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samedi 11 février 2012

L’égalité femmes-hommes au coeur de la définition du développement soutenable
La conférence Rio + 20

par Groupe de contact Genre & développement soutenable






Écrits d'Élaine Audet



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La conférence Rio + 20 est l’occasion d’une redéfinition d’un « développement soutenable » qui réaffirme que les équilibres écologiques, sociaux, économiques ne pourront être atteints que si les droits humains sont respectés, partout dans le monde. Le développement soutenable ne doit pas être réduit à un « capitalisme vert », une « économie verte », une « gouvernance par des experts ».

L’économie est un outil au service du progrès social. L’expertise citoyenne et la démocratie sont indispensables à une bonne gestion des biens communs.

Dans cet objectif, la conférence Rio + 20 doit intégrer un enjeu transversal : le genre. Cette approche vise à prendre en compte l’impact du mode de développement sur les rapports sociaux entre hommes et femmes, actuellement fondés sur des inégalités politiques, économiques, sociales, environnementales, culturelles… et, en retour, l’impact de l’approche intégrée de l’égalité des femmes et des hommes sur l’émergence d’un réel développement soutenable (1).

Pour ce faire, l’approche Genre et développement (GED) a été progressivement élaborée et appropriée à la fois par certaines institutions internationales de développement et par des mouvements et organisations des société civiles, notamment au Sud. Cette contribution à la remise en cause du paradigme du développement classique est présente dans toutes les conférences des Nations unies sur l’environnement et le développement depuis trente ans du côté institutionnel comme du point de vue de la société civile, avec, par exemple, la publication de l’Agenda 21 des femmes pour une planète en bonne santé et en paix, avant la Conférence de Rio. En France, pour le Sommet mondial de Johannesburg, dans le cadre du collectif Joburg 2002, une plate-forme Femmes pour la qualité de la vie, pour une approche féministe du développement durable a été élaborée.

***

Les organisations écologiques et environnementales, les organisations de solidarité internationale et les mouvements sociaux s’accordent sur le constat d’une crise systémique, à la fois financière et économique, écologique, sociale, idéologique, politique. Mais ce constat évacue souvent l’enjeu de l’évolution des rapports sociaux entre femmes et hommes (le « genre ») alors qu’il est au coeur à la fois des crises et des solutions pour les résoudre.

Changer ces relations constitue un pivot stratégique de la transition vers un mode de développement soutenable, qui s’appuie sur une allocation équitable des ressources dans les limites écologiques de la biosphère. Il s’agit de débattre et d’agir sur des réalités individuelles et collectives très concrètes, comme l’exercice et la répartition du temps, de l’espace, de la mobilité, des ressources, des revenus, des processus décisionnels, ce qui revient à organiser et planifier cette transition.

Les politiques publiques qui visent seulement à « intégrer les femmes dans le développement » ne remettent pas en cause la nature de ce développement et instrumentalisent le rôle social et le travail des femmes pour pallier, par exemple, les démantèlements de services collectifs. Ces politiques occultent par exemple le fait que les femmes (et notamment les migrantes) servent souvent de variable d’ajustement sur le marché du travail.

Les femmes subissent les répercussions négatives du mode de développement non soutenable car elles sont obligées de cumuler leurs responsabilités traditionnelles (comme le fait d’assurer les tâches domestiques, le soin aux enfants et aux personnes âgées) avec de nouvelles exigences économiques et sociales tout en affrontant une précarisation croissante (2). Dans les pays pauvres, l’érosion de la biodiversité, la raréfaction des ressources en eau et le manque d’infrastructures d’assainissement, la désertification et les conflits résultants de l’accaparement de terres et du contrôle des semences, les affectent directement, tout comme la régression des services collectifs les surchargent partout dans le monde, en milieu rural et urbain.

En même temps, les femmes sont des actrices spécifiques de par leur
investissement dans l’économie sociale et solidaire, leur préoccupation concernant la santé environnementale, leur apport à une gestion équitable des biens communs, des (bidon)villes et des quartiers. Les mouvements de femmes, y compris des femmes migrantes, proposent d’importantes alternatives, et leur dynamisme et innovation ouvrent la voie de l’innovation sociale et préfigurent des modes de développement plus humains et solidaires.

Les vingt dernières années ont vu l’émergence et le renforcement d’organisations de femmes et de mouvements féministes qui ont contribué à la critique du capitalisme et de son lien avec la structure patriarcale et participent activement aux plaidoyers locaux, nationaux et internationaux, aux mouvements de contestation et de propositions (Forums sociaux, contre-sommets G8-G20 etc.) (3).

Parallèlement, la montée des intégrismes religieux et une compréhension étroite de la notion de « diversité culturelle » (4ème « pilier » du développement durable) sont des freins redoutables et constituent de nouveaux facteurs de régressions et de résistances à l’émancipation humaine.

(...)

Pour un partage égalitaire du pouvoir et de l’accès aux processus décisionnels

Les femmes sont considérées dans le développement durable comme un des groupes majeurs de la société civile et constituent de plus un groupe transversal aux autres groupes majeurs (jeunes, paysans, communauté autochtones etc.). À ce titre leurs organisations sont officiellement présentes dans les négociations internationales sur le développement soutenable (4).

