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jeudi 19 avril 2007


Élections Québec 2007
Bulletin rose, bulletin bleu. Comment ont voté les femmes

par Élaine Hémond, consultante et formatrice






Écrits d'Élaine Audet



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Bulletin rose. Bulletin bleu.
Comment ont voté les femmes ?
Où sont-elles dans la vie démocratique ?

Imaginons un instant que les femmes votent désormais avec un bulletin rose et les hommes avec un bulletin bleu... (Ne grimpez pas tout de suite sur le Pont Jacques-Cartier, c’est une plaisanterie).

Pourtant, à l’heure d’un mode de gestion publique qui, à l’invitation du gouvernement du Québec, fait grand place à l’Analyse différenciée selon les sexes (ADS) (1), personne ne semble s’être demandé, depuis quinze jours, si les femmes et les hommes ont eu, devant l’urne, le même comportement.

On a largement fait des analyses comparant les urbains et les ruraux, les gens de Montréal et ceux de Québec, les plus riches et les pauvres, les anglophones, les francophones et les allophones, les jeunes et les aînés, les gens instruits et ceux qui le sont moins, les patrons, les gens d’affaires, les syndiqués, les fonctionnaires, les assistés sociaux, etc.

Oublié, toutefois, le facteur omniprésent dans toutes ces catégories et à tous les âges : le genre ! Autant l’on reconnaît que chacune des variables citées plus haut ont une influence sur le vote, autant le sexe, cette petite chose intérieure ou extérieure, n’a pas sa place sur la palette des déterminants démocratiques.

Sans doute la citoyenneté des femmes est-elle trop récente pour qu’on lui accorde de l’importance. Sans doute l’engagement politique des femmes est-il encore trop marginal pour que l’on se demande si le classique modus vivendi de la politique leur convient. Sans doute, enfin, l’absence de questionnements sérieux sur une intégration réelle des compétences des femmes à la vie démocratique est-elle en grande partie responsable du cynisme ambiant.

Pressentant que certains verront dans notre raisonnement une oblitération de l’existence et des besoins des communautés culturelles et d’autres groupes minorisés, nous ajouterons, au risque de nous répéter, que la vision de la société par la lunette des genres permet un éclairage sur l’ensemble des situations qui, dans tous les sous-groupes et à tous les âges, sont différentes entre les femmes et les hommes.

Le citoyen universel n’existe pas. Pas besoin de montagnes de statistiques pour comprendre que ce citoyen universel n’existe pas davantage à la naissance qu’à l’heure de la retraite et face à l’espérance de vie ; pas davantage qu’il existe dans l’échelle des revenus, devant les questions de santé et lors de l’attribution des responsabilités professionnelles ou civiques dans les différents milieux. Le genre est actuellement la variable-clé de la citoyenneté. Mais on ne le sait pas encore.

Pourquoi est-il important d’utiliser la lunette de l’ADS
en ce lendemain d’élection ?

Pour quatre raisons majeures : 1) plus de la moitié des électeurs sont des électrices ; 2) parce que cette moitié d’électeurs, qui sont des femmes, ont, entre autres, une tradition, des expériences et des besoins qui ne peuvent être assimilés sans distorsion à ceux du citoyen universel (le mâle) ; 3) parce les caractéristiques propres à la vie de la plupart des femmes influencent leur vision de l’exercice politique et démocratique, comme plus largement de l’exercice du pouvoir ; 4) parce qu’il y a, parmi les femmes, la moitié des leaders naturels qui tôt ou tard devront être assis à toutes les toutes instances décisionnelles.

Heureusement, on chemine. Et au Québec, on chemine bien. Les volontés populaire et politique ainsi que la législation ont, depuis 40 ans, modifié les rapports de sexes, non seulement sur les plans légaux et formels, mais aussi plus largement dans l’espace des valeurs. Ces mêmes valeurs qui font qu’il est bon de vivre au Québec en 2007. En fait, la contagion des valeurs dites féminines est évidente à peu près partout dans la société.

Bien sûr, quelques bastions résistent encore. La politique est de ceux-là. Tôt ou tard, les milieux politiques (partis mais aussi gouvernements) devront pourtant concrétiser leurs discours d’égalité. Pour accélérer l’histoire, il faudra intégrer les pratiques d’ouverture qui permettront le rééquilibrage du pouvoir démocratique entre les femmes et les hommes. Et l’on ne parle pas que d’un rééquilibrage quantitatif, le qualitatif est aussi, sinon plus important, que le nombre.

La nécessité d’un pouvoir moins bulldozer et plus concertatif se lit d’ailleurs dans le message envoyé par les Québécois et Québécoises le 27 mars. Joël de Rosnay décrit bien le changement anticipé : « L’intégration des valeurs féminines dans un monde de pouvoirs et de conflits créé par les hommes peut en effet contribuer à renouveler radicalement l’imaginaire politique.... Les valeurs féminines, susceptibles de s’exprimer dans des réseaux, peuvent contribuer à rééquilibrer les actions de gouvernement, les décisions centralisées et les structures bureaucratiques. Elles apportent une nouvelle logique et une nouvelle culture pour préparer l’avenir » (2).

Mais nous n’en sommes pas encore là. Depuis quinze jours, le nombre de femmes élues à l’Assemblée nationale a chuté. Bien sûr, il y avait davantage de candidates qu’à l’élection précédente. Mais dans quelles circonscriptions ? Contre quels ténors ou quelles vedettes se présentaient-elles ? Et dans quels partis ?

Loin de nous l’idée d’un électorat sexiste. L’égalité entre les femmes et les hommes est, avec la préoccupation pour l’environnement, l’une des seules valeurs qui semblent faire l’unanimité au Québec. Comme pour la protection de l’environnement, les quelques clans ou individus qui résistent ont manifestement des prérogatives à défendre.

Comment ont voté les femmes le 27 mars 2007 ?

Bien sûr, on peut déduire que les femmes ont voté dans la même proportion que les hommes pour les partis en présence. Pourtant, même sans instruments de mesure patentés, dans notre milieu, certaines nuances s’imposent. Ainsi, on sait qu’après la défaite de Pauline Marois à la direction de son parti, de nombreuses femmes ont retourné ou déchiré leur carte au Parti québécois. On sait aussi, notamment dans la région de la Capitale Nationale, que parmi les auditeurs des stations de radio X, porteuses de plusieurs des idées de l’ADQ, une grande partie sont des hommes jeunes. Les sondages l’ont dit, les photos des manifestations l’ont montré. On sait aussi, que dans les rassemblements récents de Québec solidaire, la sur-représentation des femmes était évidente.

Sans prétendre que ces observations peuvent mener à des conclusions, il nous semble qu’une étude plus approfondie des comportements démocratiques des femmes pourrait concourir aux changements dans l’exercice du pouvoir qui semblent souhaités par tous.

Loin de vouloir coller des étiquettes bleues ou roses aux partis en lice, loin de nier que des constats différents voire divergents sont aussi possibles, nous émettons l’hypothèse que les résultats des récentes élections sont éminemment teintés des visions des femmes. Il faut savoir les lire. Il faut surtout vouloir les lire.

Notes

1. L’ADS est un outil de gestion permettant, lors de l’élaboration de politiques, règlements, mesures ou autres, de prévoir les impacts éventuellement différents sur les hommes et les femmes.
2. J. De Rosnay (2005), Valeurs féminines pour construire un monde.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 16 avril 2007



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Élaine Hémond, consultante et formatrice



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