Le 27 novembre éclatait dans les médias le scandale des visas accordés par des fonctionnaires d’Immigration Canada à des stripteaseuses, dites "danseuses exotiques". Les fonctionnaires exigeaient que ces femmes fournissent des photos d’elles complètement nues en train de donner leur spectacle. L’Opposition à la Chambre des Communes demande la démission de la ministre de l’Immigration, Judy Sgro, accusée de favoritisme dans l’octroi d’un visa à l’une de ces danseuses et d’avoir couvert ce qui semble un trafic éhonté de femmes, dont plusieurs mineures, en provenance d’Europe de l’Est, la plupart originaires de Roumanie.
Selon la ministre et les porte-parole de ce ministère, « les Canadiennes ne veulent plus faire ce métier ». On invoque une pénurie importante de « professionnelles » de danse-contact qu’on ne pourra combler qu’en recrutant des femmes à l’étranger et en leur accordant des visas spéciaux. La ministre affirme qu’ « il y a des besoins dans l’industrie de la danse exotique, et le gouvernement a l’obligation d’y répondre ». Sous ce fallacieux prétexte, les fonctionnaires de l’immigration ont travaillé main dans la main avec le crime organisé pour fournir aux propriétaires de clubs le renouvellement constant de femmes qu’ils réclament pour l’industrie florissante du sexe.
On peut présumer que, selon la même logique de mondialisation du trafic des femmes et des enfants, des « artistes » canadiennes sont régulièrement exportées à travers le monde pour combler les besoins jamais remis en question des clients prostitueurs et voyeurs. Pour les proxénètes propriétaires de clubs, les choses sont claires : « Si des politiciens, misant sur les préjugés contre le striptease, abolissent ce programme, les clubs iront en cour le faire rétablir. Il y a toujours eu un marché pour ces danseuses. Le restreindre ou le fermer serait une violation du droit international sur la mobilité de la main-d’œuvre ».
L’importance accrue chaque année du recrutement de stripteaseuses étrangères, appelées à être intégrées dans le système prostitutionnel local, range le Canada, selon l’avis de plusieurs spécialistes de cette question, parmi les États qui participent au trafic mondial des femmes et sur lesquels le plus de plaintes ont été déposées. Les données du ministère de l’Immigration du Canada rapportent que 25 effeuilleuses roumaines ont débarqué au pays en 2001, 216 autres en 2002 et 552 en 2003. Si le nombre continue à doubler chaque année, on peut imaginer la situation au Canada dans quelques années. Selon les statistiques, il représente déjà une destination de choix pour le tourisme sexuel.
Le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois s’expliquent mal l’existence d’un tel programme. Pourtant, ils participent depuis plusieurs années à des comités parlementaires visant à décriminaliser ou à légaliser complètement la prostitution. Il serait temps qu’ils réagissent contre cette oppression qui fait déjà plus de victimes, à l’échelle mondiale, que la traite des Noirs ou que l’Holocauste.
L’article que nous avons traduit d’une agence de presse alternative, LifeSiteNews.com, et que nous reproduisons ci-dessous, montre que cette situation est connue depuis longtemps des groupes qui luttent contre le trafic mondial des femmes et des enfants à des fins de prostitution et qu’il est urgent de demander un débat public sur la prostitution au Canada, comme le réclament une trentaine de personnalités québécoises. Ces personnes s’inquiètent de voir que le gouvernement canadien pourrait présenter un projet de loi qui, tout en décriminalisant les prostituées, professionnaliserait la prostitution et décriminaliserait les clients prostitueurs et les proxénètes.
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Le scandale des visas pour les stripteaseuses met en lumière l’implication du Canada dans le trafic des femmes.
"Plus de plaintes contre le Canada que contre n’importe quel autre pays occidental", disent les responsables de groupes contre le trafic.
OTTAWA, 5 août, 2004 (LifeSiteNews.com) - La découverte d’un mémo interne écrit par des fonctionnaires canadiens du service des visas a attiré l’attention sur l’implication du Canada dans le trafic des femmes. Le mémo demande d’exiger des femmes qui souhaitent entrer au Canada pour y travailler comme stripteaseuses des photos où on les voit nues. Ce rapport renversant, que le Toronto Sun a publié en juillet, après qu’il ait obtenu le document en invoquant la loi d’accès à l’information, a été rapidement démenti par les fonctionnaires de l’immigration.
