| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






dimanche 25 mars 2007


L’aventure des femmes - XXe XXIe siècle
Florence Montreynaud fait oeuvre d’amour et de mémoire

par Élaine Audet






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Manifeste du Front Féministe
Confondre le sexe biologique et le genre nuit aux droits des femmes
L’intersectionnalité : Les invectives grotesques et les procès d’intention !
Les mille et une façons de tuer une femme
Pour un féminisme universaliste
Fées cherchent Île Oasis
L’universalisme est inhérent au féminisme
Contre le racisme des bons sentiments qui livrent les femmes au patriarcat oriental
Les filles, ne baissez pas les bras !
La Ville de Québec a dévoilé quatre plaques commémoratives en hommage à des femmes ayant marqué son histoire
Qu’est-ce qu’une femme ?
La sororité est-elle possible ?
L’intersectionnalité dévoyée : le cheval de Troie des islamistes
Le système patriarcal à la base des inégalités entre les sexes
#8mars - Les "étincelles" de Sophie Grégoire Trudeau
Désolée, vous n’êtes pas égales
Élaine Audet et Micheline Carrier, récipiendaires du Prix PDF QUÉBEC 2016
Vous avez dit "mauvais genre" ?
Lorraine Pagé trace un tableau de la situation des femmes dans le monde
Sexisme politique, sexe social
Révolution féministe : site féministe universaliste et laïc
Il faut abolir les prisons pour femmes
Le féminisme islamique est-il un pseudo-féminisme ?
Pour un féminisme pluriel
Cachez-moi ce vilain féminisme
Féminisme - Le Groupe des treize veut rencontrer la ministre à la Condition féminine Lise Thériault
Combattre le patriarcat pour la dignité des femmes et le salut du monde
Martine Desjardins parle du Sommet des femmes à Montréal
Banaliser la misogynie, c’est dangereux
Féminisme - Faut-il faire le jeu du "Diviser pour régner" ?
Je suis blanche et vous me le reprochez !
La pensée binaire du féminisme intersectionnel ne peut que mener à l’incohérence
Lutter contre la pauvreté des femmes et la violence des hommes envers elles
"Du pain et des roses" - Le 26 mai 1995, une grande aventure débutait
Portrait des Québécoises en 2015 - L’égalité ? Mon œil !
Je plaide pour un féminisme qui n’essaie pas de s’édulcorer
La Maison de Marthe, première récipiendaire du Prix PDF Québec
Ensemble, réussir la 4ième Marche Mondiale des Femmes ! Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous resterons en marche !
Des "Déchaînées" aux genoux du patriarcat !
L’intervention féministe intersectionnelle – Troquer un idéal pour une idéologie trompeuse ?
Ce que révèle l’alliance de certains musulmans avec la droite réactionnaire
Au cœur de la division du mouvement féministe québécois : deux visions
Désaccord sur le virage de la Fédération des femmes du Québec
Féminisme islamique - Quand la confusion politique ne profite pas au féminisme
États généraux du féminisme - Des sujets importants écartés : "De qui ou de quoi avons-nous peur ?"
PDF Québec est lancé ! - Une voix pour les droits des femmes
États généraux et FFQ - Un féminisme accusateur source de dissension
Ignorer et défendre la domination masculine : le piège de l’intersectionnalité
Comment les hommes peuvent appuyer le féminisme
Le féminisme contemporain dans la culture porno : ni le playboy de papa, ni le féminisme de maman
Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité
Les micro-identités et le "libre choix" érigé en système menacent les luttes féministes
La misogynie n’a pas sa place dans le féminisme
L’écriture équitable - La féminisation des textes est un acte politique
Réfutation de mensonges au sujet d’Andrea Dworkin
Une éducation féministe donne de meilleurs fils
"Rien n’a encore pu me détruire" : entretien avec Catharine A. MacKinnon
France - La mainmise des hommes sur le monde de la radio
États généraux sur le féminisme au Québec/FFQ - Des exclusions fondées sur des motifs idéologiques et des faussetés
Le mouvement des « droits des hommes », la CAFE et l’Université de Toronto
Mensonges patriarcaux - Le mouvement des « droits des hommes » et sa misogynie sur nos campus
