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samedi 10 avril 2010 Burqa et niqab - Le Québec montre la voie
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En mai 2005, le Québec a fait preuve de leadership en adoptant à l’unanimité une motion interdisant l’application de la charia dans le système judiciaire de la province. Au moment de proposer cette motion historique devant l’Assemblée nationale, la députée musulmane Fatima Houda-Pépin a déclaré : « L’application de la charia au Canada participe de cette même stratégie qui vise à isoler la communauté musulmane afin de la soumettre à une vision archaïque de l’islam […] une revendication poussée par des groupes minoritaires qui se servent de la Charte des droits pour s’attaquer aux fondements mêmes de nos institutions démocratiques. » Quatre mois plus tard, le premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty, interdisait tous les tribunaux religieux dans sa province, portant un coup fatal aux espoirs des islamistes d’établir une tête de pont pour l’application de la charia en Amérique du Nord. Le Québec vient de faire un autre geste audacieux et courageux pour contrecarrer les incursions des islamistes dans la société québécoise. En vertu d’un projet de loi qui pourrait être adopté sous peu, le Québec refuserait tous les services gouvernementaux, y compris l’éducation et les soins de santé non urgents, aux musulmanes dont le visage serait caché par le niqab ou la burka. Jean Charest, le premier ministre libéral de la province, a déclaré que le projet de loi visait à « tracer la ligne » pour bien montrer que l’égalité des sexes est une valeur primordiale au Québec. En tant que Canadien musulman, j’applaudis à cette mesure et je me réjouis qu’on vienne en aide à tous les Canadiennes musulmanes qui se voyaient astreintes par suite de chantage, d’intimidation ou d’un endoctrinement à porter une tenue vestimentaire qui n’a de place ni dans l’islam, ni au 21e siècle. Des femmes musulmanes, dont mon épouse, mes soeurs, mes filles et des amies, étaient furieuses de voir des islamistes lâches se servir de leurs visages et de leurs têtes comme porte-étendards de l’islamisme. Elles estiment que leur visage n’a jamais été la propriété d’hommes haineux et aigris qui souhaitent enfermer les femmes dans des prisons sombres et mobiles. Si le visage des musulmanes suscite chez eux des pulsions sexuelles, à eux de se fermer les yeux et de s’enfermer dans une prison permanente. Car la burka n’est pas un vêtement comme les autres : c’est un symbole de l’islamo-fascisme et du rejet de l’égalité des sexes si chère à l’Occident. La cruelle vérité est que la burka punit implicitement les femmes, considérées comme source du mal (a’wra), et les condamne à une vie d’isolement à l’abri du regard des hommes. Il importe par ailleurs de comprendre les raisons d’ordre pratique pour lesquelles le Québec a raison d’écouter les musulman-es progressistes et libéraux qui ont demandé l’interdiction de la burka : Les islamistes et leurs apologistes prétendent que la position du Canada sur le niqab devrait se fonder sur des valeurs canadiennes comme l’égalité des citoyen-nes et non sur les valeurs françaises qui privilégient l’assimilation. Voici ce que je leur réponds : les valeurs canadiennes ne sont pas tombées du ciel ; elles s’inspirent des valeurs françaises et britanniques. Du reste, s’il est aussi suspect d’importer des idées de la France, que faut-il penser de ceux qui tentent d’introduire en douce au Canada les valeurs de monarchies et de théocraties tribales ? Quant à nous, nous préférons de loin l’égalité prônée par la France à la misogynie et à la polygamie institutionnalisées de l’Iran et de l’Arabie saoudite. – Tarek Fatah est l’auteur de The Jew is Not My Enemy : Unveiling the Myths that Fuel Muslim Anti-Semitism, à paraître aux éditions McClelland & Stewart en octobre 2010. Il a été président fondateur du Congrès musulman du Canada. Il écrit aussi chronique au journal National Post. © Copyright (c) National Post Traduction en français pour Sisyphe : Marie Savoie. Droits réservés. – Version originale en anglais : Quebec Forges Enlightened Trail on Burkas ou National Post, March 29, 2010. Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 avril 2010 |