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jeudi 15 janvier 2015

« Islamophobie » ou « islamistophobie » ?

par Leila Lesbet






Écrits d'Élaine Audet



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L’auteure répond au communiqué du 31 août 2013 du Collectif québécois contre l’islamophobie.

Le Collectif québécois contre l’islamophobie (CQCI) s’offusque de la décision d’annuler les conférences qui devaient être données au Palais des congrès de Montréal, le 7 septembre 2013, afin de propager la parole de ces « fous de Dieu » qui tiennent des discours haineux contre les femmes. En dénonçant l’annulation, le CQCI invoque une atteinte grave à la liberté d’expression, profitant de l’occasion pour écorcher la société d’accueil en oubliant sciemment que ce sont des musulman-e-s tout autant que des Québécois-e-s de souche qui se sont opposé-e-s à la venue de ces prédicateurs d’un autre âge.

Le communiqué émis par le CQCI mérite de nombreuses rectifications. Pour faire suite à leurs propos, voici les réponses d’une citoyenne québécoise d’origine algérienne qui fait partie d’un « groupe ethnique et religieux minoritaire » et pour qui il est important de distinguer « islamophobie » et « islamistophobie ». (1) Remarquons d’ailleurs que le collectif ne dénonce pas l’idéologie que véhiculent les conférenciers. Au contraire, il légitime l’organisation de cette conférence tout en présentant le mouvement d’opposition à ce congrès comme une menace visant les droits de toutes les communautés religieuses et ethniques.

CQCI - « Annulation des conférences d’Indépendance 2013 :
Position du Collectif québécois contre l’islamophobie » (2)

« Samedi, 31 août 2013, le comité de direction de la Société du Palais des congrès a invoqué des « raisons de sécurité » afin d’annuler l’évènement d’Indépendance 2013.

En effet, selon plusieurs médias de masse ainsi que les porte-parole des forces de l’ordre (SPVM entre autres), plusieurs manifestations de lobbies divers, de groupes de nationalistes et d’extrême-droite étaient prévues « pour protester contre la présence de prédicateurs islamistes français controversés à cette conférence ».

1. « Au Collectif québécois contre l’islamophobie, nous nous opposons à l’annulation de l’évènement « Entre Ciel et Terre » (Indépendance 2013) et nous respectons le droit de tout Québécois à tenir ce genre de conférences tel que cela est stipulé dans les chartes canadiennes et québécoises de droits et libertés. »

Leila Lesbet - Le Collectif contre l’islamophobie ne confond-il pas la « liberté d’expression », telle que stipulée dans les chartes canadienne et québécoise des droits et libertés, avec la propagation de discours haineux contre les femmes ? Ou bien ce collectif considère-t-il comme acte islamophobe toute critique adressée à un discours qui se réclamerait de l’Islam ? Dès lors, doit-on comprendre que le Collectif se place du côté de ceux qui considèrent que tout le monde a droit à la libre parole, ceux qui prônent la paix et le respect comme ceux qui prêchent la haine et la violence ? Suivant cette logique - au nom de la liberté d’expression - faudrait-il accorder aux pédophiles, phallocrates, sexistes, homophobes et/ou autres racistes et fascistes de tous poils, le droit d’étaler ouvertement et en toute impunité leurs vices ou leurs idées rétrogrades ?

Le Québec devrait-il revivre, sous prétexte de liberté d’expression, ce qui s’est passé à Londres dans les années 90, lorsque des prédicateurs fous lançaient, en plein Hyde Park, des fatwas appelant au viol des femmes et aux assassinats de démocrates et laïcs en Algérie ? Si on avait simplement appliqué la loi pour les empêcher de lancer leurs appels aux meurtres, peut-être que certains des grands intellectuels, créateurs et commis de l’État seraient encore vivants à travailler au progrès social en Algérie.

2. CQCI - « Nous estimons que cette annulation est un précédent très dangereux pour les droits et libertés au Québec et au Canada, plus particulièrement ceux des minorités religieuses et ethniques. »

Leila Lesbet - Je fais partie d’un groupe ethnique et religieux minoritaire, pourtant je ne sens pas du tout que ma liberté et mes droits soient menacés. Car avant de faire partie d’une minorité, je suis d’abord une citoyenne respectueuse de toutes les croyances religieuses, et en particulier de l’Islam de nos parents dont le message interdit ce genre de manifestation haineuse. Je suis aussi respectueuse des valeurs de la société d’accueil car, sur le fond, elles ne diffèrent pas de celles que mes parents m’ont inculquées, inspirées d’un islam de tolérance et d’amour, loin des discours haineux et misogynes.

3. CQCI - « Nous estimons que les manifestations contre les activités communautaires des minorités ethniques et religieuses ne sont pas appropriées pour la paix sociale au Québec. Et même si nous respectons le droit de manifester, nous dénonçons cette nouvelle forme d’oppression de la majorité de souche contre les minorités. »

Leila Lesbet - Comment ose-t-on qualifier ce genre de manifestations d’activités communautaires des minorités ethniques et religieuses ? Et surtout comment ose-t-on qualifier leur interdiction de menace à la paix sociale ? Est-ce cela l’objectif du collectif contre l’islamophobie ? Car comment ose-t-on parler de majorité de souche qui s’inscrirait contre une minorité, alors qu’il s’agit d’une majorité (toutes origines confondues) pacifique contre une minorité guerrière. Le collectif semble ignorer (délibérément ?) que ce sont des musulmans néo-québécois qui ont été les premiers à manifester leur opposition à de telles conférences.

Vous parlez de cette majorité de souche que vous accusez à répétition d’être islamophobe, mais je ne me souviens pas avoir entendu cette majorité manifester contre la venue de Tariq Ramadan, plus célèbre ici au Québec, que dans son propre pays d’adoption, la Suisse. Faites la liste de tous les leaders islamistes qui viennent régulièrement au Québec animer des conférences et qui n’ont jamais été inquiétés. De quelle islamophobie parlez-vous donc ?

4. CQCI - « Nous mettons en garde la communauté musulmane contre l’exploitation des clivages internes (« musulmans modérés » vs les « Autres », « musulmans non intégrés », « intégristes », « radicaux ») par certains partis politiques et par les assimilationnistes dont le projet est d’assimiler les minorités ethniques aux valeurs et à la culture de la majorité. »

Leila Lesbet - En toute sincérité, je me serais plutôt attendu à ce que votre collectif, soucieux de l’intégration des minorités musulmanes, soit aux avant-postes pour mettre en garde ceux et celles qui sont à l’origine de cette manifestation qui offre des tribunes d’expression, non pas à des hommes de religion porteur d’un discours de fraternité et d’égalité humaines, mais à des activistes bornés et extrémistes qui pervertissent le message de l’Islam et portent un terrible préjudice à son image tant auprès des autres communautés qu’auprès de notre propre jeunesse.

Ce que vous qualifiez de « clivages internes » n’est malheureusement que le résultat des dérives du discours islamiste et des agissements de ses partisans. C’est d’abord l’islamisme qui a disloqué notre unité et qui continue d’alimenter le fleuve de sang et de larmes qui est en train de détruire, partout dans le monde, le magnifique héritage spirituel et matériel de nos sociétés musulmanes ainsi que les fondements de leur coexistence pacifique avec les autres.

Insinuer, dans le Québec d’aujourd’hui, que les partisans et partisanes de la laïcité visent l’assimilation de toutes les minorités ethniques et religieuses et leur dissolution dans la culture majoritaire, relève soit de la mauvaise foi, soit d’un trouble paranoïaque. Semer la confusion dans le débat permet de brouiller les lignes de démarcation et d’éviter ainsi l’isolement des groupes religieux extrémistes.

Cela me rappelle étrangement une certaine terminologie aux implications dramatiques ... Souvenons-nous de certains mots-matraques - comme ’’éperviers du néo-colonialisme’’ - employés abondamment par la propagande islamiste en Algérie, et dont la fonction était de légitimer par anticipation les crimes et actes de violence commis par la suite. Les accusations répétées d’islamophobie feraient-elles partie de ces techniques pour bâillonner la critique et la libre expression ? Utiliser ce procédé au lieu de dénoncer clairement l’intégrisme n’alimente-t-il pas l’islamophobie ?

