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vendredi 26 janvier 2007

Les Africaines dans le piège de la pauvreté et des maladies

par Mouhamadou Tidiane Kasse, journaliste






Écrits d'Élaine Audet



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Le 7e Forum social mondial a débuté le 20 janvier 2007 et se terminera le 25 janvier à Naïrobi, Kénya, en Afrique. Il sera beaucoup question, notamment, de la pandémie du VIH/sida dont les femmes sont à présent les plus nombreuses victimes sur le continent africain. À cette occasion, Sisyphe propose cet article du journaliste sénégalais Mouhamadou Tidiane Kassé publié d’abord dans Alternatives international, le 1er décembre 2006. Le journaliste explique comment les femmes sont les plus durement touchées par les politiques néo-libérales internationales et des entreprises multinationationales qui imposent leurs lois aux États.

Un des principaux avatars de la féminisation de la pauvreté est la vulnérabilité des femmes africaines face à des fléaux comme le VIH Sida, affirme Mouhamadou Tidiane Kassé. Peu d’argent est investi dans la recherche médicale des pandémies qui affectent davantage les femmes, et les stratégies néolibérales dénient à ces innocentes victimes l’un de leurs droits les plus élémentaires, à savoir l’accès à des soins de santé. Malheureusement, le mouvement altermondialiste n’a pas encore pu infléchir cette dynamique dictée d’en haut.

*****

Deux concepts vont ensemble aujourd’hui. En parallèle mais aussi en convergence, parce que, fatalement, les deux réalités qu’ils recouvrent se nourrissent l’une de l’autre. Depuis le début des années 1980 et la mise en place des politiques et stratégies néolibérales en Afrique, qui culminent aujourd’hui avec la mondialisation, la féminisation de la pauvreté est devenue un engrenage irréversible. Entre autres corollaires de cette situation, les années 90 ont, par exemple, vu le sida, dans sa propagation en Afrique, commencer à se parer de féminité.

Autant la pauvreté se féminise, autant donc le sida en prend les atours. Cette maladie qui, dans la première décennie de son apparition, sévissait en majorité chez les hommes, a ainsi vu ses ratios s’inverser au détriment des femmes. Sur les 25 millions de personnes vivant avec le VIH en Afrique (37,8 millions dans le monde), 58% sont des femmes. Les mêmes proportions prévalent parmi les 9000 Africains qui contractent chaque jour le virus du sida.

La féminisation de la pauvreté et ses impacts sur la santé de la femme ne sont pas une fatalité. Le lit a été dressé par les politiques néolibérales qui ont commencé à régenter l’Afrique à partir des années 80. Aux Programmes de redressement économique et financier (Pref) entamés à la fin des années 70, ont succédé les Programmes d’ajustement structurel (PAS) des années 80, avant que les Documents de stratégies de réduction de la pauvreté (DSRP) ne bouclent la fin des années 90.

Le glissement sémantique indique les échecs successifs de ces politiques initiées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont enfermé l’Afrique dans une spirale de pauvreté sans fin. Toutes ces politiques débouchent aujourd’hui sur une mondialisation qui place la fragilité du continent à un échelon supérieur, pour les mêmes effets désastreux. Le scénario en vase clos de naguère, à l’intérieur des Etats, se joue désormais à l’échelon d’une économie mondiale qui transcende les frontières et les souverainetés.

Dès les années 80, les contours du drame actuel avaient déjà été tracés. La libéralisation a commencé par frapper les secteurs sociaux. Devant la raréfaction, voire la disparition des investissements publics, des secteurs névralgiques comme la santé et l’éducation ont périclité. Les législateurs ont fait le reste et, derrière le slogan du « moins d’Etat mieux d’Etat », des secteurs de souveraineté et d’expression de l’Etat providence ont été offerts à des privés dont les intérêts se situaient aux antipodes des préoccupations sociales des populations. L’école, les services de santé sont devenus un vaste marché sous l’emprise d’une idéologie néolibérale en vogue dans les pays africains déjà à l’aube des années 1980.

Les femmes souffriront le plus de leur impact, de par les traditions et leur position sociale. Dans les choix pour l’accès à une éducation de plus en coûteuse, les filles commençaient à venir en second plan et, vingt ans plus tard, on investit des milliards dans leur scolarisation pour corriger les effets du désastre. Dans le même temps, les taux de mortalité maternelle et infantile ont dépassé les limites du scandale et leur réduction constitue de nos jours un des objectifs de développement du millénaire. Tout se passe comme si on s’amusait à vider un tonneau, pour ensuite le remplir. Avec cette gravité que ce sont des vies humaines qui sont en jeu.

