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samedi 12 janvier 2002

Le prix d’une femme

par Élaine Audet






Écrits d'Élaine Audet



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Le récent jugement de la Cour suprême sur les danses à $10 restera dans les mémoires comme la légitimation infâme de la mise en marché des femmes. Les tenanciers de bars ont désormais les coudées franches pour maximiser ce marché lucratif, la Cour cautionnant le droit inné des hommes de réduire les femmes à de simples objets de plaisir ou de profit.

On peut mesurer les valeurs de notre société par le degré d’indignation exprimé récemment au Québec. La révolte face à l’octroi fédéral de subventions aux clubs de hockey, à même les surplus de nos impôts, alors que les Urgences débordent et que les malades du cancer doivent aller se faire soigner aux États-Unis, vient en premier lieu. Suit le jugement de la Cour suprême sur la clarté de la question référendaire et de la majorité. En troisième lieu, viennent les protestations vite apaisées contre le jugement cautionnant les danses à $10. Il y a tout lieu de s’interroger sur le type de démocratie qui existe au Canada quand le pouvoir judiciaire prétend dicter ses règles de conduite à l’Assemblée nationale démocratiquement élue au Québec et estime que la prostitution au rabais est socialement tolérable.

Deux femmes sur les trois juges majoritaires, la juge en chef Beverly Mc Laughlin et Louise Arbour, ont donné raison aux tenanciers de bars. Pourquoi faudrait-il s’en étonner ? Ces femmes font partie de la classe dominante et veulent d’entrée de jeu montrer qu’elles sont, comme les hommes au pouvoir, résolues à en défendre les intérêts, avant ceux de leur sexe. L’industrie du divertissement - sport ou sexe - voit à ce que les laissés pour compte du néolibéralisme puissent se " divertir " à prix modiques en oubliant de contester le système.

L’imposture du consentement mutuel

On veut nous faire avaler que les danseuses seront avantagées par la libéralisation du commerce sexuel et que la violence masculine s’en verra diminuée. Des études sérieuses ont pourtant démontré que plus on dégrade les femmes, plus les hommes se sentent autorisés à abuser d’elles et à les violenter en se drapant hypocritement dans la notion de consentement mutuel. Il est pourtant facile d’imaginer, comme des danseuses l’ont dit dans les médias, qu’aucune d’entre elles n’envisage ce travail sordide de gaieté de cœur.

Il faut être vraiment crétin pour s’imaginer qu’elles ne sont pas dégoûtées de voir des ivrognes vaseux se masturber devant elles, de se faire tripoter par tout un chacun, de se déhancher nue pendant des heures et des heures sous la chaleur des projecteurs ou d’être obligées d’accepter toutes les exigences des clients, si elles ne veulent pas se retrouver dans la rue. Personne ne semble se préoccuper de leur sécurité dans ce milieu dominé par la soif de profit des tenanciers et les fantasmes exacerbés des clients. La vie d’une femme ne vaut pas cher par les temps qui courent.

Des femmes-tables

Pour avoir une idée juste du niveau de mépris et d’exploitation des femmes, il faut voir le film québécois, Le Dernier souffle, qui montre dans un bar des femmes nues à quatre pattes que les clients peuvent tripoter à volonté et dont le dos sert de table pour poser leurs consommations. Personne ne semble s’inquiéter des valeurs et des comportements qu’une telle transformation des femmes en simples objets induisent chez les jeunes, soit le sexisme et la misogynie chez les garçons et le manque d’estime de soi de la part des filles.

Qui a intérêt à nous faire croire qu’il est naturel ou nécessaire pour la stabilité sociale de traiter un autre être humain comme une simple marchandise ? On invoque l’incontrôlable instinct sexuel masculin, la testostérone, pour justifier la prostitution et la pornographie comme exutoire soft. Dans les pays musulmans, les intégristes forcent les femmes à dissimuler sous le tchador leur corps et jusqu’au moindre cheveu sinon les hommes pourraient avoir envie de leur sauter dessus. Personnellement, j’ai toujours appris que seuls les animaux sont incapables de contrôler leurs instincts. Peut-être est-il temps de réviser nos notions de biologie.

