Pour avoir surveillé l’apparition progressive de ce discours chez les hommes violents du Québec et le mouvement qui défend leurs "droits" depuis une vingtaine d’années, je peux vous dire que la "victimite", ça fait plus que s’attraper, ça s’apprend.

Beaucoup de gens croient que les hommes vont désapprendre leur sexisme dans les "groupes de parole" non mixtes organisés à leur intention. Cela dépend de qui les organise. Ceux où j’ai été faire un tour m’ont permis d’assister à des scènes aberrantes : dans un atelier organisé sous la houlette d’un masculiniste attaché au CLSC Mont-Royal, j’ai vu un type qui reconnaissait avoir quitté sa conjointe deux semaines avant la naissance de leur enfant et être disparu pour cinq ans être traité par le reste du groupe comme une victime quand il nous a dit que cette femme lui contestait aujourd’hui ses droits sur l’enfant. Au Centre Saint-Pierre de Montréal, un organisateur du Mouvement pour le Respect et la Dignité se disait fier de recruter des membres en prison. Au Réseau Hommes-Québec, j’ai vu un leader d’atelier organiser un rituel néo-jungien où les hommes étaient invités à découper dans du papier la silhouette d’une personne qui "les avait fait souffrir", à se vider le coeur face à cette personne et à... mettre le feu au mannequin dans un passage à l’acte rituel !

Combien d’organisateurs du mouvement masculiniste ont un dossier criminel ? Il semble exister un interdit de publication à ce sujet au Québec alors que les journalistes du reste du Canada prennent un peu moins de gants blancs pour révéler certains conflits d’intérêt. La seule fois où des journalistes d’enquête québecois (ceux de l’émission "JE") ont osé accorder un droit de réponse à une des victimes universellement bafouées par les hommes qui "témoignent" à qui mieux mieux de la mostruosité de leur "ex", les responsables de l’émission se sont copieusement excusés la semaine suivante, sans doute à la suite d’une campagne de pression masculiniste ou d’une menace de poursuite... Touche pas à la réputation du héros néo-patriarcal.

D’ailleurs, les médias reprennent et accréditent mur à mur le discours des "Maxime" : tout homme qui violente femme ou enfants - qui les tue même - est d’emblée posé en victime. Dans un téléfilm présenté à Radio-Canada il y a quelques années, on parlait des hommes emprisonnés pour les meurtres de ce genre comme des "survivants de tragédies familiales".

On voit donc que Madame Louise Deschâtelets n’est pas isolée dans cete tendance à l’apologie des meurtriers et autres criminels (voies de fait, harcèlement, vol de pensions, etc.) qui ne détruisent QUE les membres de leur famille. C’est la LEUR, après tout... et un homme qui dit souffrir a apparemment tous les droits.

Martin Dufresne