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dimanche 24 mai 2009

Pour la laïcité complète et visible dans les services publics au Québec
Critique d’une proposition du conseil d’administration de la Fédération des femmes du Québec

par Diane Guilbault, collaboratrice de Sisyphe






Écrits d'Élaine Audet



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Le 9 mai prochain, les membres de la FFQ seront invitées à entériner une proposition de leur conseil d’administration en faveur de l’autorisation du port de signes religieux ostentatoires dans la fonction et les services publics québécois (1).

Cette position est étonnante de la part d’un organisme dont plusieurs batailles fondatrices étaient tournées vers l’objectif de la libération des femmes de l’emprise des dogmes religieux. En fait, si elle était endossée par les membres, cette prise de position pourrait remettre en question la place de la FFQ en tant qu’acteur majeur en matière de défense du droit à l’égalité des femmes.

Les services publics doivent être laïcs

La question du port des signes religieux dans les services publics soulève plusieurs enjeux, particulièrement celui de la laïcité. Même si (malheureusement) le Québec n’a adopté aucune déclaration formelle de laïcité, l’État se présente comme laïc. Le gouvernement et, au premier chef, le Premier ministre Charest, l’ont répété à plusieurs reprises. On ne peut ignorer non plus le fait que le Québec ait demandé l’abrogation de l’article 93 de la Constitution canadienne pour enlever aux catholiques et aux protestants des droits acquis, sécularisant le système scolaire public dans l’intention que les religions n’y jouent plus de rôle. Si l’on adhère à la prémisse à l’origine de cet amendement constitutionnel, selon laquelle la laïcité est essentielle pour permettre à nos institutions de s’adapter à la plus grande diversité sociale, il faut poursuivre nos efforts pour protéger cette laïcité récemment et durement acquise. La Commission Bouchard-Taylor a invité le gouvernement à mieux définir sa conception de la laïcité, mais jusqu’à présent, cette proposition est restée lettre morte. L’initiative de la FFQ offre donc une excellente occasion pour réfléchir à cet enjeu auquel sont confrontées actuellement les sociétés modernes.

Travailler dans les services publics comporte des obligations

Malheureusement, l’analyse proposée par la direction de la FFQ est décevante : incomplète, confuse, elle donne l’impression que la réflexion a été orientée vers une conclusion décidée d’avance.

D’abord, quoi qu’en disent les auteures de la proposition, il n’y a pas que le port du voile (hijab) qui soit en cause : si celui-ci devait être autorisé, il faudrait aussi permettre le port des turbans et des poignards sikhs, des kippas juives et des crucifix ostentatoires. Veut-on vraiment être soigné à l’hôpital par un infirmier qui porte un poignard ? Le citoyen juif orthodoxe se sentira-t-il à l’aise de passer un examen de conduite avec une femme portant le hijab ? Faut-il vraiment que les citoyen-nes sachent à quelle religion appartient un-e employé-e de l’État ?

Enfin, si la FFQ reconnaît la validité des obligations vestimentaires et autres signes religieux pour les employé-es des services publics, par quelles justifications pourra-t-elle refuser d’autres obligations réclamées au nom de croyances religieuses, tel le refus de travailler avec des personnes de l’autre sexe, l’obligation de prier à certaines heures et à certains endroits, l’impossibilité de côtoyer des non-croyants, le prosélytisme, etc.?

Les dirigeantes de la FFQ ajoutent à la confusion en situant dans le même cadre d’analyse les usager-ères et les employé-es des services publics. Or, les responsabilités des un-es et des autres ne sont pas du tout les mêmes. Seul-es les employé-es des services publics sont tenu-es à un devoir de réserve qui restreint, dans l’exercice de leurs fonctions, différentes libertés comme la liberté d’expression ou d’opinion politique. Ces restrictions sont essentielles, car les employé-es de services publics sont mandataires en quelque sorte de toutes et tous les citoyens, et seule la plus grande neutralité peut assurer l’impartialité, ce qui implique aussi l’apparence d’impartialité. En outre, travailler dans les services publics n’est pas un droit absolu, c’est surtout une possibilité qui s’accompagne de devoirs et d’obligations pour tous et toutes.

Avoir des services publics laïcs a aussi comme conséquence que l’État n’a pas à savoir à quelle confession religieuse appartiennent les citoyen-nes et ses employé-es, ni s’ils et elles appartiennent même à une confession. On ne peut donc pas chercher à obtenir une représentativité des différentes confessions religieuses au sein de l’appareil public, car cette information est privée et non vérifiable. Par contre, l’État doit continuer d’accroître le nombre d’employé-es visé-es par les programmes d’accès à l’égalité qui, rappelons-le, n’incluent pas les confessions religieuses.

Les symboles sont des discours

Si une image vaut 1000 mots, les symboles sont quant à eux des discours. Et les symboles religieux sont des discours religieux. Est-ce que la neutralité des institutions publiques peut vraiment être assurée par la multiplication de ces discours chez les employé-es des services publics ? On peut en douter, sans compter que cette visibilité ostentatoire, clamant des appartenances religieuses, risque de mener à une surenchère par laquelle chaque groupe voudra se rendre visible.

Finalement, ce qui désole dans l’argumentaire développé par le conseil d’administration de la FFQ, c’est l’aval implicite accordé à la vision des fondamentalistes : en effet, les pressions en faveur du port des symboles religieux découlent d’une lecture fondamentaliste de textes écrits, il y a plus de 1000 ans. La majorité des pratiquant-es, fussent-ils de confession musulmane, hindoue, juive, sikh ou chrétienne, sont capables d’interpréter leurs textes « sacrés » et de les adapter au contexte contemporain. Les sociétés modernes qui ont adhéré à la démocratie ont en commun de réserver la pratique religieuse à la sphère privée et, surtout, elles ont choisi de gérer l’espace public, le vivre-ensemble, sur la base de règles démocratiquement choisies. Les fondamentalistes récusent, par essence, la primauté des règles démocratiques (comme la laïcité, l’égalité de tous et de toutes, la mixité des milieux, l’égalité des sexes sur le marché du travail, etc.) sur celles qu’ils considèrent émanant d’un dieu. Appuyer la vision fondamentaliste constitue une trahison de toutes celles et tous ceux qui luttent, ici et ailleurs dans le monde, parfois au péril de leur vie, pour leur droit à la liberté de conscience et pour une lecture des textes dits sacrés qui respecte la laïcité démocratiquement choisie.

Se solidariser avec les femmes qui luttent contre l’oppression

Comme le souligne le document de la direction de la FFQ, la question du hijab se pose avec encore plus d’acuité, mais pour des raisons qui débordent les exigences de la laïcité. En effet, on ne peut ignorer le contexte dans lequel s’inscrivent les revendications liées au hijab. À cet égard, il faut remarquer que les auteures réfèrent beaucoup aux femmes « racisées »*, un terme dont elles usent et abusent, et qui renvoie « au fait que les groupes dont il est question font l’objet d’une stigmatisation basée sur la race » (page 1, document de la FFQ). Or, la liberté religieuse, invoquée ici, renvoie non pas à la race, mais plutôt à la liberté de conscience. En revanche, les auteures font bien peu de cas des femmes « sexisées » (stigmatisées en raison de leur sexe) par ces « obligations » vestimentaires, une problématique qui devrait pourtant se retrouver au coeur des préoccupations d’une organisation féministe.

Les motivations pour porter ce hijab peuvent être multiples : conviction religieuse ou fierté identitaire, modestie ou pour se faire remarquer, contre l’autorité parentale ou encore parce que la famille l’y oblige. Mais le hijab n’a qu’une seule signification : les femmes, et seulement les femmes, doivent se cacher les cheveux (et parfois le cou, le visage, les mains) quand elles se présentent dans l’espace public car leur chevelure serait source de désordre.

Le mufti de la mosquée de Marseille, Soheib Bencheikh, qu’on ne peut taxer d’islamophobie, écrit :

    « Le voile est une fausse route pour les jeunes filles. Rien dans le Coran ne leur impose d’afficher ainsi leur foi. Le voile conduit trop souvent à des comportements inquiétants, comme le refus de la mixité, de l’égalité des sexes, des cours de biologie ou de sport. » (2)

On pourrait également citer l’anthropologue iranienne Chardott Djavann, Talisma Nasreen qui nous rappelle comment « aucune religion ne prône l’égalité entre les femmes et les hommes » (3), ou des femmes venues s’établir ici, comme Homa Arjomand (qui a mené la bataille contre les tribunaux islamiques en Ontario), l’auteure Djemila Benhabib, la présidente du Conseil musulman canadien, Farzana Hassan, ou la députée québécoise Fatima Houda-Pépin, et bien d’autres. On peut aussi référer aux témoignages recueillis auprès de femmes musulmanes par Yasmina Chouakri, responsable du Comité des femmes des communautés culturelles à la FFQ. (4) Toutes ces femmes, nées dans des familles musulmanes, pratiquantes et non pratiquantes, répètent à quel point le voile est « instrumentalisé » par des mouvements politiques qui n’ont rien de démocratique.

