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dimanche 9 octobre 2016
L’égalité hommes/femmes dans la jeune génération : un défi encore à atteindre, par Nicole Moreau

Nous, les Québécois-es, nous nous réclamons beaucoup du principe d’égalité hommes/femmes comme caractéristique de notre société. Il s’agit là d’une valeur avec laquelle je suis en parfait accord. Toutefois, soyons lucides, elle n’est pas atteinte, même pas pour la jeune génération, celle des adolescent-es par exemple.

J’en veux pour indication claire un incident que je viens tout juste de vivre. En allant à la bibliothèque municipale, pas très loin de chez moi, j’ai croisé un groupe de jeunes d’environ 15 ou 16 ans. L’un d’entre était au téléphone avec un de ses amis. Il s’est vanté d’avoir été "sucée" par une fille. Le copain lui a répondu que cette fille était une "traînée", ne sachant pas ce que ça voulait dire, un garçon du groupe lui a expliqué que cette fille pouvait être considérée comme une prostituée.

Il ne semblait venir à l’esprit à aucun des membres de ce groupe de se questionner sur ce jugement pour le moins sévère de la sexualité de la fille, ni non plus de celle du garçon qui avait bénéficié de "cette faveur". Les garçons de cet âge continuent à juger négativement les filles qui acceptent d’avoir une sexualité active, mais sont loin de juger leur propre attitude. Il y a là un exemple clair du deux poids deux mesures et de discrimination patente. C’est d’autant plus injuste que le plus souvent les filles qui acceptent la demande de fellation d’un garçon sont mises devant un choix impossible : si elles ne le font pas, elles ne sont pas "cool", elles sont "niaiseuse", si elles le font, elles sont des traînées.

Je m’interroge sur l’éducation reçue à la maison chez ces jeunes qui viennent sans aucun doute d’un milieu très favorisés puisqu’ils étaient sur le terrain d’une école privée et semblent y être entrés. Je m’interroge aussi sur le fait que ces jeunes ne pensent aucunement au fait que cet incident peut peut-être devenir l’origine d’un processus d’intimidation de cette fille à l’école ou encore sur le web. Pourtant, sont nombreux les exemples des conséquences désastreuses que de tes comportements peuvent avoir sur la vie d’une personne.

Il me paraît clair que les programmes d’éducation à la sexualité devraient faire partie intégrante du cursus scolaire dans toutes les écoles si on veut viser des relations plus égalitaires, plus harmonieuses entre les hommes et les femmes dans notre société. Je sais qu’il existe un projet pilote à cet effet, annoncé en octobre 2015, dans une quinzaine d’écoles. J’espère qu’il soit étendu, le plus rapidement possible, à toutes les écoles et intégré dans le programme de formation si bien que les écoles privées y seraient également soumises.

Mis en ligne sur Sisyphe, 2 octobre 2016



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