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lundi 15 septembre 2008 Ingérence de l’Église catholique dans la campagne électorale au Canada
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Jeudi dernier, le cardinal Jean-Claude Turcotte faisait une grande "sortie" médiatique sur la question de l’avortement, en déclarant qu’il rendait la médaille de l’Ordre du Canada qu’il avait reçue dans les années 1990. Motif ? La Gouverneure générale s’apprête à attribuer la même distinction au Dr Henry Morgentaler, grâce à qui l’avortement n’est plus un crime au Canada. Le cardinal a dit qu’il avait toujours cru qu’un tel honneur était accordé à des personnes qui font consensus au sein de la société. Mais si c’était le cas, le cardinal Turcotte n’aurait pas reçu cet honneur, car il n’a jamais fait consensus au sein de la société québécoise ni de la société canadienne. Le cardinal Turcotte a affirmé aussi qu’il ne voulait pas s’ingérer dans la campagne électorale. C’est tout de même ce qu’il a fait, en s’autorisant en plus à faire pression sur la conscience des électrices et des électeurs. Bien peu de gens seront dérangés par le fait que le cardinal rende sa médaille, mais plusieurs le seront par cette ingérence de l’Église dans la politique et dans la conscience des citoyen-nes, qui rappelle des années sombres que plusieurs préféreraient oublier. Cette ingérence du religieux dans le politique n’a rien à envier aux prétentions des islamistes radicaux qui demandent à être exemptés de l’application des règles communes pour cause de croyances religieuses. La Conférence des évêques catholiques du Canada a publié un "guide de l’électeur", il y a quelques jours. « En pleine campagne électorale fédérale, les évêques du Québec ont divulgué leur position sur l’avortement. Les prélats appuient notamment le geste du cardinal Jean-Claude Turcotte, qui vient de remettre son insigne de l’Ordre du Canada. Il proteste ainsi contre l’attribution controversée de ce même titre honorifique au Dr Henri Morgentaler, militant pro-avortement. Pierre Maisonneuve s’entretient avec le cardinal Jean-Claude Turcotte, avec Jean-Claude Leclerc, journaliste au Devoir, et avec Michèle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec. » (Voir sur le site Maisonneuve en direct , de Radio-Canada.) « Le cardinal Turcotte veut relancer le débat sur l’avortement », titre Le Devoir du 12 septembre. D’abord, le débat n’a pas besoin d’être relancé, il l’a été en janvier dernier quand la Chambre des communes a commencé à débattre du projet de loi privé C-484 dont l’objectif ultime est de limiter le droit à l’avortement. On saurait que le débat est en cours si on s’intéressait à l’opinion qui s’exprime à l’extérieur des canaux traditionnels et officiels. Dans les milieux féministes, par exemple, le débat s’amplifie depuis janvier et il débouchera sur une grande manifestation pancanadienne, le 28 septembre prochain. Malgré cela, c’est en pleine campagne électorale que le cardinal a choisi d’intervenir publiquement, pas avant. Une coïncidence, dit-il, puisque la Conférence des évêques catholiques était prévue bien avant que ne se déclenche l’élection. Pas si coïncidence que cela, dit Jean-Claude Lecerc dans Le Devoir. Car s’il ne voulait pas avoir l’air de se mêler de l’élection, le cardinal aurait pu donner son opinion après le 15 octobre. "Les partis et l’avortement - Les évêques du Québec sont-ils en retard d’une élection ?" (il faut être abonné au journal pour accéder à l’article). Personnellement, cela ne me dérangerait pas qu’on débatte d’avortement pendant l’élection. On verrait si les discours en campagne électorale sont les mêmes qu’à la Chambre des communes. Il est dans la logique des choses aussi que la Conférence des évêques catholiques intervienne publiquement pendant l’élection puisque ses membres font du lobbying à longueur d’année auprès des hommes et des femmes politiques. Avec le résultat que le projet de loi C-484 a été adopté en deuxième lecture grâce à l’appui de 27 libéraux anti-choix et fervents croyants. Stéphane Dion a déclaré que le projet ne passerait pas en 3e lecture et, dans un même souffle, il a dit qu’il laissait les députés voter librement sur cette question. Alors, si le projet n’était pas mort au feuilleton, pourquoi les députés libéraux auraient-ils voté différemment en 3e lecture qu’en 2e ? Si le parti conservateur est élu avec une majorité, ce projet reviendra sous une autre forme et il sera adopté, avec ou sans des députés libéraux, et peu importe le consensus national qui ne souhaite pas rouvrir le débat ni modifier les législations en la matière. Les Conservateurs et les dépuités libéraux qui les appuient obéissent à d’autres considérations que le respect de l’opinion publique. Ils appellent cela "le respect de la vie". Une correspondante du Devoir écrit ceci : « Bravo, Mgr Turcotte ! « Je suis fière que vous ayez décidé de rendre votre médaille de l’Ordre du Canada. Je suis convaincue qu’en votre âme et conscience, vous avez jugé qu’étant donné l’institution que vous représentez, il n’était pas de mise de recevoir cet honneur. Vous rappelez à notre mémoire les millions de victimes innocentes qui sont mortes dans des guerres menées par votre Église ou par des gouvernements soutenues par elle. « Vous entendez encore les confessions de toutes ces femmes qui ont dit violence conjugale, familiale, inceste et à qui on a dit de maintenir le lien sacré du mariage. Vous vous souvenez de ces femmes, soumises au devoir conjugal, qui sont décédées des suites de leurs multiples grossesses. Vous nous dites votre désolation devant les milliers d’enfants victimes de pédophilie de la part des représentants de l’Église catholique. « Vous regrettez l’absurdité d’interdire que deux personnes s’aiment du fait qu’elles soient du même sexe. Il vous fallait un grand courage pour dénoncer par ce geste le peu de respect de la vie dont a fait (et fait) preuve votre institution. » À cette page. L’Église catholique n’a jamais cessé de s’ingérer dans la politique, avec succès dans le passé, mais peut-être aura-telle moins de succès cette fois-ci. Aucun politicien sensé ne voudra débattre d’avortement pendant la campagne électorale : ils seraient tous obligés de mentir aux un-es ou aux autres pour essayer de s’attirer des votes. Non pas qu’ils ne nous mentent pas entre deux élections, mais en campagne électorale, c’est à qui ment le mieux. Et vous ? Et vous, pensez-vous que le geste du cardinal Turcotte, qui est un appui explicite au parti conservateur, aura une influence significative pendant la campagne électorale ? Les religions, quelles qu’elles soient, devraient-elles se mêler d’affaires politiques ? Si vous voulez répondre à ces questions, cliquez sur Commenter l’article. Mais attention ! C’est à ces questions que les messages doivent répondre et NON à : "Êtes-vous pour ou contre l’avortement ?" Si vous vous lancez dans de grandes tirades sur les droits du foetus et contre les féministes, ne vous étonnez pas que vos messages ne soient pas publiés. Il faut que les réponses aient un rapport avec les questions posées. Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 septembre 2008. |