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mardi 17 janvier 2006


Élection Canada 2006
Quatre cravates et une féministe : analyse critique des débats des chefs

par Isabelle N. Miron






Écrits d'Élaine Audet



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Il faut être fêlée (ou masochiste ou journaliste) pour assister aux quatre débats des chefs attentivement, assise au bout de son divan, à prendre des notes. Eh bien, je suis ce type de personne, je veux les écouter, moi, ces quatre gaillards, et surtout constater si, dans le passage de l’anglais au français, on ne s’en ferait pas passer une belle. Alors exit la traduction simultanée, je me permets de vous livrer mes impressions.

Enjeux : où sont les femmes ?

Le mot « femme » a été prononcée une seule fois dans les deux premiers débats, et c’est parce qu’il fallait bien répondre à la question posée par une dame du Manitoba, qui demandait quelles seraient les mesures prises par les candidats concernant les femmes francophones hors-Québec. On a répondu, bien entendu, que les droits des minorités francophones devaient être respectés et tout le tutti quanti, mais la question des femmes, elle, est restée lettre morte.

Dans cette surréelle campagne électorale 2006, tous les enjeux concernant les femmes ont été regroupés sous le chapeau « famille », que ce soit dans les débats ou dans les plate-formes des quatre partis. Comme le souligne Lise Payette dans sa chronique du 9 janvier : « La femme comme individu normal, être humain de plein droit, n’est mentionnée nul part. » On parle bien des services de garde, un sujet épineux où les opinions diffèrent (les libéraux et le NPD veulent un programme national alors que les conservateurs n’y voient pas d’intérêt, et le Bloc veut préserver l’unicité du programme québécois). Mais sinon, dans les débats, on opte pour les phrases englobantes : la pauvreté ET la violence ET le logement social ET le décrochage scolaire ET la prolifération des armes à feu vont de pairs, ce sont tous des problèmes sociaux très graves auxquels on compte s’attaquer SI on est élu. Tiens donc…

Toujours dans le premier débat, on a attrapé au vol la question de la représentation politique des femmes, puisqu’il faut bien « ploguer » le mot femme quelque part. Layton a affirmé qu’une saine démocratie passait par une présence accrue des femmes au Parlement, ce que Martin a repris dans une envolée vide de sens. Deux débats et quatre heures plus tard, nous en sommes là.

Amusante méprise, lors du second débat en français (quoique…était-ce bien du français ?) lorsque Martin attaque Layton sur le droit des femmes de choisir pour elles-mêmes. M. Martin s’est trompé d’interlocuteur, bien que ce ne soit pas clair : de quel choix parle-t-il, au juste ? Ça a pris un moment avant que Harper ne prononce finalement le mot honni, craint de tous : « avortement », et c’était finalement pour redire qu’un gouvernement conservateur ne reviendrait pas sur ce droit. Rassurées, mesdames ?

Alors voilà, en résumé, ces quatre débats : unité nationale, Option Canada, unité nationale, questions économiques, donateurs de gros sous, unité nationale. Mais aucun enjeu féministe. Pas de femmes. Mmmm…

Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 janvier 2006.



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Isabelle N. Miron


L’auteure est chercheuse, diplômée en Études féministes et poursuit des études de maîtrise en sciences politiques.



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