Communiqué, 30 mars 2019 - Depuis le 22 février, Journée de la revendication citoyenne, les Algériennes marchent pour un État de droit et une Algérie libre et démocratique. Le vendredi 22 mars, nous avons pris conscience, à l’instar de l’ensemble de nos compatriotes (étudiants, partis politiques, associations et corporations), de l’exigence de donner du contenu à la revendication principale du Mouvement qu’est “Système dégage !”.
Or, ce système est loin d’être abstrait : autoritaire et basé sur des structures et des pratiques sociales oppressives qui reposent aussi sur l’assujettissement des femmes. Le mouvement des femmes, déjà ancien puisqu’il date de la création de l’Association des femmes algériennes en 1947 par des militantes du Mouvement national, s’est toujours battu contre le déni des droits des femmes.
Le 22 mars dernier, nous avons créé le carré féministe dans le but de rendre visible cette aspiration à la démocratie et à l’égalité entre tous les citoyennes et les citoyens. Cette initiative s’est déroulée dans le calme et fut saluée par de nombreux manifestants. Nous comprenons d’autant moins ce qui s’est produit ce vendredi 29 mars : nous étions positionnées avec nos banderoles devant le portail de la Faculté centrale lorsqu’un groupe réduit et bien encadré de manifestants s’en est pris à nous. Insultes, crachats, bousculades, attouchements et arrachage de banderoles, en particulier celle portant le slogan “Il n’y a pas d’Algérie libre et démocratique sans les droits des femmes”.
Nous condamnons cette agression en ce qu’elle a de violent et d’attentatoire à l’image et au prestige du Mouvement fondés sur la “Silmya”.
Or, ceci est notre conviction profonde : aucune construction démocratique ne peut s’accomplir sans la remise en cause de ce statut particulier qu’est le Code de la famille dont –nous en sommes sûres- une (re)lecture attentive indignerait chaque citoyenne et citoyen tant ce texte législatif incarne une injustice flagrante à l’égard de la moitié de la société algérienne.
Nous avons milité et marché depuis toujours aux côtés de nos compatriotes pour combattre l’oppression du peuple tout entier. On nous a dit, à chaque fois, que nos droits les plus élémentaires en tant que femmes devaient être relégués au deuxième plan car ils allaient trouver leur concrétisation dans le futur.
Aujourd’hui, on nous oppose le même discours mais nous continuerons à militer et à marcher pour une Algérie libre et démocratique dans laquelle les droits des femmes ne seront plus bafoués ni ajournés.