuchante. Une société qui marchandise tout, et même l’inadmissible, pour le bonheur de quelques uns. Et ils adopteraient une loi leur étant favorable qui stipulerait le droit pour tout le monde d’avoir un enfant et surtout, bien entendu, son « propre enfant » ! Car l’accès à la propriété est un droit extrêmement précieux dans cette société-ci ! Puis elles, les femmes « choisiront »... bien entendu d’enfanter pour d’autres. Comme celles qui « ont choisi » de vendre leur sexe, celles-ci « consentiront » à devenir mères-porteuses, comme celles qui « ont consenti » à se soumettre à la maternitude, elles « vendront » ainsi leur ventre tout comme elles « ont vendu » leur seins comme nourrices. Oui les femmes vendront leur ventre ! Comme celles qui vendent d’autres parties de leur corps. À cause de cet adage mensonger : « La prostitution est le plus vieux métier du monde » que d’autres, les Ils, leur ont fait gober et nous font gober pour effectuer la vente de tout ou d’une partie de notre corps, souvent attribué d’avance dès la naissance pour servir d’autres personnes. Or, ce « métier » de prostituée au service des hommes a « officiellement » commencé en Occident en 600 avant J-C avec sa législation, qui y a officialisé l’échange d’argent dans une relation sexuelle non égalitaire et non dirigée par le désir. Mais il est faux de prétendre que la prostitution sous sa forme marchande existe et a existé dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Bien entendu, dans les tractations en cours, prémices de la légifération sur la gestation pour autrui, il est bien question que pendant son « travail » la femme qui offrira son ventre soit nourrie comme une vache. Mais dès qu’elle « mettra bas », ce sera bien à elle de se débrouiller avec son corps vide. Avec ses sentiment à propos de son ventre et de cet enfant qu’elle a porté et qui ne sera plus là. Avec ses propres enfants, qui ont vu leur mère gonflée d’un enfant sans qu’il n’y en ait un. Dans cette société basée sur l’enfantement, il y a pourtant des millions d’enfants dans le monde qui sont produits mais qui se retrouvent orphelins ou avec des parents défaillants. Ainsi « avoir ses enfants » voit sa valeur sociale de propriété confirmée et devient hautement désirable pour ces personnes égocentriques. Ces individus sont bien loin de vouloir adopter-élever n’importe quel enfant orphelin, nécessiteux ou laissé pour compte. Ils vont au contraire s’enfermer dans un monde doré de projection de leur ego et étancher leur soif de propriété, en achetant les illusions du meilleur qu’une société marchande et d’appropriation prétend leur vendre. Et comme dans toute logique marchande, la demande primant sur l’offre et la pauvreté existant pour favoriser ce déséquilibre, car le « client roi » est maintenant bien compris et scandé de partout, celui qui paie détermine depuis longtemps toutes les règles du jeu. Afin de stopper cette violence sociale contre les femmes, il y aurait pourtant une réponse, ce serait de changer cette base trop uniformellement répandue de l’appropriation d’autrui, y compris celle de son futur enfant et celle de toutes les femmes. Quand les femmes le comprendront-elles et se révolteront-elles solidairement ? Sans doute pas maintenant, donc la modernité apportera son lot de transformations toujours dans le sens d’une exploitation plus raffinée et poussée des femmes et des individu-es. Comme l’a rappelé l’ethnologue Lévi-Strauss, la première appropriation fut celle des femmes par les hommes dans le but de créer la famille, création basée sur un partage inégal des tâches, à bénéfice économique, identitaire et sexuel pour les hommes, et sur la séparation des deux sexes dans leurs rôles respectifs inventés. Ceci afin de permettre la perpétuation d’un système de domination des hommes adultes sur les autres « membres » de la famille. Sinon pour perpétuer l’espèce, comme les animaux, nous n’avons pas besoin de famille. Mis en ligne sur Sisyphe, le 16 septembre 2011 Note de Sisyphe La législation sur la gestation pour autrui dans différents pays. |