On l’a vu et entendu partout : André Boisclair, hier le 8 mai, a démissionné de son poste de chef du Parti québécois. La course à la succession est ouverte.
Ce parti souverainiste est en fort mauvaise posture : le chef n’étant pas à lui seul responsable de la déconfiture du 26 mars, les hautes instances du parti doivent s’interroger. Et ce, rapidement, circonstances obligent.
Le Québec va vivre pour la première fois sous un gouvernement minoritaire avec un parti, l’ADQ, qui a connu une étonnante performance. Déjà, le PLQ tient compte de certaines réflexions adéquistes puisqu’elles ont si fort plu au peuple : la vente d’une partie du Mont Orford est annulée, on songe à revoir les bulletins dans les écoles. Quoi qu’il en soit, l’ADQ va se garder de déclencher des élections dans les mois qui suivent parce que la grande majorité de ses député-es sont sans expérience. Mais dès que le vent du contentement et de l’expérience va souffler plus fort, Mario Dumont sera tenté de défaire le gouvernement. Le PQ doit être prêt (tiens, cela me rappelle un certain slogan).
Gilles Duceppe semble intéressé à se risquer (certains diront : dans le guêpier) et, depuis aujourd’hui, Pauline Marois ne se refuse pas à y penser. Des lecteurs et lectrices en seront offusqués et croiront que ces deux-là sont des opportunistes. Duceppe est déjà hypothéqué par la sortie virulente d’André Boisclair et, Pauline Marois, par sa franchise lors du départ de Bernard Landry. Ces deux-là ne sont ni opportunistes, ni carriéristes. Ils ont offert leur vie à l’idéologie de l’indépendance, leur vie à servir. Leur âge, leur expérience, leur bilan en témoignent. Les appeler « dinosaures » est totalement injuste et ridicule.
Duceppe a très bien mené les troupes du Bloc. Marois a travaillé ses dossiers d’une main de maître. Le chef du Bloc ne laisserait pas son parti orphelin (ne vous leurrez pas, il n’a pas réfléchi à son possible départ depuis hier seulement). Marois, elle, a eu tout le temps de réfléchir à son retour en piste. Peuvent-ils se permettre d’attendre avant d’annoncer leurs couleurs ? Non. Le parti s’étiole, il étouffe, il agonise. Le temps presse. La prochaine élection est capitale. Foin des congrès en septembre 2008. On parle de rencontres qui auraient lieu dans un an ! NON. Pas plus qu’une course à la chefferie ne serait appropriée. On l’a vu : la dernière a montré toutes les divisions profondes, toutes les factions réconciliables ou non, toutes les dissensions cachées à l’intérieur du cœur péquiste. Non, de grâce, pas encore cette démonstration ! On va vers l’explosion. Il faut tout mettre en œuvre pour recréer l’unité, tout faire pour rassembler, pour rallumer cette flamme qui vacille.
Pas de guerres fratricides sinon c’en est fini. Un schisme sonnerait le glas de l’option. Bien sûr, certains se diront que Québec solidaire prendra le relais. Oui, mais le Québec vit une situation spéciale à cause de sa démographie : deux ou plusieurs partis souverainistes=jamais de souveraineté.
Pierre Curzi a fait hier ses premiers pas dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Malgré tout le charisme qu’on lui connaît, il n’a pas l’expérience des deux autres. La flamme, oui, le cœur, oui, le désir, évidemment, mais pas l’expérience politique d’un Gilles Duceppe ou d’une Pauline Marois.
Réfléchissons : y a-t-il d’autres personnes aussi bien placées que Duceppe et Marois pour redresser ce parti moribond ?
L’espace-temps, les finances du parti, la visibilité permettent-ils une nouvelle saison des idées ?
D’abord, sauver les meubles ; ensuite, reconstruire.
En attente de vos suggestions.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 9 mai 2007