| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






mercredi 30 juillet 2003

Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre

par Micheline Carrier






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Manifeste du Front Féministe
Confondre le sexe biologique et le genre nuit aux droits des femmes
L’intersectionnalité : Les invectives grotesques et les procès d’intention !
Les mille et une façons de tuer une femme
Pour un féminisme universaliste
Fées cherchent Île Oasis
L’universalisme est inhérent au féminisme
Contre le racisme des bons sentiments qui livrent les femmes au patriarcat oriental
Les filles, ne baissez pas les bras !
La Ville de Québec a dévoilé quatre plaques commémoratives en hommage à des femmes ayant marqué son histoire
Qu’est-ce qu’une femme ?
La sororité est-elle possible ?
L’intersectionnalité dévoyée : le cheval de Troie des islamistes
Le système patriarcal à la base des inégalités entre les sexes
#8mars - Les "étincelles" de Sophie Grégoire Trudeau
Désolée, vous n’êtes pas égales
Élaine Audet et Micheline Carrier, récipiendaires du Prix PDF QUÉBEC 2016
Vous avez dit "mauvais genre" ?
Lorraine Pagé trace un tableau de la situation des femmes dans le monde
Sexisme politique, sexe social
Révolution féministe : site féministe universaliste et laïc
Il faut abolir les prisons pour femmes
Le féminisme islamique est-il un pseudo-féminisme ?
Pour un féminisme pluriel
Cachez-moi ce vilain féminisme
Féminisme - Le Groupe des treize veut rencontrer la ministre à la Condition féminine Lise Thériault
Combattre le patriarcat pour la dignité des femmes et le salut du monde
Martine Desjardins parle du Sommet des femmes à Montréal
Banaliser la misogynie, c’est dangereux
Féminisme - Faut-il faire le jeu du "Diviser pour régner" ?
Je suis blanche et vous me le reprochez !
La pensée binaire du féminisme intersectionnel ne peut que mener à l’incohérence
Lutter contre la pauvreté des femmes et la violence des hommes envers elles
"Du pain et des roses" - Le 26 mai 1995, une grande aventure débutait
Portrait des Québécoises en 2015 - L’égalité ? Mon œil !
Je plaide pour un féminisme qui n’essaie pas de s’édulcorer
La Maison de Marthe, première récipiendaire du Prix PDF Québec
Ensemble, réussir la 4ième Marche Mondiale des Femmes ! Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous resterons en marche !
Des "Déchaînées" aux genoux du patriarcat !
L’intervention féministe intersectionnelle – Troquer un idéal pour une idéologie trompeuse ?
Ce que révèle l’alliance de certains musulmans avec la droite réactionnaire
Au cœur de la division du mouvement féministe québécois : deux visions
Désaccord sur le virage de la Fédération des femmes du Québec
Féminisme islamique - Quand la confusion politique ne profite pas au féminisme
États généraux du féminisme - Des sujets importants écartés : "De qui ou de quoi avons-nous peur ?"
PDF Québec est lancé ! - Une voix pour les droits des femmes
États généraux et FFQ - Un féminisme accusateur source de dissension
Ignorer et défendre la domination masculine : le piège de l’intersectionnalité
Comment les hommes peuvent appuyer le féminisme
Le féminisme contemporain dans la culture porno : ni le playboy de papa, ni le féminisme de maman
Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité
Les micro-identités et le "libre choix" érigé en système menacent les luttes féministes
La misogynie n’a pas sa place dans le féminisme
L’écriture équitable - La féminisation des textes est un acte politique
Réfutation de mensonges au sujet d’Andrea Dworkin
Une éducation féministe donne de meilleurs fils
"Rien n’a encore pu me détruire" : entretien avec Catharine A. MacKinnon
France - La mainmise des hommes sur le monde de la radio
États généraux sur le féminisme au Québec/FFQ - Des exclusions fondées sur des motifs idéologiques et des faussetés
Le mouvement des « droits des hommes », la CAFE et l’Université de Toronto
Mensonges patriarcaux - Le mouvement des « droits des hommes » et sa misogynie sur nos campus