Stratégies de survie

Dans une étude intitulée « Les familles dakaroises face à la crise », les constats étaient accablants dès les premières années de mise en oeuvre des politiques libérales. « Ce sont en fait les salariés du secteur privé qui sont le plus durement touchés par la crise des années 80. Chez les hommes, les chômeurs représentaient 13,7% de la branche de l’industrie. Dans le bâtiment, le chiffre est de 14,3%, dans les services et la production privés de 14,6% et il est de 9,1% dans le commerce. Ce sont les salariés du secteur de l’agriculture et de la pêche qui sont les plus touchés par le chômage (18,8%).

« Mais la situation est plus dramatique pour les femmes chez qui le pourcentage de chômeuses est de 21,6% dans l’industrie, de 15,0% dans les services et la production et de 19,2% dans le commerce. Ce plus grand chômage des femmes est d’autant plus remarquable qu’un certain nombre d’entre elles ont dû se déclarer ménagère, découragées après avoir vainement cherché du travail. Les chiffres que nous avançons pour les femmes sont donc des estimations basses du chômage féminin » (Cf. Les familles dakaroises face à la crise - Ifan, Orstom, Ceped - 1995).

Le processus continu de libéralisation du commerce mondial a créé un contexte de déstructuration économique et social dont les femmes souffrent le plus en Afrique. Dans les sociétés à deux vitesses qui s’instaurent, les effets s’accumulent et se sédimentent au bout d’une chaîne dont elles constituent le dernier maillon - le plus faible par ailleurs. Les filles sont privées de scolarité, les adolescentes ruinent leur avenir dans des grossesses précoces et les femmes vivent des contextes de violences conjugales de toutes sortes (latentes ou apparentes, codifiées ou non par la société) qu’exacerbent la pauvreté et l’absence des moyens primaires d’existence.

Les stratégies de survie qu’elles ont mises en place, en s’insérant dans les activités de production ou dans l’industrie de transformation comme main-d’oeuvre, ne résistent pas aux nouvelles lois sur la déprotection. Les usines ferment ou compressent du personnel et l’importation tue des pans entiers des secteurs productifs dans lesquels elles s’investissent. Aujourd’hui, les commerçantes africaines doivent aller toujours plus loin pour faire face à des produits asiatiques qui inondent les marchés. Confidences d’une commerçante sénégalaise :

« Dans les années 80 j’allais en Gambie. Avec les années 90, il a fallu pousser jusqu’à Nouakchott et à Las Palmas pour alimenter mon commerce. Aujourd’hui c’est à Dubaï, Taïwan ou Hong Kong qu’il faut aller pour concurrencer des marchés qui se sont implantés chez nous. Notamment avec les Chinois. L’investissement est plus important, les voyages plus longs et les difficultés plus grandes de concilier nos rôles de piliers de famille et nos fonctions économiques. Dans le groupe de femmes avec lesquelles je m’organise pour des voyages alternés et des achats collectifs à tour de rôle, nous brassons des centaines de millions de francs de chiffres d’affaires par an. Mais parce que nous sommes dans l’informel, parce que nous n’offrons pas les garanties jugées nécessaires, l’Etat ne nous soutient pas et les banques ne nous font pas plus de crédit ».

Les textes ne les favorisent donc pas, le contexte social encore moins. « Les femmes d’affaires rencontrent-elles des difficultés supplémentaires pour étendre leurs activités grâce à l’exportation parce qu’elles sont des femmes ? C’est précisément la question fondamentale à laquelle les sociétés doivent répondre et sur laquelle elles doivent se mettre d’accord afin d’accélérer le changement. Pour les petites entreprises, l’accès au financement, à l’information sur les marchés et à la formation est essentiel.

Les femmes qui exportent ont pourtant moins de possibilités d’accès aux réseaux d’appui que bon nombre de leurs homologues masculins. Le type d’assistance dont elles ont besoin est différent aussi. Ainsi, la plupart des entreprises appartenant à des femmes agissent dans le secteur des services, et le principal moyen de développer de telles entreprises est la constitution de réseaux, en vue de créer une base de référence de clients » (Natalie Domeisen, CCI Forum du commerce international).