Compte tenu de ces voix qui se font entendre, comment se fait-il que la direction de la FFQ demande à ses membres de privilégier la voix de ceux et celles qui endossent la vision des fondamentalistes ?

Le 11 septembre 2001

        Extrait de la Plate-forme politique de la FFQ


        "Grâce à cette action [la Marche mondiale des femmes], les membres de la FFQ ont découvert l’importance de relier leurs luttes à celles que mènent les autres femmes à travers le monde pour l’affirmation et le respect de leurs droits. Plate-forme politique de la FFQ, p. 2" .

Le fameux 11 septembre 2001 semble peser d’un grand poids dans l’analyse de la FFQ. Pourtant, le questionnement sur le port des signes religieux dans les services publics est bien antérieur à l’événement de ce jour, qui n’est pas le seul événement politique à prendre en considération. Il faudrait remonter au moins à la révolution islamique iranienne de 1979, à l’origine d’une campagne internationale pour le port du voile islamique sous toutes ses formes, du hijab jusqu’à ses versions les plus déshumanisantes pour les femmes, comme le nikab et la burka. Et il faut aussi se rappeler les années sanglantes en Algérie, à la fin des années 80 et pendant les années 90, alors que des filles et des femmes ont été assassinées pour ne pas avoir porté le hijab.

Des femmes, des féministes musulmanes luttent depuis des décennies contre cette obligation sexiste qu’on leur impose et d’autres diktats religieux (5). En acceptant le port du voile pour les employées de services publics, non seulement les membres de la FFQ feraient la sourde oreille aux demandes répétées des femmes qui luttent contre l’emprise des fondamentalistes dans leur communauté, mais elles se feraient également les complices des discours religieux justifiant l’inégalité des femmes. En donnant leur appui à ce marquage des femmes dans les services publics, les membres de la FFQ choisiraient d’entériner une pratique sexiste alors que notre pays s’est engagé à combattre les pratiques et coutumes sexistes en signant la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEFDF) (6).

Une analyse politique et féministe s’impose

Un des arguments du conseil d’administration de la FFQ en faveur du port du hijab dans les services publics est la crainte que les femmes voilées soient victimes de stigmatisation. On est loin ici d’une analyse politique qui devrait caractériser un acteur de l’envergure de la FFQ. Sans compter qu’avec une telle analyse, on n’aurait jamais combattu l’esclavage par crainte de stigmatiser les esclaves. On n’aurait jamais demandé l’interdiction des mutilations génitales par crainte de stigmatiser les femmes excisées.

Les auteures de la proposition expliquent que leur position repose sur les principes d’intervention féministe. Et c’est là que le bât blesse. Car si ces principes - le respect du rythme, du désir d’autonomie, des valeurs - sont des outils précieux pour intervenir auprès des femmes qui s’inscrivent dans une démarche personnelle, comme dans les maisons d’hébergement ou dans les centres de femmes, ils sont inappropriés pour analyser un dossier politique comme le port de symboles religieux dans les services publics. La FFQ n’est pas un organisme de relation d’aide, c’est un organisme politique. Et la question du port des signes religieux dans les services publics est une question qui relève du politique et non des services sociaux.

Les auteures affirment enfin que « Prendre position d’un point de vue féministe sur le port du foulard islamique exige que nous évitions à la fois le racisme, c’est-à-dire la stigmatisation des femmes appartenant à certains groupes minoritaires, et le relativisme culturel consistant à vouloir suspendre l’application d’un droit en vertu d’exigences culturelles ou religieuses » (page 3, document de la FFQ déjà cité). L’analyse féministe ne devrait-elle pas d’abord débusquer et combattre le sexisme ? On a l’impression, en lisant l’argumentaire proposé par le conseil d’administration de la FFQ, que la lutte au sexisme devrait au contraire s’effacer devant la lutte au racisme au nom du relativisme culturel. Lorsqu’on y regarde de plus près, ne peut-on voir une position raciste dans le fait d’abandonner certaines femmes à leur sort, sous prétexte de respecter la culture des groupes auxquels elles appartiennent, comme l’affirme Wassyla Tamzali selon qui « tolérer l’intolérable au nom de la diversité culturelle est une forme de colonialisme » (7). Se battre pour le droit à l’égalité de toutes les femmes, peu importe leur origine, devrait pourtant être un devoir pour tous et toutes les antiracistes.

En réalité, la question qui se pose aux féministes est celle-ci : l’appui de la FFQ à l’autorisation du port de symboles religieux, comme le hijab, dans les services publics, va-t-il dans le sens d’un renforcement des droits des femmes ou, au contraire, risque-t-il d’entraîner des reculs pour les femmes, ici et ailleurs ?

Renforcer plutôt qu’affaiblir la laïcité

Les personnes en faveur du port des signes religieux dans les services publics appuient souvent leur position sur le fait que la laïcité n’est pas complètement accomplie. Au lieu de prendre cette situation comme prétexte pour reculer, il vaudrait mieux s’en saisir pour progresser vers une laïcité bien définie, claire et appliquée à toute personne qui désire travailler dans les services publics, dans le respect du droit à l’égalité des femmes. En tant qu’organisme qui veut représenter le mouvement féministe du Québec, la FFQ doit refuser de se laisser entraîner dans une position irréconciliable avec la laïcité des services publics et le droit à l’égalité des femmes.

* NDLR – Selon l’Office québécois de la langue française que nous avons consulté dans un autre contexte de publication, le terme "racisé" est un anglicisme. Peu importe que des féministes chevronnées l’aient employé en 1972 ou récemment, il n’en demeure pas moins un anglicisme. À notre avis, il prend des raccourcis avec les faits et confond des concepts différents : par exemple, on fait référence à la "race" (qui n’existe pas, selon certains) quand il est question de culture et, ici, de religion.

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Nota Bene

Diane Guilbault est l’auteure de Démocratie et égalité des sexes, éditions Sisyphe, 2008. Pour plus d’information sur ce livre, qui critique les accommodements pour motifs religieux et plaide en faveur d’une véritable laïcité de l’État et des services publics, voir ce lien qui contient aussi les coordonnées pour commander le livre. Votre libraire peut le commander pour vous ou vous pouvez le commander par la poste.

Notes

1. Débat sur la laïcité et le port de signes religieux ostentatoires dans la fonction et les services publics québécois - Proposition et réflexion du conseil d’administration pour l’assemblée générale spéciale qui aura lieu à Québec le 9 mai 2009, 18 pages, document PDF à télécharger depuis le site de la FFQ.
2. « On entre dans une radicalisation délirante ! », Le Parisien, mercredi, le 21 janvier 2004.
3. « Aucune religion ne prône l’égalité entre les femmes et les hommes »
4. Propos recueillis dans le cadre de l’avis du Conseil du statut de la femme : Droit à l’égalité entre les femmes et les hommes et liberté religieuse (2007)
5. On peut aussi avoir une pensée pour Mme Itara Achakza, députée et militante afghane pour les droits des femmes, assassinée en avril 2009, à Kandahar. Toujours en Afghanistan, on peut aussi rappeler le courage des quelque 300 femmes qui ont osé braver une foule hostile, le 13 avril 2009, pour contester les dispositions légales autorisant pratiquement le viol des épouses d’origine chiite par leur mari.
6. Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
7. « Tolérer l’intolérable au nom de la diversité culturelle est une forme de colonialisme ».

Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 avril 2009

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Diane Guilbault, collaboratrice de Sisyphe

Féministe de longue date, l’auteure, qui a travaillé dans plusieurs organismes de défense des droits, s’intéresse particulièrement aux questions qui touchent la vie citoyenne. Diane Guilbault est l’auteure de Démocratie et égalité des sexes, publié en 2008 aux éditions Sisyphe. L’auteure est aussi membre fondatrice du Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité (CCIEL) créé à Montréal au printemps 2008.



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    Et vous, pensez-vous à elles ?

    Et vous, avez-vous pensé aux femmes qui se battent et qui sont frappées, violées en représailles et assassinées pour avoir le DROIT de ne PAS porter le voile ?

    Pensez-vous aux femmes qui reçoivent de l’acide au visage parce que LEUR CHOIX à elles est d’aller tête nue ?

