Que pourrais-je te dire de plus
que tu ne saches depuis longtemps
des bords abrupts de la beauté
du vieux désir de la prendre au mot
Un oiseau répète têtu ses deux notes
dans le soleil revenu
le vert nouveau du saule un souffle pur
deux notes et l’infini
Si l’oiseau égrène neuf notes
l’air devient clavier d’espérance
extase de la mémoire déployée
averse d’étoiles en plein jour
Avec toi je remonte l’oubli
un oubli plus lointain que toi et moi
une ’étrangéité’ profonde
nichée dans la nuit éternelle du rêve
Certains êtres marquent nos vies
et nous signent d’un trait indélébile
de cette fissure invisible primitive
sortent des mots gorgés d’infini
T’ai-je dit ne pouvoir te trouver
que dans un rêve où tu n’es pas
ou prodige de notre rencontre
dans le cristal si bleu du soleil
La pluie dilue les couleurs
et les métamorphose au sol
laissant dans nos regards
le miroir fluide de la beauté
Peu importe de près de loin
la distance n’existe plus
le point aveugle déjà franchi
ne reste que la lumière
Cesse de pleurer les pertes
et la douleur qui s’empile dans tes os
écarte le voile des mots
pour la seule joie de l’envol au matin
Le rêve ne renonce jamais au jour
il s’enchevêtre à la lumière
ses images grisantes comme la soie
pures réflexions de ma soif
La pluie n’en finit plus de tomber
fin rideau de larmes
tiré sur ton enfance
papillon d’eau épris de la flamme
Lumière perdue loin dans les yeux
je t’attends au versant du silence
là où à l’extrême les mots roulent
des étoiles et harnachent leur chute
Comme des racines sans âge
nous ne parlons que l’amour
la langue souterraine du rêve
sur la page blanche du matin
Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 août 2017