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mardi 3 avril 2018

"Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas"
Une anthologie aux éditions du Remue-ménage et Syllepse

par Andrea Dworkin, auteure et militante féministe






Écrits d'Élaine Audet



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Je veux réfléchir avec vous au stade politique que nous avons atteint. Je dirais que nous avons réussi à ce que l’on appelle, par euphémisme, « briser le silence ». Nous avons commencé à parler de certains événements, expériences, réalités, vérités dont on ne parlait pas avant ; et particulièrement d’expériences qui sont arrivées à des femmes et qui ont été cachées – des expériences que la société n’a pas nommées, que les politiciens n’ont pas reconnues ; des expériences que le droit n’a pas abordées du point de vue de celles à qui on a fait mal.

Mais quand nous parlons de « briser le silence », les gens conçoivent parfois ce « silence » comme superficiel, comme s’il y avait de la parole – du bavardage, en fait – et par-dessus cette parole, un niveau superficiel de silence, qui serait affaire de bienséance ou de politesse. Il est vrai qu’on apprend aux femmes à être belles et à se taire. Mais le silence dont je parle est plus profond : il va au cœur de la tyrannie, de sa nature. Il existe une tyrannie qui dicte non seulement qui peut dire quoi mais particulièrement ce que peuvent dire les femmes. Il existe une tyrannie qui détermine à l’avance qui n’a pas droit de parole, une tyrannie où l’on enlève aux personnes le droit de dire les choses les plus importantes pour elles sur la vie. C’est de ce genre de tyrannie que je parle.

Les systèmes politiques où nous vivons sont basés sur ce profond silence. Ils sont basés sur ce que nous n’avons pas dit. Ils sont basés particulièrement sur ce que n’ont pas dit les femmes – les femmes de toutes les catégories raciales et de toutes les classes, y compris les plus privilégiées. Les a priori qui sous-tendent nos systèmes politiques sont eux aussi basés sur ce que n’ont pas dit les femmes. Nos idées de démocratie et d’égalité – des idées créées par les hommes, des idées qui expriment ce que les hommes pensent que sont la démocratie et l’égalité – ont évolué en l’absence des voix, des expériences, des vies, des réalités des femmes. Les principes de liberté que nous entendons énoncer comme autant de truismes sont des principes élaborés en dépit de ce profond silence : sans notre participation.

Il existe une tyrannie qui dicte non seulement qui peut dire quoi mais particulièrement ce que peuvent dire les femmes. Il existe une tyrannie qui détermine à l’avance qui n’a pas droit de parole, une tyrannie où l’on enlève aux personnes le droit de dire les choses les plus importantes pour elles sur la vie.

Nous sommes toutes censées partager et prendre pour acquis les lieux communs de l’équité sociale et civique ; pourtant, ces lieux communs sont basés sur notre silence. Ce qui passe pour normal dans la vie est basé sur ce même silence. Le genre lui-même – ce que sont les hommes, ce que sont les femmes – est fondé sur le silence imposé aux femmes ; et les opinions au sujet de la collectivité – ce qu’est une collectivité, ce qu’une collectivité devrait être – sont basées sur ce silence. Les sociétés ont été organisées de façon à maintenir le silence des femmes – ce qui laisse entendre que nous ne pouvons briser ce profond silence sans changer les façons dont les sociétés sont organisées.

Nous avons commencé à briser ce profond silence. Nous avons nommé comme telle la force utilisée contre nous, qui a longtemps été appelée autrement. C’était, par exemple, un droit légal conféré aux hommes dans le mariage. Ils pouvaient forcer leurs épouses au coït et on n’appelait pas cela de la force ou du viol ; on appelait cela du désir ou de l’amour. Nous avons contesté la vieille idéologie qui faisait de la conquête sexuelle un jeu « naturel » où les femmes sont des cibles et les hommes des héros conquérants. Nous avons dit que ce modèle était lui-même prédateur et que ceux qui en actualisent les impératifs agressifs sont des prédateurs, pas des amants. Nous avons dit cela.

