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lundi 10 août 2009
Ces crimes sont tout sauf honorables

par Micheline Carrier

Refuser de voir que des crimes soi-disant d’honneur se commettent au Canada, afin de protéger les fondamentalistes religieux de présumées attaques racistes, c’est se faire complice de la violence à l’égard de certaines femmes.

Après l’adolescente Aqsa Pervez tuée par son père, il y a moins de deux ans, parce qu’elle ne se conformait pas rigoureusement aux préceptes islamistes sur la tenue vestimentaire et les fréquentations des jeunes filles et des femmes musulmanes, il y a eu récemment les meurtres de trois sœurs adolescentes afghano-canadiennes et de la première femme de leur père à Kingston, Ontario. Il s’est commis d’autres crimes dits d’honneur au Canada, au cours des dernières années, et il y en aura d’autres, mais on essaiera encore d’empêcher leur médiatisation.

Heureusement, il y a des hommes comme Tarek Fatah, ce musulman progressiste qui défie depuis plusieurs années les menaces de mort des extrémistes islamistes - et fait son possible pour éveiller la conscience de certaines féministes. Ce sont des porte-parole musulmans comme lui que je considère d’authentiques pro-féministes, même s’ils ne revendiquent pas ce titre, que les féministes devraient écouter. Tarek Fatah explique que ces meurtres n’ont rien à voir avec l’islam. Ils ont à voir avec « la loi de la Charia, instituée par l’homme, et qui a illégitimement acquis un statut divin, autorise le meurtre des femmes si elles se laissent tenter par des relations sexuelles consentantes avant ou en dehors du mariage. C’est précisément pourquoi de nombreux musulmans progressifs et libéraux se sont opposés à l’introduction de la Charia au Canada. On ne peut nier que l’islam, dans sa version contemporaine, soit obsédé par la sexualité des femmes et la considère comme un problème capital. Le hijab, le niqab, la burka et la polygamie sont tous des manifestations de cette phobie. »

« Les crimes d’honneur ont lieu parce que certains musulmans ont été influencés par leurs mollahs : pour eux, le fardeau de l’honneur familial et de la religion est acquis par la virginité de leurs filles et de leurs sœurs. La plupart des mollahs admettent que, selon la Charia, une femme qui a des relations sexuelles consentantes avec un homme hors du mariage mérite d’être fouettée en public ou lapidée jusqu’à la mort par un État ou un tribunal islamique. Ces islamistes ne voient-ils pas comment cette interprétation peut être perçue par les hommes comme une permission de prendre la loi en main ? »
Lire le texte intégral : « Comment guérir le "cancer" des crimes d’"honneur" », par Tarek Fatah.

La chercheuse et auteure Yolande Geadah est une femme qui ne craint pas, elle non plus, d’affirmer ses opinions sur ces questions, bien qu’elle soit consciente qu’on tente d’empêcher le discours critique sur les dérives islamistes en accusant les auteur-es d’islamophobie ou de racisme.

« Il faut bien réaliser que nous sommes sur une pente très glissante lorsqu’on se porte à la défense de valeurs patriarcales, au nom du respect de la diversité et du multiculturalisme. Le Canada, signataire de nombreuses conventions internationales, a non seulement le droit mais l’obligation de tout mettre en œuvre pour changer les mentalités qui contribuent à nier les droits fondamentaux des femmes. Comment le faire, sans pour autant verser dans le racisme ni marginaliser davantage les membres d’une minorité, est une question cruciale qui mérite réflexion.

« Chose certaine, la pénalité infligée pour de tels crimes au Canada doit être exemplaire et non atténuée pour des considérations culturelles, si on veut lancer un message clair à l’effet que ces crimes ne doivent pas être tolérés. Mais la réponse juridique, aussi ferme soit-elle, ne peut suffire à elle seule à opérer les changements de mentalités qui s’imposent. »
Lire le texte intégral : « Canada - Crime d’"honneur", des mentalités à changer », par Yolande Geadah

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Lire la brève.

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Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 août 2009



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