    Pensez-vous à celles que certains hommes se justifient de violer ? (bien fait pour elles, elles n’avaient qu’à se cacher)

    Avez-vous pensé aux 15 petites filles mortes brûlées vives dans l’incendie de leur école en Arabie Saoudite parce qu’il était préférable pour elles de mourir que d’être vues sans voile ???

    Avez-vous pensé à la petite Aqsa Parvez tuée par son père et son frère pendant que sa mère ignorait ses supplications les bras croisés ? Quel genre de monstre ça prend donc pour faire une telle chose ?

    Désolée madame, peut-être qu’un emploi dans la fonction publique n’est pas la meilleure idée ni pour vous ni pour nous si vous adhérez à de telles idées.

    Auto-détermination, indépendance et autonomie. Ce sont MES valeurs fondamentales à moi. Et vous ?
    8 mai 2009 , par   [retour au début des forums]

    Bonjour,

    Je suis une femme musulmane voilée qui vit au Québec depuis 35 ans. Le sujet traité ici me préoccupe énormément puisque je travaille effectivement dans la fonction publique. Je tiens donc à partager avec vous toutes deux éléments :

    1)D’abord, les propos que certaines peuvent tenir m’insultent profondément. Dans certains commentaires de cet échange, on me traite comme une enfant, moi la femme voilée. En effet, il paraîtrait que je ne soit pas assez intelligente ni futée pour prendre mes propres décisions, que je sois soumise et que j’aie besoin de quelqu’un pour dicter les choix que je prends dans ma vie de femme... Hummm... Il me semble que ces propos soit on ne peut plus anti-féministe et à l’encontre de mon droit, encore plus important que celui religieux, à l’auto-détermination. Je n’ai aucunement besoin que l’on réfléchisse à ma place et encore moins que l’on décide à ma place.

    2)Deuxièmement, avez-vous pensé à moi lorsque vous décidez d’appuyer une position qui irait à l’encontre du port des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique ? Dites moi, serais-je plus émancipée, plus protégée le jour où je me retrouverai sans emploi ? Je travaille très fort pour gagner ma vie et surtout mon indépendance financière et mon autonomie. Voudriez-vous réellement m’enlever ce droit sous prétexte que je sois incapable de comprendre que le voile est un signe de soumission ?

    Ce que je réalise c’est que cette position, non seulement mine mon droit de vivre en paix selon mes croyances, mais davantage, et probablement avec plus de force et de conséquences encore, menace mon gagne-pain, cette arme qui me permet, comme vous toutes, d’être libre de de choisir mon destin.

    Pour conclure, pourquoi ne pas mettre en commun nos énergies pour éduquer nos filles et les sensibiliser au fait qu’elles auront toujours le droit de faire leurs propres choix et que personne, hommes ou femmes, n’a à leur dicter leur conduite. Je suis convaincue qu’ainsi, nous serrions toutes plus gagnantes et nous bâtirons un Québec où il ferrait bon de vivre pour toutes les femmes.

    • Laïcité, l’une des valeurs fondamentales de la société dans laquelle vous vivez
      8 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]

      Vous ne considérez que votre situation individuelle. Qu’en est-il de toutes celles qui résistent à se soumettre à des croyances religieuses et qui considèrent que l’État-employeur ne les aidera pas à lutter en encourageant la pénétration du religieux dans le politique ?

      Seriez-vous prête à abandonner votre travail du seul fait qu’on vous demande de ne pas porter de symbole politico-religieux, comme on le demanderait à des collègues d’autres confessions ? Votre gagne-pain serait-il moins important que vos croyances, que vous êtes libre de pratiquer dans le domaine privé ? Un signe de bonne volonté envers la société à laquelle vous appartenez et qui a choisi la laïcité (contrairement à l’Iran, par exemple, où les croyances religieuses servent de politique) ne serait-il pas un moyen d’intégration ? Votre "destin", comme vous dites, tient-il à un symbole politico-religieux ?

      Renforcer la laïcité des services publics n’empêche pas d’éduquer les filles avec des valeurs d’autonomie et d’égalité. Cela peut au contraire les aider à comprendre tôt qu’elles valent plus que les croyances sexistes qui ont cours les concernant.

      Avez-vous lu le livre de Djemila Benhabib, musulmane elle aussi : « Ma vie à contre-coran - Une femme témoigne contre les islamistes » ? Son analyse dépasse largement sa seule situation individuelle. Le voile est un symbole islamiste, l’islamisme prône et parfois impose la soumission des femmes, leur nie le droit à l’égalité avec les hommes, et tout ce qui en découle. Et l’islamisme ne peut pas être ramené à une question de choix individuel sans conséquence. C’est un danger politique et public, il tient le discours de la liberté de choix pour faire accepter ses croyances et il a de bonnes ambassadrices notamment dans celles qui portent le voile. D’ailleurs, la majorité des musulmans le reconnaissent et n’y adhèrent pas.

      Alors, portez le voile si vous le voulez, mais de grâce cessez d’essayer, en vous déclarant insultée, de culpabiliser celles qui ont une autre opinion que la vôtre sur ce symbole sexiste. Vous n’êtes pas une enfant, personne ne vous considère telle, alors, en tant qu’adulte vous pouvez accepter les opinions différentes d’autres personnes.

      [Répondre à ce message]

      • Simone de Beauvoir disait que la religion était une aliénation
        9 mai 2009 , par
          [retour au début des forums]
        Laïcité, l’une des valeurs fondamentales de la société dans laquelle vous vivez

        Pour répondre à Madame Nemiroff, j’aimerais souligner que Simone de Beauvoir considérait la religion comme une aliénation et comme une forme de manipulation. Une religion qui tend à rejeter l’histoire, le présent, les relations sociales, à refuser le monde.

        Elle disait qu’on vivait dans un monde forgé par les hommes : "Elles (les femmes) n’ont pas de passé, d’histoire, de religions qui leur soit propre" écrit-elle dans le "Deuxième sexe".

        Personnellement, si elle vivait aujourd’hui je crois qu’elle comprendrait mal cette obstination à vouloir imposer des religions créées par les hommes et où l’inégalité entre les femmes et les hommes est la loi. N’est-ce pas Taslima Nasreen, écrivaine et récipiendaire du Prix Simone de Beauvoir, qui l’a souligné : "Aucune religion ne prône l’égalité entre les femmes et les hommes".

        Simonde de Beauvoir affirmait également que la religion devenait une raison pour évacuer la vérité. Le sacré faisant loi. Finie ici la liberté !

        Je suis d’accord avec Simone T. qu’il y a tentative de culpabiliser les personnes qui sont contre le port de signes religieux. La religion de Madame Lydia (une religion inégalitaire, forgée par des hommes) est plus forte que tout ! Plus forte que son gagne-pain ?

        Je m’explique très mal la position de la FFQ et j’espère sincèrement que le principe d’égalité aura préséance sur la religion et ses principes "sacrés".

        Cette attitude de la FFQ me fait penser au débat sur la prostitution il y a quelques années où sous prétexte de se joindre aux efforts pour améliorer les conditions du supposé "travail" du sexe on a laissé grande ouverte la porte à la prostitution. Subtilement la FFQ venait pratiquement d’accepter la prostitution comme travail insuflant à nos jeunes enfants la possibilité de cette option de "carrière".

        N’y a-t-il pas d’autres façons d’augmenter l’employabilité chez les personnes qui adhèrent à une religion que cette proposition de la FFQ ? Vraiment ?

        [Répondre à ce message]

    • Auto-détermination, indépendance et autonomie. Ce sont MES valeurs fondamentales à moi. Et vous ?
      13 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]
      Assumes

      Madame ne tu te victimises pas .. tu vis dans un pays laic assumes ou retourne dans un pays voilé ..
      Je suis musulmant comme toi

      [Répondre à ce message]

    • Auto-détermination, indépendance et autonomie. Ce sont MES valeurs fondamentales à moi. Et vous ?
      14 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]

      Au Québec nous nous sommes exprimées sur nos droits et nous avons des acquis. Que toutes les femmes soients les Bienvenues et qu’elles adhérent à nos propres choix. Et entre autre, un de nos choix c’est celui que vous écrivez : que personne, hommes ou femmes, n’a à leur dicter leur conduite. Pas seulement sensibiliser nos filles, mais aussi nos garçons. Donc, pour moi, votre voile est un signe de régression de tout ce que nous avons acquis. Je suis contre cette image et vous êtes pour moi une femme qui ne s’est pas adapté à NOTRE culture. C’est ça le problème. Je ne suis aucunement solidaire avec vous. Je le serai, quand vous aurez compris que vous n’êtes pas dans votre pays mais dans le nôtre. J’ai les mêmes valeurs que vous, mais je ne porte pas ma croix sur les épaules pour démontrer que je suis déterminée, indépendante et autonome. Je n’ai pas besoin d’un objet pour m’affirmer. Votre voile n’est qu’un signe provoquant. Ce n’est surtout pas de l’autonomie comme vous prétendez l’affirmer.