Féministes, gare à la dépolitisation ! Les féminismes individualiste et postmoderne
"Les femmes de droite", une oeuvre magistrale d’Andrea Dworkin
"Je suis libre", une incantation magique censée nous libérer des structures oppressives
Trans, queers et libéraux font annuler une conférence féministe radicale à Londres
« Le féminisme ou la mort »
"Des paradis vraiment bizarres" - "Reflets dans un œil d’homme ", un essai de Nancy Huston
Quand les stéréotypes contrôlent nos sens
"Agentivité sexuelle" et appropriation des stratégies sexistes
Cessons de dire que les jeunes femmes ne s’identifient pas au féminisme !
Un grand moment de féminisme en milieu universitaire
Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine
Résistance au sexe en contexte hétérosexuel
La CHI - Un humour dégradant et complice de l’injustice sociale
"Heartbreak", une autobiographie d’Andrea Dworkin
Hockey, suicide et construction sociale de la masculinité
Polémique sur l’enseignement du genre dans les manuels scolaires en France
Le "Gender" à l’américaine - Un verbiage qui noie la réalité du pouvoir patriarcal
2011-2015 - Un plan d’action pour un Québec égalitaire
NousFemmes.org
L’égalité inachevée
Journée internationale des femmes 2011 - Briser le silence sur toutes les formes de sexisme
En France et ailleurs, 2010, une mauvaise année pour les femmes
Ce qu’est le féminisme radical
Polygamie - Le Comité de réflexion sur la situation des femmes immigrées et “racisées” appuie l’avis du CSF
Il y a trois ans, mon cher Léo...
La Fédération des femmes du Québec représente-t-elle toutes les femmes ?
Tout est rentable dans le corps des femmes... pour ceux qui l’exploitent
Incessante tyrannie
Comment le patriarcat et le capitalisme renforcent-ils conjointement l’oppression des femmes ?
Égalité ou différence ? Le féminisme face à ses divisions
Le "gender gap" dans les Technologies de l’information et de la communication
La Marche mondiale des femmes dix ans plus tard
Azilda Marchand : une Québécoise qui fut de tous les combats pour les femmes !
Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis ?
Prostitution et voile intégral – Sisyphe censuré par le réseau féministe NetFemmes
Regard sur l’égalité entre les femmes et les hommes : où en sommes-nous au Québec ?
Féminisme en ménopause ?
Ce n’est pas la France des NOBELS !
Écarter d’excellentes candidates en médecine ? Inadmissible !
Trois mousquetaires au féminin : Susan B. Anthony, Elizabeth Cady Stanton et Matilda Joslyn Gage
La question des privilèges - Le réalisateur Patric Jean répond à des critiques
Lettre à Patric Jean, réalisateur de "La domination masculine", et à bien d’autres...
Une grande féministe, Laurette Chrétien-Sloan, décédée en décembre 2009
Le travail, tant qu’il nous plaira !
Comme une odeur de misogynie
La patineuse
Invasion du sexisme dans un lycée public
Magazines, anorgasmie et autres dysfonctions
"Toutes et tous ensemble pour les droits des femmes !"
Cent ans d’antiféminisme
MLF : "Antoinette Fouque a un petit côté sectaire"
Des femmes : Une histoire du MLF de 1968 à 2008
Qui est déconnectée ? Réponse à Nathalie Collard
Manifeste du rassemblement pancanadien des jeunes féministes
Pour une Charte des droits des femmes
Andy Srougi perd sa poursuite en diffamation
La lesbienne dans Le Deuxième Sexe
Le livre noir de la condition des femmes
La percée de la mouvance masculiniste en Occident
Procès du féminisme
Humanisme, pédocriminalité et résistance masculiniste
Une critique des pages sur le viol du livre "Le Plaisir de tuer"
Mise au point sur la suspension d’un article critiquant le livre du Dr Michel Dubec
Pour éviter de se noyer dans la (troisième) vague : réflexions sur l’histoire et l’actualité du féminisme radical
L’égalité des femmes au Québec, loin de la coupe aux lèvres !
Je suis féministe !
Écoféminisme et économie
Poursuite contre Barbara Legault et la revue "À Bâbord !" - Mise à jour
Biographie de Léo Thiers-Vidal
Vivement le temps de prendre son temps !