À lire : Laura Lederer et al, L’envers de la nuit, Montréal, Remue-ménage, 1983.

Paru dans l’aut’journal, janvier 2000.

Mis en ligne sur Sisyphe en 2002.



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Élaine Audet

Élaine Audet a publié, au Québec et en Europe, des recueils de poésie et des essais, et elle a collaboré à plusieurs ouvrages collectifs. Depuis 2002, elle est l’une des deux éditrices de Sisyphe.
Ses plus récentes publications sont :
 Prostitution - perspectives féministes, (éditions Sisyphe, 2005).
 La plénitude et la limite, poésie, (éditions Sisyphe, 2006).
 Prostitution, Feminist Perspectives, (éditions Sisyphe, 2009).
 Sel et sang de la mémoire, Polytechnique, 6 décembre 1989, poésie, (éditions Sisyphe, 2009).
 L’épreuve du coeur, poésie, (papier & pdf num., éditions Sisyphe, 2014).
 Au fil de l’impossible, poésie, pdf num., (éditions Sisyphe, 2015).
 Tutoyer l’infini, poésie,pdf num., 2017.
 Le temps suspendu, pdf num., 2019.

On peut lire ce qu’en pensent
les critiques et se procurer les livres d’Élaine Audet
ICI.



Plan-Liens Forum

  • Oui, mais...
    (1/1) 29 août 2005 , par





  • Oui, mais...
    29 août 2005 , par   [retour au début des forums]

    Bonjour Madame Audet...

    Je viens justement de lire votre article et je dois vous dire que j’ai beaucoup appréciée...

    Je travail présentement sur un projet de prévention concernant la prostitution juvénile reliée aux gangs de rue. Je me promène avec mon équipe dans les écoles secondaires, les organismes communautaires, les centres jeunesses, etc. afin de sensibiliser les gens à se phénomène qui est omniprésent dans notre société.

    Presque tous les jours, je regarde sur Internet, dans les livres, les journaux afin de toujours m’actualiser et d’être à la fine pointe de l’actualiter.

    J’aime beaucoup comment vous écrivez votre article et les mots que vous choisissez sont véridict quoi que très direct.

    Oui, mais...

    Vous savez, cela fait presque deux ans que je me consacre sur ce projet que je trouve merveilleux et je sais de quoi je parle côté "prosto" puisque moi-même étant très jeune, je suis passer par différentes étapes de ce cercle vicieux.

    Je trouve cependant un peu injuste le fait d’être jugé selon le phénomène "panier". Je sais, que vous ne jugez pas les prostituées et que (en fait, je crois) vous êtes de leurs "bords" mais beaucoup de jeunes filles auraient été troublés en lisant votre article.

    Non pas pour le message... mais pour le fait que vous avez mentionnée qu’elle n’était que des objets et que personne au monde ne choisi ce métier. Et il est faux de penser cela.

    Effectivement, beaucoup de jeunes et de moins jeunes filles et femmes ont été amadouer dans ce domaine et encore plus dans le milieu où je travail "les gangs" mais beaucoup de femmes ont choisi de faire ce travail par raison personnelle.

    Il se peut qu’entre deux choix de métier, elle aurait préférer un autre mais honnêtement... plusieurs femmes sont heureuses dans ce travail... Plusieurs femmes sont comblés en t’en que "pute de rue" ou danseuse, masseuse, escorte, etc...

    La définition de la réussite est personnelle à chacun et chacune et certaine l’ont trouver dans ce monde.

    Je vous accorde cependant que beaucoup trop d’hommes les traites comme de la mer** mais je peux vous assurer que la plupard des TDS(travailleuse du sexe) ont le choix de s’embarquer ou non !

    Et croyez moi Madame, je ne vous dis pas cela pour vous jugez et encore moins pour vous reprendre mais uniquement pour vous apprendre certaines choses... si vous voulez l’accepter.

    J’ai adorer votre article... mais j’avais ce point sur le coeur.

    Merci... et bonne journée.

