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mercredi 19 octobre 2016 Agressions à l’université, radicalisation, harcèlement : phénomènes isolés ?
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Aujourd’hui même se tiendra à l’Université Laval une manif pour dénoncer la culture du viol sur le campus, une culture constatée dans plusieurs universités canadiennes où les autorités semblent prendre la chose à la légère. Nos recteurs semblent répondre aux agressions comme l’armée canadienne lorsque des femmes sont violées, intimidées ou forcées de démissionner. On se scandalise lorsqu’un candidat à la présidence des États-Unis laisse libre cours à un vocabulaire dégradant, mais peut-être devrait-on regarder autour de nous ? Bref, la radio annonce que trois ministres du gouvernement du Québec devraient y participer à cette manif initiée par un professeur outragé. Bravo ! L’actualité récente a été généreuse sur des thématiques similaires. En mai 2016, la ministre des Relations internationales annonçait la tenue à Québec d’une conférence de l’Unesco sur l’Internet et la radicalisation des jeunes (1). L’influence d’Internet dans le processus menant à la violence extrémiste chez les jeunes semble faire consensus chez les gouvernements car le projet vient de l’Unesco. Relations internationales et francophonie Rappelons-nous qu’il y a 2 ans, la ministre de la Famille du Québec annonçait un nouveau plan d’action pour contrer l’intimidation « dans le monde réel et dans le monde virtuel » (2). Au moment d’écrire ces lignes, le ministre de l’Éducation, du loisir et du Sport poursuit une tournée des régions afin de mobiliser les intervenants pour « enrayer les lacunes dans le processus éducatif des jeunes Québécois. » (3) Se pourrait-il que les ministres de la Famille de 2014, comme celle des relations internationales et celui de l’éducation de 2016 soient sur le point de traquer des phénomènes issus d’une même intoxication de nos valeurs culturelles ? Se pourrait-il que ce qu’on appelle « radicalisation » quand il est question de terrorisme comporte des similarités avec l’intimidation, le harcèlement et le "bullying" quand on parle de vivre ensemble à l’école ? Y aurait-il des liens à faire avec la culture toxique qui circule sur nos campus ? Ces phénomènes, étiquetés différemment, pourraient-ils être reliés au processus mental que les chercheurs et les militaires appellent « désensibilisation », et que les psychologues appellent banalisation ? Dans les centaines d’école et de collèges du Québec et de France où, depuis 2003, l’on a préparé des enfants et des adolescent-es à vouloir et pouvoir réduire le temps consacré aux mondes virtuels numériques, y compris les plus addictifs, (Internet, jeux vidéo, tablettes et smartphones) on a constaté une amélioration rapide du climat d’apprentissage, des relations entre élèves et des conversations familiales. Pour les préparer à la déconnexion, on a notamment demandé aux adolescent-es les paroles blessantes les plus courantes dans leur univers scolaires. Les humiliations misogynes ont occupé la première marche du podium, loin devant l’homophobie et l’apparence. À quoi attribuer la diminution de la violence verbale chez les jeunes qui se déconnectent ? Après des années d’expertise, de réflexion et de débats dans des centaines d’écoles où l’on a proposé le Défi 10 jours sans écrans, on arrive toujours à la même réponse : la reconnexion avec la réalité entraîne la réhabilitation fulgurante de l’empathie. On obtient ce résultat sans intervention policière, sans durcissement des règles de vie, sans suspension ni exclusion, sans sermons ou menaces de sanctions, sans Ritalin. Bienfait bizarre à première vue, mais en y repensant, le résultat était prévisible. Peut-être que les bienfaits suite à la déconnexion peuvent sembler banals, éphémères ou superficiels du point de vue d’une autorité ministérielle, mais du point de vue des élèves et de leurs parents, ils sont fantastiques et font une différence énorme entre l’école-infernale ou l’université-périlleuse et l’école-où-l’on-a-hâte-d’arriver-le-matin. Étonnamment, 75% des parents veulent reprendre le Défi 10 jours sans écrans chaque année. Quel projet cruel, irréaliste ou rétrograde penseront certains. On s’est demandé, nous aussi, si les jeunes privés de leur smartphone avaient souffert ? Eh bien non, c’est plutôt le contraire. Les enseignant-es ont constaté que la concentration des élèves s’était améliorée et les jeunes ont reconnu avoir été de meilleure humeur, tout cela et quelques autres bienfaits tangibles, sans pilule, ni aide médicale à survivre. Bienvenue au monde de la réalité et de la déconnexion numérique pendant quelques jours. L’heure est peut-être venue de remettre les écrans de type récréatif, en commençant par les plus toxiques, à leur place, avec les serviteurs et les outils. Puissent nos autorités scolaires prendre le remède au sérieux. Jacques Brodeur, Edupax, OSBL, Trois-Rivières, Québec Actualités pour une consommation médiatique éclairée Notes 1. http://www.mrif.gouv.qc.ca/fr/salle-de-presse/communiques/2016/2016_05_25 – Lire aussi : – Censurer celles qui dénoncent la culture du viol Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 octobre 2016 |
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