      [Répondre à ce message]

    • Choisir... ?????
      25 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]

      Qu’appelez-vous donc « choisir » et comment éduquer un/e enfant, fille ou garçon, car pour moi, c’est du pareil au même, sans compter sur l’exemple des parents et les pressions d’une communauté ?

      On « choisit » avec les connaissances que l’on a, les déterminismes dans lesquels on a baigné et ceux dans lesquels on baigne sans compter dans certains cas, l’intimidation, les menaces, le risque d’exclusion.

      L’impression d’être coupable de faire quelque chose de mal, si... qui vient des conditionnements reçus dès la petite enfance. Ici, traditionnellement, ceux du catholicisme, dont certaines traces néfastes sont encore bien présentes, hélas.

      Justement parce que vous êtes une adulte, comme tout adulte vous savez que vos « choix » ont des conséquences, n’est-ce pas ?
      Personne ne vous prive du droit de travailler, Madame. Dans la fonction publique, il y a des règles à respecter pour tous et toutes.

      Votre mari, si vous en avez un, se voile-t-il lui aussi, afin d’éviter que des femmes d’ici ne puissent se contrôler à la vue de ses cheveux ou d’un centimètre carré de peau ? Vous savez qu’ici, personne n’est à l’abri du manque de contrôle de qui que ce soit, sauf qu’on apprend, si cela fait partie de nos valeurs, à le faire, femme ou homme. Sinon, femme ou homme, eh bien, on vit sa sexualité autrement, entre adultes consentant, point.

      Zed

      [Répondre à ce message]

    Pour la laïcité complète et visible des services publics au Québec
    8 mai 2009 , par   [retour au début des forums]

    Je suis ambivalente sur cette question. Je ne suis pas très chaude à ce qu’on affiche des symboles religieux partout, y compris dans les institutions d’État. En même temps, je me demande si le danger est si grand pour les droits des femmes. Mon opinion n’est pas faite définitivement sur le sujet, aussi j’aime lire des opinions différentes.

    Pour la laïcité complète et visible des services publics au Québec
    7 mai 2009 , par   [retour au début des forums]

    Je ne sais pas où on s’en va et je trouve que ce n’est pas rassurant de voir des féministes défendre les symboles de soumission des femmes et autres symboles du pouvoir religieux. Ont-elles si peu de mémoire ? Le féminisme régresse.

    Le port des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique : le débat continue
    6 mai 2009 , par   [retour au début des forums]

    Je me permets ici d’offrir quelques pistes de réflexion sur les questionnements qui ont lieu depuis quelque temps dans la société québécoise, ainsi qu’au sein de la Fédération des femmes du Québec (1), autour de la proposition du Conseil du statut de la femme d’interdire le port des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique. J’étais fort étonnée de lire l’attaque de Mme Guilbault à l’endroit de la FFQ quant à la position prise par le conseil d’administration de celle-ci concernant la proposition du Conseil du statut de la femme. Il me semble que Mme Guilbault insinue que si les membres de la FFQ en arrivaient à adopter une position contraire à la sienne, celle-ci perdrait la légitimité nécessaire pour défendre le droit à l’égalité des femmes au Québec. Bien que je n’aie jamais été moi-même membre de la Fédération, cette organisation a gagné ma confiance grâce aux nombreux exemples de batailles menées au nom de la défense des droits des femmes. J’ai trouvé particulièrement encourageante sa reconnaissance opportune de la démographie changeante au Québec ainsi que les démarches entreprises vis-à-vis des femmes des autres communautés locales et globales.

    En tant que patiente et personne non chrétienne et non musulmane, je n’ai jamais trouvé difficile d’être soignée par une infirmière portant une croix ou bien le hijab. Naturellement, je n’oserais pas parler au nom des autres et je n’aurais point la prétention de Mme Guilbault de m’imaginer comment vivrait un homme juif orthodoxe l’expérience de se faire examiner par qui que ce soit. Toutefois, il m’apparaît très clair que bien que cette dernière mentionne brièvement le kirpan, la kippa et le crucifix, elle parle principalement du hijab. Dans son analyse, Mme Guilbault confond les droits individuels (le droit de porter des symboles religieux, le droit à l’auto-définition et le droit à la liberté de conscience) avec les responsabilités collectives, en prétendant que la « tolérance » du port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique aurait nécessairement un impact de déréglementation sur l’environnement de travail.

    Mme Guilbault parle d’une « vision fondamentaliste » qu’il faut à tout prix éliminer. Elle associe cette vision avec le hijab porté par certaines femmes musulmanes. En associant le port du hijab avec l’exercice répréhensible de pouvoir politique dans divers endroits du monde, le tout sous la rubrique « fondamentaliste », non seulement Mme Guilbault commet-elle une injustice grave à l’endroit des millions de femmes musulmanes qui se couvrent la tête, mais elle propose une perspective simpliste et biaisée fournie par le choix de « témoins » appuyant sa position. Pour chaque mufti et femme musulmane complice, il est possible de trouver une dizaine de savantes musulmanes féministes (dont certaines portent le hijab) qui font une analyse des textes scripturaires islamiques (ainsi que des savantes féministes au sein d’autres traditions religieuses mentionnées par Mme Guilbault). Ces intellectuelles font un travail considérable de réinterprétation afin de concilier leur système de croyances religieuses avec la modernité et les idéaux d’une société démocratique.

    Après plus de 35 ans de carrière publique, je demeure mystifiée par l’insistance de Mme Guilbault qui affirme que ce même poste public m’empêcherait d’exercer mon droit à la liberté d’expression et que je devrai travailler dans « la plus grande neutralité » et assurer « l’impartialité » et « ce qui impliquerait aussi l’apparence d’impartialité. » Elle veut sûrement dire que tout employé de la fonction publique devrait exercer le bon sens et l’équité en effectuant son travail tout en sachant qu’il ou elle représente tous les Québécois et Québécoises. Or, il m’apparaît que forcer les employés à cacher leur appartenance religieuse servirait beaucoup plus la cause d’une personne dont les motifs sont moins clairs que permettre aux gens d’afficher leur appartenance confessionnelle, si tel est leur souhait.

    Les critiques de la position endossée par le CA de la FFQ semblent mettre l’accent sur la lenteur du processus de laïcisation au Québec. Il serait peut-être utile de se demander pourquoi ce processus met tant de temps à se réaliser. Parmi les arguments mis de l’avant par ceux et celles qui appuient la recommandation du Conseil du statut de la femme, est celui qui rappelle que nous vivons dans une société laïque et non confessionnelle. Dans les faits, toutefois, le Québec a mis beaucoup de temps à déconfessionnaliser ses écoles, par exemple, accordant une décennie (2008) pour mener à terme ce projet. Sans doute que les manifestations récentes organisées par des parents qui sont contre la « neutralisation » de l’enseignement du fait religieux dans les écoles nous montre que la laïcisation demeure une question tendancieuse et politiquement volatile. C’est pour cette raison que je trouve curieux que tant d’énergie soit portée sur ce qu’une minorité de femmes porte sur la tête quand il y a évidemment toujours un tel besoin d’accomplir la laïcisation de la société québécoise.

    D’ailleurs, un touriste peut rapidement constater que la ville de Montréal est remplie de cruciformes du haut du Mont-Royal à la Place Ville-Marie et tout autour de nous. En effet, malgré les nombreuses églises qui ont été transformées en condominiums, plusieurs monuments existent pour témoigner de la place du christianisme dans l’histoire du Québec. Devraient-elles être démolies afin d’assurer un environnement laïc pur ? Il semble aussi exister un attachement nostalgique au christianisme parmi de nombreux Québécois et Québécoises qui ne sont plus membres de l’Église catholique. Cela est totalement compréhensible : la culture ne s’ajuste pas au changement tout de suite. Par ailleurs, comme l’a affirmé le philosophe, Pierre Tévanian, la laïcité peut être appliquée à des institutions et non à des individus. Peut-être devrions-nous donc éviter d’utiliser cette laïcité ambivalente pour exclure des musulmans, des juifs et toutes personnes aux appartenances religieuses diverses de la fonction publique, là où ils sont déjà très sous-représentés.