Nous avons identifié le viol ; nous avons identifié l’inceste ; nous avons identifié la violence conjugale ; nous avons identifié la prostitution ; nous avons identifié la pornographie – comme autant de crimes contre les femmes, de façons d’exploiter les femmes, de façons de faire souffrir les femmes qui sont systématiques et soutenues par les pratiques des sociétés où nous vivons. Nous avons identifié l’exploitation sexuelle comme une forme de violence.

Nous avons identifié l’objectification des femmes et leur transformation en produits marchands comme des pratiques déshumanisantes, profondément déshumanisantes. Nous avons identifié l’objectification et l’exploitation sexuelle comme des mécanismes servant à créer de l’infériorité, de l’infériorité réelle : pas un concept abstrait mais une vie vécue en tant que personne inférieure dans une société civile. Nous avons identifié les modèles de violence qui se produisent dans les rapports intimes. Nous savons que la plupart des viols ne sont pas commis par l’étranger dangereux et prédateur mais par le copain, l’amant, l’ami, le mari ou le voisin dangereux et prédateur, par l’homme dont nous sommes le plus proches et non le plus éloignées.

Et nous avons appris plus de choses à propos de l’étranger, aussi. Nous avons appris à mieux connaître les façons qu’ont de nous cibler et de nous pourchasser des hommes que nous ne connaissons pas. Nous avons refusé d’accepter l’a priori de cette société qui tient la victime responsable de la violence qu’elle vit. Nous avons refusé d’accepter qu’elle ait provoqué cette violence, qu’elle l’ait souhaitée, qu’elle l’ait aimée. Ce sont les dogmes de base de la pornographie, et nous les avons rejetés. En rejetant la pornographie, nous avons rejeté l’intégrisme de la domination masculine, qui définit, simplement et sans ambages, les femmes comme des créatures moins qu’humaines qui désirent qu’on leur fasse mal, qu’on les blesse, qu’on les viole. Nous avons changé certaines lois de sorte que maintenant, par exemple, un viol peut faire l’objet d’une poursuite sans exigence de corroboration – il n’est plus nécessaire qu’un viol ait eu lieu devant témoin pour qu’une femme puisse porter plainte. Cela a déjà été la règle.

Maintenant, une femme n’a plus à se battre jusqu’à deux doigts de la mort pour démontrer qu’elle a résisté. Avant, si elle n’avait pas été blessée de façon sadique, rouée de coups, battue à coups de tuyau, etc., elle était présumée avoir consenti. Nous avons normalisé la façon de recueillir la preuve dans les causes de viol, de sorte que la décision d’intenter ou non une poursuite ne dépend plus des caprices ou de la compétence des agents enquêteurs. Nous n’avons fait rien de cela pour les femmes battues, même si nous avons essayé de leur offrir quelque refuge, quelque hébergement, une voie d’échappement. Enfin, rien de ce que nous avons fait pour les femmes violées ou battues n’a réussi à aider les femmes qui ont été prostituées.

Nous avons transformé la reconnaissance sociale et juridique de qui est l’agresseur. Nous avons fait cela. Nous avons contesté le semblant de permanence de la domination masculine en la déstabilisant, en refusant de l’accepter comme la réalité, comme notre réalité. Nous avons dit Non. Non, ce n’est pas notre réalité.

Nous avons refusé d’accepter l’a priori de cette société qui tient la victime responsable de la violence qu’elle vit. Nous avons refusé d’accepter qu’elle ait provoqué cette violence, qu’elle l’ait souhaitée, qu’elle l’ait aimée. Ce sont les dogmes de base de la pornographie, et nous les avons rejetés.

Et même si nous avons offert des services aux femmes violées, aux femmes battues, nous n’avons jamais réussi à en offrir assez. Laissez-moi vous dire que si une société prenait au sérieux ce que signifie de voir la moitié de sa population être violée et battue aussi souvent que le sont les femmes aux États-Unis et au Canada, on transformerait les édifices gouvernementaux en refuges. On ouvrirait nos églises aux femmes et on leur dirait : « Elles sont à vous. Habitez-y. Faites-en ce que vous voudrez. » On leur remettrait nos universités.

