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vendredi 15 mai 2009 Mon expérience d’immigrante au Québec Position de la FFQ sur le port de signes religieux dans la Fonction publique
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Je suis l’un-e des auteur-es publié-es chez Sisyphe. Et je fréquente ce site depuis ses débuts. Je peux donc confirmer que les deux éditrices, Micheline Carrier et Élaine Audet, ouvrent largement leurs pages aux débats sans censure autre que celle qu’elles avancent concernant les atteintes personnelles. L’importance de débattre librement Dans notre société, où il est de plus en plus difficile de faire entendre des points de vue diversifiés, en particulier sur la condition féminine, Sisyphe joue un rôle essentiel. Que des opinions divergentes y soient mises en ligne est très sain dans une société qui se veut démocratique. Cette “mise en demeure” du regroupement Présence musulmane Montréal est donc tout à fait injustifiée. La preuve : leurs arguments y apparaissent. Je ne me mettrai pas à paraphraser certains commentaires auxquels j’adhère pour ajouter mon point de vue sur la prise de position de la FFQ sur le port des signes religieux dans les services publics. Mon vécu d’immigrante en sol québécois se passe de grands développements idéologiques complexes. Ma position est on ne peut plus simple : en tant qu’immigrante donc, mon devoir premier a été de m’intégrer à la société qui m’accueillait, de respecter ses us et coutumes et de ne pas tenter d’imposer publiquement mes croyances et mes modes de vie acquis dans mon pays d’origine. Un pré-requis pour mon "vivre ensemble harmonieux". Ce qui fait que ma confrontation à l’"Autre", dont parle madame Greta Hofmann Neminoff, cette "Autre" que j’étais aussi pour les gens d’ici, s’est très vite harmonisée dans un "nous" inclusif. Ce qui ne m’a nullement empêchée de rester moi-même et de conserver, et même de partager, dans ma sphère privée, mes acquis culturels et spirituels. Et de les élargir en m’imprégnant de mon nouveau quotidien. “Devoir de réserve” envers ce pays qui m’accueillait, mais aussi simple devoir de politesse. Me permettrait-on, dans certains pays musulmans, d’exiger de ne pas porter le voile en exerçant un métier public ? L’instauration d’une vie communautaire laïque ne brime en rien les individus Pour moi, la laïcisation des services publics, sans accommodements, est la voie la plus raisonnable, et la plus respectueuse d’autrui. Celle qui nous permet de “vivre ensemble harmonieusement”. Je suis arrivée ici alors que le Québec commençait à peine ce long processus. Du chemin reste encore à faire pour créer cet environnement laïque : dans les écoles (les revendications de certains parents pour le rétablissement de l’enseignement religieux), dans les réunions de certains conseils municipaux (la prière, le crucifix), à l’Assemblée nationale (le crucifix), dans certains villages où la confusion est encore trop présente entre “la paroisse” et “la municipalité”. Ce sont des reliquats contre lesquels travaillent les esprits progressistes. L’instauration d’une vie communautaire laïque ne brime en rien les individus, libres d’exercer leurs cultes et de manifester leurs croyances comme ils l’entendent dans l’espace privé. Représentativité de la FFQ Nous avons la chance de vivre ensemble dans l’un des pays les plus accueillants qui soit. Je n’accepte pas d’être traitée d’intolérante parce que je crois à la laïcité dans le service public. C’est pourtant le mot prononcé en ondes par la présidente de la Fédération des femmes du Québec. Je répliquerai simplement par ceci : je connais très bien cet organisme, j’y ai œuvré à titre de membre du conseil d’administration, puis de coordonnatrice, du temps où de fortes personnalités comme Claire Bonenfant ou Simonne Monet-Chartrand, et d’autres, y étaient très actives. Je crois que cet organisme, tenu à bout de bras par ces femmes hors du commun, a fait beaucoup pour l’avancement des droits des femmes. Mais il y a aussi un grand malentendu à son sujet : il fédère infiniment moins de Québécoises que l’on pense, soit une trentaine de petites associations et quelques centaines de membres individuelles. C’est peu pour décider de prendre position au nom DES femmes du Québec sur l’autorisation du port des signes religieux dans les services publics. Pour accorder quelque crédibilité à ce vote, il faudrait qu’une telle position émane d’un mandat beaucoup plus élargi que celui d’une assemblée générale de déléguées de ce court membership. Une décision dans laquelle moi et des femmes de mon entourage ne nous retrouvons pas. Mais ces échanges sur ce site permettront peut-être de ne pas laisser le débat s’enliser, comme l’a fait le gouvernement en le balayant dans la cour d’une commission. Merci à Sisyphe d’avoir ouvert le dialogue. Liliane Blanc Mis en ligne dans Sisyphe, le 11 mai, 2009. |