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jeudi 10 novembre 2011
À la mémoire de nos mortes

par Annie Ferrand

Contrairement aux autres mouvements sociaux - qui ont une mémoire de "leurs" "morts sur le champ de bataille" - rares sont les féministes qui font mémoire de nos mortes. Je ne parle pas de l’histoire des militantes, créatrices, femmes ordinaires. Je parle des sacrifiées, ces femmes ordinaires ou connues qui ont été éliminées parce que femmes. Pourtant ne pas oublier que le patriarcat vise notre élimination, sociale voire physique, est un moteur essentiel de notre mobilisation autant que de notre solidarité.

Voilà une importante initiative du Mouvement du NID :

"Meurtres, viols, agressions… Les personnes prostituées sont sans doute celles qui paient le tribut le plus lourd à la violence. Mais qui s’en soucie ? Loin d’être une question de société, le sujet n’alimente que la rubrique Faits divers. Face à ce qui relève d’un immense déni, d’une évidente injustice, nous avons donc décidé d’édifier ce "cénotaphe contre l’oubli". (...) nous n’abordons pas les violences et meurtres qui sont le fait des proxénètes, dont il serait tout simplement impossible de tenir la liste." Mouvement du Nid.

Et cette contribution à notre mémoire de classe par
Sisyphe.

Je rappelle aussi que l’année dernière, Paula Banerjee a présenté son travail sur l’élimination des filles en Asie, et, même si dans sa présentation elle a utilisé les euphémismes convenus (déséquilibre du sex ratio et problème démographique), le lendemain, elle a clairement affirmé que cette élimination constituait "un génocide et un crime contre l’humanité". Voir.

Je rajoute qu’il est probablement le plus important de toute l’histoire de l’humanité - même s’il n’est pas unique car l’élimination partielle des femmes est un rouage du patriarcat : on le retrouve dans l’Angleterre du 19e s. ou à Rome, lors de sa fondation (nécessitant le rapt des Sabines).

Mis en ligne sur Sisyphe, le 3 novembre 2011



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