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vendredi 22 septembre 2006

Chuchotements écrits

par Michèle Bourgon






Écrits d'Élaine Audet



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Ces femmes qui se couchent et
qui accouchent
couchent la revanche dans leurs berceaux.
De Ouagadougou à Tombouctou ou à Rivière du Loup
Chut, chut, chut, chute,
Et cette vengeance si douce à leur cœur de femmes.
Et tous ces bébés qui crient à pleins poumons :
Nous sommes un peuple ! Nous vaincrons la différence, l’indifférence, l’interférence.
Ensemble. Tous ensemble.

Chut, chut, chut, chute.

Leur voix s’éteint, se tait.
C’était...
Chut, chut, chut, chute !

C’était ?

Et ces femmes qui éduquent, instruisent, soignent, aiment.
Toutes ces femmes de partout qui saignent du fruit de leur entaille bénie.
Ces femmes dont le lait abreuve la Patrie.
Combien de foi pénétrée à voguer dans leur utérus ?
Combien de fois trompées, brimées, violées, torturées ?
Chut, chut, chut, chutes ?

Combien d’hommes renouvelés passent le soc et le coutre dans leur chair qui cicatrise et se referme sur eux ?
Et ces femmes qui pardonnent, oeuvrent d’amour, enfantent doucement le désir ;
Désir de la terre, faim d’appartenance, soif d’identité.
Ici, au Québec et partout dans le monde. Même combat contre la haine, les femmes enfantent l’enfance, la jouissance, la puissance de l’amour.
Don d’elles, don d’elles, don d’elles.

Chut, chut, chut.

Du bout de leur « hiver de force, de leurs saisons déréglées,
elles se relèvent à nouveau,
marchent dans la plaine, la rizière, la brousse, la montagne
et à travers chants, elles portent l’étang d’or sur leurs épaules
et le pays dans leur ventre jusqu’à extinction des feux de voix,
jusqu’au cri primal de la renaissance.
Ici, sur la planète !
Ici, sur cette terre ; ici, pour l’univers.
Ici dans cette vie pour que l’autre vie...
Pour que l’autre vie...

Et elles crient, ces femmes,
elles crient en Swahili,
en Bengali, en Cri, à l’infini...
(cris lointains de femmes, bouleversants)
elles crient leur douleur, elles crient de bonheur,
elles crient pour leurs sœurs,
elles crient pour changer le monde, de tout leur cœur,
Pour le rendre meilleur.

(Chants de femmes indistincts)

Mis en ligne sur Sisyphe, le 22 septembre 2006.



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Michèle Bourgon

L’auteure a été professeure de français au niveau secondaire pendant 13 ans et est professeure de littérature française au niveau collégial depuis 1990. Elle a prononcé de nombreuses conférences sur des sujets littéraires partout au Québec et elle travaille à plusieurs projets d’écriture. Elle a publié Contes de Noël, qui lui a valu un prix littéraire, et des articles dans Brèves littéraires (Laval, 1999) et Nouvelles Fraîches (Montréal, 1991). Elle a participé à la création de l’émission pour enfants, « Charamoule », à Radio-Canada (1988-1989), sous la direction de Pierre Duceppe.



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  • Une voix dans la nuit
    (1/2) 2 octobre 2006 , par

  • Question
    (2/2) 30 septembre 2006 , par





  • Une voix dans la nuit
    2 octobre 2006 , par   [retour au début des forums]

    Bonjour,

    j’apprécie le passage "et à travers chants, elles portent l’étang d’or sur leurs épaules/et le pays dans leur ventre jusqu’à extinction des feux de voix/jusqu’au cri primal de la renaissance." Il est porteur de beaucoup de sens et cueille l’image à la source, d’une fort belle façon.

    Merci pour cette voix dans la nuit, pour votre voix dans la nuit de ces femmes.

    Annie Lafrenière

    Question
    30 septembre 2006 , par   [retour au début des forums]

    Je ne comprends peut-être pas grand chose à la poésie et je m’en excuse d’avance.

    Pourriez-vous me dire ce que signifie :
    « Combien de foi pénétrée à voguer dans leur utérus ? »

    Peut-être que c’est une coquille et il manque un s à foi ?

    Autrement, vous dites que la foi vogue dans l’utérus ???

    • > Réponse
      30 septembre 2006 , par
        [retour au début des forums]

      Bonsoir Marie-Hélène,
      On me pose souvent cette question-là.
      D’abord et avant tout, merci de m’avoir lue.
      Maintenant, l’explication : dans " combien de foi pénétrée à voguer dans leur utérus" il faut comprendre Foi, non pas au sens religieux, mais plutôt au sens d’espoir. La femme porte en elle la vie ; elle porte la foi pénétrée, donc la conviction profonde d’être porteuse de l’avenir de l’humanité.
      Dans ce sens, combien de foi pénétrée à voguer dans leur utérus : combien de certitude de collaborer à l’avenir du monde. J’ai utilisé consciemment le mot voguer. Il me rappelait nos ancêtres françaises venues ici pour "fertiliser" le pays. En même temps, c’était aussi une référence au liquide amniotique. Il me rappelle aussi que le voyage des femmes ne sera jamais terminé.

      J’aurais pu écrire : combien de fois pénétrées à voguer dans leur utérus. C’eut voulu dire : combien de fois a-t-on pénétré ces femmes pour en obtenir une douce jouissance. Ce n’est pas ce que je voulais dire.

      J’aurais aussi pu écrire : combien de foi pénétrée a vogué dans leur utérus. Ça aurait pu alors avoir un sens religieux important. Ce n’est pas non plus ce que je voulais.

      J’espère avoir bien répondu à votre question et je m’estime honorée que vous m’ayez posé cette question.

      Encore une fois merci et si le tout n’est pas clair, n’hésitez pas à m’en faire mention.

      [Répondre à ce message]


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