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dimanche 7 septembre 2008 En toute saison, des violences commises au nom de l’honneur
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Que ce soit l’été ou une autre saison, les violences commises "au nom de l’honneur" contre des femmes, et parfois aussi des hommes, ne cessent pas. Le 2 juillet, c’est Banaz Bakir Fatah, d’origine kurde irakienne, qui a été assassinée en Norvège. Début août, on apprenait qu’un nouveau meurtre d’honneur avait eu lieu en Jordanie, faisant suite à un autre crime "d’honneur" dans le courant de juillet, ou nous pourrions aussi parler du jeune Ahmet Yildiz, exécuté par sa famille parce qu’il était homosexuel. Au Pakistan, on apprenait récemment que le mois dernier, cinq femmes avaient été enterrées vivantes, les coupables, dont le frère d’un ministre de la province du Baloutchistan, ne sont toujours pas inquiétés par la police ou la justice, si bien que nous nous joignons à la campagne de la Commission Asiatique pour les Droits Humains (AHRC) demandant aux autorités de prendre les mesures nécessaires afin d’enquêter sur ces meurtres et de punir les coupables. En Jordanie, la législation favorise toujours ces assassinats commis "au nom de l’honneur familial". Et si la Turquie a récemment criminalisé ces meurtres de femmes, un rapport montre qu’ils restent non seulement fréquents, mais qu’ils sont en recrudescence. Même chose au Kurdistan d’Irak, où on apprenait début juillet que onze femmes avaient été tuées ou s’étaient suicidées par immolation par le feu en une seule semaine dans la ville d’Erbil. L’assassinat de Kurdistan Aziz a, quant à lui, démontré l’incapacité et le manque de volonté des autorités de la région autonome kurde d’offrir un minimum de protection aux femmes menacées par leurs familles, ce qui rend nécessaire la campagne que nous menons contre les meurtres et lapidations de femmes au Kurdistan. Et cela d’autant plus, que nous avons aussi appris que les assassins de Doa Khalil Aswad, lapidée publiquement le 7 avril 2007, risquent d’échapper à toute peine de prison (voir notre déclaration : Le prix du sang). En Iran, si les meurtres d’honneur existent aussi, c’est également l’appareil d’État qui cherche à contrôler la sexualité et le corps des femmes. Ainsi, en juillet, neuf personnes (au moins) étaient condamnées à la lapidation, dont Kobra Najjar. Selon les informations que nous avons reçu d’Iran au début août, ces lapidations seraient suspendues, mais la peine de mort par lapidation continue de figurer dans le code criminel du régime des mollahs. Autres formes d’oppression au nom de l’honneur Le système de "l’oppression de l’honneur familial" ne se limite pas aux meurtres, qui ne sont que la partie visible d’une organisation sociale tribale et patriarcale où on nie aux femmes leurs plus fondamentaux droits humains. Une des formes que prend cette oppression est le mariage forcé. Au Yémen, deux fillettes de 8 et 9 ans ont pu fêter... leurs divorces, prenant ainsi exemple sur Nojoud, une fillette de 10 ans qui s’est battue pour pouvoir obtenir le divorce. En Arabie Saoudite, le personnel d’un hôpital de la province de Hail s’est mobilisé pour empêcher le mariage d’une fillette de 10 ans avec un homme de 60 ans. Au Pakistan, ce sont des jirgas (tribunaux tribaux) qui offrent des fillettes en mariage pour régler des querelles de clans. C’est aussi des tribunaux tribaux qui condamnent à mort ceux qui décident de se marier librement comme Mohammad Ibrahim et Zainab. Les mariages forcés ne sont, malheureusement, pas seulement une barbarie qui existe au Moyen-Orient ou dans le sous-continent indien. En France, comme ailleurs en Europe, l’été est la saison propice des mariages forcés. Début juillet, dans le nord de l’Italie, "Piccola", 15 ans, a tenté de se suicider pour éviter d’épouser un homme qu’elle n’aime pas. On peut lire à ce propos le témoignage d’Hamina Ben Sadia, mariée de force à 16 ans, ou de Justine qui, elle, a fui sa famille pour ne pas être mariée. Nous avons publié quelques informations juridiques et contacts utiles pour les jeunes filles de France qui serait menacées de mariage de force. Il est à noter que ces derniers temps, à propos de mariages forcés, la presse a tendance à applaudir l’initiative mise en place par SPIOR (organisation islamique de Rotterdam), avec le soutien de Tariq Ramadan. En plus d’un communiqué d’organisations de femmes luttant en France contre les mariages forcés, on lira avec intérêt l’analyse de Necla Kelek, militante d’origine turque contre les mariages forcés en Allemagne, sur les ambiguïtés et l’hypocrisie de cette campagne organisée par des groupes réactionnaires proches des frères musulmans. Si notre site ne répertorie que quelques-unes des atrocités et des formes d’oppression que subissent les femmes "au nom de l’honneur" (vous pouvez avoir un petit aperçu de ce que signifie cette oppression en lisant, si vous ne l’avez pas déjà fait Un totalitarisme contre les femmes. Répercussions des crimes et du système de "l’honneur familial" sur les conditions de vie des femmes au Moyen-Orient), nous pouvons aussi annoncer quelques avancées grâce aux luttes courageuses qui se mènent un peu partout dans le monde. Ainsi, la campagne contre l’excision au Kurdistan enregistre quelques succès et les mutilations sexuelles féminines devraient être enfin interdites en septembre. Et même si nous n’avons pas encore obtenu l’abolition de la lapidation en Iran, les suspensions des peines par lapidation sont aussi un petit succès de la mobilisation des organisations de défense des droits des femmes, des défenseurs des droits humains et d’autres progressistes. Ces faits montrent que, même si cela peut paraître peu, participer aux différentes campagnes que nous proposons ou soutenons peut permettre de fissurer peu à peu l’oppression et d’aller vers plus d’égalité. Enfin, pour faire connaître notre lutte contre les meurtres et l’oppression "au nom de l’honneur familial", nous proposons des autocollants qui peuvent être téléchargés en format PDF et imprimés (chaque planche est faite pour une feuille A4 et chaque autocollant mesure 105 x 148,5 mm). Pour l’instant, nous en avons en arabe, allemand, anglais, espagnol, français, italien, kurde (soranî) et russe. Vous pouvez les trouver à cette adresse. Au fur et à mesure des traductions, nous en ajouterons d’autres et si vous pouvez nous aider à en traduire dans d’autres langues, vos propositions sont les bienvenues sur notre forum. – ICAHK, Campagne Internationale Contre les Crimes d’Honneur, 18 août 2008 Mis en ligne sur Sisyphe, le 18 août 2008 |