    Vanessa

    • Ce sont les clients qui voient les prostituées comme des objet sexuels, des objets monneyables
      1er septembre 2005 , par
        [retour au début des forums]
      Le prix d’une femme - Oui, mais

      Madame,

      Pardonnez mon intervention mais je crois que vous vous méprenez sur les propos de Madame Audet. Madame Audet ne traite pas les prostituées, les danseuses nues et les préposées au sexe d’objet et de marchandise, elle dit plutôt s’inquiéter de la représentation de l’image de la femme dans notre société actuellement où cette image de la femme passe nécessairement par une fonction sexuelle visant à satisfaire les fantasmes, les supposés « besoins » incontournables sexuels – ou plutôt de domination des hommes , nombre de chercheurs ayant mis à jour ce besoin dans la relation sexuelle monnayée –. Autrement dit, dans notre société , l’accessibilité à une satisfaction sexuelle – et comme je le soulignais à un besoin de domination - est garantie dans la minute où un homme décide d’y avoir recours : par des revues érotiques et pornographiques, films plus souvent pornographiques (qu’érotiques), par le réseau internet, par le reseau télévisé, par les salons de massages, par les petites annonces des journaux, escortes, saunas, prostitution de rue ou autres, etc sans compter les bars de danseuses qui pullulent dans tous les petits villages du Québec. On veut une femme, on l’a – bien que je sois consciente que des hommes soient aussi préposés au sexe. C’est l’image que certains hommes se font des femmes : disponibles pour le sexe (et à dominer). Ce sont certains hommes - souvent les clients des prostituées, des danseuses, etc - et une partie de la société qui prennent les femmes pour des objets sexuels. Ces échanges induisent que –peut-être – toutes les femmes peuvent être sujets à exploiter sexuellement. Notre société actuelle valorise énormément la valeur sexuelle – ou exploitable- de la femme, ce qui donne une très grande emprise sur ses exploitants, les hommes en majorité. Cette image a des répercussions sur toutes les femmes et sur toutes les jeunes filles. D’autant plus qu’une telle représentation des hommes pour la satisfaction des femmes n’existent pas.

      Les liens qu’entretiennent les membres d’une société sont représentatifs des valeurs de cette société. Prenons, par exemple, les sociétés où on exploite les enfants. En les faisant travailler, elles le font pour diverses raisons : rémunération moindre comparativement à l’embauche d’adultes, contrôle, domination et manipulation plus facile des travailleurs-euses juvéniles, exploitation excessive de leurs capacités physiques, mentales, intellectuelles et morales, de leur capacité de jugements, etc. Et dans ces sociétés, tous les enfants sont des candidats possibles, des candidats susceptibles de devenir un-e travailleur-euse… à exploiter. La même analyse s’applique aux sociétés qui valorisent la valeur sexuelle et surtout marchande des femmes. Pensez juste au fait qu’il y a quelques années les choix professionnels qu’on offrait aux femmes se limitaient souvent à devenir épouse et mère, religieuse, institutrice ou infirmière. Pensez maintenant aux nombreux choix qu’on offre aux jeunes filles : beaucoup plus nombreux et diversifiés, n’est-ce pas ? Maintenant, déplacer cette représentation vers les occupations du sexe, et vous venez d’ouvrir le choix aux jeunes filles de monnayer leurs valeurs sexuelles.

      Et on ne parle même plus ici de libération sexuelle. La libération sexuelle, à mon avis, se passe d’échanges monétaires. Il y a donc une raison très précise pour que la supposée satisfaction sexuelle passe par de l’argent en compensation. Et comme vous l’avez sûrement remarqué ce marché est dominé par les hommes, pour les hommes. Si en plus on tient compte du fait que la très grande majorité des préposées au sexe ont subi des violences sexuelles dans l’enfance et/ ou de la pauvreté, je suis d’accord avec Madame Audet pour dire que la prostitution ou autres occupations payées du sexe ne sont pas un véritable choix. Il est imposé (consciemment ou non) par une société malade de ses valeurs. Il est donc dommage qu’on pointe souvent du doigt les femmes qui dénoncent l’exploitation sexuelle et que les vrais responsables en soient quittes pour leurs frais.