Que reste-t-il à faire ? Penser à aider une victime de viol est une chose ; penser à mettre fin au viol en est une autre. Nous devons mettre fin à la violence conjugale. Nous devons mettre fin à l’inceste. Nous devons mettre fin à la violence des maris. Nous devons mettre fin à la prostitution et nous devons mettre fin à la pornographie. Cela veut dire que nous devons refuser d’accepter l’idée qu’il s’agit de phénomènes naturels qui se produisent simplement parce qu’un type a une journée difficile.

La domination masculine est organisée dans chaque pays de façon différente. Il y a des pays où les femmes sont confrontées aux mutilations génitales. Il y en a où l’avortement est imposé, pour avorter systématiquement les fœtus féminins. En Chine, l’avortement imposé est une politique d’État. En Inde, une économie de libre marché force des multitudes de femmes à avorter de fœtus féminins ou, si elles ne le font pas, à commettre l’infanticide des bébés féminins. Pensez à ce que les politiques sur l’avortement signifient pour les femmes vivantes, adultes, pour la condition de ces femmes. Remarquez que la notion occidentale de choix – si cruciale pour nous – ne rend pas compte de la situation des femmes en Chine ou en Inde.

Chaque fois que nous regardons la condition des femmes dans un pays donné, il nous faut regarder les façons dont la domination masculine s’organise. Aux États-Unis, par exemple, nous voyons croître une population de tueurs en série. Ils forment déjà une sous-culture dans mon pays ; il ne s’agit plus de déviants solitaires. Les forces de l’ordre, aux statistiques toujours conservatrices, évaluent que près de 400 tueurs en série sont actifs chaque jour aux États-Unis.

Pour moi, il nous faut insister sur les auteurs des crimes commis contre les femmes au lieu de nous poser sans cesse les questions : « Pourquoi est-ce arrivé à elle ? Qu’est-ce qu’elle a d’anormal ? Pourquoi l’a-t-il choisie, elle ? » Mais pourquoi devrait-il frapper ou blesser qui que ce soit ? Qu’est-ce qu’il a d’anormal ? La question, c’est lui. Le problème, c’est lui. C’est sa violence à lui que nous nous retrouvons à fuir, dont nous nous cachons et dont nous souffrons. Le mouvement des femmes doit être prêt à nommer l’agresseur, à nommer l’oppresseur. Le mouvement des femmes doit refuser d’exiler les femmes qui portent la puanteur de l’agression sexuelle, son odeur, son stigmate, sa marque.

Nous devons refuser d’exiler les femmes qui ont été blessées plus d’une fois, violées plusieurs fois, battues plusieurs fois ; les femmes qui ne sont pas douces, pas respectables ; celles qui n’ont pas de belles maisons. Le mouvement des femmes n’existe pas s’il n’inclut pas les femmes qui sont blessées et les femmes les plus dépossédées. Le mouvement des femmes doit affronter les systèmes familiaux de nos pays : des systèmes où les enfants sont violés et torturés. Le mouvement des femmes doit affronter le problème des femmes battues qui ne se sont pas échappées – et nous devons nous demander pourquoi ; pas pourquoi elles ne se sont pas échappées, mais pourquoi nous nous accommodons du fait qu’elles sont encore captives et prisonnières.

Chaque fois que nous regardons la condition des femmes dans un pays donné, il nous faut regarder les façons dont la domination masculine s’organise.

Nous devons affronter la question de la prostitution : pas comme question à débattre, mais comme question de vie ou de mort. La plupart des femmes prostituées en Occident sont des victimes d’inceste qui se sont enfuies de chez elles, qui ont été violées, qui sont vendues par des entremetteurs alors qu’elles sont encore des enfants – des enfants violées, sans abri, pauvres et abandonnées. Nous devons affronter la pauvreté ; pas au sens libéral d’un sentiment d’empathie mais au sens concret, dans la vraie vie. Nous devons affronter ce que signifie prendre le parti des femmes qui n’ont rien parce que quand les femmes n’ont rien, c’est vraiment rien : pas de logis, pas de nourriture, pas d’abri, souvent même pas la capacité de lire.

