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lundi 5 novembre 2012

Prostitution - Un tissu de mensonges répandus à souhait

par Rebecca Mott, survivante et écrivaine






Écrits d'Élaine Audet



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Ce texte est dédié à toutes celles et ceux qui veulent croire aux mensonges et aux mythes concernant l’industrie du sexe – alors même que la classe prostituée est décimée.

Ce n’est pas vrai que toutes les femmes et les filles qui sont dans l’industrie du sexe ont été victimes d’inceste ou de maltraitance sexuelle dans l’enfance.

Ce n’est pas vrai que la pauvreté est le seul facteur qui pousse les filles et les femmes dans l’industrie du sexe.

Ce n’est pas vrai que seul un certain genre de fille ou de femme devient prostituée ou entre dans l’industrie de la porno.

Ce n’est pas vrai qu’il existe une grande demande des femmes pour acheter et pour vendre les personnes de la classe prostituée.

Ce n’est pas vrai que seules les femmes et les filles d’une certaine origine ethnique, d’une certaine classe sociale, d’une certaine culture ou d’un pays particulier sont à l’abri de devenir la classe prostituée.

Ce n’est pas vrai que les femmes et les filles prostituées sont nées comme cela ou que c’est juste leur nature.

Ce n’est pas vrai que la prostitution a toujours existé et existera toujours.

Ce n’est pas vrai que c’est du sexe.

Ce n’est pas vrai que c’est du travail.

Ce n’est pas vrai que la classe prostituée possède un seuil de douleur plus élevé.

Ce n’est pas vrai que certains prostitueurs ont à cœur les intérêts des femmes qui sont dans la prostitution ou la pornographie.

Ce n’est pas vrai que des prostitueurs bienveillants signaleront les cas de traite, de prostituées mineures ou les indices d’une extrême violence.

Ce n’est pas vrai que l’on puisse rendre sécuritaire la prostitution pratiquée à l’intérieur.

Ce n’est pas vrai que la création d’un syndicat des travailleurs du sexe sera un remède aux méfaits de la prostitution.

Ce n’est pas vrai que les prostituées propagent des maladies parmi les « vraies » femmes et filles.

Ce n’est pas vrai que l’existence de la classe prostituée empêche le viol de s’étendre à ces « vraies » femmes et filles.

Ce n’est pas vrai que d’être payée en argent ou en nature empêche que ce soit du viol et de la torture sexuelle.

Ce n’est pas vrai que quiconque s’aperçoit des disparitions et décès constants dans la classe prostituée.

Ce n’est pas vrai que n’importe quelle femme ou fille dans l’industrie du sexe désire profondément être traitée comme un bien ou comme un objet pornographique vivant.

Ce n’est pas vrai que la porno est inoffensive en l’absence de preuves de violence envers les femmes et les filles en dehors de l’industrie de la porno.

Ce n’est pas vrai que l’on peut faire du strip-tease ou de la danse poteau des formes d’empowerment.

Ce n’est pas vrai que le travail d’escorte est contrôlé par l’escorte.

Ce n’est pas vrai que l’on peut lire le langage corporel d’un prostitueur et savoir quand et comment il va devenir violent.

Ce n’est pas vrai que les prostitueurs qui ne veulent que parler sont des
hommes bons.

Ce n’est pas vrai que les prostitueurs qui paient pour du sexe le font pour pratiquer des actes sexuels « normaux ».

Ce n’est pas vrai que le fait de ne pas s’en souvenir signifie que les actes étaient sans importance.

Ce n’est pas vrai que les femmes sorties de la prostitution doivent simplement s’en remettre et arrêter de se plaindre.

Ce n’est pas vrai que la distribution de préservatifs et de cafés peut être d’une aide réelle aux personnes prostituées.

Ce n’est pas vrai que la prostitution et la pornographie ne sont que la pointe extrême de la violence des hommes envers les femmes et les enfants.

Ce n’est pas vrai que d’être une prostituée est un acte sacré.

Ce n’est pas vrai que toutes les putes ont un cœur d’or.

Ce n’est pas vrai que les prostituées aiment conseiller les prostitueurs.

Ce n’est pas vrai que ce que visent les femmes et les filles qui sont dans la porno est de devenir proxénète ou productrice de porno.

Ce n’est pas vrai que d’être payée des tonnes d’argent rend légitimes le viol et la torture.

Ce n’est pas vrai que nos corps et nos esprits oublient réellement.

 Version originale : « It is Not True »

Traduit par Martin Dufresne

© Tous droits réservés à Rebecca Mott

Mis en ligne sur Sisyphe, le 24 octobre 2012



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Rebecca Mott, survivante et écrivaine

Je suis une écrivaine britannique, survivante d’abus sexuels dans l’enfance et de la prostitution. Une partie de la maltraitance que m’a infligée mon beau-père durant mon enfance a été la violence psychologique de me faire regarder de la pornographie hyperviolente. Combinées à la violence sexuelle qu’il m’infligeait, ces images me faisaient ressentir que je n’avais d’autre valeur que celle de servir d’objet sexuel à un homme et que le sexe était toujours associé à la violence et à la douleur. À 14 ans, je suis tombée dans la prostitution et elle était extrêmement sadique. Je ne m’en suis pas détournée pas car j’éprouvais trop de haine de moi-même pour y reconnaître de la violence et du viol - j’avais l’impression que c’était tout ce que je méritais. J’ai fait de la prostitution entre l’âge de 14 ans à 27 ans et, la majorité du temps, les hommes qui m’achetaient tenaient à m’infliger des rapports sexuels très sadiques. Je me suis habituée à des viols collectifs, du sexe oral et anal violent, et au fait de devoir jouer des scènes de porno dure - cela devint mon existence. J’ai failli être tuée à plusieurs reprises, et fait beaucoup de tentatives de suicide, mais j’ai survécu. Quand j’ai réussi à quitter le milieu, j’ai effacé durant 10 ans la plupart de mes expériences. Ce n’est qu’après avoir dépassé le souvenir des violences de mon beau-père que j’ai trouvé l’espace mental pour me souvenir. Se souvenir de la prostitution est terrible, et je souffre d’un lourd syndrome de stress post-traumatique (SSPT). J’ai créé mon blog pour explorer mon SSPT à titre de survivante à la prostitution, pour réclamer l’abolition du commerce du sexe et pour faire état des conditions terribles de la prostitution vécue à l’intérieur. J’essaie d’écrire de la prose poétique, mais je crois que mon travail est de nature politique.



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