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lundi 26 septembre 2011 "L’affaire" Nelly Arcan et Tout le monde en parle, par Élaine Audet
![]() Moi, ce qui m’a choquée, à l’époque en 2007 et aujourd’hui encore, en regardant cette émission de TLMEP, c’est le naturel avec lequel tout cela s’est passé. Une femme, attirante et vulnérable, s’est retrouvée seule à une tribune composée uniquement d’hommes, tel qu’il en avait été décidé préalablement. Je revois leur regard condescendant habitué à évaluer les femmes à l’aune de leurs désirs et de leurs fantasmes. Des femmes formatées pour eux par la publicité, la pornographie, la religion et la culture mondiale depuis 3 000 ans de pouvoir masculin. Et là, on voyait ces hommes si prévisibles (Guy A. Lepage, Dany Turcotte, Martin Matte, Patrice Roy), avec le naturel bon enfant hérité de siècles de pratique sexiste, tolérée et appréciée, réduire cette écrivaine talentueuse, venue parler de son dernier livre, à son seul corps, à ses seuls attributs sexuels. Le sourire aux lèvres, pas méchants pour un sous, aucun d’eux ne s’est imaginé un seul instant qu’il pouvait blesser celle dont l’apparence leur tendait le miroir grossissant de leurs attentes face à toutes les femmes. Là où ça s’est gâté, c’est quand Nelly Arcan s’est mêlée de faire une critique intelligente et dévastatrice de cette construction masculine du corps des femmes, forcées pour être vues, comme celles qui le voilent, de le couvrir, à l’aide de la chirurgie plastique, d’une "burqa de chair" pour rester belle et jeune. Il fallait la faire taire, la remettre rapidement à sa place avec leurs questions-pièges, leurs blagues salaces de collégiens attardés. La couvrir de leur mépris allègre, sûrs d’être appuyés et applaudis, lui laissant à jamais le poids de sa honte d’être elle-même. Insupportablement paradoxale et déchirée, jusqu’à en mourir. Revue de presse non exhaustive Chantal Guy, "Les écrits restent sur le web avec l’ouverture du site nellyarcan.com", La Presse, 9 septembre 2011 Parents, amis et collègues étaient réunis hier à la Société des arts technologiques pour l’inauguration du site www.nellyarcan.com, dont la porte d’entrée s’intitule « Une vie, plusieurs éclats ». « Le thème de l’éclat évoque la part brillante de l’oeuvre, mais aussi le côté tranchant de son écriture et ce qui est brisé », a annoncé Jérôme Langevin, directeur de Parvis Communication, à qui la famille a commandé la construction du site. Chantal Guy, Nelly Arcan, philosophe nihiliste selon Nancy Huston, La Presse, 12 septembre 2011 Les apparitions médiatiques de Nelly Arcan étaient souvent pleines de malaise, tant son apparence éclipsait son discours. « Nelly avait un rapport épouvantable à son image, à son corps, à sa beauté, note Nancy Huston. C’est bouleversant, sa fragilité dans ses moments de télévision. » Réaction de Guy A. Lepage, 12 septembre 2011. Il serait très malvenu de ma part de répliquer à Nelly puisque celle-ci est décédée dans des circonstances tragiques deux ans plus tard. Mais j’aimerais dire que j’ai été très troublé par la lecture de cette nouvelle, car j’ai lu avec plaisir toute l’oeuvre de cette auteure que j’ai toujours appréciée. Afin d’éviter une enflure médiatique et pour ceux que ça intéresse, je vous propose de lire la nouvelle de Nelly Arcan. Et ensuite de regarder l’entrevue dont il est question. Vous pourrez vous faire votre propre opinion avec ces éléments d’information. Nathalie Petrowski, "Nelly et les poux", La Presse, 13 septembre 2011. Son texte n’est pas celui d’une victime, ni d’une femme qui va mal ou qui fait pitié. C’est d’abord le texte d’une écrivaine qui, en sortant d’une émission de télévision, s’est emparée d’une parcelle de réalité à la