Nous devons arrêter de banaliser les blessures et les insultes infligées aux femmes, comme le font nos systèmes politiques. Pour avoir connu la violence d’un mari et pour avoir été et être encore aujourd’hui une femme engagée politiquement, je peux vous dire que la différence entre être torturée à cause de ses idées ou de son engagement politique, et être torturée à cause de sa race ou de son sexe, équivaut à la différence entre avoir une certaine dignité et n’en avoir aucune. Cette différence est réelle.

Nous devons affronter la question de la prostitution : pas comme question à débattre, mais comme question de vie ou de mort.

Nous ne pouvons pas corriger les défauts de notre féminisme si nous sommes prêtes à accepter la prostitution des femmes. La prostitution, c’est du viol en série : le violeur change mais la femme violée reste la même ; l’argent lave les mains de l’homme. Dans certains pays, les femmes sont vendues en esclavage sexuel, souvent dès l’enfance. Dans d’autres pays, comme le Canada et les États-Unis, les prostituées sont créées par le viol d’enfants – l’inceste surtout –, par la pauvreté et par l’itinérance. Dans des économies de libre marché, tant qu’il y aura des consommateurs, des prostituées seront créées ; et pour créer l’offre nécessaire (et désirée) de prostituées, des enfants doivent être violés, appauvris, sans abri. Nous ne pouvons pas accepter cela ; nous ne pouvons pas accepter la prostitution.

Nous devons pouvoir intenter contre le viol conjugal des poursuites efficaces, c’est-à-dire obtenir des condamnations. La criminalisation efficace du viol conjugal et l’élimination de la prostitution s’en prennent aux deux pôles du même continuum. Les hommes sont-ils ou non propriétaires des femmes ? Si les hommes peuvent acheter et vendre des femmes au coin des rues, alors oui, les hommes sont propriétaires des femmes. Si les hommes ont le droit de violer des femmes dans le mariage – même un droit implicite, du fait de n’être jamais condamnés par un jury – alors oui, les hommes sont propriétaires des femmes.

Nous sommes celles qui devons dire – en paroles, en actions, en politiques sociales, en droit – non, les hommes ne sont pas propriétaires des femmes. Pour y arriver, il nous faut de la discipline politique. Il nous faut prendre au sérieux les conséquences de la violence sexuelle pour nous, les femmes. Il nous faut comprendre les effets qu’a eus sur nous la violence sexuelle – pourquoi est-ce si terriblement difficile de nous organiser politiquement ? Il nous faut comprendre que la violence sexuelle nous a brisées en un million de morceaux et que nous portons en nous tous ces morceaux qui s’entrechoquent : nous sommes fracassées de l’intérieur ; un chaos ; apeurées et hésitantes quand nous ne sommes pas gelées et engourdies. Nous sommes des héroïnes pour ce qui est d’endurer mais, jusqu’à maintenant, des lâches pour ce qui est de résister.

Il existe une traite mondiale des femmes, et tant que des femmes sont achetées et vendues dans un marché mondial d’esclaves, nous ne sommes pas libres. Il existe une crise de la pornographie aux États-Unis. Les femmes des États-Unis vivent dans une société saturée de matériel d’exploitation et de brutalité sexuelle qui dit : Violez-la, battez-la, faites-lui mal, elle aimera ça, ça l’amuse. Il nous faut donner priorité aux femmes. La liberté des femmes doit bien passer pour nous avant celle des proxénètes ! Nous devons faire tout ce qui interrompra la colonisation du corps des femmes. Nous devons refuser d’accepter les a priori. Nous devons nous demander quels droits politiques il nous faut avoir en tant que femmes. Ne prenez pas pour acquis qu’au dix-huitième siècle des penseurs politiques masculins ont répondu à cette question, et ne prenez pas pour acquis que quand votre propre Charte a été réécrite au vingtième siècle, on a répondu à cette question. On n’a pas répondu à cette question.

