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mardi 13 juillet 2010 Chahla Chafiq : « La démocratie n’est pas un supermarché »
Entretien réalisé par Clara Domingues avec l’écrivaine Chahla Chafiq qui, à partir de l’expérience iranienne, revient sur le lien entre laïcité, droits humains et démocratie. Suite 101.fr : Vous avez créé le concept de « modernité mutilée ». Expliquez-nous ce qu’il recouvre et en quoi il concerne les droits humains et la laïcité ? Chahla Chafiq : C’est l’expérience iranienne qui me l’a inspiré. Avant l’arrivée des islamistes, en 1979, l’Iran vivait sous le pouvoir du shah Pahlavi, qui avait initié de grands travaux de modernisation, mais refusait toute modernité politique, notamment la liberté d’expression et d’opinion, sous prétexte que le développement socio-économique devait précéder la démocratie. Cette « modernité mutilée » a engendré un vide socio-politique qui a permis à l’islamisme de se présenter comme une voix salvatrice, porteuse de justice et de dignité pour les opprimés. Elle a ainsi contribué à l’avènement d’un régime totalitaire encore en place et dans lequel tous les individus doivent se soumettre à des lois prétendues sacrées. En France, les droits humains apparaissent avant la démocratie. Les hommes naissaient libres et égaux en droit, à l’exception des femmes, et Olympe de Gouges, qui avait revendiqué l’application de ces droits aux femmes, finit guillotinée. Ce n’est que plus tard que la démocratie rendra possible la construction de rapports de force menant à des progrès sociaux. La laïcité est, elle aussi, une affaire de luttes. Elle a résulté d’un rapport de force entre des mouvements progressistes et l’Eglise catholique encore très puissante au début du XXe siècle. Elle a remis le catholicisme à sa place : une religion parmi d’autres dont les dogmes n’ont pas vocation à surpasser les lois humaines. Désormais, la société affiche une même loi pour tous, croyants ou athées. En cela, la laïcité est porteuse d’égalité. Cependant, sans acteurs engagés pour les instaurer, la laïcité et la démocratie auraient pu ne pas être. Elles ne sont d’ailleurs jamais totalement acquises. Aujourd’hui encore, les enjeux se jouent localement. C’est sur le terrain que les forces démocratiques et laïques doivent se mobiliser pour contrer les mouvements politico-religieux anti-laïques, et plus particulièrement ceux qui se disent modérés, avec lesquels certains élus et travailleurs sociaux passent des alliances pour maintenir un semblant de paix sociale, au prix de l’enfermement d’une partie de la population dans une identité religieuse totalisante. Suite.101.fr : Certaines forces de gauche passent effectivement d’étranges alliances avec certains mouvements islamistes, alors qu’elles s’opposent sans ambiguïté à l’intégrisme chrétien. Comment l’expliquez-vous ? (...) – Lire la suite sur l’excellent site de journalistes indépendants, Suite.101.fr. Mis en ligne sur Sisyphe, le 13 juillet 2010 Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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