      Par ailleurs, je trouve extrêmement pernicieux que notre société fasse reposer aussi lourdement sur les épaules des enfants, la tâche de contrer des problèmes de société comme la prostitution. J’honore votre travail dans les écoles, mais ne serait-il pas plutôt normal qu’on redonne aux adultes leur rôle de protéger les enfants ? Je m’interroge sur ces pratiques de passer par les écoles pour faire la prévention de la prostitution auprès des jeunes. Ils ne sont pas les seul-es en cause pourtant ! Quand remettrons-nous leurs responsabilités aux vrais responsables : les clients et les adultes.

      Quand oserons-nous nous interroger également sur la façon dont les membres de notre société vivent leur sexualité (si on peut appeler certaines pratiques de la sexualité) ? Lorsqu’une société envoient au pilori une partie de ses femmes et de ses enfants pour supposément maintenir un niveau élevé de satisfaction sexuelle, c’est qu’elle est extrêmement déficiente, malade. Espérons que ce ne soit pas incurable bien qu’elle paraisse chronique à l’heure actuelle.

      En dernier lieu, je conçois qu’il soit extrêmement difficile de se voir dans le rôle qu’on a joué à un moment donné de notre vie, par exemple en tant que prostituée, mais réaliser qu’on a joué le jeu d’une société en mal de domination, de sexe monnayé, de non-respect, d’indignité peut amoindrir la responsabilité personnelle qu’on croit y avoir. Autrement dit, je conçois que les prostituées ne veulent pas se voir comme objet ou comme marchandise, mais il faut réaliser que cette vision est davantage imposée par ceux qui veulent bien voir les femmes jouer ce rôle. Ne pas réaliser ce fait peut amener une difficulté à faire comprendre aux jeunes toutes les dimensions sociales de la prostitution. Tant qu’on ne remettra pas la prostitution dans l’analyse d’un phénomène de société (car il est inexistant dans certaines sociétés) on prêchera dans le vide.

      Je conçois également qu’il est extrêmement difficile pour quelqu’un de se voir comme étant une victime. Peut-être pas vous, mais plusieurs prostituées qui clament qu’elles pratiquent la prostitution de leur plein gré et qui proclament qu’elles ne sont pas victimes n’aident pas leur cause, la cause des futures préposées au sexe et de toutes les femmes en général. La négation est un moyen de défense pour cacher la culpabilité ou la honte qu’on ressent, l’impression de ne pas avoir été à la hauteur, l’impression de ne pas avoir été aimée et peut-être donc de ne pas être aimable, de ne pas avoir été appréciée à sa juste valeur (donc dans toute sa valeur et non pas uniquement de « satisfaiseuse » sexuelle), l’impression d’être indigne, l’impression d’avoir été dépossédée de soi, de son identité et d’avoir perdu le contrôle de son corps, de son âme. La négation cache aussi une perte de confiance en soi et dans les autres et amène la personne à se couper totalement de ses émotions, de ses sensations même. La négation d’être une victime peut aussi camoufler une colère qu’on n’ose pas afficher ou qu’on n’a pas appris à exprimer, une colère contre ce qui a fait – et contre ceux qui ont fait - que la personne a basculé dans un monde qui ne l’a pas valorisée. Comme le disait Claudie Lessellier : « Dire que les personnes prostituées sont des victimes de ce système (ou employer comme certaines la notion de « survivantes ») n’implique pas nécessairement de considérer qu’elles seraient passives, incapables d’action, de pensée. » Pour reprendre du pouvoir sur sa vie, la première étape passe donc par l’acceptation d’avoir été victime de… Et en remettant le tout dans un contexte de société précis, on amoindrira la responsabilité personnelle.

      [Répondre à ce message]

    • Que les prostituées se déclarent heureuse de leur choix d’occupation : une façade, un masque à mon avis.
      1er septembre 2005 , par
        [retour au début des forums]
      Le prix d’une femme - Oui mais...