Féministes, gare à la dépolitisation ! Les féminismes individualiste et postmoderne
"Les femmes de droite", une oeuvre magistrale d’Andrea Dworkin
"Je suis libre", une incantation magique censée nous libérer des structures oppressives
Trans, queers et libéraux font annuler une conférence féministe radicale à Londres
« Le féminisme ou la mort »
"Des paradis vraiment bizarres" - "Reflets dans un œil d’homme ", un essai de Nancy Huston
Quand les stéréotypes contrôlent nos sens
"Agentivité sexuelle" et appropriation des stratégies sexistes
Cessons de dire que les jeunes femmes ne s’identifient pas au féminisme !
Un grand moment de féminisme en milieu universitaire
Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine
Résistance au sexe en contexte hétérosexuel
La CHI - Un humour dégradant et complice de l’injustice sociale
"Heartbreak", une autobiographie d’Andrea Dworkin
Hockey, suicide et construction sociale de la masculinité
Polémique sur l’enseignement du genre dans les manuels scolaires en France
Le "Gender" à l’américaine - Un verbiage qui noie la réalité du pouvoir patriarcal
2011-2015 - Un plan d’action pour un Québec égalitaire
NousFemmes.org
L’égalité inachevée
Journée internationale des femmes 2011 - Briser le silence sur toutes les formes de sexisme
En France et ailleurs, 2010, une mauvaise année pour les femmes
Ce qu’est le féminisme radical
Polygamie - Le Comité de réflexion sur la situation des femmes immigrées et “racisées” appuie l’avis du CSF
Il y a trois ans, mon cher Léo...
La Fédération des femmes du Québec représente-t-elle toutes les femmes ?
Tout est rentable dans le corps des femmes... pour ceux qui l’exploitent
Incessante tyrannie
Comment le patriarcat et le capitalisme renforcent-ils conjointement l’oppression des femmes ?
Égalité ou différence ? Le féminisme face à ses divisions
Le "gender gap" dans les Technologies de l’information et de la communication
La Marche mondiale des femmes dix ans plus tard
Azilda Marchand : une Québécoise qui fut de tous les combats pour les femmes !
Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis ?
Prostitution et voile intégral – Sisyphe censuré par le réseau féministe NetFemmes
Regard sur l’égalité entre les femmes et les hommes : où en sommes-nous au Québec ?
Féminisme en ménopause ?
Ce n’est pas la France des NOBELS !
Écarter d’excellentes candidates en médecine ? Inadmissible !
Trois mousquetaires au féminin : Susan B. Anthony, Elizabeth Cady Stanton et Matilda Joslyn Gage
La question des privilèges - Le réalisateur Patric Jean répond à des critiques
Lettre à Patric Jean, réalisateur de "La domination masculine", et à bien d’autres...
Une grande féministe, Laurette Chrétien-Sloan, décédée en décembre 2009
Le travail, tant qu’il nous plaira !
Comme une odeur de misogynie
La patineuse
Invasion du sexisme dans un lycée public
Magazines, anorgasmie et autres dysfonctions
"Toutes et tous ensemble pour les droits des femmes !"
Cent ans d’antiféminisme
MLF : "Antoinette Fouque a un petit côté sectaire"
Des femmes : Une histoire du MLF de 1968 à 2008
Qui est déconnectée ? Réponse à Nathalie Collard
Manifeste du rassemblement pancanadien des jeunes féministes
Pour une Charte des droits des femmes
Andy Srougi perd sa poursuite en diffamation
La lesbienne dans Le Deuxième Sexe
Le livre noir de la condition des femmes
La percée de la mouvance masculiniste en Occident
Procès du féminisme
Humanisme, pédocriminalité et résistance masculiniste
Une critique des pages sur le viol du livre "Le Plaisir de tuer"
Mise au point sur la suspension d’un article critiquant le livre du Dr Michel Dubec
Pour éviter de se noyer dans la (troisième) vague : réflexions sur l’histoire et l’actualité du féminisme radical
L’égalité des femmes au Québec, loin de la coupe aux lèvres !
Je suis féministe !
Écoféminisme et économie
Poursuite contre Barbara Legault et la revue "À Bâbord !" - Mise à jour
Biographie de Léo Thiers-Vidal
Vivement le temps de prendre son temps !
