"Little soldat", un film de la réalisatrice Annette K. Olesen

Synopsis - Jeune soldat, Lotte revient d’une mission à l’étranger, ayant perdu toutes ses illusions. Son père lui propose un emploi : devenir son chauffeur, et celui de sa maîtresse, une prostituée d’origine nigériane...

Un film sans prétention féministe qui démonte tout de même des épouvantails agités par les pro-prostitution (diabolisation des trafiquants, invention d’une victime monolithique, "soumise" ou alors calquée sur le "winner" néolibéral qui calcule ses opportunités, fait ses "choix" et "les assume", négation des crimes nécessaires pour fabriquer l’automate prostitutionnel). 

Il n’y a guère de scène qualifiable de "violente" (sinon quelques gifles administrées à des mecs), la violence sexiste (contrôle proxénète, réquisition de papiers, viols tarifés, haine des femmes) est pour beaucoup hors champ et coulée dans un quotidien ordonné.

Ce film montre la "normalité" du proxénétisme et du danger pour les femmes prostituées, "normalité" d’autant plus verrouillée sur elles qu’elle est fondée en droit.

Intéressant :

– pour voir combien la prostitution n’est que la commercialisation de la violence sexiste, depuis le viol "simple" (une femme non désirante obéit aux ordres) jusqu’au viol d’une femme totalement absente, éliminée psychiquement, ce qui en fait l’objet sexuel parfait (coup de projecteur sur une des "sexualités périphériques" foucaldiennes : la nécrophilie, mise en scène par un client de luxe).

– pour voir combien la prostitution alimente une disponibilité sans limite des femmes : vie de couple avec le propriétaire et droit de cuissage étendu à ses "collègues" et "employés".

– pour essayer de sonder ce mystère propre au "travail du sexe", qui consiste pour une personne à passer, en quelques secondes, du qui-vive où elle craint pour sa vie à la plus grande proximité avec son potentiel agresseur.

– pour essayer de sonder ce mystère propre à la migration choisie qui consiste à payer son voyage aussi cher que trois tours du monde.

– pour comprendre comment les "petits soldats" et les "bons fils à papa" font les meilleurs agents du patriarcat.

"Lille Soldat" / (’Little Soldier’) Denmark (2008), de la réalisatrice Annette K. Olesen

– Pour plus d’information sur le synopsis de
"Little Soldier" et sur le casting.

Mis en ligne sur Sisyphe, 26 janvier 2012

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