Dans le déroulement de la situation, il apparaît que l’Irak est une Nation, une vraie, et que le sentiment national qui va avec est d’une force prodigieuse. Voués à une mort à peu près certaine, les résistants à l’agression anglo-saxonne ne font pas défection, ou de façon très marginale. Un ami, de retour de Bagdad, en janvier dernier, me rapportait ces propos sans cesse répétés de la part d’Irakiens opposés au régime : "Saddam, c’est notre affaire. Lorsqu’on pourra, on réglera ce problème, mais nous n’accepterons jamais que des étrangers viennent s’occuper de cela à notre place".

Les difficultés américaines en découlent. La population fait bloc. Et les soldats américains, qui réalisent qu’ils ne sont pas devant une play-station mais qu’il s’agit d’une vraie guerre, donnent l’état d’esprit dans lequel les troupes se sont engagées derrière la propagande idiote qui veut relier le 11 septembre à Saddam Hussein.

Dans le Sud, fait pour le moment passé inaperçu, le principal mouvement chiite, qui jusqu’à ce week-end discutait avec les Américains et les "forces en exil", a rompu avec la "coalition américano-britannique" et appelle face au déluge de feu les Chiites à "résister par tous les moyens".

Dans le Nord, les Turcs attendent le moment d’entrer en action contre les Kurdes. Toutes les apparences d’un véritable bourbier sont en train de se dessiner.

Par ailleurs, une bataille devrait être engagée pour condamner l’action états-unienne et exiger son arrêt immédiat. Bush est du point de vue du droit international un hors-la-loi. Il s’agit d’un criminel ! Une demande de convocation de l’ONU pour condamner l’action américano-britannique devrait être immédiate. C’est ce que devrait réclamer les manifestants du monde entier, particulièrement les Québécoises et les Québécois qui ne faiblissent pas, si l’on en juge par leur nombre, samedi dernier à Montréal.

Mis en ligne sur Sisyphe le 24 mars 2003

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