Vie et santé

Pour la grande masse des femmes, on est cependant loin de ces soucis de conquête de marché. Les préoccupations quotidiennes tournent plutôt autour des stratégies de survie et de santé. Préoccupation vitale aujourd’hui, des millions de femmes n’ont pas accès aux soins de santé maternelle qui pourraient sauver leur vie. Par exemple, seuls 53% des accouchements dans les pays en développement se font avec l’aide d’une personne qualifiée (médecin, sage-femme, infirmière). Avec le mauvais état nutritionnel des femmes avant la grossesse, à cause de soins de santé inadéquats, inaccessibles ou trop chers, sans compter le manque d’hygiène et de soins pendant l’accouchement, les maternités à risque se multiplient.

Par-delà les faillites des politiques nationales, la mondialisation a fait de la santé un domaine mercantile et du médicament une marchandise. Le débat et les conflits entre pays du Sud et du Nord autour des Accords sur les droits de propriété intellectuelle (Adpic) dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, ont été édifiants à cet égard. Arc-boutés aux brevets qu’ils détiennent, des multinationales du médicament se sont opposées à la fabrication de certains produits dans des pays du Sud, où l’industrie locale pouvait le faire pour en réduire les coûts d’accès et améliorer la santé des populations.

L’affaire avait ainsi fait grand bruit en 2000, quand trente-neuf firmes de médicaments ont intenté une action en justice contre l’Afrique du Sud, pour avoir mis à la disposition de ses populations des médicaments à bas prix, notamment des antirétroviraux. En avril 2001, elles renonçaient à leur plainte, devant la levée de boucliers des Etats africains accrochés à des clauses de sauvegarde.

L’accord sur les Adpic impose aux gouvernements membres de l’Omc, l’assurance, pendant vingt ans, de la protection par copyright et par brevet de différents nouveaux produits, dont des produits pharmaceutiques. Sauf accord de son inventeur, personne ne peut utiliser, fabriquer ou vendre ce produit pendant cette durée. Pendant ce temps le sida tue. De plus en plus de femmes en particulier. En Afrique subsaharienne, les données de l’Onusida en 2005 montrent que 58% des adultes infectés en Afrique subsaharienne sont des femmes.

Pour faire face à cette pandémie et ralentir ses effets, le traitement aux anti-rétroviraux nécessitait à un moment 600 000 F Cfa par mois (environ 1 000 dollars ; les coûts ont baissé depuis lors et ils sont même gratuits dans certains pays grâce aux subventions publiques). Or, il était possible de produire localement des génériques qui réduisent les coûts. En Inde, une société pharmaceutique avait ainsi mis au point des Arv au prix de 600 dollars (par personne et par an) pour les gouvernements africains.

Et pourtant, entre les droits des détenteurs des brevets et le droit à la vie de centaines de millions de personnes, il a fallu en arriver à un contentieux juridique. Ainsi, le Brésil a dû faire face aux attaques des Américains, pour avoir adopté une loi autorisant la production locale de médicaments anti-rétroviraux, dont l’Azt qui aide à prévenir la transmission mère-enfant.

C’est devant la mobilisation des pays du Sud que la morale l’a emporté sur le profit. Et après avoir un moment menacé l’Afrique du Sud de sanctions, dans son bras de fer avec des firmes pharmaceutiques américaines, le président Bill Clinton avait signé un décret pour changer les textes américains sur la propriété intellectuelle s’appliquant à la distribution de médicaments contre le VIH/sida en Afrique subsaharienne. Ce décret interdisait de porter plainte auprès de l’Omc pour s’opposer à la volonté ou la démarche de pays d’Afrique subsaharienne de produire ou d’obtenir des médicaments contre le sida.

La logique commerciale qui s’empare de la santé tient au fait que ce secteur est une énorme source de revenus, entre les médicaments, les fournitures médicales, le matériel de laboratoire, etc. Et jusqu’à présent, dans le cadre de l’Omc, la primauté du droit à la santé sur le droit aux brevets n’est pas encore réalité. Si de petites ouvertures sont faites, les Etats Unis restent accrochés à l’idée qu’un accord élargi sur les droits de propriété pourraient être demain étendu à des affections qui génèrent des profits beaucoup plus élevés pour les laboratoires.

En effet, même si le débat s’est concentré sur les pathologies que sont la tuberculose, le paludisme et le sida, la recherche médicale sur ces trois pandémies les plus meurtrières est inférieure à 5% du montant total des budgets de recherche des dix plus importantes firmes pharmaceutiques du monde. Mais lâcher du lest à ce niveau est perçu comme la porte ouverte pour mettre en péril une cagnotte pluq juteuse. A titre d’exemple, les ventes de médicaments menacées par l’arrivée des génériques d’ici 2007 sont évaluées à 50 milliards de dollars, dont 17,8 milliards pour les firmes américaines Merck et Pfizer.

Ainsi les milliards des uns font le malheur des autres. Dans la logique actuelle de la mondialisation, les règles du commerce mondial régentent les politiques nationales. On assiste à des pertes de souveraineté et les accords internationaux influent directement sur les politiques publiques. Dans les domaines sociaux comme la santé ou l’éducation, ce sont les ministères des Finances qui déterminent les investissements et les réalisations selon les normes du marché financier international. Dès lors, la logique désincarnée des agrégats économiques prend le pas sur les nécessités du bien-être social.

Au Mali, la lutte contre le paludisme ne dispose par exemple ni de moyens financiers suffisants ni d’un statut institutionnel adéquat. Le programme national n’est que l’un des secteurs de la Division prévention de la Direction nationale de la santé et dispose d’un budget de 1,5 milliard de francs Cfa par an. Et pour mettre en oeuvre la moindre activité, il doit passer par de nombreuses étapes pour la faire avaliser (Cf. Panos Infos à paraître).

Or, selon le Rapport des Nations Unies sur les objectifs de développement du millénaire 2005, le paludisme détruit un million de vies par an, essentiellement parmi les femmes et les jeunes enfants, ralentissant ainsi la croissance économique de 1,3% par an. Et 90% de ces morts surviennent en Afrique sub-saharienne où, chaque jour, plus de 2000 enfants sont emportés par cette maladie. Parmi les pays où cette maladie reste endémique, nécessitant une prévention et une prise en charge de tous les instants, on retrouve le Mali.

Depuis les années 80 les pays africains n’ont fait qui subir. Mais ont-ils les moyens de résister ? L’échec, en partie, du dernier sommet des ministres de l’Omc à Hong Kong, en décembre 2005, qui devait clôturer le cycle de Doha après l’étape de Cancun en septembre 2003 (un échec aussi), est le fait d’une mobilisation des pays du Sud contre un processus qui les enferme dans un piège sans fin. Mais la résistance sur le coton où les réserves des pays d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique sur d’autres dossiers ne suffisent pas à arrêter la machine de la mondialisation. L’Omc n’est qu’un cadre de structuration qui a fait faillite. Pendant ce temps, le processus continue à vivre de par sa propre dynamique, porté par les multinationales.

Les résistances de la société civile, à travers une mobilisation altermondialiste, restent encore une barrière bien faible, dont les prolongements ont du mal à s’ancrer au niveau des populations à la base. Et dans ce mouvement, le segment des femmes reste bien faible. Dans les manifestations du Forum social africain la dimension femme reste encore marginale. Elle est moins une vectrice des réflexions qui se mènent autour des résistances et des alternatives à la mondialisation, qu’un appendice dans les changements souhaités. On continue à débattre de ce qu’elle subit, plutôt que (violences physiques, violences morales,...) des solutions dont elles sont porteuses et des leviers pour les impulser.

Dans le contexte actuel de féminisation de la pauvreté et de féminisation, le cercle vicieux s’élargit pour englobe de plus en plus de femmes, en même temps qu’il se referme sur elle dans la une dynamique de précarisation continue. « La subordination des femmes dans la société africaine, face à la pandémie du VIH/sida, entraîne leur mort prématurée et la rupture de millions de familles sur tout le continent (africain). Le fait que cela crée par la suite, une génération d’enfants sans racines et traumatisés a des conséquences graves pour la future stabilité de beaucoup de pays en Afrique. Alors qu’on se concentre seulement sur la prévention de l’infection et les soins des mourants, on néglige les possibilités de prolonger les vies saines et productives des Africains séropositifs, particulièrement celles des mères avec des enfants en bas âge » (Page ; 2000). La logique de la mondialisation n’est pas pour arrêter le processus.

Le 1er décembre 2006, Journée mondiale sur le sida.

 Remerciements à Alternatives international qui a autorisé Sisyphe à reproduire cet article.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 janvier 2007



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Mouhamadou Tidiane Kasse, journaliste

Mouhamadou Tidiane Kasse, journaliste sénégalais, est Coordinateur de « Flamme d’Afrique », un quotidien publié par Ipao et Enda Tiers-Monde, à l’occasion des forums du mouvement social. Voir en ligne : www.pambazuka.org.



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