Mais depuis quelques années, la focalisation sur le changement climatique global, lui-même conçu comme un domaine scientifique et technique, tend à en faire un secteur essentiellement masculin. Alors même que les femmes sont à la fois actrices spécifiques dans la prévention et l’atténuation du réchauffement climatique global et sont impactées de façon spécifique par les catastrophes naturelles, elles restent largement absentes des négociations climatiques à haut niveau (5), tout comme, sur le terrain, elles sont oubliées des études d’impact environnementales. Compte-tenu du caractère sexué du pouvoir (une douzaine de cheffes d’Etat ou de gouvernement sur 192 Etats), les femmes sont aussi absentes des autres instances de gouvernance - y compris celles qui sont illégitimes comme le G8/ G20 -, des négociations de paix, des négociations bilatérales pour les accords économiques, etc.

Par ailleurs, la gouvernance mondiale des droits des femmes a récemment évolué, débouchant sur la création de l’ONU-Femmes officialisée en juillet 2010 et résultant de la fusion et de la consolidation de la Division de la promotion de la Femme (DAW), l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), le Bureau de la Conseillère spéciale pour la problématique hommes-femmes (OSAGI) et le Fonds de Développement des Nations unies pour les femmes (UNIFEM). Cette rationalisation répond à la question constante de la nécessaire transversalité des stratégies et des politiques en matière de genre. Il faut qu’elle se traduise par une augmentation très significative des moyens et non une plus forte exigence à moyens réduits. (...)

On peut télécharger le document intégral en PDF :


Ou sur les sites suivants :

Réseau Féministe « Ruptures » et Adéquations.

Notes

1. Le « genre » est ici défini comme « les rôles, les comportements, les activités et les attributions socialement construits, qu’une société donnée considère comme appropriés pour les femmes et les hommes » (Conseil de l’Europe). « L’approche de genre promeut des droits formels et réels égaux pour les femmes et les hommes, l’amélioration de l’accès aux espaces
d’expression et de pouvoir, au capital humain incorporé (santé, éducation) et aux facteurs de production. L’approche genre comprend aussi la prévention et la répression des violences fondées sur le sexe, un partage équitable des ressources et des responsabilités, ainsi qu’un développement humain plus complet et durable pour tous et toutes » (Document d’orientation stratégique Genre et développement », MAEE).
2. Les femmes constituent 70% des 1,2 milliard de personnes vivant avec moins de 1 dollar/jour.
3. Cf. en annexe des positions d’organisations de femmes et féministes. Voir document intégral en PDF.
4. Au niveau du comité d’organisation de Rio + 20 aux- ?— Nations unies, un comité de pilotage des femmes, est composé notamment de : Réseau international sur le genre et l’énergie durable ENERGIA, UICN section genre, GFC Global Forest Coalition, VAM Voices of African Mothers (ACCRA), WEDO Women Environment Development Organisation, WECF Women in Europe for a Common Future, WOCAN Women Organizing for Change in Agriculture and NRM, etc.
5. De 1996 à 2010 (Cancun), on est passé de 20 à 30 % de femmes dans les délégations des pays négociateurs. Les femmes cheffes de délégations forment 12 à 15 %. Quatre événements parallèles sur 250 ont été organisés par les femmes à Copenhague et 6 sur 200 à Cancun (chiffres WEDO).

Groupe de contact Genre & développement soutenable, France

Ce document de position émane du Groupe de contact Genre & développement soutenable, actuellement composé des associations suivantes :

Adéquations, Association Femmes et développement (AFED), Aster-International, ATTAC (commission genre et mondialisation), Coordination Française pour le Lobby européen des Femmes (CLEF), Collectif 13-MMF, EluEs contre les violences faites aux femmes (EVFF), Enda Europe, Fondation pour les Femmes africaines (FFA), Genre en Action, Ligue internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté (LIFP), Marche Mondiale des Femmes
contre les Violences et la Pauvreté-France, Rapsode Production, Réseau Féministe « Ruptures », L’Université Nomade, Université Européenne Populaire, Women in Europe for a Common Future (WECF), et des personnes à titre individuel.

Le Groupe de contact Genre & développement soutenable reste ouvert, ainsi que le document de position, qui continue à évoluer et pourra être complété d’annexes thématiques.

Comité d’animation du Groupe de contact Genre & développement soutenable »

 Yveline Nicolas, Adéquations ; Marie-Dominique de Suremain, Enda Europe ; Solange Goma, Fondation pour les femmes africaines ; Françoise Kiéfé, Marche mondiale des femmes France ; Céline Ostyn, L’Université Nomade ; Monique Dental, Réseau féministe « Ruptures » ; Anne Barre, WECF France

 Contact pour le Collectif français Rio + 20 : Monique Dental, Réseau féministe « Ruptures »
 Contacts pour le Groupe Majeur Femmes auprès des Nations unies : Yveline Nicolas, Adéquations ; Solange Goma et Céline Ostyn, Réseau Universités Nomades
• Coordination de l’élaboration des positions : Yveline Nicolas, Adéquations

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1 février 2012



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Groupe de contact Genre & développement soutenable



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