    Dans son article, Mme Guilbault pose la question suivante : « Est-ce que la neutralité des institutions publiques peut vraiment être assurée par la multiplication de ces discours chez les employé-es des services publics ? » Je lui réponds par un OUI retentissant.

    Rendre visible la diversité des appartenances religieuses n’empêche pas de livrer de façon compétente les services gouvernementaux. D’ailleurs, la visibilité de la diversité religieuse et culturelle dans la fonction publique sert d’un excellent indicateur permettant à la population québécoise de témoigner du fait que son gouvernement considère tous les citoyens comme étant égaux. Comme le dit Mme Guilbault elle-même, la religion des employés gouvernementaux n’appartient pas au contrôle gouvernemental. Quelle meilleure leçon y aurait-il en matière d’égalité et du droit inaliénable à l’auto-expression que la présence d’un turban, d’un hijab, d’une kippa et d’un crucifix ostentatoires se côtoyant dans le même bureau de la fonction publique ?

    ***

    J’aimerais aussi parler d’un concept féministe fondamental qui est celui de l’auto-définition, un droit humain fondamental pour toutes les femmes. Les circonstances dans lesquels ce droit à l’auto-définition est en péril sont clairement décrits par Simone de Beauvoir dans l’introduction du Deuxième Sexe où elle parle du concept des femmes en tant qu’Autre, une situation qu’elle encourage toutes les femmes à refuser.

    La catégorie de l’Autre est aussi originelle que la conscience elle-même…l’altérité est une catégorie fondamentale de la pensée humaine. Aucune collectivité ne se définit jamais comme une sans immédiatement poser l’Autre en face de soi….les Juifs sont des autres pour l’antisémite, les noirs pour les racistes américains, les indigènes pour les colons…etc. (2)

    De Beauvoir conseille vivement aux femmes de transcender le statut de l’Autre ou de l’objet afin de devenir sujet, en prenant le contrôle sur leur identité et de leur vie. Ce concept du droit des femmes à la définition et à la mise en oeuvre de leurs propres réalités a alimenté la plupart des causes féministes depuis les quarante dernières années. Le puissant mouvement pro-choix fut basé non seulement sur la prémisse que les femmes ont le droit de contrôler leur corps mais aussi le droit de décider de tous les aspects de leur vie. Jamais il n’était prévu que les droits religieux d’une femme seraient niés au nom du féminisme.

    Au Québec, les immigrants qui ont suivi les premières vagues d’immigration française ont toujours été perçus comme les Autres. Devenir l’Autre est une expérience douloureuse et destructive qui a comme effet de rendre les valeurs sociales dominantes moins attrayantes et qui nuit à l’intégration. Bien sûr, nous pourrions toutes trouver des exemples de femmes qui ont été forcées politiquement ou socialement à adopter des pratiques religieuses qui peuvent être interprétées comme allant à l’encontre de leurs intérêts. Toutefois, il y a aussi plusieurs femmes qui adoptent volontairement certaines de ces pratiques religieuses pour plusieurs raisons différentes. Je ne peux m’empêcher de me demander qui, parmi ces individus ou ces groupes qui se permettent de commenter ce que portent les femmes musulmanes, a pris le temps de leur parler de leur choix de se couvrir la tête. Je me demande si ces personnes qui s’agitent autour du hijab savent qu’il existe un débat vigoureux sur le sujet parmi les femmes musulmanes elles-mêmes. Il y a d’ailleurs, comme il a été mentionné plus haut, un nombre croissant de femmes dont plusieurs se disent féministes qui oeuvrent à la réinterprétation des sources religieuses islamiques.

    En 2000, les féministes québécoises ont marqué le succès de la Marche mondiale des femmes. En effet, les féministes québécoises ont participé à de nombreuses conférences internationales dont le but était d’améliorer le lot des femmes et des filles dans le monde. Nous y avons démontré notre ouverture aux femmes en provenance de sociétés bien différentes des nôtres et aux façons dont elles y interprètent leurs droits. Pourquoi donc nous est-il si difficile d’accepter la diversité quand des femmes d’ailleurs viennent s’installer au Québec ? Il va sans dire que le droit des femmes à l’auto-définition figure parmi les principes féministes de base. Simone de Beauvoir me vient encore à l’esprit pour son appel à l’autonomie des femmes à la fin du Deuxième Sexe où elle affirme : « Tout individu qui a le souci de justifier son existence, éprouve celle-ci comme un besoin indéfini de se transcender…il est grand temps dans son intérêt et celui de tous qu’on laisse enfin courir toutes ces chances. » (3)

    La pleine émancipation des femmes se fait encore attendre au Québec et dans le reste du monde. Nous ne pouvons nier à aucune femme dans notre société le droit fondamental à l’auto-définition, aussi ostentatoires qu’en soient les symboles, au nom de la démocratie, de la neutralité ou de la laïcité. Le débat actuel et ses sous-thèmes m’amènent à me demander où sont passés nos espoirs de sororité. Nous devons croire en la capacité de ces femmes que nous identifions faussement comme l’Autre de définir les paramètres et de lutter pour leur propre libération. En appuyant le droit d’une femme à travailler dans la fonction publique et ailleurs en affichant pleinement ses croyances religieuses ainsi que ses pratiques culturelles, les féministes québécoises ne sont pas en train d’appuyer l’oppression des femmes, que ce soit au Québec ou ailleurs. Nous sommes simplement en train de regarder au-delà de ce qui nous sépare à ce qui pourrait nous unir dans la lutte féministe pour l’égalité au travail et partout ailleurs dans notre société. Le travail des féministes québécoises consiste à appuyer le processus d’auto-définition en fournissant un environnement d’accueil positif et de bienvenue à tous ces soi-disant étrangères parmi nous.

    Notes

    1. Voir le document intitulé Débat sur la laïcité et le port de signes religieux ostentatoires dans la fonction et les services publics québécois, Proposition et réflexion du conseil d’administration pour l’assemblée générale spéciale qui aura lieu à Québec le 9 mai 2009 ; aussi « Pour la laïcité complète et visible des services publics au Québec : Critique d’une proposition du conseil d’administration de la Fédération des femmes du Québec », par Diane Guilbault, collaboratrice de Sisyphe, paru le 27 avril 2009
    2. Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. Paris : Gallimard, 1947. Renouvelé en 1976, p. 16.
    3. De Beauvoir, p. 461

    * Née a Montréal, Greta Hofmann Nemiroff a enseigné, en 1970, le premier cours en Études des femmes au Québec et au Canada. Elle a écrit et rédigé des nombreux ouvrages et a voyagé à travers le pays en tant que conférencière. Mme Hofmann Nemiroff a tenu la Chaire conjointe en études des femmes aux universités Carleton et Ottawa entre 1991 et 1996. De 1999 à 2004, elle fut présidente de l’Institut pour la solidarité internationale des femmes, une ONG féministe internationale.

    • Vous ne parlez pas des mêmes choses
      7 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]

      Vous dites que l’auteure Diane Guilbault "attaque" la FFQ, mais vos propres propos me semblent davantage des attaques personnelles que les siens. Le terme "simpliste" n’est pas un argument intellectuel très éloquent.

      Je crois que ce n’est pas Mme Guilbault qui mélange droits individuels et droits collectifs. Vous ne semblez pas vous interroger une seule minute sur les conséquences pour la société québécoise - donc conséquences pour la collectivité -, pour les femmes en particulier parce qu’elles ont toujours été la cible privilégiée des religions - de l’acceptation des signes religieux ostentatoires dans les services publics. Dans le domaine privé, les individus peuvent afficher leurs croyances, mais s’ils veulent représenter l’État dans les services publics, ils n’ont pas à transmettre tel ou tel message religieux ou politique. C’est ce que j’ai compris des propos de Mme Guilbault.