En dépit du fait que le mémo, expédié par Sergio Mercado de l’ambassade canadienne au Mexique à tous les officiers canadiens de l’immigration, affirme que " si elles ne fournissent pas de photos où elles sont nues, elles ne viendront pas se faire aller le derrière au Canada", Immigration Canada nie avoir exigé de telles photos. La porte-parole d’Immigration Canada, Maria Iadinardi, a déclaré aux journalistes "n’avoir jamais demandé de photos des requérantes se montrant nues".
Ces révélations ont fait les manchettes des médias dans le monde. Tandis que certains semblaient étonnés de l’implication controversée du Canada dans une telle exploitation des femmes, ceux qui combattent le trafic des femmes ne l’étaient pas. Gregory Carlin, directeur de la plus grande coalition contre le trafic dans les Îles britanniques, a confié à LifeSiteNews.com qu’il considère "épouvantable que les fonctionnaires canadiens trient les femmes étrangères à partir de photographies les montrant nues."
Carlin, qui est membre de la coalition irlandaise contre le trafic des femmes, allègue que "plusieurs des filles roumaines qu’ils interviewent se plaignent d’être contraintes d’entrer dans la prostitution au Canada par des propriétaires de clubs avec qui les fonctionnaires canadiens les ont mises en relation". Carlin, principal avocat responsable de l’Operation Quest, qui a eu comme conséquence des centaines d’arrestations pour trafic, a ajouté qu’"on menace également ces femmes d’arrestation et de déportation si elles refusent de fournir certains services additionnels VIP. Les fonctionnaires canadiens n’informent pas les femmes qu’au Canada, les danses-contact (lap-dancing) impliquent invariablement le sexe, le plein contact, la pénétration, etc."
Alors que le Canada se présente comme un pays moralement supérieur qui respecte les femmes, en brandissant l’avortement sur demande comme preuve de sa supériorité, les gens qui combattent le trafic des femmes sur le terrain savent à quoi s’en tenir. Dénonçant l’impudence du gouvernement qui travaille avec les propriétaires de clubs pour trier les demandes d’immigration, Carlin dit "recevoir plus de plaintes contre le Canada que contre tout autre pays occidental. Bien sûr, ce ne sont pas tous les pays qui font du crime organisé leur associé en ressources humaines".
"L’industrie du sexe du Canada est fréquemment reliée à certains syndicats du crime et du trafic des femmes, les plus exploiteurs de Europe de l’Est. Le gouvernement canadien se fait le complice du trafic des femmes, de la contrainte à la prostitution et néglige de vérifier l’âge des filles", révèle Carlin à LifeSiteNews.com.
Le gouvernement canadien manque sérieusement de transparence face à ce problème. Même les groupes de recherche sur ce sujet au Canada doivent se battre pour connaître les faits. Aurélie Lebrun, chercheuse au niveau du doctorat à l’Université du Québec à Montréal, raconte à LifeSiteNews.com qu’en étudiant le trafic des femmes, elle a essayé sans succès d’obtenir de l’information. "J’ai essayé d’en savoir plus au sujet des procédures à suivre pour obtenir le visa, sachant que certaines de ces danseuses finissaient dans la prostitution. J’ai écrit à Immigration Canada et au ministère du Développement des ressources humaines du Canada pour obtenir de l’information sur le nombre de visas qu’ils accordent, l’origine des femmes, leur âge, etc. Personne n’a voulu me donner la moindre information", déclare-t-elle.
Voir version anglaise.
Source : http://www.lifesite.net/ldn/2004/aug/04080501.html
Voir également LifeSiteNews.com :
Canadian Government Insists Immigrant Strippers Bare All for Officials
Traduction : Élaine Audet
– Une trentaine de personnalités québécoises contre la décriminalisation de la prostitution
Mis en ligne sur Sisyphe, le 29 novembre 2004.
Lecture suggérée
Richard Poulin, « La mondialisation des industries du sexe. Prostitution, pornographie, traite des femmes et des enfants », éditions L’Interligne, Ottawa, 2004. Dans toutes les bonnes librairies.
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