On peut ne rien retenir
mais s’émerveiller de la fraîcheur
océanique de la pensée
de sa paume intense sur le coeur
La nuit recule un peu plus le jour
ainsi tu reviens en plein rêve
mon corps te savait déjà à l’écho
bien avant le lever du silence
Les mots n’en finissent plus
de m’enrêver m’échouer
sur le sable la langue du vent
l’épave en feu de ta voix
Dans la forêt volubile évanouie
tout poème veut retrouver
le passage secret inventé
avant la crue violente du vide
Les mots prennent feu
comme une main forte et fine
qui écarte les rideaux
et laisse le matin l’embraser
Seule l’autre de soi
la parfaite inconnue fascine
et aspire les mondes
dans le miroir vrai de l’oeil
Pourquoi avoir encore si peur
la langue de la nuit parle ton corps
l’univers pense sur ton épaule
pétrit le pain de l’infini sous ta peau
Je te retrouve dans le bris du jour
le mystère de la forêt en moi
un bref passage bleu d’eau de feu
ultime caresse de l’éternité
Nous étions l’improbable
basculé dans l’œil de la beauté
les dés jetés dans le vide
le feu rapatrié sous les paupières
Nous sommes parfois les possibles
des racines entre ciel et terre
des syllabes revenues à la source
la parole rendue à ses océans
Nous sommes les racines du cri
le feu sauvage du désir
la cicatrice des larmes
sur le rivage obscur de l’amour
De très loin je te suis en moi
je peux t’attribuer tous les noms
la parole s’est donné la mort
pour renaître extase sur ta langue
Je passe pareille à ce coquillage
nacré léché sel son saveur
que le refrain têtu de l’enfance
a voué au savoir de la mer
Te toucher de partout de toujours
et dans l’étincelle revivre le chaos
cette poudre de lumière en nous
peau arborescente de la matière
Mis en ligne, le 22 septembre 2017