      De même Mme Guilbault n’a pas parlé que de voile, elle en a parlé peut-être parce que le document de la FFQ le mentionne. J’ai lu ce document car je suis membre de la FFQ. Qu’il y ait des intellectuelles qui réduisent la signification du voile islamique à une question de "porter quelque chose sur la tête" ou à un simple vêtement me laisse perplexe. C’est de la mauvaise foi, de la malhonnêteté ou de l’ignorance quand on sait que tant de femmes sont maltraitées et certaines tuées, dans le monde, à cause de ce voile. Il y en a même eu une (16 ans) en Ontario. Mais vous, grande intellectuelle, vous préférez vous mettre la tête dans le sable. "L’injustice grave" que Mme Guilbault commettrait, c’est plutôt vous ainsi que la proposition de la FFQ qui la commettez. Vous n’êtes pas au courant de ce que les religions ont fait et font encore aux femmes ? Les intellectuelles musulmanes dont vous parlez, sans en nommer aucune contrairement à Mme Guilbault qui en a cité plusieurs, voudraient selon vous "concilier leur système de croyances religieuses avec la modernité et les idéaux d’une société démocratique". Choses irréconciables, selon moi, à moins que les gens gardent pour eux leurs croyances religieuses personnelles et ne cherchent pas à les imposer par le biais de l’État. Tant que les religions se mêleront de politique, ce qu’elles font toutes sans exception, nous devrions plutôt les reléguer dans leur sphère, combattre leur influence antidémocratique. On n’a pas besoin de pape ou d’imam ou de rabbin qui lancent des anathèmes contre les femmes ou les hommes du haut de leur savoir parce qu’ils sont incapables d’accepter qu’hommes et femmes soient égaux. Cet aspect de la question ne semble pas beaucoup vous intéresser. Je suis assez surprise qu’une personne qui a tant de bagage exprime une pensée aussi nébuleuse et parle ex cathedra de sujets dont elle ne semble guère avoir évalué tous les aspects. Vous me faites penser à quelqu’un qui détournerait l’attention dans des directions multiples et troubles pour empêcher qu’on réfléchisse sur un sujet donné.

      [Répondre à ce message]

    • Le port des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique : le débat continue
      7 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]

      "On peut entendre le terme de fondamentalisme de manière plus ou moins stricte. A l’origine, il repose sur le respect de l’évidence écrite et du sens littéral. (...) Toujours il suppose que Dieu parle par la Bible et que sa parole y est l’objet d’une écoute directe et d’une lecture immédiate."(1)

      Mme Nemiroff soupçonne que j’aimerais éliminer toute vision fondamentaliste. Elle ne se trompe pas. Je crois en effet que la perpétuation et la sacralisation de certains dogmes écrits dans un contexte historique où le statut des femmes était moins que rien, ne sont pas de bonnes avenues pour les femmes ni pour les sociétés démocratiques qui, par essence, devraient s’en référer aux décisions citoyennes et non pas aux écrits « divins » pour gérer le vivre-ensemble.

      J’aimerais aussi rassurer Mme Nemiroff quant à mes sentiments face aux femmes « soi-disant étrangères », pour reprendre ses propres mots. Il y a une raison pour laquelle je n’ai pas mentionné une seule fois le statut d’immigrant des personnes dans mon article car, voyez-vous, il est non pertinent. Comme la Commission Bouchard-Taylor et la Commission des droits de la personne et de la jeunesse l’ont dit aussi, je maintiens depuis toujours (voir entre autres cet article) que ce ne sont pas surtout des personnes immigrantes qui font des revendications religieuses mais des personnes nées ici au pays ; en outre, la grande majorité des personnes immigrantes ne font pas de telles demandes et ont parfois dû fuir des pays où les dogmes religieux ont force de loi dans l’espace public.

      En fait, Mme Nemiroff reprend la thèse (selon moi erronée) comme quoi les revendications religieuses sont attribuables à l’AUTRE alors qu’elles sont le fait de personnes de toutes origines qui ont en commun une lecture fondamentaliste de leur religion. Pourtant, elle mentionne que les femmes musulmanes ont elles-mêmes de vigoureuses discussions sur ce sujet, ce que j’ai moi-même essayé de démontrer en nommant des personnalités ( que Mme Nemiroff appelle « complices ») qui luttent, malgré les menaces, pour la liberté des femmes. En critiquant la signification du voile, une « obligation » sexiste, peu importe la motivation de celle qui choisit de le porter, je ne crois pas insulter les millions de femmes dans le monde qui doivent le porter pour éviter punitions corporelles, emprisonnement ou même la mort.

      Pourquoi insister davantage sur le voile ? D’abord parce que le c.a. de la FFQ le place au coeur de son argumentation et aussi parce qu’il soulève deux problèmes : celui de la laïcité et celui du statut des femmes. Peut-on vraiment considérer le voile comme un vêtement comme un autre alors que dans tous les pays où il est porté de façon majoritaire, les droits des femmes sont moindres et dans certains cas, inexistants ? Ce n’est pas un hasard. Et plusieurs pays où le port du voile s’était estompé, ont fait régresser les droits des femmes en même temps qu’ils instauraient l’obligation de le porter. Ce sont des faits que quiconque s’intéresse à l’actualité internationale ne peut ignorer : l’ouverture sur le monde me permet de suivre le destin des femmes partout sur la planète et je veux en tenir compte dans mon analyse pour ainsi être en mesure de faire des choix cohérents et solidaires.

      Mme Nemiroff ne fait pas de distinction entre les obligations des travailleurs et travailleuses des services publics et celles et ceux qui travaillent dans d’autres milieux. Pour ma part, je trace une ligne claire entre l’espace public et les services publics et j’explique pourquoi . Et contrairement à Mme Nemiroff, je ne crois pas que les religions doivent être représentées dans les services publics. La laïcité, ce n’est pas le multiconfessionnalisme, mais plutôt l’application de règles séculières et citoyennes pour la gestion du vivre-ensemble.

      Pour ma part, plutôt que de sororité, je préfère parler de solidarité. Et je me sens particulièrement solidaire des femmes qui luttent contre l’oppression, ici et ailleurs. Par contre, j’avoue ne pas me sentir solidaire de celles qui s’opposent au droit à l’avortement ou au droit à l’égalité des femmes sous quelque prétexte que ce soit. Alors, la solidarité automatique avec n’importe quelle cause, même menée par des femmes, très peu pour moi.

      Enfin, c’est parce que je pense que la FFQ a une place essentielle au Québec que je me permets de critiquer sa position. Et je crois qu’il est sain que des opinions différentes sur ce sujet soient débattues sur la place publique, avec arguments et contre-arguments. Car c’est un débat qui intéresse toute la société.

      (1) Émile Poulat, L’intégrisme. De sa forme catholique à sa généralisation savante in Les intégrismes - revue La Pensée et les Hommes n° 2, 1985 - pp 9-18

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    • Une laicité ouverte et un féminisme de liberté
      10 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]

      La lecture du texte de Mme Greta Nemiroff m’a réjoui profondément car il réconcilie une laïcité d’ouverture avec un féminisme de liberté, liberté pour toutes !

      Je conviens que certaines femmes, dans l’exercice de leur liberté, heurtent mes convictions, ne questionnent mais en aucun cas cela ne devrait me conduire à les exclure et les bâillonner. Comment pourrais-je revendiquer, depuis 30 ans, la liberté de choix des femmes en matière d’avortement, et refuser à d’autres femmes la liberté d’exprimer ouvertement leur croyance ou opinion religieuse, parce que cela s’oppose à mon analyse et mes positions féministes.

      Qui suis-je pour mettre en doute, à priori, l’authenticité de la démarche religieuse et spirituelle d’une autre femme ? Comment, puis-je, au nom du féminisme interdire à une autre femme la liberté d’être et de s’exprimer ? Au nom de quel argument dire, à une femme en chair et en os, devant moi, que je refuse qu’elle porte le voile ? N’est-ce pas ce que les religions, tellement décriées dans ce débat, n’ont cessé de faire depuis des siècles…..interdire ! Et puis, il appartient, me semble-t-il, aux femmes musulmanes de faire ce débat entre-elles, au sein de leur communauté. N’avons-nous pas dû faire la même chose, nous aussi, en d’autres temps ?

      Je ne veux pas d’un féminisme intégriste qui va définir à la place de chaque femme « la conduite à tenir ». Je ne veux pas d’un féminisme de la ligne juste qui, au nom d’un nouvel Absolu, soit la laïcité qui a remplacé Dieu, devienne un nouvel instrument d’oppression. Je ne pense pas que la laïcité doive se construire sur la négation de la liberté individuelle des autres. Notre défi, me semble-t-il, est de concilier droits individuels et droits collectifs, dans la recherche d’un équilibre exigeant et toujours à refaire.

      Je ne suis pas naïve pour autant. Je suis très consciente des enjeux de ce débat et aux risques liés à la position prise par le conseil d’administration de la FFQ. Je n’y ai pas adhéré spontanément mais après plusieurs mois d’hésitations, de réflexions et de discussions, parfois houleuses mais toujours stimulantes et respectueuses. Finalement, je préfère miser sur les fruits de l’ouverture, de la solidarité plutôt que sur ceux de la peur de l’autre, de sa différence, qui engendre trop souvent l’intolérance.

      Je trouve cette position de la FFQ courageuse car elle sort d’un certain discours voulant qu’une féministe, une vraie, soit nécessairement contre le port du voile. L’immense mérite aussi d’éviter les pièges de la pureté…......dont il faut se méfier. L’histoire de la Sainte Inquisition (catholique) devrait nous servir de leçon. Il m’arrive de ne pas toujours partager les positions prises par la FFQ. Mais jamais, il ne me viendrait à l’esprit de mettre en doute, pour cette raison, sa capacité de défendre les droits des femmes aux Québec, de toutes les femmes.

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      • Une laicité ouverte et un féminisme de liberté
        11 mai 2009 , par
          [retour au début des forums]

        Je ne voudrais pas abuser de l’espace ici, c’est la seconde fois que j’y écris. je veux seulement souligner à Mme Desmarais qu’elle mélange les torchons et les serviettes, à mon avis. Il est question de laïcité des services publics et je ne vois pas dans le texte de Mme Nemiroff la moindre volonté d’une "laïcité", ouverte ou pas. Il ne s’agit pas non plus de mettre en doute les croyances personnelles des gens, mais on leur demande de ne pas les étaler comme un drapeau dans les services de l’État, comme on demande aux employés de l’État de ne pas afficher leurs convictions politiques. Votre allusion à l’Inquisition me fait penser à ce que vivent des millions de femmes dans le monde parce qu’elles veulent s’affirmer égales, donc libres de ne pas porter un signe religieux qui n’est pas imposé aux hommes de leur communauté. Vous intéressez-vous à l’Inquisition et à la chasse aux sorcières version islamiste que ces femmes connaissent aujourd’hui, ou craignez-vous seulement l’Inquisition catholique version Moyen Âge ?

        Contrairement à vous, je ne trouve pas la position de la FFQ courageuse, je ne dirai pas le mot précis qui la qualifierait, de peur que les gens du site ne publient pas mon message. L’intégrisme, c’est dans la FFQ qu’il semble s’être infiltré et, malheureusement, il a fait taire la majorité de celles qui pourraient s’y opposer, j’en sais quelque chose. Cette question n’a JAMAIS été débattu à fond dans cette organisation. Une question encore, Mme Desmarais. L’article de Mme Guilbault à l’origine du texte de Mme Nemiroff parle de signes ostentatoires de différentes religions, pas seulement de ceux des musulman-es. Pourquoi écrivez-vous : "Et puis, il appartient, me semble-t-il, aux femmes musulmanes de faire ce débat entre-elles, au sein de leur communauté. N’avons-nous pas dû faire la même chose, nous aussi, en d’autres temps ?" Il n’y a pas que les femmes musulmanes concernées par cette proposition de la FFQ, à moins que cette dernière ait fait une proposition sur mesure pour la poignée de musulmanes qui demandent de porter des signes religieux dans les emplois de l’État. C’est beau de discuter entre elles, je n’ai pas d’objection, mais cette question concerne TOUTE la société. N’avons-nous pas appartenu un jour ou l’autre à une religion ? Certains y appartiennent encore, pas seulement des musulmans. Au service de qui est la FFQ avec cette proposition ?

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      • Une laicité ouverte et un féminisme de liberté
        11 mai 2009 , par
          [retour au début des forums]

        Est-ce que le fait de faire un choix est en soi en geste féministe ?

        Je me permets d’en douter. Qu’y a-t-il de féministe dans la lutte d’une femme contre le droit à l’avortement ? Qu’y a-t-il de féministe quand une femme choisit d’épauler des revendications masculinistes ?

        La possibilité que les femmes ont maintenant de faire des choix est certes une victoire du féminisme, mais cela n’équivaut pas à dire que tous les choix faits par une femme sont de facto des gestes féministes. Ce serait réduire le féminisme à pas grand chose si ce n’était que cela qui devait être pris en considération.

        Ceci dit, il n’a jamais été question d’empêcher des femmes de choisir de porter le hijab. La question qui se pose est de savoir si le devoir de réserve des employé-es des services publics devrait s’appliquer aux discours religieux. Je pense que oui pour préserver une laïcité fraichement et durement acquise. Que répondrons-nous, une fois la brèche confirmée, à des employé-es catholiques qui porteront au CLSC ou à l’hôpital leur macaron contre l’avortement ? Une fois le discours religieux autorisé, tous les discours religieux devront l’être. Est-ce vraiment vers cela qu’on veut se diriger ?

        [Répondre à ce message]

    Tout n’est pas toujours si simple
    30 avril 2009 , par   [retour au début des forums]
    Pour la laïcité complète et visible des services publics

    Un parti-pris contre la FFQ ?

    Plusieurs passages de votre article m’ont choquée. Je suis depuis des années militante de la FFQ et j’ai également été responsable du comité de la condition des femmes de la CSQ.Je suis encore très proche de l’Intersyndicale des femmes pour avoir notamment été impliquée dans l’élaboration de leur mémoire à la Commission Bouchard-Taylor. C’est dire que ce n’est pas d’aujourd’hui que je réfléchis avec d’autres à la question du port du voile dans les institutions publiques. Je ne dispose pas ici de l’espace dont vous disposez, donc je me contenterai de ne relever que certains points.Permettez-moi de dire que je trouve malhonnête d’écrire que la "FFQ demande à ses membres de privilégier la voix de toutes celles et ceux qui endossent la vision des fondamentalistes". Dans le document dont vous parlez il y a de nombruex endroits (positions déjà prises par ex. contre l’instauration de tribunaux islamistes,contre des accomodements allant à l’encontre de la mixité des lieux publics, déclaration adoptée à l’AG de 2008) où il y a condamnation de tous les intégrismes religieux, etc. Et puis il y a ce glissement que vous faites lorsque vous dites que la FFQ "autorise" le port du voile plutôt que de dire qu’elle "s’oppose à l’interdiction" ... Le choix des mots n’est pas innocent...Peut-on reconnaître que la question du port des signes religieux est complexe dans le contexte québécois actuel, entre autre où le processus de laïcisation est loin d’être achevé, où les immigrantes sont surreprésentées dans les personnes
    sans emploi ? Défendre le droit à l’égalité pour toutes les femmes n’est pas théorique.Cela implique l’exercice de leurs droits économiques et sociaux, dont le droit d’avoir un emploi et de ne pas être discriminée à cet égard.Il me semble que la position du CA de la FFQ repose essentiellement sur l’impact qu’aurait l’interdiction du port du hidjab (il n’est pas question ici du voile intégral) sur celles qui le portent:stigmatisation-exclusion, danger de getthoïsation,etc. Et pourquoi ne parler que du voile ? Parce que c’est de cela dont il est essentiellement question lorsque l’on parle des personnes travaillant dans les institutions publiques. "...le voile peut être utilisé pour soumettre les femmes aux lois et valeurs d’un ordre patriarcal. Dans ce sens,en même temps que nous défendons ici la liberté de le porter, nous défendons en même temps le droit de ne pas le porter.." Document de la FFQ p.4 Pour le moment, dans le contexte québécois actuel (Charte des droits de la personne reconnaissant la liberté de conscience et de religion, pratique de laïcité ouverte, etc.)il me semble que c’est la seule position qui peut tenir la route.Je crois qu’il faut distinguer le signe ou le symbole de celles qui l’affichent, et l’aliénation ne se décrète pas de l’extérieur...L’égalité entre les sexes est une valeur fondamentale et il faut travailler au jour le jour avec une diversité de femmes pour qu’elle devienne réalité.

    • Tout n’est pas toujours si simple
      30 avril 2009 , par
        [retour au début des forums]

      Madame Bourret,

      Vous disposez de tout l’espace voulu pour répondre à cet article, vous pouvez même publier un message deux fois plus long que l’article de l’auteure dans ce forum. Le logiciel s’y prête.

      Quant à l’hypothèse d’un soi-disant "parti-pris contre la FFQ", présume-t-elle que la critique d’une opinion de la FFQ est un parti-pris contre l’organisme ?

      [Répondre à ce message]

    • Tout n’est pas toujours si simple
      30 avril 2009 , par
        [retour au début des forums]

      “Il me semble que la position du CA de la FFQ repose essentiellement sur l’impact qu’aurait l’interdiction du port du hidjab (il n’est pas question ici du voile intégral) sur celles qui le portent:stigmatisation-exclusion, danger de getthoïsation,etc. Et pourquoi ne parler que du voile ?”

      En acceptant le voile, c’est précisément ce que vous prétendez vouloir éviter que vous encouragez. Le voile entretient une vision qu’il y a deux types de femmes : la femme musulmane et les autres qui sont dignes d’être violées.

      Pour reprendre l’expression d’un Iman de Montréal : Comme de la viande offerte sur un comptoir.

