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mardi 29 septembre 2009

Laïcité et égalité : l’avenir du Québec est en marche

par Louise Mailloux, porte-parole du Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité (CCIEL)






Écrits d'Élaine Audet



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Jeudi soir dernier, le 24 septembre, avait lieu une conférence organisée par les éditrices de Sisyphe sur le thème Laïcité et égalité : quel projet pour le Québec ?, avec pour invité-es Christiane Pelchat, présidente du Conseil du statut de la Femme, Tewfik 2Fik, artiste photographe, Diane Guilbault, auteure de Démocratie et égalité des sexes, Djemila Benhabib, auteure de Ma vie à contre-coran et Me Julie Latour, avocate.

Conférence du 24 septembre 2009.
De gauche à droite : Djemila Benhabib, Diane Guilbault, Me Julie Latour, 2Fik, Christiane Pelchat.

Dans sa présentation, Christiane Pelchat a rappelé que le droit à la liberté religieuse est un droit individuel qui entre souvent en contradiction avec celui de l’égalité hommes/femmes, un des marqueurs importants de l’identité québécoise au même titre que la séparation de l’Église et de l’État et le fait français. Que tous les partis politiques ont voté en faveur d’une Charte de la langue française, acceptant de moduler une valeur individuelle telle la liberté d’expression afin de préserver cette valeur collective qu’est le fait français. Et, qu’en conséquence, l’État a le devoir de protéger ces valeurs communes qui définissent le Québec en circonscrivant la liberté religieuse dans le respect du droit des femmes. De cela doit découler l’interdiction de signes religieux dans les institutions publiques.

Tewfik 2Fik, Québécois d’origine marocaine, a insisté sur le fait que l’immigrant-e a la responsabilité de respecter les règles locales, mais que ce n’est pas toujours évident puisque les Québécois-es se cherchent et ont du mal à se définir. Il a aussi dénoncé le relativisme culturel, montrant qu’il n’est pas acceptable qu’on laisse maltraiter des enfants sous prétexte qu’il faut respecter leur culture, alors que si c’était un enfant québécois, nous aurions immédiatement eu recours à la DPJ. Il a terminé en disant qu’il ne faut pas accommoder les intégristes et les laisser nous imposer des valeurs qui sont contraires aux nôtres de crainte d’être taxé de raciste.

Diane Guilbault a, pour sa part, expliqué que la commission Bouchard-Taylor n’a pas compris les femmes et la méfiance légitime qu’elles ont face aux religions et qu’en démocratie les lois civiles priment sur les lois divines qui sont sexistes et homophobes. Que nos chartes sont désormais inadéquates pour faire face aux demandes d’accommodements religieux puisqu’elles ont été écrites dans un contexte de sécularisation, à une époque où on ne craignait pas une augmentation du religieux dans l’espace public. Elle s’est insurgée contre notre intelligentsia qui, sous prétexte d’ouverture, fait preuve de complaisance vis-à-vis les demandes religieuses et banalise ainsi le sexisme le plus éhonté. Aujourd’hui, notre laïcité est en danger et la vraie question qui se pose est celle d’avoir à choisir entre des règles religieuses ou des règles démocratiques. D’où l’importance de se doter d’une Charte de la laïcité et d’appuyer le Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité (CCIEL) récemment mis sur pied pour défendre nos valeurs communes.

Djemila Benhabib nous a confié qu’elle n’est pas devenue féministe en lisant le Deuxième Sexe mais plutôt en voyant souffrir les femmes, et que c’est dans les pays musulmans que les droits des femmes sont les plus terriblement bafoués. Qui oserait dire le contraire ? Michèle Asselin ? Françoise David ? Les islamistes ? Le voile islamique n’est pas synonyme de diversité dans les institutions publiques, mais bien plutôt d’intégrisme qui s’installe dans l’État québécois pour remettre en question le droit des femmes. Le voile n’est pas culturel. C’est l’étendard de l’islamisme politique. Dénonçant la lâcheté de la ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre, qui banalise le voile tout comme sa collègue Yolande James, ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, qui lors de son récent voyage en France a déclaré qu’« au Québec, nous n’avons pas de problèmes avec le voile », Djemila Benhabib voit dans ces déclarations une gifle à toutes les femmes du Québec.

Si nos politiciens n’ont pas le courage de freiner l’islamisme politique, alors c’est à nous citoyens et ciroyennes du Québec de se donner le droit à la liberté, comme l’a fait la première députée Claire Kirkland-Casgrain lorsqu’elle a courageusement enlevé son chapeau à l’Assemblée nationale pour signifier qu’elle refusait ce symbole de soumission, a poursuivi Djemila Benhabib. L’histoire regorge d’exemples où, lorsque la religion se mêle à la politique, les droits des femmes régressent et les interdictions de vivre se multiplient, faisant aussi reculer les arts, la littérature, la pensée critique et la liberté d’expression, ne laissant plus de place à la vie. Aujourd’hui, tous, toutes et chacun-e, nous avons la responsabilité de faire avancer le Québec en faisant converger nos efforts pour un Charte de la laïcité.

Me Julie Latour a abordé la place de la laïcité dans nos institutions publiques sous l’angle du droit, en montrant comment à partir de causes telles la souccah et le kirpan, les décisions de la Cour d’appel du Québec ont été contraires à celles de la Cour Suprême parce que l’interprétation du Québec, en ce qui a trait à la liberté religieuse, diffère de celle du Canada. Alors qu’Ottawa a privilégié l’approche subjective où il ne suffit au plaignant que d’affirmer que la souccah ou le kirpan sont nécessaires à l’exercice de sa religion, le Québec considère que la religion relève d’un choix personnel qui entraîne de la part du croyant une responsabilité et que la demande du plaignant doit être considérée comme liée à la doctrine. Ainsi, il ne suffit plus d’affirmer que la souccah est nécessaire à l’exercice de sa religion, mais encore faut-il que cela soit confirmé de façon objective par des rabbins. Me Latour a conclu en disant qu’il existe donc un clivage jurisprudentiel entre le Québec et le Canada reflétant la sensibilité des deux nations, et que la volonté politique d’agir en faveur de la laïcité doit transcender l’opposition fédéraliste/souverainiste.

L’avenir du Québec est en marche pour se doter d’une Charte la laïcité. Ne ratez pas le train de l’histoire. Signez l’appel pour une Charte de la laïcité sur Sisyphe.org et contactez le CCIEL au ccielquebec@yahoo.ca ou www.cciel.ca (en ligne dès la mi-octobre).

Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 septembre 2009

Note de Sisyphe

Les textes des conférences de cette soirée seront bientôt en ligne sur Sisyphe pour téléchargement libre. Visitez ces jours-ci la page d’accueil. Vous pouvez aussi les afficher sur vos sites en y mettant la source ou, si vous préférez, mettre un lien sur votre site dirigé vers le dossier de cette rubrique.



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Louise Mailloux, porte-parole du Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité (CCIEL)



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