Séances d’information pour le projet d’une Politique d’égalité à la Ville de Montréal
Florence Montreynaud fait oeuvre d’amour et de mémoire
Magazines pour filles, changement de ton !
Un 30e anniversaire de la JIF sous la fronde conservatrice
L’égalité des femmes au Québec est-elle plus qu’une façade ?
Colloque sur Antigone
Prostitution et trafic sexuel - Dossier principal sur Sisyphe.org
Golf : "Gentlemen only, ladies forbidden" ?
Méchant ressac ou KIA raison ?
Dégénération de "Mes aïeux", un engouement questionnant
Les « Gender Studies », un gruyère confortable pour les universitaires
Réflexions "scientifiques" du haut du Mont Grey Lock
Madame, s’il vous plaît !
Annie Leclerc, philosophe
Des arguments de poids...
Pour hommes seulement
Andrea Dworkin ne croit pas que tout rapport sexuel hétéro est un viol
Peau d’Âme ou Beautés désespérées ?
Réflexions et questionnement d’une féministe en mutation
Mais pourquoi est-elle si méchante ?
Le concours « Les Jeudis Seins » s’inscrit dans le phénomène de l’hypersexualisation sociale
Aux femmes qui demandent - sans plus y croire - justice. Qu’elles vivent !
Jeux olympiques 2006 : félicitations, les filles !
7e Grève mondiale des femmes - Le Venezuela donne l’exemple
Évolution des droits des Québécoises et parcours d’une militante
2005, l’année de l’homme au Québec
Mes "problèmes de sexe" chez le garagiste !
Brèves considérations autour des représentations contemporaines du corps
OUI à la décriminalisation des personnes prostituées, NON à la décriminalisation de la prostitution
"Femmes, le pouvoir impossible", un livre de Marie-Joseph Bertini
L’AFEAS veut la représentation égalitaire à l’Assemblée nationale du Québec
Elles sont jeunes... eux pas
Dis-moi, « le genre », ça veut dire quoi ?
Quand donc les hommes ont-ils renoncé à la parole ?
Déconstruction du discours masculiniste sur la violence
Les hommes vont mal. Ah bon ?
La face visible d’un nouveau patriarcat
Quelle alternative au patriarcat ?
Le projet de loi du gouvernement Raffarin "relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste et homophobe" est indéfendable
L’influence des groupes de pères séparés sur le droit de la famille en Australie
Victoires incomplètes, avenir incertain : les enjeux du féminisme québécois
Retrouver l’élan du féminisme
Le droit d’éliminer les filles dans l’oeuf ?
Des nouvelles des masculinistes
Masculinisme et système de justice : du pleurnichage à l’intimidation
Nouvelle donne féministe : de la résistance à la conquête
Les masculinistes : s’ouvrir à leurs réalités et répondre à leurs besoins
Nouvelles Questions féministes : "À contresens de l’égalité"
S’assumer pour surmonter sa propre violence
Sisyphe, que de rochers il faudra encore rouler !
Coupables...et fières de l’être !
Un rapport de Condition féminine Canada démasque un discours qui nie les inégalités de genre
De la masculinité à l’anti-masculinisme : penser les rapports sociaux de sexe à partir d’une position sociale oppressive
Les courants de pensée féministe
Quelques commentaires sur la domination patriarcale
Chroniques plurielles des luttes féministes au Québec
Qu’il est difficile de partir !
Deux cents participantes au premier rassemblement québécois des jeunes féministes
Le féminisme : comprendre, agir, changer
Le féminisme, une fausse route ? Une lutte secondaire ?
À l’ombre du Vaaag : retour sur le Point G
L’identité masculine ne se construit pas contre l’autre
Les hommes et le féminisme : intégrer la pensée féministe
La misère au masculin
Le Nobel de la paix 2003 à la juriste iranienne Shirin Ebadi
Hommes en désarroi et déroutes de la raison
Le « complot » féministe
Masculinisme et suicide chez les hommes
Le féminisme, chèvre émissaire !
L’autonomie de la FFQ, véritable enjeu de l’élection à la présidence
Les défis du féminisme d’aujourd’hui
Les arguments du discours masculiniste
Nouvelle présidente à la FFQ : changement de cap ?
La stratégie masculiniste, une offensive contre le féminisme
Le discours masculiniste dans les forums de discussion







Parmi les femmes qui ont fait l’histoire et qui méritent d’être introduites au panthéon des immortelles, il en est une que j’affectionne particulièrement et à laquelle l’historienne Régine Pernoud a consacré un ouvrage* passionnant. Il s’agit de Christine de Pisan (1364-1430), féministe avant la lettre, qui a fait de la poésie une carrière. C’est une femme qui a perçu mieux que plusieurs de ses contemporains la mutation qui s’opérait dans la société de son époque et qui allait voir la montée des seules valeurs guerrières et de la force physique comme justification du pouvoir.

Veuve à 25 ans et responsable de faire vivre sa famille (enfants, mère, frères), C. de Pisan se défend énergiquement dans de multiples procès contre ceux qui veulent lui enlever les biens hérités de son père, Thomas, et de son mari, Étienne Castel. Ne soyons pas surpris-es que Christine ne porte pas le nom de Castel. À l’époque, les femmes peuvent adopter le nom de leur mère, de leur père ou de leur mari. Ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’on oblige les femmes mariées à prendre le nom de leur époux. À l’époque, aussi, s’il n’est pas exceptionnel qu’une femme gagne sa vie, peu le font, et encore moins au moyen de leur plume.

C’est pourtant ce que fait Christine de Pisan. C’est une poète de talent qui devient célèbre et résiste aux propositions du roi d’Angleterre, Henri IV, qui aimerait la voir à sa cour. Christine est une patriote. Il n’est pas question qu’elle se mette au service de l’assassin du roi légitime, Richard II, qui avait épousé la fille du roi de France. Henri IV a rompu la paix avec la France et tarde à permettre à la jeune veuve de Richard II de retourner dans son pays.

Après quelques siècles, qui ont vu les femmes occuper des fonctions sociales relativement importantes, s’instaurent progressivement des rapports de force entre les hommes et les femmes, auxquels rapports Christine de Pisan réagit fortement. Elle s’illustrera, notamment, dans un réquisitoire contre la seconde partie du Roman de la Rose, une oeuvre de Jean de Meung qui s’avère l’antithèse de la première écrite par Guillaume de Lorris (vers 1245). Contre Jean de Meung, mais aussi contre d’autres universitaires, clercs et gens à la mode qui dictent les valeurs et les comportements de leur société.

La France est alors très religieuse - y eut-il une époque où elle ne le fut pas ? - et les gens d’Église sont doctrinaires et sectaires. L’Université de Paris exerce une forte influence sur les autres institutions et elle est souvent impliquée dans des batailles de pouvoirs et de juridictions. Elle entend diriger les opinions, les moeurs et la pensée, et prétend détenir "la clef de la chrétienté". Christine de Pisan répondra, à ce sujet, à Jean de Meung et aux savants clercs, dans L’Épitre au Dieu d’Amour.

De Meung jouit de nombreux défenseurs chez les clercs, les universitaires et même à la cour. Jean de Montreuil, prévôt de Lille et secrétaire du roi, rédige en 1401, un petit traité en français dans lequel il louange de Meung. Il a l’audace de l’envoyer à Christine de Pisan qui lui répond en réitérant ses critiques du Roman de la rose (version de Meung). Elle s’indigne que de Meung "accuse, blâme et diffame les femmes de plusieurs très grands vices et prétend que leurs moeurs sont pleins de toutes perversités". Ces propos sont incompatibles, dit-elle, avec les conseils de de Meung pour séduire une femme. Si les femmes ont tous les défauts que de Meung leur prêtent, pourquoi s’en approcher ? Elle demande si ce sont les femmes qui prennent de force les hommes. " Qui inconvénient redoute le doit esquiver ! " Quel que soit le siècle, cette logique n’a apparemment jamais vaincu la mauvaise foi sur le sujet.

Dans sa lettre à de Montreuil, Christine de Pisan demande, en relevant les accusations d’infidélités contre les femmes mariées : " Si on parlait maintenant un peu des femmes qui ont mauvais mari ? " Elle prie de Montreuil de ne point la taxer de folie, arrogance ou présomption " d’oser, moi, femme, reprendre et contredire un auteur si subtil, quand lui, (Jean de Meung) seul homme, osa entreprendre de diffamer et de blâmer sans exception tout un sexe ! ".

Il est intéressant de noter que les universitaires et gens d’Église qui veulent faire taire C. de Pisan ne cherchent pas à réfuter ses arguments sur le fond mais s’attaquent à elle en tant que femme. Un autre clerc et universitaire, Gontier Col, intime à Christine de Pisan l’ordre de s’amender " de l’erreur manifeste, folie ou démence qui t’est venue par présomption ou autre, et comme à femme passionnée en cette matière ". Il lui promet le pardon si elle se rétracte. C’est dire l’esprit phallocrate de l’époque qui n’admet pas qu’une femme pense par elle-même et à l’encontre des doctes universitaires et religieux. Christine de Pisan ne se rétracte nullement et continue de défendre les femmes. Quand un homme, Jean Gerson, va s’attaquer à son tour aux idées de Jean de Meung, il sèmera l’émoi dans le camp universitaire où, n’ayez crainte, on n’invoquera pas sa condition d’homme pour lui répondre sur un autre ton.

Les défenseurs de Jean de Meung accusent Christine de Pisan d’avoir lu superficiellement le Roman de la Rose et d’être prude parce qu’elle refuserait d’entendre parler de sexe. (Les arguments mêmes des défenseurs de la pornographie contre des féministes de la fin du XXe s.). Ce n’est pas le fait de parler de sexualité qui est en cause, réplique C. de Pisan, c’est d’en parler comme le fait Jean de Meung, de façon grossière, avec mépris, sans respect pour les femmes, réduisant les rapports sexuels aux ébats des animaux dans les prés. Et pourquoi de Meung et ses semblables ne cessent-ils pas de s’en prendre aux femmes ?

Régine Pernoud répond en partie à cette interrogation : " Les docteurs en sexologie du XXe siècle et, en général, ceux qui espèrent, à force de raisonnements, réduire l’amour humain à la sexualité, écrit-elle, n’ont pas intérêt à lire les déclamations de Genius - la plus abstraite des abstractions sorties d’une cervelle d’universitaire - ils découvriraient qu’ils n’ont rien inventé. Seule existe la sexualité, seul compte l’assouvissement des instincts du mâle. La femme-repos-du-guerrier est une formule du XIXe siècle, mais dès la fin du XIIIe siècle, Jean de Meung avait conçu la femme-distraction-de-l’intellectuel ". (p.115).

Cette " première querelle antiféministe de notre histoire littéraire " (Pernoud) se termine en 1403. Il faut croire que de misogynie tous n’étaient pas frappés, puisque Philippe Le Hardi, duc de Bourgogne, fit suffisamment confiance au talent et au jugement de Christine de Pisan pour lui demander d’écrire le récit du règne de Charles V, son frère.