      « La musulmane est supérieure à la mécréante, une impudique

      * « La femme musulmane voilée est une lumière, dans les ténèbres du 20ième siècle, elle porte le flambeau de la pudeur, de la chasteté et des valeurs Islamiques »
      * « Elle porte le message libérateur de « LA ILAHA ILLALLAH », à la pauvre femme de l’occident qui a tout perdu de sa féminité, de sa dignité, de son honneur et qui crie désormais pour son sauveur »

      * « Les conséquences de l’impudeur sont « les viols, les maladies vénériennes, le Sida, l’herpès, les familles monoparentales, la délinquance, la pauvreté, l’ignorance et tant d’autres »

      * « Les mécréants ne vont jamais admettre que ces problèmes sociaux sont les résultats de leur refus d’accepter de se soumettre à Allah, car l’orgueil les dévore »

      * « ...les hommes mécréants ont uniquement voulu libérer les femmes pour des raisons économiques (pour avoir une main-d’oeuvre moins chère) et pour profiter d’elles sexuellement »

      * « les mécréants ne seront pas contents de nous tant que nos femmes ne seront pas dans leurs lits, dans leurs magazines et dans leurs clubs de danseuses ! »

      * « Si une musulmane est mariée à un non-musulman ... leur mariage est invalide, elle est en réalité dans l’adultère » »

      http://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article681

      Le voile n’est pas qu’une pièce de vêtement, mais l’étendard d’un discours haineux et sexiste. Voilà ce que vous allez endossez.

      Quelques sites qui pourront sans doute vous éclairer :

      http://pointdebasculecanada.ca/

      (faites-y une recherche sur le mot ’viol’ ...)

      http://www.bivouac-id.com/

      http://www.ripostelaique.com/

      (Ces deux sites sont excellents pour connaitre les impacts négatifs de la laïcité ouverte en Europe.

      [Répondre à ce message]

    • Tout n’est pas toujours si simple
      4 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]

      Madame Bourret,
      Je ne mets certainement pas en doute votre engagement. Mais, comme le dit Levi-Strauss : « Toute notre époque est là : on ignore les faits sous prétexte de défendre des valeurs ». Et c’est ce dont souffre l’analyse faite par le c.a. de la FFQ.

      Quand on est contre l’interdiction, on est pour l’autorisation. Vous avez avez raison, les mots ne sont pas innocents. Le dire négativement atténue peut-être, à la première lecture, la réelle portée de la recommandation mais je crois que la direction de la FFQ aurait dû affirmer clairement ce que son choix signifie et ce qu’il signifie, c’est qu’elle est favorable à l’autorisation du port des signes religieux dans les services publics.

      Deuxième point : accepter le port des symboles religieux dans les services publics, ça veut dire accepter le principe que ces « obligations » religieuses sont réelles, qu’elles sont valides, que les « écrits divins » doivent avoir préséance sur les décisions démocratiques. C’est exactement la base du discours des fondamentalistes : selon eux, les « obligations » religieuses sont intouchables, non questionnables, même si elles ont été écrites il y a plus de 1000 ans. Et dès lors qu’on reconnaît une « obligation » religieuse, par quelle cohérence refuserons-nous de reconnaître d’autres « obligations » : poignard, polygamie, non mixité, nikab et burka, etc... ? Accorder une validité démocratique à ces « obligations » religieuses jusque dans les services publics, je suis désolée si cela vous choque, mais, malheureusement, c’est en effet un appui à la vision des fondamentalistes. Vous dites aussi qu’il est « malhonnête d’écrire que la FFQ demande à ses membres de privilégier la voix de toutes celles et ceux qui endossent la vision des fondamentalistes ». Vous ne répondez pas à la question que je pose : il y a nombre de femmes musulmanes, ici et ailleurs, j’en nomme même plusieurs, qui réclament l’appui des féministes dans leur lutte contre l’imposition de ces soi-disant obligations religieuses. Mais ce n’est pas à elles que la direction de la FFQ choisit de donner son appui. Je ne crois pas que de questionner les raisons de ce choix soit malhonnête.

      Troisièmement : les employé-es des services publics, sont, comme on le dit si bien en anglais, des civil servants : des serviteurs de l’État. Et l’État, c’est l’ensemble des citoyen-nes. Ces citoyennes-nes ont le droit de ne pas avoir à subir des discours politiques ou religieux, que constituent les symboles, par les (leurs) employé-s des services publics avec lesquels ils entrent en contact. Ils ont le droit de s’attendre à recevoir des services sur la base de la plus grande neutralité et quelqu’un qui affiche ses convictions religieuses ou politiques ne donne pas cette impression de neutralité, vous en conviendrez. C’est pour cela que les exigences quant à la laïcité des services publics sont plus grandes qu’ailleurs sur le marché du travail. La laïcité n’est pas la seule exigence contraignante. Par exemple, une personne qui ne parle pas minimalement le français ne peut, en vertu de la loi 101, travailler dans les services publics (sauf quelques exceptions pour les anglophones). Il y a quelques-unes de ces exigences par lesquelles certains individus se sentent lésés, mais ce sont des choix qui ont été faits au nom du bien commun.

      Dernier point : je n’ai jamais parlé d’aliénation en ce qui concerne le voile. Mais je souligne le caractère sexiste INDÉNIABLE du voile, une évidence sur laquelle le document de la FFQ passe très vite. Mais en tant qu’organisation féministe, la FFQ devrait refuser de faire quelque action que ce soit qui favorise un tant soit peu le port du voile et, conséquemment, l’imposition du port du voile à celles qui ne le « choisissent » pas. Si la FFQ recommande d’accepter le voile y compris pour les employées de l’État, qui se trouvera renforcé par un tel appui : celles qui luttent contre les fondamentalistes ou les fondamentalistes ?

      [Répondre à ce message]

    • Glissement ?
      21 mai 2009 , par
        [retour au début des forums]

      Vous m’avez reproché de jouer sur les mots : «  Et puis il y a ce glissement que vous faites lorsque vous dites que la FFQ "autorise" le port du voile plutôt que de dire qu’elle "s’oppose à l’interdiction" ... Le choix des mots n’est pas innocent...  »

      Comme vous pourrez le constater, je ne m’étais pas trompée dans mon interprétation : « Je suis POUR le port de signes religieux dans la fonction et les services publics, » affirme Michèle Asselin dans cet extrait télé :

      Il me semble que cela aurait été plus honnête de le dire comme cela dès le début.

      [Répondre à ce message]

    Pour la laïcité complète et visible des services publics au Québec
    28 avril 2009 , par   [retour au début des forums]

    Ça m’encourage de vous lire. Je me dis qu’il y a encore de l’espoir quand des femmes peuvent réagir à ces embrigadements des religions qui proviennent de tout bord tout côté. Cela est sain. J’ai été tellement découragée des conclusions des commissaires Bouchard et Taylor. Un exercice démocratique bien commencé qui a accouché d’une souris.

    Pour la laïcité complète et visible des services publics au Québec
    28 avril 2009 , par   [retour au début des forums]

    Totalement d’accord, témoin quotidiennement du genre de situations décrites.

    « comme l’affirme Wassyla Tamzali selon qui « tolérer l’intolérable au nom de la diversité culturelle est une forme de colonialisme » (7). »

    Exactement.

    Génétiquement, anthropologiquement, ethnologiquement, la femme fut la propriété de l’homme afin d’assurer la reproduction de ses gènes et la primauté de ses derniers.

    De même, la femme devait choisir les gènes les plus aptes à la survie de l’espèce. La force physique plus amplement développée chez l’homme afin de protéger les enfants jusqu’à une certaine autonomie de leur part (autour de trois ans, dit-on)se retourne cruellement envers les femmes et les enfants assez souvent et en tout cas est toujours présente comme risque en dernière instance.

    la société changeant, l’autonomie de la femme dans ces sociétés qui ont effectivement changé représente une menace pour toutes les religions, façades et fondations idéologiques du patriarcat et de la domination masculine, lorsqu’on voit la condition masculine à bout de nez.

    Permettre les signes religieux est sexiste non seulement envers les femmes, mais aussi envers les hommes qui ont avancé et ne vivent plus au Moyen-âge. Les hommes ne sont pas tous des agresseurs et ne virent pas tous fous en voyant une mèche de cheveux, parce que celle-ci ressemblerait à du poil de pubis (un des arguments !).

    Par contre, le concept de race doit à mon avis être révisée. Si je peux me permettre de vous inviter à venir lire ceci.

    Pourquoi ne pas envoyer à cet organisme le lien vers cet article. Ce serait important.

    Je vais pour ma part mettre le lien en billet chez moi avec ce commentaire.

    Merci pour votre excellent travail, Sisyphe.

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    Sexisme envers les femmes = sexisme envers les hommes


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