Séances d’information pour le projet d’une Politique d’égalité à la Ville de Montréal
Magazines pour filles, changement de ton !
Un 30e anniversaire de la JIF sous la fronde conservatrice
L’égalité des femmes au Québec est-elle plus qu’une façade ?
Colloque sur Antigone
Prostitution et trafic sexuel - Dossier principal sur Sisyphe.org
Golf : "Gentlemen only, ladies forbidden" ?
Méchant ressac ou KIA raison ?
Dégénération de "Mes aïeux", un engouement questionnant
Les « Gender Studies », un gruyère confortable pour les universitaires
Réflexions "scientifiques" du haut du Mont Grey Lock
Madame, s’il vous plaît !
Annie Leclerc, philosophe
Des arguments de poids...
Pour hommes seulement
Andrea Dworkin ne croit pas que tout rapport sexuel hétéro est un viol
Peau d’Âme ou Beautés désespérées ?
Réflexions et questionnement d’une féministe en mutation
Mais pourquoi est-elle si méchante ?
Le concours « Les Jeudis Seins » s’inscrit dans le phénomène de l’hypersexualisation sociale
Aux femmes qui demandent - sans plus y croire - justice. Qu’elles vivent !
Jeux olympiques 2006 : félicitations, les filles !
7e Grève mondiale des femmes - Le Venezuela donne l’exemple
Évolution des droits des Québécoises et parcours d’une militante
2005, l’année de l’homme au Québec
Mes "problèmes de sexe" chez le garagiste !
Brèves considérations autour des représentations contemporaines du corps
OUI à la décriminalisation des personnes prostituées, NON à la décriminalisation de la prostitution
"Femmes, le pouvoir impossible", un livre de Marie-Joseph Bertini
L’AFEAS veut la représentation égalitaire à l’Assemblée nationale du Québec
Elles sont jeunes... eux pas
Dis-moi, « le genre », ça veut dire quoi ?
Quand donc les hommes ont-ils renoncé à la parole ?
Déconstruction du discours masculiniste sur la violence
Les hommes vont mal. Ah bon ?
La face visible d’un nouveau patriarcat
Quelle alternative au patriarcat ?
Le projet de loi du gouvernement Raffarin "relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste et homophobe" est indéfendable
L’influence des groupes de pères séparés sur le droit de la famille en Australie
Victoires incomplètes, avenir incertain : les enjeux du féminisme québécois
Retrouver l’élan du féminisme
Le droit d’éliminer les filles dans l’oeuf ?
Des nouvelles des masculinistes
Masculinisme et système de justice : du pleurnichage à l’intimidation
Nouvelle donne féministe : de la résistance à la conquête
Les masculinistes : s’ouvrir à leurs réalités et répondre à leurs besoins
Nouvelles Questions féministes : "À contresens de l’égalité"
S’assumer pour surmonter sa propre violence
Sisyphe, que de rochers il faudra encore rouler !
Coupables...et fières de l’être !
Un rapport de Condition féminine Canada démasque un discours qui nie les inégalités de genre
De la masculinité à l’anti-masculinisme : penser les rapports sociaux de sexe à partir d’une position sociale oppressive
Les courants de pensée féministe
Quelques commentaires sur la domination patriarcale
Chroniques plurielles des luttes féministes au Québec
Qu’il est difficile de partir !
Deux cents participantes au premier rassemblement québécois des jeunes féministes
Le féminisme : comprendre, agir, changer
Le féminisme, une fausse route ? Une lutte secondaire ?
À l’ombre du Vaaag : retour sur le Point G
L’identité masculine ne se construit pas contre l’autre
Les hommes et le féminisme : intégrer la pensée féministe
La misère au masculin
Le Nobel de la paix 2003 à la juriste iranienne Shirin Ebadi
Hommes en désarroi et déroutes de la raison
Le « complot » féministe
Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre
Masculinisme et suicide chez les hommes
Le féminisme, chèvre émissaire !
L’autonomie de la FFQ, véritable enjeu de l’élection à la présidence
Les défis du féminisme d’aujourd’hui
Les arguments du discours masculiniste
Nouvelle présidente à la FFQ : changement de cap ?
La stratégie masculiniste, une offensive contre le féminisme
Le discours masculiniste dans les forums de discussion