De quelles lois avons-nous besoin ? Qu’est-ce qui serait la liberté pour nous ? Quels principes sont nécessaires à notre bien-être ? Pourquoi des femmes sont-elles vendues au coin des rues et torturées chez elles dans des sociétés qui se prétendent basées sur la liberté et la justice ? Quelles actions faut-il poser ? Que nous en coûtera-t-il et pourquoi avons-nous trop peur de payer ce prix ? Les femmes qui ont tiré quelques avantages du mouvement des femmes ont-elles peur que la résistance ou la rébellion ou même le fait de poser des questions politiques leur coûte le peu qu’elles ont obtenu ? Pourquoi négocions-nous encore une par une des compromis avec les hommes au lieu de réclamer collectivement ce qu’il nous faut ?

Il existe une traite mondiale des femmes, et tant que des femmes sont achetées et vendues dans un marché mondial d’esclaves, nous ne sommes pas libres.

Je vais vous demander de garder en mémoire que tant qu’une femme est achetée ou vendue où que ce soit dans le monde, vous n’êtes ni libre ni en sécurité. Vous avez vous aussi un numéro et, un jour, ce sera votre tour. Je vais vous demander de garder en mémoire les femmes prostituées, les sans-abri, les femmes battues, les femmes violées, les femmes torturées, les femmes tuées, les femmes violées puis tuées, les femmes tuées puis violées ; et je vais vous demander de garder en mémoire les femmes photographiées, celles à qui l’on a fait l’une ou l’autre de ces violences et dont on a pris des photos, et aujourd’hui, ces photos sont en vente dans nos pays libres.

Je veux que vous pensiez aux femmes à qui l’on a fait mal au nom du plaisir, du divertissement, de la soi-disant libre expression des autres ; aux femmes à qui l’on a fait mal pour de l’argent, pour le bénéfice financier des pimps et des hommes d’affaires. Je veux que vous vous souveniez de l’agresseur et je vais vous demander de vous souvenir des victimes : pas seulement ce soir, mais demain et le jour d’après. Je veux que vous trouviez une façon de les inclure – les agresseurs et les victimes – dans ce que vous faites, dans la façon dont vous pensez, dont vous agissez, dans ce qui compte pour vous, dans ce que votre vie signifie pour vous.

Enfin, je sais que, dans cette pièce, certaines d’entre vous sont ces femmes dont j’ai parlé. Je le sais. Les gens autour de vous ne le savent peut-être pas. Je vais vous demander d’utiliser chacune des choses dont vous pouvez vous souvenir sur ce qui vous a été fait – comment, où, par qui, quand et, si vous le savez, pourquoi – afin de commencer à tailler en pièces la domination masculine, à la démanteler, la vandaliser, la déstabiliser, la brouiller, l’entraver, la saccager.

Je veux que vous vous souveniez de l’agresseur et je vais vous demander de vous souvenir des victimes : pas seulement ce soir, mais demain et le jour d’après. Je veux que vous trouviez une façon de les inclure – les agresseurs et les victimes – dans ce que vous faites, dans la façon dont vous pensez, dont vous agissez, dans ce qui compte pour vous, dans ce que votre vie signifie pour vous.

Je dois vous demander de résister, de ne pas céder – de détruire le pouvoir qu’exercent les hommes sur les femmes, de refuser de l’accepter, de l’avoir en horreur et de faire tout ce qu’il faudra, quoi qu’il vous en coûte, pour l’abolir.

 Allocution prononcée au cinquième Forum Walter Gordon du Massey College, à Toronto, le 12 avril 1995, lors d’un colloque intitulé « L’avenir du féminisme ». Publié à l’origine par le Massey College, Université de Toronto, le 2 mai 1995.

Ce texte figure dans une anthologie publiée, sous le même titre, aux Éditions du remue-ménage et Syllepse.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1 mars 2018



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Andrea Dworkin, auteure et militante féministe

Andrea Dworkin, écrivaine féministe américaine, est l’auteure de plusieurs livres importants : Scapegoat : The Jews, Israel, and Women’s Liberation ; Intercourse, Pornography : Men Possessing Women. Son dernier livre est Heartbreak : The Political Memoir of a Feminist Militant.


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