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lundi 7 janvier 2013 Les folies des religions devriendront-elles la folie des juges ?
Je ne peux croire qu’une société moderne comme le Canada se laisse manipuler par des religions moyenâgeuses. Pour être non seulement légitimes, autorisées, approuvées, il suffit, selon la Cour suprême du Canada, d’invoquer une croyance religieuse sincère. C’est ainsi que le niqab, couvrant tout le visage d’une femme, peut être porté lorsqu’elle témoignera devant un tribunal. Dans les années soixante, j’étais religieuse et j’ai porté des costumes quasi semblables à ce niqab. Par une croyance sincère, toutes sortes de folies étaient de rigueur, nous nous donnions le fouet, le vendredi de chaque semaine. Même notre identité nous avait été enlevée puisque mon véritable nom, Andréa Richard, n’existait plus et le nouveau nom qui m’était imposé était Soeur Xavier Marie-de-la-Trinité. Je ne m’appartenais plus et la Mère, la Sainte Église, se substituait à ma véritable mère biologique, avec qui les contacts étaient réduits et reglémentés. Pour ma communauté religieuse, je devais être fille de l’Église, avec tout ce que cela comportait : voeux et règlements absurdes et inhumains. Heureusement, j’ai pu sortir de ce purgatoire et devenir une femme libre. Nous devons, par solidarité avec ces femmes voilées, ne jamais accepter qu’elles disparaissent vivantes dans un linceul-niqab et la Cour suprême du Canada devrait faire oeuvre d’éducation en refusant l’inacceptable. Il me semble que ces femmes voilées, au nom des absurdités de leur religion, perdent elles aussi leur identité en disparaissant complètement dans une prison de tissu. On ne peut voir leur visage unique, visage exprimant et révélant l’identité de la personne. À mon avis, en autorisant ces folies venant des religions, la Cour suprême fait elle aussi une folie. Des multitudes de folies religieuses au nom de différents dieux et Dieux ont toujours existé et existent encore aujourd’hui. J’aimerais que l’on remplace cela par une maturité et une grande sagesse, celles de ne pas approuver les délires et les dérives venant de ces religions. Il est grand temps qu’une véritable séparation de la Religion et de l’État soit respectée. Que nos juges et le gouvernement s’alignent sur cette direction. Autrement, les retombées pourraient être, dans un avenir lointain et peut-être même rapproché, désastreuses parce qu’entravant l’évolution de la femme et même celle de l’Homme. La loi avant l’esprit ou l’esprit avant la loi L’erreur en politique et en religion, c’est que les lois sont coulées dans le ciment. Or l’esprit devrait passer avant la loi. Aujourd’hui, l’esprit de la société, en général, c’est que la religion et l’État doivent être séparés. Par conséquent, le crucifix, comme l’avait proposé la commission Bouchard-Taylor, ne devrait pas figurer à l’Assemblée nationale. Sa place, en tout respect pour l’esprit du passé, serait au Musée des religions, à Nicolet. Évoquer la fidélité à nos origines me semble exagéré, il y a bien plus important qu’un crucifix représentant une religion imposée. L’enlever serait faire preuve de notre liberté et de notre appartenance au temps présent. Notre principale identité, ce n’est pas d’être catholiques, mais citoyens et citoyennes d’une nationalité. Le drapeau national serait donc de mise et suffisant. Andréa Richard, membre de l’Union des écrivains et des écrivains québécois Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 janvier 2013 Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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