L’historienne Florence Montreynaud vient de faire paraître une nouvelle version de la populaire encyclopédie Le XXe siècle des femmes. L’aventure des femmes (1) offre une forme plus synthétique et mise à jour de cet indispensable ouvrage de référence qui pose un regard féministe sur l’histoire des femmes dans le monde, de 1900 à 2006. Deux pages d’introduction précèdent chaque décennie pendant qu’une page est consacrée à chaque année, suivie de brèves rubriques intitulées : Pionnières, Monde, France, Culture, Guerre, Carnet. Le livre est magnifiquement illustré de photos de presse et d’archives, possède un index de 3000 noms et mots, ainsi qu’une bibliographie commentée. Cinq grands thèmes s’imposent au fil des années, soit la lutte pour l’instruction, l’égalité des droits, le libre choix de procréer, la fin de la violence et de la discrimination, la pleine participation des femmes à tous les domaines de la recherche et de la création.

L’instruction

Peut-on s’imaginer qu’il n’y a pas si longtemps, on interdisait aux femmes d’apprendre à lire et à écrire, considérant à juste titre que l’instruction des filles constituait un facteur d’émancipation. Il faudra attendre jusqu’en 1880 pour que la France crée un enseignement secondaire pour les femmes et en 1924 pour que le gouvernement français les autorise à préparer le baccalauréat dans les mêmes conditions que les garçons. Beaucoup de femmes seront attirées par l’enseignement, mais la plupart deviendront institutrices, choisiront le célibat ou y seront poussées, leur diplôme les rendant, aux yeux de beaucoup d’hommes, "exigeantes et orgueilleuses".

Il faudra du temps pour que les premières femmes entrent à l’université. On mesure tout le chemin parcouru et la détermination qu’il a fallu pour accéder à chacune de ces chasses-gardées masculines. Au XXe siècle, remarque Montreynaud, "si les femmes ont fait preuve de leurs capacités, les préjugés de sexe influent toujours sur leurs choix en matière d’études et de professions."

L’égalité des droits

En Grande-Bretagne et en France, les féministes réclament le droit de vote. Les Britanniques auront gain de cause en 1928. En France, les femmes devront attendre 1945 pour qu’on leur reconnaisse ce droit. Le nom d’Hubertine Auclerc reste associé à cette lutte malheureusement affaiblie pendant des années par les divergences stratégiques internes. Les Françaises représentent 53% du corps électoral et, depuis 1986, votent davantage à gauche que les hommes. En dépit de la loi sur la parité en 2000, on ne comptait que 12% de députées en 2002.

En 1910, Clara Zetkin et l’Internationale des femmes socialistes proclament le 8 mars "Journée internationale des femmes". Pendant les années dix, "belle époque du féminisme", les femmes réclament les droits, les responsabilités et les moyens pour accéder à la pleine autonomie (éducation, formation professionnelle, droits civils et politiques). Au Québec, ce ne sera qu’en 1964 que Claire Kirkland-Casgrain fera adopter une loi mettant fin à l’inaptitude juridique des femmes, un an avant la France.

Pendant la guerre, l’ouverture du marché du travail aux femmes devient nécessaire. En 1916, diverses associations se mettent en place pour lutter contre l’exploitation du travail des femmes confinées aux bas salaires, au manque de qualification et ne disposant d’aucune structure d’accueil pour les enfants. Les années 20 voient le retour des politiques natalistes pour remplacer les 1,4 millions d’hommes qui ont péri durant la guerre. On cherche à retourner les femmes à la maison.

Dans les années trente, ravagées par le chômage et la misère, on les considère comme des "voleuses d’emploi". Seul le passage à une économie de guerre ramène l’embauche massive des femmes. Impossible pour les hommes de contrôler complètement les femmes quand elles acquièrent l’autonomie financière, d’où le recours à diverses formes de violence et de discrimination pour perpétuer les valeurs patriarcales et l’enfermement des femmes dans leur destin biologique. Aujourd’hui, l’équité salariale n’est toujours pas atteinte, les femmes étant partout moins payées que les hommes. Le "plafond de verre" empêche encore les femmes d’accéder aux postes de direction. En Europe, seulement 10% sont membres des conseils d’administration et 3% pdg des grandes entreprises pendant que 80% des "travailleurs pauvres" sont des femmes. Tant que la conciliation famille-travail et la parité politique, professionnelle, domestique ne seront pas atteintes, on ne pourra parler d’égalité.

Le libre choix de procréer

"Un enfant doit être désiré", proclament les militantes pour le planning familial. En France, la contraception est réprimée et l’avortement considéré un "crime contre l’État" et même "contre la race". Il est donc passible de la peine de mort. Le nombre de condamnations est de plus de 3 500 femmes par année, mais ce chiffre reste dérisoire par rapport à la masse des femmes qui ont recours à des avortements clandestins, malgré tous les risques que cela implique. La dernière Française guillotinée est Marie-Louise Giraud, condamnée en 1943 pour avoir pratiqué des avortements durant l’Occupation, et dont Claude Chabrol s’est inspirée pour son film "Une affaire de femmes".

Dans les années soixante, la lutte des féministes pour dissocier la sexualité de la procréation provoque, avec l’invention de la pilule, une véritable révolution pour les femmes. "Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, se réjouit Florence Montreynaud, des femmes peuvent choisir leur vie". Désormais, les enfants sont désirés et non "imposés par la fatalité biologique" dans laquelle on a voulu enfermer à jamais les femmes. En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception en France, mais il faudra attendre 1975 pour que Simone Veil, ministre de la Santé, dispense les mineures de l’autorisation parentale pour obtenir la pilule et autorise le remboursement des contraceptifs par la sécurité sociale. Pour Montreynaud, Simone Veil est "la plus importante femme politique française" pour avoir promulgué en 1975 une loi reconnaissant aux femmes le droit à l’interruption volontaire de la grossesse (IVG). Au Canada, en 1989, Chantal Daigle résiste à son compagnon qui veut l’obliger à mener sa grossesse à terme. Déterminée et appuyée par l’ensemble du mouvement féministe, elle gagne sa cause.

La fin de la violence et de la discrimination

La lutte contre la violence sexiste constitue une priorité, depuis les années 70, pour le mouvement des femmes à travers le monde. Elle est incarnée par le massacre de l’École polytechnique de l’Université de Montréal, le 6 décembre 1989, où un homme sépare les hommes des femmes et abat quatorze étudiantes aux cris de "je hais les féministes". Montreynaud retient cet événement comme le plus marquant de cette année-là. Bien qu’il s’agisse clairement du premier crime collectif ouvertement misogyne, les médias en parlent comme d’un "acte de folie" perpétré par un "tireur fou". Par contre, on aurait immédiatement conclu à un crime racisme si le tueur avait séparé les Blancs des Noirs et ciblé ces derniers en leur criant sa haine.

Chaque année une centaine de femmes meurent au Québec ou en France simplement parce qu’elles sont nées femmes. Cette violence continue à être niée, qu’il s’agisse de la violence conjugale, sur laquelle la mort tragique de l’actrice Marie Trintignant a attirée l’attention, qui frappe un couple sur dix et représente la première cause de mort et d’invalidité des femmes âgées de quinze à quarante ans. Qu’il s’agisse du système prostitutionnel et de la traite à des fins de prostitution dont sont victimes des milliers de femmes et d’enfants à travers le monde même si, comme le déclare Margaretha Winberg, ministre suédoise de l’Égalité des sexes :"Traiter une personne comme une marchandise, fût-ce avec son consentement, est un crime".

Ou qu’il s’agisse de toutes les formes de machisme que les Chiennes de garde, fondées en 1999 par Florence Montreynaud, dénoncent et combattent : pornographie, publicité sexiste, excision, exploitation des femmes dans les pays pauvres, etc. Ou encore qu’il s’agisse de viol individuel, dont on ne compte plus les victimes à chaque minute, même si certains pays ont passé des lois pour en faire un crime, ou du viol collectif comme arme de guerre, condamné en 1993 comme crime contre l’humanité par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ou qu’il s’agisse de crimes contre les femmes en vertu du fondamentalisme religieux qui exige la condamnation à mort des victimes de viol ou la lapidation des femmes accusées d’adultère. Ou encore qu’il s’agisse des masculinistes qui rendent les féministes responsables de tous leurs maux. Partout des hommes, au nom de leurs plaisirs, de leurs profits, de leur soif de pouvoir, cherchent à garder leur emprise sur les femmes par la violence ou la discrimination systémique et systématique.

La pleine participation des femmes à tous les domaines de la recherche et de la création

Le sombre tableau des luttes contre le sexisme et la misogynie ne saurait faire oublier les conquêtes des femmes dans les domaines littéraire, artistique et scientifique. Florence Montreynaud nous offre de magnifiques portraits de femmes phares telles que, parmi beaucoup d’autres, Marguerite Durand, créatrice en 1897 de La Fronde, quotidien entièrement dirigé, administré, rédigé par des femmes qui paraîtra pendant six ans, Marie Curie, deux fois récipiendaire du prix Nobel, Colette qui, en 1923, décide de signer ses livres de son propre nom même si son mari avait réussi à la convaincre qu’ils ne seraient jamais lus s’il cessait de s’en attribuer la paternité, Virginia Woolf auteure d’Une chambre à soi qui invite les femmes à se réapproprier leur propre vie et qui continue à les inspirer aujourd’hui, la danseuse Pina Bausch pour qui "les rapports hommes-femmes, l’incommunicabilité, l’amour sont les lignes de force où domine le thème de la révolte féminine", des artistes Sonia Delaunay, Camille Claudel, Tamara de Lempicka, Georgia O’Keefe, Judy Chicago, dont les oeuvres sont reconnues internationalement, de la chanteuse Édith Piaf dont la voix bouleversante continue à émouvoir, des cinéastes Agnès Varda et Coline Serreau dont Trois hommes et un couffin est "le film de femme" le plus vu de toute l’histoire du cinéma.

L’auteure de L’aventure des femmes ne manque pas de saluer la contribution sociale et littéraire des Québécoises, notamment les prix remportés en France par Gabrielle Roy, Marie-Claire Blais, Anne Hébert, Antonine Maillet ou la parution, en 1976, du premier grand livre féministe au Québec, L’Euguélionne, de Louky Bersianik. Florence Montreynaud n’oublie pas non plus de souligner le rôle important des lesbiennes dans l’avancement des femmes dans tous les domaines de la vie publique, avec 27 mentions.

Ce beau livre au contenu si riche se termine sur une note d’espoir avec la Marche des femmes de l’an 2000 qui, organisée par la Fédération des femmes du Québec, a réussi le 8 mars 2000 à mobiliser 4500 groupes de femmes, dans 157 pays des cinq continents, contre la pauvreté et les violences faites aux femmes. Depuis le 17 octobre 2000 où elles ont déposé à l’Organisation des Nations Unies à New- York dix-sept revendications signées par des millions de personnes, les militantes sans cesse plus nombreuses de la Marche mondiale des femmes ont participé à la création du Forum social mondial et, le 17 octobre 2005, assemblé la courtepointe de la solidarité mondiale au cours d’un relais à travers 50 pays du monde et, devant l’Assemblée nationale du Québec, lu la Charte mondiale pour l’humanité qui propose de construire un monde d’égalité, de liberté, de solidarité, de justice et de paix.

Merci à Florence Montreynaud d’avoir tracé patiemment ce portrait monumental de l’aventure des femmes pendant les 106 dernières années et à faire en sorte, par cette oeuvre d’amour et de mémoire, que les générations futures n’aient plus l’impression de recommencer à zéro, comme ce fut si souvent le cas dans le passé. Un cadeau approprié pour le 8 mars que je vous souhaite à toutes joyeux, ardent et solidaire.

Note

1. Florence Montreynaud, L’aventure des femmes, XXe siècle - XXe siècle, Paris, Nathan, 2006.

* J’ai une réserve sur le choix de la photo exubérante d’Audrey Hepburn en page couverture qui devient rapidement exaspérante sur une table de chevet !

Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 mars 2007.



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.


Élaine Audet

Élaine Audet a publié, au Québec et en Europe, des recueils de poésie et des essais, et elle a collaboré à plusieurs ouvrages collectifs. Depuis 2002, elle est l’une des deux éditrices de Sisyphe.
Ses plus récentes publications sont :
 Prostitution - perspectives féministes, (éditions Sisyphe, 2005).
 La plénitude et la limite, poésie, (éditions Sisyphe, 2006).
 Prostitution, Feminist Perspectives, (éditions Sisyphe, 2009).
 Sel et sang de la mémoire, Polytechnique, 6 décembre 1989, poésie, (éditions Sisyphe, 2009).
 L’épreuve du coeur, poésie, (papier & pdf num., éditions Sisyphe, 2014).
 Au fil de l’impossible, poésie, pdf num., (éditions Sisyphe, 2015).
 Tutoyer l’infini, poésie,pdf num., 2017.
 Le temps suspendu, pdf num., 2019.

On peut lire ce qu’en pensent
les critiques et se procurer les livres d’Élaine Audet
ICI.



    Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

© SISYPHE 2002-2007
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin