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vendredi 25 septembre 2015


Campagne électorale au Canada
"Débat" des chefs politiques : formule dépassée et ennuyante

par Micheline Carrier






Écrits d'Élaine Audet



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Au bureau de scrutin, n’est pas accommodé qui veut







Si le "débat" présenté le 24 septembre 2015 à Radio-Canada avait pour objectif d’éclairer davantage la population sur les intentions des cinq chefs de parti fédéraux sur des sujets qui la préoccupent, cet objectif est raté.

Et ce débat était à l’image de l’interminable campagne électorale : ennuyeux et vain.

Nous avons entendu les mêmes "cassettes" et, la plupart du temps, les chefs ne répondaient pas aux questions, ils faisaient dévier le discours vers leur dada, l’économie.

Économie. Je ne peux plus entendre ni lire ce terme sans me sentir irritée.

D’ailleurs, je ne suis pas si sûre que la majorité de la population veuille entendre parler sans cesse et exclusivement d’économie, d’emploi, de placements, d’austérité et autres choses du genre.

On a dit que le sujet du niqab servait à masquer les problèmes du gouvernement Harper en matière d’économie. J’ai l’impression que c’est le thème de l’économie dont on se sert pour escamoter d’autres sujets plus "sensibles".

Justin Trudeau, par exemple, a parlé de son "plan" sur l’économie en répondant à la question sur les soins en fin de vie et à d’autres occasions inopportunes. D’autres candidats ont bien entendu voulu lui répondre, et on a finalement oublié la question de départ.

Même chose sur la santé. Il n’y en a qu’un qui a élaboré quelque peu sur le sujet.

On n’a pas demandé non plus aux chefs de se commettre sur les droits des minorités enracinées au Canada depuis toujours, comme on l’a fait pour le présumé droit d’une minorité de femmes musulmanes de se masquer lorsqu’elles reçoivent des services et participent à la vie publique du pays hôte (alors que tout le reste de la population est tenu de recevoir ces services à visage découvert).

À cet égard, les Trudeau, Mulcair et May ne pensent qu’en terme de droits individuels, jamais en terme d’effort à fournir pour s’intégrer à la société d’accueil, ni en terme de respect des règles du pays hôte.

Ils se réfugient derrière la charte canadienne, qu’ils interprètent comme bon leur semble, plaçant la religion au sommet des droits individuels.

À la rigueur, selon cette interprétation, il faudrait accepter que les hommes battent les femmes, certains imams estimant que cela fait partie des "croyances religieuses sincères" et est essentiel aux bonnes pratiques religieuses de leur groupe.

Il ne faut donc pas s’étonner que ce symbole d’invisibilité et d’inégalité des femmes soit présenté par les intéressées et ceux qui la leur dictent comme un "obligation religieuse". Ils ne pourraient invoquer la charte en faisant valoir la signification réelle de cet étendard politique.

Pas de questions non plus touchant spécifiquement les droits de la moitié de la population canadienne et de l’électorat, c’est-à-dire les femmes sans voile ni niqab. Je suppose qu’un certain Harper refusait de participer si l’on abordait le sujet.

Une autre formule pour informer

Ce "débat" me semblait si superficiel et inutile que j’ai décroché avant la fin de la première heure. On peut mieux employer le temps dont on dispose qu’à écouter des discours creux et répétitifs et des demi-vérités.

Si les médias veulent vraiment informer la population sur les "vraies" intentions des hommes et femmes politiques qui aspirent à diriger le pays, il y aurait une formule plus simple et plus efficace : l’entrevue individuelle.

En effet, un panel de quatre journalistes - deux femmes, deux hommes - pourrait réaliser une entrevue d’une heure avec chaque candidat-e, l’interrogeant sur tous les sujets.

Ces entrevues en direct seraient présentées en rafale, à raison d’une par jour, pendant cinq jours consécutifs. L’ordre de présentation serait déterminé par tirage au sort.

Ces entrevues pourraient être diffusées à toutes les chaînes de télévision.

Les thèmes et les questions seraient définis à l’avance par les journalistes, et les chefs de parti ne les connaîtraient qu’au moment des entrevues.

Je ne trouve pas sensé que les chefs sachent à l’avance sur quoi ils et elles seront interrogé-es : ils devraient se préparer sur tous les sujets.

Les chefs seraient avisés que s’ils répondent à côté de la question, on leur couperait la parole au cours de l’entrevue. C’est simple : il s’agit de couper le son de leur micro s’ils se lancent dans de grandes envolées hors sujet.

Certains chefs politiques, habitués aux communications en boîte stérilisées, refuseraient peut-être d’accorder une entrevue d’une heure dans ces conditions.

Tant pis pour eux. On ferait une entrevue individuelle avec ceux qui accepteraient cet exercice d’information démocratique.

Ainsi, il y aurait un peu plus de chances de faire dire aux chefs politiques ce qu’ils et elles pensent vraiment.

Et les citoyennes et citoyens ne mourraient pas d’ennui devant leur appareil de télévision.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 25 septembre 2015



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Micheline Carrier
Sisyphe

Micheline Carrier est éditrice du site Sisyphe.org et des éditions Sisyphe avec Élaine Audet.



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  • "Débat" des chefs politiques : formule dépassée et ennuyante
    (1/1) 27 septembre 2015 , par





  • "Débat" des chefs politiques : formule dépassée et ennuyante
    27 septembre 2015 , par   [retour au début des forums]

    Bonne suggestion quant à la forme qui pourrait étre adoptée pour en finir avec la formule actuelle dépassée.
    Pour rédiger les questions, les journalistes pourraient mettre les électeurs à contribution...

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