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samedi 17 septembre 2011 C’est à Nafissatou Diallo que DSK devrait présenter des excuses !
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Plus personne ne doute aujourd’hui, après avoir lu le rapport du procureur de New York, de ce qui s’est passé en sept minutes dans la suite 2806 du Sofitel. Ce qui diffère ce sont les qualificatifs utilisés pour décrire la chose : « attitude inconvenante », « agression », « viol ». Naturellement judiciairement cela change tout : pour les uns, il ne s’agit que d’un problème privé, pour les autres, d’un simple délit, pour d’autres encore d’un crime. Une certitude, quel que soit le point de vue que l’on défende, la victime, menteuse ou pas, est bien Nafissatou Diallo. Or vers qui DSK, ses avocats, son entourage se tournent-ils pour s’excuser d’une attitude « inconvenante » : vers sa famille « qui a assez souffert », vers ses partisans au PS « qu’on a mis dans l’embarras », vers le personnel du FMI « dont le réputation a pu souffrir » … DSK peut-il un instant imaginer le sentiment de celles et ceux qui ne font pas partie de cet entourage et qui sont soumis quotidiennement à la litanie des petites phrases de ses amis pleines d’hypocrisie et qui voient déjà se profiler un retour triomphal à Sarcelles, sans une pensée pour celle qui, tentant de l’empêcher de concrétiser sa pulsion, a simplement osé lui dire « I don’t want to loose my job » ? Quelques-uns aujourd’hui, sans doute parce qu’ils voient se profiler un vote les concernant directement, commencent à réaliser que l’affaire les a quelque peu plombés et tentent un timide rétropédalage. À Sarcelles, on « réfléchit » à un accueil plus discret, Martine Aubry déclare : « Je pense la même chose que beaucoup de femmes sur l’attitude de DSK vis-à-vis des femmes ». Quant à Arnaud de Montebourg, il réclame des excuses… non à Nafissatou mais aux socialistes et aux « électeurs de toute la gauche ». Est-ce vraiment ce qu’ils attendent de DSK ? Pourra-t-on jamais croire en la sincérité de quelqu’un qui, lorsqu’il est menacé dans sa personne, laisse ses avocats et son entourage achever de détruire sa propre victime ? C’est humain, certes, mais est-ce digne ? Pourra-t-on jamais croire en la sincérité de quelqu’un qui accepterait à son retour en France que, dans sa bonne ville de Sarcelles, on mette les petits plats dans les grands pour l’accueillir en héros d’une injuste violence à l’américaine ? Admettons que celui qui dit vrai dans cette affaire est Michel Rocard (qui, depuis, a présenté ses excuses à DSK « pour ses propos à l’emporte pièce »), lorsqu’il déclare : « Dominique Strauss-Kahn un homme de talent mais il est atteint d’une maladie mentale qui l’empêche de contrôler ses pulsions. » Si tel est bien le cas, DSK est censé aujourd’hui avoir retrouvé sa lucidité. Il serait temps qu’il ose prendre du recul vis-à-vis de son entourage qui ne le sauve pas - lui DSK - mais veut se sauver lui-même, car c’est bien là un aspect fondamental de la question des violences sexuelles ou familiales, elles éclaboussent aussi l’entourage. Et cet entourage a tout intérêt à nier la réalité des faits tout autant que celui qui les a perpétrés. Nombreux au PS ou ailleurs sont ceux qui, comme Jack Lang, disent que leur ami DSK a été victime d’une terrible injustice, enfonçant au passage la femme de chambre du Sofitel, tout en affirmant – ce qui est vrai - qu’ils ont « toujours défendu la cause des femmes, et pesé dans le passé pour que le viol soit criminalisé ». Mais ne se rendent-ils pas compte que c’est là justement le problème des violences dont les femmes sont les victimes : c’est qu’il y a toujours une femme, une sœur, une fille, une mère, des amis qui ont intérêt à défendre davantage l’agresseur que la victime ? C’est ce que, dans tous les autres domaines de la vie sociale. on appelle le « conflit d’intérêt ». À ceux-là, nous leur demandons de se taire. Tout le monde comprendra. À DSK, nous demandons qu’il cesse de se laisser manipuler par son entourage. On nous dit que, dans le fond de sa cellule à NY, il était prêt à parler ? C’est vers Nafissatou Diallo qu’il doit se tourner. Alors seulement on croira à la sincérité des regrets de DSK. Mais c’est sans doute demander l’impossible. Tribune parue dans « Rebonds » de Libération du 2 septembre 2011 et transmis à Sisyphe par l’auteure. Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 septembre 2011 |