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dimanche 7 décembre 2008


Élections Québec 2008
Le 8 décembre, votons contre l’indifférence à la pauvreté

par Micheline Carrier






Écrits d'Élaine Audet



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Je ne suis pas plus emballée que quiconque de la campagne électorale qui s’achève au Québec. Je suis probablement aussi désabusée de la politique que la moyenne des Québécois et des Québécoises. Pourtant j’irai voter, le 8 décembre, parce que ne pas le faire me laisserait l’impression de démissionner face à l’adversité. Je le ferai surtout pour protester contre le fait qu’on ait presque ignoré les plus pauvres de la société au cours de cette campagne. Ces pauvres dont on se souvient une fois l’an, à l’approche de Noël.

Le premier ministre du Québec a déclenché une élection pour obtenir une majorité en prétextant que la situation économique exigeait qu’une "seule paire de mains tienne le gouvernail". Pourtant, comme certains l’ont souligné, quand la tempête se lève sur l’océan, toutes les paires de mains sont les bienvenues pour empêcher le navire de sombrer. Un gouvernement minoritaire ne nous avait pas si mal servi, au Québec, au cours des 18 derniers mois. Nous aurions pu attendre au moins une autre année pour aller en élection.

Nous sommes censé-es être au bord d’un précipice financier et économique, mais la valse des millions et des millards n’a pas cessé depuis le début de la campagne électorale, de quoi ébahir ceux et celles qui se font dire, depuis des lustres, que le Québec n’a pas les moyens d’éliminer la pauvreté.

Comme on l’a toujours fait, on projette encore de demander aux plus pauvres de soutenir les plus riches. Les milliards qu’on entend dépenser, ce ne sera pas pour aider les personnes et les familles à faible revenu, mais pour soutenir les entreprises financières qui ont mal administré leurs avoirs au cours des dernières années et qui ont poussé la population à consommer à crédit et à s’endetter. C’est pour renflouer les coffres des entrepreneurs qui ne rechignent pas à verser des millions de dollars à leurs dirigeants et à leurs cadres supérieurs, après avoir exigé de leurs employés de la base de réduire leurs salaires, sous la menace de fermer l’entreprise et de les envoyer au chômage. Remarquez que, dans bien des cas, ces travailleurs et travailleuses sont tout de même allés au chômage après les sacrifices imposés par leurs patrons. On nous dira qu’une aide massive aux entreprises sera nécessaire pour soutenir la création d’emplois : ce seront des emplois qui coûteront cher l’unité à tous les Québécois et toutes les Québécoises.

Excepté Québec solidaire, qui s’est intéressé, au cours de cette campagne électorale, aux plus pauvres de la société ? On a annoncé comme des mesures de lutte à la pauvreté des mesures sociales qui ne touchent pas particulièrement les plus pauvres, comme l’augmentation de places en garderie, des allocations à la naissance et l’ajout de congés sans solde pour s’occuper d’un enfant. Toutes mesures qui peuvent surtout servir à ceux et celles qui occupent des emplois et touchent des revenus moyens. Mais les autres ? Les plus pauvres parmi les pauvres, que fera-t-on pour les aider à traverser la crise économique qu’on dit à nos portes ? Un chef de parti a laissé entendre que les bénéficiaires de l’aide sociale étaient des paresseux et il projette de les "remettre" au travail, s’il est élu. Au travail dans quel domaine au juste ? Ces personnes n’ont pas nécessairement la formation ni la compétence pour occuper les emplois spécialisés qui sont offerts. Un détail, pour ce démagogue. La démagogie trouve toujours son chemin vers ceux qui nourrissent des préjugés.

En temps de crise économique majeure, ce ne sont pas les gens qui ont des économies et des actions en bourse qui souffrent davantage, ce sont ceux qui n’ont pas les moyens d’économiser, ni de bénéficier des baisses et des crédits d’impôts, puisqu’ils n’ont pas les moyens de payer d’impôts ou de jouer à la bourse. La personne ou la famille qui gagne 40 000$ par an, ce qui est relativement modeste, j’en conviens, reste une personne ou une famille à l’aise en comparaison de celle qui gagne 18 000$, et encore plus si on la compare aux personnes qui vivent avec une allocation mensuelle d’aide sociale de 575$ par mois. Pourtant, ce ne seront pas ces personnes à faible revenu que les politiciens et politiciennes aideront en premier. Ce seront les banquiers, le monde des affaires, les haut salariés, dont certains sont déjà exemptés d’impôt, par exemple, des employés des technologies de pointe.

Le chef libéral Jean Charest a bien annoncé, sans trop insister, qu’il indexerait les prestations d’aide sociale des personnes jugées aptes au travail au même taux (celui de l’inflation réelle) que les prestations des personnes inaptes au travail. Mince consolation, quand on vous a volé une partie de votre maigre pitance depuis 2003, alors que les coûts de l’épicerie, du logement, des transports, les tarifs d’électricité, de chauffage et autres n’ont cessé d’augmenter. Le prochain gouvernement, quel qu’il soit, devrait d’abord rembourser aux personnes assistées sociales les sommes qui leur ont été ont volées depuis 5 ans. Le chef libéral a aussi promis une hausse du salaire minimum à 10,50$ l’heure. Le salaire minimum a atteint 10,40$ depuis longtemps en Ontario, le Québec ne ferait donc que du rattrapage. Gageons que le monde des affaires convaincra Jean Charest, s’il est élu, de renoncer à cette augmentation ou de l’échelonner sur plusieurs années à cause de la "crise économique".

Ne serait-ce que pour dénoncer l’indifférence face à la pauvreté - mais il existe bien sûr d’autres motifs - il faut aller voter le 8 décembre, même en enregistrant un vote de protestation, c’est-à-dire en allant annuler son vote, comme le suggère lui-même le Directeur général des élections* aux personnes désabusées des campagnes électorales à répétition. Que celles et ceux qui projettent de rester à la maison lundi prochain aillent plutôt voter pour les candidats et les candidates, peu importe le parti, qui se préoccupent davantage de la redistribution équitable des richesses au sein de la société québécoise. Peut-être n’en trouvera-ton pas beaucoup. Alors, qu’on aille enregistrer un vote de protestation (par exemple, en écrivant le mot Pauvreté sur le bulletin), et en se disant qu’on le fait pour les moins nantis de la société auxquels toutes les guignolées du monde ne rendront jamais justice.

À défaut d’être écouté lorsqu’on vote pour un parti ou pour un autre, peut-être le sera-t-on le jour où 25% des personnes qui se rendent aux urnes annuleront leur vote. Les femmes en particulier, qui ont obtenu le droit de vote au prix de longues et difficiles luttes, doivent se prévaloir de ce droit. Sauf quelques promesses libérales et sauf Québec solidaire, la classe politique n’a pas démontré au cours de cette campagne un grand intérêt envers les femmes. C’est classique : en cas de "crise", contrairement à ce qu’on dit lors des naufrages, ce ne sont pas "les femmes et les enfants d’abord", c’est "au plus fort la poche". Femmes, allons voter en masse, ne serait-ce que pour rappeler notre existence et que nous faisons aussi partie de l’économie dont on prévoit la débâcle. Allons en grand nombre dire qu’il est fini le temps où on pouvait compter sur notre silence.

* Lettre du Directeur général des élections du Québec.

*

 La FIQ a préparé pour ses membres un dossier qui peut être utile à tout le monde. Ce dossier compare les promesses de chacun des partis dans les domaines de la santé, de l’économie, des femmes, de la famille et de la pauvreté. Voir sur le site de la FIQ.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 4 décembre 2008

Lire aussi :

« La Loi 57 : la hargne de l’État contre les pauvres », par Lucie Poirier



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Micheline Carrier
Sisyphe

Micheline Carrier est éditrice du site Sisyphe.org et des éditions Sisyphe avec Élaine Audet.



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  • Revenu modeste VS bien être
    (1/1) 7 décembre 2008 , par





  • Revenu modeste VS bien être
    7 décembre 2008 , par   [retour au début des forums]
    Votre clé pour des finances d’OR

    D’abord, commençons par mettre les choses au clair. La pauvreté tel que déterminé en terme économique reflète un revenu équivalent à la moitié du revenu médian. Comme le revenu médian des familles monoparentales est d’environ 30,000, le seuil de pauvreté est d’environ 15,000$.
    Ensuite, laissez entendre que les familles avec 40,000$ peuvent s’en tirer est une exagération éhonté qui ressemble à la comparaison faites par des conseillers financiers et comptables qui ignorent la réalité économique des familles.
    Considérant les autres mesures sociales telles que Prestations fiscales pour enfant, soutien aux enfants, crédit pour impôts fonciers, remboursement de TPS et de TPV, la prime au travail du Québec et la nouvelle Prestation pour revenu de travail au fédéral, les familles dont le revenu se situe entre 20,000$ et 40,000$ vivent sensiblement avec le même revenu disponible. Vous pouvez consulter le site de M. Claude Laferrière professeur en fiscalité au www. er.uqam.ca/nobel/14154 ou le mien au www.financesdor.qc.ca pour découvrir cette réalité.
    Or, ceux qui sont sur le bien être ne sont pas vraiment plus pauvre que ceux qui ne gagne que 20,000 ou 40,000$. Ils possèdent certains autres avantages (frais dentaires, lunettes...) que les autres familles ne peuvent même pas se permettre.
    En fait, tous ceux dont le revenu est inférieur à 44,000$, qu’ils vivent du bien être social, qu’ils soient salariés ou travailleurs autonomes, vivent presqu’exactement avec les mêmes revenus disponibles.
    Alors moi ce que j’attends des politiciens c’est qu’il y en ait au moins un qui me montre qu’il comprend cette réalité économique des familles, qui comprend un tant soit peu la fiscalité pour prendre des décisions responsables. Or, malheureuseusement, il n’y a aucun partis, ni aucun député qui démontre cette compréhension qui devrait, selon moi, faire partie intégrante de la fonction d’un bon député.

    Or, considérant les promesses extravagantes de certains partis, je me retrouve avec deux seuls choix logiques : Annuler mon vote ou voter pour le parti le moins pire.

    Considérant qu’économiquement la pire chose pour nos entreprises s’est de se retrouver face aux intransigeances des syndicats, je ne puis voter pour le parti Québécois qui mange dans la même assiette que les syndiqués ni pour l’ADQ dont certaines mesures peuvent sembler épatantes mais qui se révèlent très dangereuses économiquement parlant. En fait, l’ADQ démontre hors de tout doute une INCOMPÉTENCE TOTALE au niveau fiscal et économique. Il ne me reste plus que Jean Charest qui a été de nombreuses fois critiqués mais qui a été le seul ministre à oser s’interposer aux syndicats et à les museler. Je désire être gouverné par quelqu’un de compétent, qui est capable d’affronter les syndiqués et d’offrir des mesures non pas parfaite mais tout de même plus intelligentes que celles des autres partis

    • Revenu modeste VS bien être
      7 décembre 2008 , par
        [retour au début des forums]

      Si vos calculs étaient justes, comment expliquer qu’il y ait à Montréal seulement 183 000 personnes qui doivent avoir recours aux organismes offrant des repas gratuits et des paniers de victuailles ?

      Prétendre qu’on s’en tire aussi bien avec 575$ d’aide sociale qu’avec une revenu de 40 000$ (que l’auteur reconnaît comme modeste) est de la haute fantaisie. Un appartement de 4 1/2 pièces coûte parfois plus de 575$ par mois à Montréal, et les listes d’attente pour les HML sont de trois ans. Évidemment, quand on n’a pas à vivre avec 575$ et qu’on ne fait que calculer de façon théorique dans un bureau, on peut arriver à de telles conclusions.

      Je pense que Charest n’a pas fait grand-chose pour les plus pauvres, comme l’auteur le dit, il a volé les assistés sociaux en n’indexant les prestations à seulement la moitié du coût de la vie réel. Alors, je souhaite que Québec solidaire fasse élire des députés pour apporter des idées nouvelles et interpeller les partis assis sur leurs avoirs à l’Assemblée nationale.

      [Répondre à ce message]


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