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lundi 12 novembre 2007 Ma vie, mon aventure : une mission humanitaire en Indonésie
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Une jeune femme a réalisé un rêve tout en offrant une aide humanitaire à un pays que les éléments de la nature ont beaucoup éprouvé. Elle nous raconte son expérience. Nous invitons les jeunes femmes du monde qui ont réalisé des projets et des rêves à nous en faire part.
Voyager tout seule, c’est comme voyager deux fois. Voyager autant qu’une fille blanche aux yeux clairs, à destination de l’Asie, c’est encore mieux. Me voici à l’aéroport Soekarno-Hatta à Jakarta, à 20h30, le 18 août, le jour de mon retour de mission humanitaire au nord de Sumatra. Je me sens un peu faible car j’ai été souvent malade et je le suis encore. Restant sur mes gardes, prête à me battre dans mes démarches, je bois un café, fume une dernière cigarette bon marché, j’ai trop envie de partager mes pensées avec quelqu’un. Ma meilleure copine, Julia, d’origine indonésienne, m’a demandé de prendre une bouffée d’air de ce mélange d’odeurs pour elle. Je n’oublierai jamais ce goût d’air chaud et étouffant de barbe à papa, mélangé à l’odeur des cigarettes. Tout ensemble porté par les voix des touristes, les klaxons, les annonces de l’aéroport donnant tellement envie d’être invitée à danser avec eux et de s’oublier une fois pour toutes. Dans cette masse de sensations, j’aperçois, sur un taxi Bluebird, un slogan qui rime tant avec ma vie : My Life my Adventure. C’est tellement vrai. Les habitants sont si différents, souvent incompréhensibles dans leur façon d’être et de faire. Je crois que c’est bien cela qui a été le plus difficile pour moi. De comprendre. Il y a des moments où l’on se sent presque frustré. C’est comme si on allait voir un film en chinois, auquel on aurait enlevé les sous-titres et dont il faudrait suivre l’action à tout prix pour pouvoir le raconter ensuite. Faire de l’humanitaire ne veut pas seulement dire accomplir une mission. C’est un vrai travail humain dans la rencontre avec les autres et un travail sur sur son intérieur dans la rencontre avec soi-même. Il ne faut pas se plaindre, même si cela fait la énième fois que les cours d’anglais sont annulés à cause d’incompréhension et de désorganisation, même si cela fait trois jours de suite qu’on ne peut plus rien manger, car nos estomacs disent non à la nourriture locale, même si on croise des rats et des bêtes à chaque pas. On en discute souvent avec les filles. On n’est pas à l’aise avec les conditions sanitaires. Je crois que c’est bien cela qui nous dérange le plus. Nous ne sommes vraiment pas habituées à un tel niveau d’hygiène au quotidien. Pour les Indonésiens et Indonésiennes, ce sont les normes courantes. C’est dans leur culture. Les rats ? Ils ne font pas mal, ils mangent les souris. Les poissons exposés au soleil ? C’est là où ils prennent meilleur goût. Nous devons tout remettre en question, sans cesse. Car qui a dit que notre façon de faire, de percevoir les choses est meilleure ? Elle est juste différente, tellement imprégnée de notre culture, de notre éducation et de notre religion. A côté de tout ça, les rencontres et les échanges culturels inoubliables, les souvenirs de la beauté de l’Indonésie et de ses enfants comme les plus belles photos imprimées à jamais dans ma tête. Que je suis heureuse de monter les vulcains, de me balader en moto sur les îles paradisiaques, de parler aux gens et d’échanger des idées, de regarder la voie lactée de si près que j’ai l’impression de pouvoir toucher les étoiles et de m’en mettre plein les poches ! J’apprends beaucoup grâce aux endroits que je visite, grâce aux gens que je côtoie et aux autres volontaires, Laura, Audrey et Martine, avec lesquelles je partage mon aventure. Des filles que je n’oublierai jamais. Martine me donne envie de croquer la vie à chaque instant, elle qui, avec ses expériences et ses aventures nous transporte sur une autre planète ; avec Audrey, qui rigole comme une petite fille, et Laura, une fille en or tout simplement, qu’on écoute les yeux grands ouverts jusque tard dans la nuit. 80 pour cent des volontaires de Planète Urgence sont des femmes. Sur place, ce sont les filles qui ont été les plus consciencieuses des élèves. Assoiffées de connaissance et de découverte, très ouvertes d’esprit, souvent très coquines, elles sont tout le temps en train des rigoler comme des gosses. J’ai l’impression que même si elles portent les voiles, ce sont bien elles qui tiennent les rênes. Il y a un proverbe mauritanien qui dit que c’est le chameau qui aide l’homme à traverser le désert et c’est la femme qui aide un homme à traverser la vie. N’est-ce pas vrai ? Juste avant mon départ en mission, j’ai fait un rêve en noir et blanc. Une fois sur place, je l’ai compris. J’ai réappris les couleurs de la vie. J’ai emporté le soleil dans mon sac à dos et on a passé un accord, avec les Indonésiens et Indonésiennes, qu’une fois en France, je le laisserais briller pour nous, et le soir venu, je le leur enverrais comme un ballon pour que nous partagions la même énergie. Ici, je vous laisse. J’ai un avion à prendre, dernière bouffée d’air au goût de barbe à papa avec le soleil dans mon sac, je m’envole vers la France. Vous savez ce qu’on dit en Asie sur les gens aux yeux clairs ? Que ce sont des gens qui ont déjà eu une vie auparavant et qu’ils auront encore mille vies pour pouvoir absorber plein de belles choses dans l’océan de leur regard. Une chose est claire. La mission m’a apporté énormément et je suis ravie de l’avoir faite. Je vous invite toutes à faire une mission humanitaire, même très courte. Malgré ce qu’on peut imaginer, on reçoit toujours plus qu’on offre. On passe les tests de l’humanité et de la persévérance. On se dépasse soi-même et le soleil ne brille plus jamais pareil. Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 novembre 2007 |