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dimanche 25 mars 2007 Élections Québec 2007 - Voter féministe et progressiste, c’est voter solidaire
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Avec l’appui d’Élaine Audet.
Deux images m’ont suivie au cours de la campagne électorale qui s’achève au Québec. D’abord, l’image des sommets socio-économiques que le gouvernement Bouchard avait tenus peu après son élection. J’avais eu l’impression d’assister à un spectacle minutieusement préparé pour manipuler la population en prévision d’un virage auquel on s’attendait qu’elle résiste. Le sort des personnes pauvres et la condition des femmes n’étaient pas des préoccupations dominantes à ces sommets. Françoise David avait refusé de s’associer à la mascarade d’un consensus sur le "déficit zéro", qui devait justifier ultérieurement les coupures budgétaires et de services, et elle avait quitté les lieux. L’avenir devait confirmer sa clairvoyance. Le gouvernement Bouchard commençait alors à préparer la population du Québec à se soumettre aux abus de la mondialisation néolibérale accélérée, et les travailleuses et travailleurs, à accepter une détérioration de leurs conditions de travail et de vie. C’est toute la population, mais davantage les classes moins nanties qui ont subi les conséquences du déficit zéro, nullement les milieux d’affaires, encore moins les banques dont les profits ne cessent de croître à un rythme effréné. Pour réaliser son objectif, le gouvernement Bouchard a, entre autres, incité à la retraite prématurée des milliers d’infirmières (avec des revenus modestes) et de médecins (avec une prime de séparation de 200 000$ par an pendant deux ans). On sait ce qui se passe depuis dans le système de santé de notre société modèle dont certains porte-parole se montrent fiers parce qu’ils ont donné satisfaction aux milieux financiers canadiens et américains en mettant la hache dans les services publics. La seconde image qui m’habite depuis le début de cette campagne, c’est celle de Lucien Bouchard, flanqué de deux ou trois ministres figurantes, et réagissant aux demandes de la Marche mondiale des femmes, en octobre 2000. On s’en souvient (sinon rafraîchissons-nous la mémoire en lisant cette page du site de la FFQ), le mouvement féministe avait identifié les besoins prioritaires des femmes, plaçant la lutte à la pauvreté et à la violence au centre de revendications somme toute modestes et réalistes. Le gouvernement Bouchard, dont Bernard Landry était ministre des Finances, et André Boisclair, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, avait offert aux femmes - plus de la moitié de la population - des mesures pour environ 50 millions de dollars, et une augmentation de 0,10¢ du salaire minimum ... pour l’année suivante. Une réponse mesquine qui inaugurait mal le nouveau millénaire. Ces deux événements ont contribué à convaincre Françoise David de se lancer en politique. Le week-end dernier, quand André Boisclair a fait appel à "tous les souverainistes, tous les syndicalistes, tous les altermondialistes, toutes les féministes, tous les progressistes", j’ai ressenti un peu cette colère qui animait nombre de femmes lors de la Marche mondiale de 2000. Au cours de sa campagne, M. Boisclair ne s’est guère soucié des besoins des femmes, encore moins du vote des féministes et, soudain en fin de campagne, il fait appel à elles parce qu’il est mal pris. Pour tout dire, je ne vois pas d’affinité particulière entre André Boisclair et les féministes, je trouve même incongru le mot féminisme dans la bouche du chef péquiste. Je ne vois pas pourquoi les féministes répondraient à son appel. Est-il progressiste et compatissant l’homme qui avait déclaré avec ironie lors des débats sur la loi contre la pauvreté : « Pourquoi pas une loi contre la pluie ? » Vous qui militez pour une réforme du mode de scrutin, êtes-vous rassuré-es d’entendre M. Boisclair affirmer que, sous sa gouverne, le Québec n’y changera rien tant que la souveraineté ne sera pas réalisée ? Et vous, souverainistes, croyez-vous vraiment que M. Boisclair soit la personne capable de faire accéder le Québec au statut de pays indépendant ? Souvenez-vous d’un autre homme politique qui avait quitté Ottawa pour venir "sauver" le Québec, suscitant beaucoup d’espoir. Il a démissionné en cours de route et, au nom de la "lucidité", est devenu un ardent porte-parole du conservatisme marchand. On ne l’entend plus parler de souveraineté. Vous, travailleuses et travailleurs syndiqués, n’éprouvez-vous pas quelque gêne à entendre M. Boisclair faire appel à votre ralliement après avoir déclaré son intention de mettre fin au "copinage" entre le PQ et les syndicats ? Ne croyez-vous pas possible qu’il suive les traces de ses prédécesseurs et "copine" avec les patronats et le capital qu’il a déclaré vouloir "soulager" ? Et vous, altermondialistes, voyez-vous en lui l’un des vôtres ? Harvard n’a pas la réputation d’enseigner à combattre le néolibéralisme ni à se montrer critique face aux abus de la mondialisation. On y apprend plutôt à obéir aux diktats de la haute finance, des compagnies transnationales et de leurs institutions (OMC, FMI, Banque mondial, etc.). « Que veux-tu qu’on fasse ? On n’est pas pour voter ADQ, et on sait ce que le PLQ a fait. On n’a pas le choix, le PQ est le moins pire ». Quoi faire ? Mais voter pour le parti qui rompt avec cette vision marchande et aplatventriste. Depuis plus de 20 ans, les milieux féministes et communautaires ne cessent de critiquer l’indifférence des élu-es au sort des pauvres, des femmes, des personnes marginales. Il existe maintenant un parti qui propose un programme progressiste, féministe, altermondialiste et environnementaliste, et une vision différente de la société et de la politique. N’est-ce pas ce que plusieurs souhaitaient après la rebuffade du gouvernement Bouchard aux demandes de la Marche mondiale des femmes : la création d’un parti alternatif progressiste ? Québec solidaire propose une rupture avec les vieilles façons de faire de la politique sur le dos de la population et une répartition plus équitable de la richesse. Le parti de Françoise David et d’Amir Khadir s’engage à combattre la pauvreté et la violence, des revendications au coeur du mouvement féministe. Ce parti présente une majorité de candidates et a établi des règles égalitaires dans son fonctionnement, ce qui devrait réjouir celles qui se plaignent de la sous-représentation des femmes en politique et du déficit démocratique au sein des institutions. Québec solidaire est favorable à une réforme du mode de scrutin. Les désabusé-es des vieux partis, et en particulier les progressistes, devraient appuyer Québec solidaire. Il faut donner à ce parti l’occasion de constituer cette voie alternative indispensable. Les pauvres ne peuvent plus attendre, les femmes non plus, les travailleuses et travailleurs à faibles revenus, les communautés culturelles, les moins nanti-es méritent des porte-parole plus sincères que ceux et celles qui ont jusqu’ici prétendu les représenter. Oui, mais ce n’est peut-être pas le moment, diront certain-es. Quand serait-ce le moment ? Les femmes, les pauvres, les personnes marginales se sont fait dire maintes et maintes fois que ce n’était pas le bon moment de leur rendre justice. Toujours, tout est plus urgent que leurs propres besoins. Pensons aux années de lutte pour l’équité salariale. Les femmes vont-elles aujourd’hui hésiter à appuyer le parti politique qui se soucie le plus de leur sort et de l’avenir de l’ensemble de la société québécoise ? C’est le temps, pour les progressistes de tous les horizons, de se manifester en votant par conviction plutôt que pour répondre aux appels opportunistes de gens qui les laisseront à nouveau tomber lorsqu’ils n’auront plus besoin de leur appui. Québec solidaire mérite une part significative du vote et la chance de faire élire dès maintenant quelques député-es. À l’élection du 26 mars, voter progressiste et féministe, c’est voter solidaire. Lire également :
Mis en ligne sur Sisyphe, le 21 mars 2007 |