Christine de Pisan, Calmann-Lévy, Paris,1982.

Mis en ligne sur Sisyphe le 28 juilet 2003



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.

Micheline Carrier
Sisyphe

Micheline Carrier est éditrice du site Sisyphe.org et des éditions Sisyphe avec Élaine Audet.



Plan-Liens Forum

  • Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre
    (1/2) 7 janvier 2012 , par

  • > Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre
    (2/2) 21 mars 2005 , par





  • Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre
    7 janvier 2012 , par   [retour au début des forums]

    Merci pour la qualité d’ensemble de l’article.
    Régine Pernoud ou Mathilde Laigle ont bien analysé les débats autour de la condition féminine et votre article en fait un compte-rendu pédagogique et juste.

    > Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre
    21 mars 2005 , par   [retour au début des forums]
    christine de pisan au coeur d’une querelle antiféministe

    Bonjour, très intéressant article donnatn envie d’en savoir plus ; par exemple, il me faudrait savoir le sexe des trois enfants de christine de pisan, j’ai besoin de cela pour corriger un ouvrage d’Yvette Roudy sur la condition féminine. Combien de filles ou de garçons ? Merci beaucoup ! répondez ici ou sur le courriel indiqué plus bas.

    • >Christine de Pizan, première autrice à vivre de sa plume
      2 avril 2005 , par
        [retour au début des forums]

      Christine de Pizan (avec un Z car elle vient de Pizano, petite bourgade à côté de Bologne a eut un fils qui se maria et continua la lignée des Castel, une fille qui malgré le désir de Christine, entra au couvent de Poissy d’où le Dit de Poissy et un fils qui mourut en bas âge. Voir Christine de Pizan, La Cité des Dames, Stock/moyen âge ou encore les divers recueils issus des colloques de la société des Ami-e-s de Christine de Pizan ou encore mon article dans Lunes.

      [Répondre à ce message]

    • > Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre
      6 octobre 2006 , par
        [retour au début des forums]
      Christine de Pisan’s Ditié de Jehanne

      Bonjour. Bravo pour cet article sur cette femme magnifique et extraordinaire que fut Christine de Pisan. Heureusement pour elle, comme femme et comme poétesse, elle n’a pas eu affaire qu’aux faibles d’esprit et d’âme qu’étaient, entre autres, ces doctes représentants de l’Université de Paris, du reste entièrement dévouée aux Bourguignons et aux Anglais, ceux-là même qui quelques années plus tard vitupéreront Jeanne d’Arc et la déclareront suppôt du diable. Elle fut soutenue en effet, comme l’article le rappelle, par une bonne partie de la noblesse lettrée, et de la plus haute même, à commencer par le Duc de Berry qui lui payait fort cher les ouvrages qu’elle lui dédicacait. En 1429, Christine, retirée depuis 11 ans dans un monastère, sortira de sa réserve pour saluer haut et fort par un long poème, le "Ditié de Jehanne", l’initiative exemplaire de la jeune fille des marches de Lorraine par le bras de laquelle, selon Christine, Dieu lui-même sauvait le roi et le pays. Hélas, elle ne saura jamais la destinée tragique de "la tendre vierge" puisqu’elle disparut elle-même avant l’arrestation de celle-ci. On peut trouver sur Wikipédia pas mal de textes intégraux des poèmes de Christine et un site américain très intéressant avec le texte pratiquement intégral dudit "Ditié". Je dis pratiquement parce qu’une strophe a été oubliée en lieu et place de laquelle la précédente a été recopiée deux fois. La traduction en anglais est, elle, complète. Si quelqu’un se sent la capacité de reconstruire la strophe manquante à partir de sa traduction... :-) !
      Je serais heureux d’apprendre que ce petit message a été lu. Amicalement. J.Ph.CH.

      [Répondre à ce message]


        Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

    © SISYPHE 2002-2003
    http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin