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vendredi 26 février 2016

Pour une société émancipatrice : ni prostitution, ni gestation pour autrui (GPA)

par Les porte-parole de huit associations






Écrits d'Élaine Audet



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À la veille des Assises pour l’abolition universelle de la maternité de substitution, le 2 février 2016 à Paris, à l’Assemblée nationale.

Faire du vagin et de l’utérus les moyens par lesquels passerait l’émancipation des femmes d’aujourd’hui serait une régression en termes de reconnaissance d’une égale dignité de toutes les personnes.

L’égalité entre les femmes et les hommes passe par le respect de règles communes, qui protègent contre l’aliénation et l’exploitation des personnes et de leur corps.

Or, certain.e.s demandent à ce que la prostitution ou les mères porteuses soient reconnues comme des activités rémunératrices, représentant de véritables alternatives professionnelles pour les femmes. Ils/elles parlent de "travail du sexe", comme si la prostitution pouvait être assimilée à un travail comme un autre.

Des universitaires plaident pour la reconnaissance de ce "travail", présenté comme un choix, sans aucun égard pour la réalité de la prostitution pour les femmes et les autres personnes qui la vivent : des conditions sociales, familiales, économiques empruntes d’inégalités et de violence, une violence au quotidien, en commençant par l’imposition d’un acte sexuel sans désir.

Si c’est un travail comme un autre, pourquoi est-ce si difficile d’en sortir, comme le montrent toutes celles qui ont pu le faire, et qui témoignent aujourd’hui ?

L’émancipation des femmes est défendue par les partisan.e.s comme par les opposant.e.s à la légalisation de la prostitution et des mères porteuses. Mais les partisan.e.s détournent cette émancipation en mettant en avant le seul critère du choix individuel de disposer librement de son corps.

La position abolitionniste souhaite, au contraire, montrer la globalité des conditions (de vie, de choix, économiques, etc.) dans lesquelles un choix est fait, et, dans une perspective féministe et sociale, les nombreuses limites qui le déterminent.

Comme la prostitution, la pratique des mères porteuses est présentée avec une face positive et une face négative. La face négative étant celle où ce sont les besoins matériels qui amènent la femme à devenir mère porteuse. Alors que, selon la face positive, la femme le fait pour aider des personnes en souffrance : elle est donc auréolée de l’altruisme et de la générosité, stéréotypes maternels typiques, supposés être la motivation des femmes qui choisissent de porter un enfant dans le but de s’en séparer à la naissance (contre de l’argent, généralement).

À part ces motivations, réconfortantes pour les personnes qui se permettent de mettre le prix pour payer les "services reproductifs" d’une femme, rien n’est dit, dans les débats publics, sur les conditions de vie et l’éducation des femmes qui se proposent comme "mères porteuses".

Là aussi, on préfère occulter délibérément la pauvreté de certaines, l’éducation à la soumission à l’homme, les inégalités de revenus et de statut social entre la femme et les commanditaires.

On préfère ne jamais évoquer le fait que les femmes indiennes, ukrainiennes, mexicaines, népalaises (pour ne mentionner qu’elles) sont pour beaucoup soit analphabètes, soit non anglophones, alors que les contrats de "gestation pour autrui" qu’on leur fait signer sont, souvent, en anglais. Ni le fait qu’aux États-Unis, elles sont tenues par des contrats ultra-verrouillés fournis clés en mains par les business lawyers des agences – et que la jurisprudence américaine est de plus en plus défavorable aux mères de naissance, afin de les dissuader de dénoncer ces contrats après coup.

Pour donner bonne conscience aux personnes souhaitant recourir à cette pratique, on évoque là aussi la possibilité de professionnalisation du "métier" de mère porteuse.

Cette activité, qui s’apparente à de l’esclavage reproductif encadré, concerne exclusivement les femmes. L’organiser politiquement, juridiquement, socialement, c’est partir du principe qu’il y a des femmes qui souhaitent être exploitées, et qu’il faut les y encourager. C’est surtout accepter un système qui profite des inégalités entre les femmes et les hommes, et ne cherche pas à les réduire.

Transformer en métiers les capacités reproductives des femmes et les actes sexuels qu’elles peuvent accomplir contre paiement procède du même mouvement : créer dans la société un gouffre définitif entre les femmes et les hommes, un gouffre dans lequel les femmes seraient de manière irrémédiable (car seules à posséder vagin et utérus) des objets, ou des êtres vivants disponibles pour une reproduction mercenaire, au service de quiconque peut les payer.

Le droit de disposer librement de leur corps a été gagné durement par les femmes, dans des sociétés patriarcales, qui leur en ont fait chèrement payer le prix.

Ce droit suppose d’avoir la sexualité que l’on souhaite, de la gérer comme on l’entend, d’avoir ou de ne pas avoir des enfants, en ayant recours à la contraception, ainsi qu’à l’avortement si on le décide. Selon l’OMS, ce droit suppose de protéger sa santé sexuelle de toute contrainte, violence et discrimination. La contrainte économique n’échappe pas à cette demande.

La liberté des femmes de disposer de leur corps concerne toute la société, toutes les femmes ainsi que tous les hommes. Pour qu’elle s’accomplisse, il faut que les femmes ne soient pas soumises à des contraintes - matérielles ou économiques, sociales, affectives, familiales ou autres encore - qui leur fassent croire que la prostitution ou la "gestation pour autrui" serait une alternative aux problèmes qu’elles rencontrent.

Le projet politique, qui est la base de la société, doit protéger les femmes de se trouver durablement dans des situations où la prostitution ou la maternité pour autrui leur apparaissent comme un recours.

Ce projet doit viser l’égalité des droits et des chances entre les femmes et les hommes, et non pas l’organisation de l’exploitation et de la domination des femmes. Cela seul est un projet de société libérateur, pour les hommes comme pour les femmes, car il n’est de relation humaine possible que dans le respect absolu du corps d’autrui, corps sur lequel nul ne saurait avoir de droit, fût-ce par contrat.

 Maya Surduts et Nora Tenenbaum, représentantes de la CADAC (Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception), Ana-Luana Stoicea-Deram, membre du CoRP (Collectif pour le Respect de la Personne), Jocelyne Fildard, Marie-Josèphe Devillers, Catherine Morin-Le Sech, représentantes de la CLF (Coordination Lesbienne en France), Nelly Martin, représentante pour la Marche Mondiale des Femmes et Suzy Rojtman, du Collectif national pour les droits des femmes.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1 février 2016



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