      Vanessa,

      Je ne suis pas d’accord avec toi lorsque tu crois que des femmes ont choisi ce métier et qu’elles sont heureuses de faire ce métier. Je crois sincèrement que c’est une façade, un masque qu’elles se donnent pour justifier ce qu’elles font, pour tenter d’embellir leurs occupations et convaincre les moins convaincant-e-s. Désolée mais je n’y crois pas un poil !

      Qui aimerait se faire pénétrer pratiquement n’importe quels « orifices », se faire éjaculer dessus, dedans par n’importe qui. Par un « toto » peut-être propre hygiéniquement parlant, mais peut-être pas, un "toto" peut-être bourré de maladies transmissibles et qui bien souvent ne veut pas mettre de condom, mais peut-être intact aussi, peut-être beau et attirant selon la prostituée, mais peut-être pas, peut-être même plutôt dégueulasse, le genre de type qui, au grand jamais dans une situation normale, n’aurait donné le goût à la prostituée d’avoir un échange physique aussi intime ( c’est de baiser dont on parle ici, fourrer, se soulager, se satisfaire … et dominer, faut pas se faire d’illusions ! C’est surtout pas de l’amour, on se fout des besoins de la prostituée, voilà pourquoi ça prend une compensation : de l’argent).

      C’est quoi le problème de ces gars-là ? Parce que désolée, mais je crois sincèrement qu’ils ont un problème de communication et de respect, d’image. Voilà l’idée qu’on fait des femmes : être disponibles pour ces pauvres « gars », qui ne peuvent et ne doivent surtout pas refréner leurs supposés besoins et que tout leur est permis. C’est ancré dans les mentalités que les désirs sexuels des hommes passent avant le bien-être et le respect des femmes. Le sexe est roi, ceux qui en veulent aussi ! Ce que l’homme veut, Dieu le veut et les femmes n’ont qu’à bien se tenir. On va maintenir tout un système marchand pour ça. Malheureusement cela se fait au détriment des femmes, de toutes les femmes et même des jeunes filles et non seulement des prostituées.

      [Répondre à ce message]

      • > Que les prostituées se déclarent heureuse de leur choix d’occupation : une façade, un masque à mon avis.
        2 septembre 2005 , par
          [retour au début des forums]

        La prostitution, ceux qui osent affirmer que pour des raisons d’hygiènes, oui au fait les nazis avaient le même type de discours au nom de l’hygiène de la "race", ils exterminaient et nous, nous acceptons que des hommes, des enfants et des femmes soient exploités dans leurs chairs pour le "bien" d’une minoritée, perso je pense qu’ils aillent en enfer, ça m’énerve à un point inimaginable d’entendre toujours des justifications à des crimes innomables.

        Toujours la même discours au nom d’une économie imaginaire, bourrés d’arguments criminels on vous payent des peanuts, mais c’est pour le bien de qui, de l’humanité ben voyons et la majorité des gens semblent croire en ses conneries, c’est le challenge, la compétition etc...
        Ce discours souvent, trop souvent promus par une pseudos-intelligensia, pire que la pravda, on l’a retrouve dans n’importe quel domaine.

        Tuons, violons, ben quoi c’est un viol en réalité la prostitution, ah oui j’entends déjà des gens me dire que certaines sont d’accord et c’est le plus vieux métier du monde et blabla.

        Qu’est-ce qu’il faut être aveugle pour accepter allons faisons la guerre pour imposer la démocratie, mettons en place des super patriots acts, voilons les nanas et mettons-en certaines sur le trottoir, vous voyez bien ils, elles sont d’accord et blalbla...

        Vous voulez que je continue, tenez lobomotisons les gens, électrocutons-les, ça les soignera mettons-les tous sous ritaline et prozium " référence à un film équilibrium".

        Toujours le même modus operandi, des types si intelliiiigents, certains vous diront qu’ils sont mêmes les seules vrais portes-paroles de la science, de la religion, de la société en général.

        Bien, bien ils le sont en effet, il suffit de jeter un coup d’oeil sur leurs statistiques, sur leurs réussites, la terre où encore de nos jours nous avons la continuation d’une barbarie sans nom.

        Tout ça pour éviter de regarder en face les vrais solutions qui seront toujours combien d’embellissement apportez-vous à la planête ??
        Vos solutions engendrent-ils la responsabilité, le savoir, l’autonomie, la conscience, le respect de l’autre où exactement le contraire.

        Posez-vous juste une question pourquoi nos états sont-ils tellement pour la prostitution ???

        Rien n’irait pour ces gens si jamais les gens pouvaient vivre dans un monde un peu plus décent, mot que j’utilise dans son sens le plus valeureux, rien ne serait plus pareil pour tout ceux qui veulent du saint bénéfice même en prostituant nos enfants, ça rapporte non seulement du fric, énormément, même à l’état via les impôts, mais surtout et ça c’est le plus pervers, la chose la plus terrible sur terre, où que votre regard vous ne pourrez vous empêcher de voir la désolation, le malheur et c’est exactement ceux que veulent ces gens.

        L’apathie des populations,et pour y parvenir il faut avoir des "réussites" qui sont la pauvreté via un système économque immonde, il faut faire la promotion du crime toute azimuts, il faut même engendrer les crimes que sont la prostitution.

        Comment fait-t-on sur cette planête pour tolérer que des gens proposent des solutions aboutissant à des crimes envers l’humanité ???.

        Eh bien si vous croyez que ça fonctionne autrement, regardez la justice qui n’en a que le nom, les violeurs deviennnent des victimes que l’on calomnient, les agresseurs de tout poils de pauvres petites choses souffrantes et celui qui subit le mérite, d’ailleurs c’est une idée devenus trop importante dans nos sociétés, regardez bien autour de vous,l’employé méprisé pour son chômage,la fille sur le trottoir, le noir vivant dans des squats où il brûlera vivant etc.. et en effet c’est de notre responsabilité, nous n’avons jamais mis hors détat de nuire c’est à dire enlever tout pouvoir à quiconque oserait nous proposer des solutions aboutissant à plus de malheurs.

        Au fond, nous sommes en réalité à 100 pour cent responsable de chaque chose qui se passe sur terre rien que par notre inaction et par notre foutu incapacité à réfléchir, à en faire même l’effort et il faut que nous soyons sacrément dégradés pour aller jusqu’à affirmer que la prostitution c’est ok, ben oui, après tout quu’en en vient à lire qu’un expert physchiatrique auprès des tribunaux vous affirment que les méres sont de hystérique et qu’il faut battre le gosse qui refuse d’être un objet sexuel, on a largement capté jusqu’où le monde est inconscient.

        [Répondre à ce message]

    • Dites-vous aux étudiants que des personnes sont heureuses de se prostituer ?
      2 septembre 2005 , par
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      Le prix d’une femme - Oui, mais..

      Vanessa,

      Est-ce que vous dites aussi aux étudiant-e-s que des femmes ont librement choisi le "supposé" métier de prostitution (qu’on veut bien faire passer pour un métier pour mieux le faire avaler) ? J’espère bien que non. J’ai beaucoup de respect pour vos démarches mais si vous croyez personnellement que des femmes choisissent de faire cela comment voulez-vous inculquer aux étudiant-e-s un sort différent ? Comment pouvez-vous les convaincre de ne pas se prostituer ? Je trouve que votre démarche est extrêmement paradoxale et dangereuse. Car alors vous envoyez les étudiant-e-s "à l’abattoir". Si vous "avaler" tous les discours de la classe en faveur de la prostitution comment pouvez-vous être porte-parole dans les écoles. Non ce n’est pas vrai que la prostitution est le plus vieux métier du monde, les femmes étaient aussi cueilleuses, agricultrices et accoucheuses. Non la prostitution n’est pas un métier - surtout pas un métier comme un autre : il a été institué comme tel il y a plusieurs années pour contraindre certaines personnes aux moindres désirs de "tordus". Non, aucune prostituée n’est heureuse de son sort. Voyez les nombreuses prostituées et actrices pornos qui sont "sorties du placard" et ont révélé leurs malheurs après coups. Misère, qu’est-ce que vous inculquez aux étudiant-e-s ?

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