limite du banal, l’a glissée dans sa plume comme la poudre dans le canon, et en a fait un feu d’artifice, une explosion d’éclats réfractés dans la lumière d’un monde inventé. Jocelyne Robert, sexologue et écrivaine, "Si vulnérable", La Presse, 14 septembre 2011 Nelly Arcan incarnait ce qu’elle exécrait et dénonçait. À sa manière. Elle vivait en enfer, grugée par le cancer du narcissisme maladif, obnubilée par son besoin insatiable de séduire et d’être la plus belle à tout prix. En même temps, elle se désagrégeait de détestation d’elle-même et s’indignait du sort des femmes condamnées à consommer et à être consommées. Chaque fois que je l’apercevais à la télévision, j’avais peur qu’elle s’écroule, se fracture en mille morceaux tant elle était fragile. Fabien Loszach, rédacteur et conseiller création chez Parvis communications, "Nelly Arcan : l’ambiguïté et la contradiction", Le Devoir, 16 septembre 2011. Voilà ce que j’avais écrit, en essayant toujours de placer la parole de l’écrivaine au centre de l’oeuvre. « Autre ambiguïté du personnage de Nelly Arcan que les critiques n’ont pas manqué de relever : son rapport quasi schizophrénique à la beauté et ce qu’elle dénonce comme une marchandisation du corps de la femme. Comme elle le dit très honnêtement : "Si je n’étais pas moi et que je me rencontrais dans la rue, probablement que je me détesterais, j’ai les deux pieds dans ce que je dénonce toujours ; en même temps, je suis capable de critiquer ça. C’est comme l’héroïnomane qui a un discours antidrogue." Danielle Laurin, "Nelly, son corps, ses livres", Le Devoir, 17 septembre 2011 On nous demande de comparer un show de télé et une nouvelle. Il est là, le problème. Nelly Arcan n’est pas allée en personne sur un autre plateau de télé pour dénoncer le sort qu’on lui a fait subir. Elle n’a pas écrit un article de journal, une chronique. Elle n’a pas rédigé un témoignage pour rendre compte de ce qui s’était passé, de ce qu’elle avait ressenti. Nelly Arcan a écrit une nouvelle. Nous ne sommes pas dans la réalité, nous sommes dans l’écriture. Nous ne sommes pas au tribunal de la vérité, nous sommes dans la vérité de l’écriture. Dans la liberté de l’écriture. La Presse Canadienne, "Nancy Huston clarifie ses propos sur Nelly Arcan", La Presse, 20 septembre 2011. Nancy Huston soutient qu’elle ne « faisait pas allusion à Tout le monde en parle et à son animateur québécois », mais « à une émission de la télévision française » lorsqu’elle a dénoncé la manière « totalement impardonnable » dont l’hôte a « humilié » la regrettée auteure Nelly Arcan. Photo : Radio-Canada Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 septembre 2011 Commenter ce texte ![]() © Sisyphe 2002-2014 |
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Vos mots apaisent le collectif féminin qui est blessé cruellement en moi.. Cette femme a été humilié, ridiculisé , brutalisé comme cela arrive chez les adolescents dans nos écoles. Sa fin fut tragique comme c’est le cas de milliers de jeunes ici au Québec . En plus , elle fut humilié devant 2 millions de personnes qui est un nombre bien plus gros que dans une polyvalente de 800 élèves. La lettre la honte le précise à la toute fin : La robe est à l’abri chez une amie et Nelly n’est plus là dedans cette rode. Son décolleté n’est plus dans cette robe. La robe noir est sans vie et ne sera plus jamais habité par Nelly pour que tout le monde en jase. Quel cruauté ce genre d’humour toléré qui soulève des musulman comme Charly Hebdo, Dieu donné ou comme celle de Nelly avec cet interview qui là brisé. Une femme sensible , belle , intelligente et créatrice qui valait le respect . Merci de vos mots. Solidairement Rose .
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