Qui remet en question l’importance de la représentation territoriale du conseil des ministres ? Personne. Normal en effet que le cabinet reflète les différentes régions du Québec ! Sur le plan de la géographie, la vision miroir semble couler de source. D’ailleurs, cette vision miroir préside, ici comme dans la plupart des pays, à l’élection des députés par circonscription.
Pourquoi, cette vision miroir deviendrait-elle suspecte lorsque l’on parle des hommes et femmes ?
Des exemples de pays avant-gardistes doivent nous inspirer. Ainsi, le concept de la parité a porté l’égalité citoyenne dans les pays nordiques depuis plusieurs décennies. Instaurée sans contrainte gouvernementale par les partis politiques suédois, dès les années 60, la recherche de l’égalité de représentation des femmes et des hommes a éminemment soutenu le progrès démocratique et social de ce pays. Son voisin, la Norvège, où les cabinets ministériels n’ont jamais compté moins de 40% de femmes depuis Mme Gro Harlem Brundtland (1986), est d’ailleurs au 1e rang pour l’indice de développement humain du PNUD.
Il nous semble donc logique que la parité fasse désormais partie de la grille de sélection des ministres du Québec ! La reproduction, à l’exécutif national, du genre des citoyens qui composent le pays, est, croyons-nous, tout aussi essentielle que celle de la provenance géographique.
Nous convenons que cette préoccupation d’un partage égalitaire des postes entre les hommes et les femmes complexifie l’exercice de sélection des ministres. Toutefois, il s’agit là d’une plus-value démocratique dont il faut féliciter le premier ministre Jean Charest.
L’injustice dont parle la journaliste Jocelyne Richer de la Presse Canadienne relève, croyons-nous, d’une vision mathématique un peu simpliste. En effet, l’exercice démocratique, tout comme la société elle-même, n’est pas figée. Au Québec, depuis 1960, de nouvelles valeurs ont dicté des réajustements juridiques porteurs d’équité citoyenne. D’autres sont à venir. Et le concept de la parité sera, à n’en pas douter, à la clé d’un déploiement accru de nos ressources humaines, sociales et économiques.
Centre de développement femmes et gouvernance*
Élaine Hémond, directrice déléguée GFPD
Madeleine Moreau, directrice déléguée ENAP
Natalie Rinfret, Ph.D, professeure à l’ENAP
Sophie Brière, Ph.D., chargée de projet à l’ENAP
* Le Centre de développement femmes et gouvernance est un partenariat du Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) et de l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Mis en ligne sur Sisyphe, le 16 décembre 2008