En conclusion, il serait utile de préciser publiquement quel est l’ISLAM que défend le Collectif québécois contre l’islamophobie ? Surtout ne répondez pas qu’il n’y a qu’un seul Islam ! Vous savez, comme moi, que c’est une rhétorique fausse. Je suis comme beaucoup de Québécois et de Québécoises de culture et de religion musulmane qui récusent toutes les formes de propagande islamiste. Je suis « islamistophobe » et je l’assume.

Notes

1. Islamistophobie : néologisme visant à nommer la peur légitime qu’inspirent l’islam politique et les islamistes qui le véhiculent.
2. 31 août 2013.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 4 septembre 2013



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Leila Lesbet



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  • « Islamophobie » ou « islamistophobie » ?
    (1/2) 6 septembre 2013 , par

  • « Islamophobie » ou « islamistophobie » ?
    (2/2) 6 septembre 2013 , par





  • « Islamophobie » ou « islamistophobie » ?
    6 septembre 2013 , par   [retour au début des forums]

    J’ai oublié d’ajouter que le Cour suprême du Canada a statué que la propagande haineuse n’était pas protégé par la Charte canadienne des droits et liberté et qu’il était légal de restreindre la diffusion de matériel haineux :

    La propagande haineuse n’est pas une forme d’expression protégée par la Charte canadienne des droits et libertés :

    http://www.faitsetcauses.com/2013/02/28/la-propagande-haineuse-nest-pas-une-forme-dexpression-protegee-par-la-charte-canadienne-des-droits-et-libertes/

    « Islamophobie » ou « islamistophobie » ?
    6 septembre 2013 , par   [retour au début des forums]

    J’aimerais apporter un bémol concernant les extrémistes qui "pervertissent le message de l’Islam".

    Il est vrai que certaines des règles misogynes que prônent ces derniers, comme l’obligation pour les femmes de porter un voile cachant les cheveux ainsi qu’une tenue cachant couvrant presque tout le corps, résulte d’une interprétation erronée du Coran.

    Cependant, on ne peut pas faire comme si l’islam n’avait rien à voir avec la misogynie des islamistes. Des règles et des propos sexistes, les textes fondamentaux de l’islam n’en manquent pas.

    Pensons simplement à la règle qui veut que la témoignage d’une femme vaut la moitié de celui d’un homme (sourate 2, verset 282) ou qui veut qu’elle n’ait droit qu’à la moitié de la part d’héritage de ses frères (4.11).

    Pensons aux versets autorisant implicitement un musulman à avoir des rapports sexuels avec ses esclaves (4.3, 23.6, 33.52), des captives de guerre (4.24, 33.50) et même des épouses impubères (65.4), à celui qui l’autorise à corriger une épouse désobéissante (4.34) ou à enfermer à vie une femme coupable de fornication (4.15).

    En outre, le Coran n’est pas le seul texte sacré de l’islam, il y aussi la Sira (la biographie de Muhammad) et les hadiths (actes et paroles de Muhammad), qui servent souvent à préciser un verset et qui ont la même importance que le Coran chez les sunnites (le courant majoritaire auquel appartiennent 90% des musulmans).

    Même en ne s’en tenant qu’aux hadiths considérés comme authentiques, il y a de nombreux hadiths misogynes, comme ceux qui interdisent à une femme de voyager plus de trois jours sans être accompagné de son tuteur ou un "mahram" (c’est dire un homme qu’elle n’a pas le droit d’épouser) ou celui disant que les femmes forment la majorité des habitants de l’enfer à cause de la faiblesse de leur intelligence et de leur piété. Il y a aussi plusieurs hadiths qui entretiennent le mythe que les menstruations sont une souillure.

    Tant que les musulmans et les musulmanes n’oseront pas remettre en question la perfection du Coran et des hadiths, les islamistes pourront continuer à répandre leur misogynie sans crainte.


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